• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Tribune Libre > Bon président contre méchante commission, la fable de M. Hollande

Bon président contre méchante commission, la fable de M. Hollande

Hollande feint de s'insurger de voir la commission de Bruxelles lui dicter sa politique. S'opposerait-il à l'agenda politique des eurocrates néo-libéraux ? Non, il l'a repris à son compte !

Entend-il rendre au peuple le pouvoir confisqué par l'eurocratie ? Il le fera d'autant moins que cet abandon est l'oeuvre des gouvernement successifs. Social-démocratie dévoyée et droites européennes s'entendent de leur propre aveu pour mettre les politiques néo-libérales à l'abri des aléas du suffrage universel . La démocratie se meurt à l'échelle nationale sans renaître au niveau europénne. Et cela, aucune mise en scène ridicule ne nous le fera oublier.

Monsieur Hollande est en colère. Il n'a, nous dit-on, pas apprécié que la commission de Bruxelles lui intime l'ordre d'appliquer le programme économique de l'UMP.

Rogner encore un peu plus le système de retraite par répartition ? D'accord M.Barroso, mais on peut se débrouiller tout seuls comme des grands. Cela se fera "à notre rythme" !

Démolir ce qui reste de service publics ? Oui, mais pas besoin de Bruxelles pour cela !

Généraliser toujours plus la précarité ? C'est prévu, le boulot est déjà bien entamé. Mais c'est au Medef parlement de déchirer page par page le code du travail.

Paupériser chaque jour un peu plus le service public en coupant à la tronçonneuse dans la dépenses publiques ? Réduire comme peau de chagrin le champ d'intervention de la puissance publique ? Bien entendu, mais on a des cabinets de consultants très cher payés pour préparer cela sous couvert de RGPP et autres MAP...

En somme, notre bon président n'entend pas obéir à Bruxelles. Il veut appliquer souverainement la politique qui lui semble bonne pour le pays. Et qui, par un heureux hasard, ressemble comme deux gouttes d'eau à celle que lui recommande la commission. Bien plus, d'ailleurs, qu'à celle qu'il a promise aux français. On a les sursauts de dignité patriotique que l'on peut...

Le gentil président, donc, est en colère contre la méchante commission. Cette fable qu'on nous sert est révélatrice de la considération qu'on a pour le peuple français. De grands enfants un peu idiots à qui il faut raconter des histoires, aussi invraisemblables soient-elles.

De grands enfants trop bêtes pour comprendre qu'à l'heure de la mondialisation, une saine politique doit privilégier les intérêts de la finance et des rentiers et non les leurs.

De grands enfants à qui on, a, peu à peu, confisqué traité après traité la maîtrise de leur destin. Un destin effectivement déposé pour partie entre les mains de la commission européenne. L'idée d'une commission outrepassant ses prérogatives est juridiquement discutable et politiquement absurde. Bruxelles ne fait guère plus que ce qu'on lui laisse faire. Peut-être aujourd'hui le golem bruxellois échappe-t-il quelque peu à son créateur. Mais jamais Hollande n'a manifesté de volonté de neutraliser le monstre. Au contraire, il n'a fait de concert avec ses homologues que renforcer ses pouvoirs de contrôle. On lui a même octroyé le droit d'examiner les budgets nationaux avant le parlement !

Mais qu'on ne s'y trompe pas. En cas d'affrontement, malgré les pouvoirs exhorbitants qu'on lui a concédé, malgré sa technostructure hypertrophiée, la commission ne ferait pas le poids face aux gouvernements.

En vérité, la fable de gouvernements impuissants face à la commission arrange beaucoup de monde. Les gouvernements eux-même, trop heureux de faire endosser à une instance non-élue leurs propres choix. Mais aussi, il faut bien le dire, beaucoup d'adversaires des politiques néo-libérales. La commission serait responsable de notre triste sort. Donc, les électeurs qui, par leur vote, n'ont pas su ou pas voulu changer la donne n'y sont pour rien !

Mais ne soyons pas trop sévères avec Hollande. Sa colère est sans doute en partie sincère. La social-démocratie dévoyée et les droites européennes ont noué un pacte. Hollande a cru que ce pacte inciterait la commission dominée par la droite à ne pas affaiblir sa position. Voir Bruxelles lui dicter sa conduite au vu et au su des citoyens français, forcément cela ne lui a pas plu ! Une sortie de ce type, et ce sont des centaines de milliers de voix qui échappent au partis dominants, et tout particulièrement au sien. Hollande le sait bien, et c'est la vraie raison de sa colère. Il aurait juste souhaité plus de discrétion...


Moyenne des avis sur cet article :  4.73/5   (15 votes)




Réagissez à l'article

6 réactions à cet article    


  • Cugg Cugg 31 mai 2013 09:45

    Hollande n’a pas apprécié que l’UE lui enlève le peu qu’il lui reste (mais il est pour l’Europe, chercher l’erreur) :
    La farce qu’il dirige encore quelque chose au niveau économique.
    2014 les européens votent.


    • Martin sur AgoraVox Martin sur AgoraVox 31 mai 2013 10:02

      Cet article résume bien l’hypocrisie de ceux qui sont au pouvoir – qu’ils soient « de gauche » ou « de droite » – quand ils pleurnichent devant les caméras : « je voudrais bien mais je n’y peux rien car c’est la Commission qui a décidé… ».

      Les décisions prises au niveau de l’Union européenne découlent des orientations qui sont arrêtées par les chefs d’État et de gouvernement des États membres de l’Union européenne. Quand les politiques disent « Ce n’est pas notre faute, c’est la Commission européenne qui impose les directives que nous devons respecter... » ils oublient de dire que c’est eux, les politiques qui au fil des ans se réunissent aux Sommets du Conseil européen, qui ont d’une part fixé les orientations mondialistes de l’Union européenne et d’autre part donné le pouvoir à la Commission européenne pour mettre en application ces orientations.

      Ainsi par exemple les orientations vers la globalisation ont été confirmées et renforcées lors du Sommet du Conseil européen de Lisbonne, en mars 2000, puis lors de la signature du Traité européen à Lisbonne le 13 décembre 2007. Le Conseil européen réunit quatre fois par an les chefs d’État et de gouvernement des États membres de l’Union européenne. Toutes les orientations importantes de l’Union européenne sont décidées lors de ces sommets périodiques. Monsieur François Hollande, président de la République française depuis 2012, pourrait – comme chacun des chefs d’État et de gouvernement des États membres – au niveau du Conseil européen bloquer l’application de ces orientations mondialistes. Si les chefs d’État et de gouvernement n’en font rien c’est qu’ils veulent œuvrer contre les intérêts des peuples européens et en faveur de la globalisation mondialiste libre-échangiste. Ils agissent dans un sens, pendant qu’ils font des discours dans l’autre sens, dans le but d’endormir les citoyens européens qui mis devant le fait accompli ne réagissent pas.

      Sur ce thème lire également l’article « L’identité des Européens, le nationalisme, l’européanisme et le régionalisme » qui est en attente de publication dans la rubrique « Europe ». Si vous avez publié quelques articles sur AgoraVox alors vous avez le statut de « rédacteur » d’AgoraVox et alors vous avez accès aux articles qui sont en attente de publication.


      • taktak 31 mai 2013 10:47

        Et quoi alors ? on pousse une bonne gueulante à Bruxelles et on aura une UE socialiste ?
        oué, suffit de voir comment de façon systématique les référendum ont été piétinés, et les gouvernements écrasé.

        Hollande a bien essayé de négocier, mais qu’y a t il à négocier avec les terroristes de marchés ? Vu qu’il veut rester dans l’UE (comme le FdG) il est pieds et poing liés aux marchés. Car il ne vous a pas échappé qu’outre la commission, c’est la BCE par la voix de la banque de France, qui lui a aussi fait la leçon. Et pour renverser la BCE, il faut l’accord des 27. Dont entre autre l’Allemagne, l’autriche, la hollande, le luxambourg, l’espagne, la Pologne etc... tous dotés de gouvernement d’ultra gauche près à applaudir à la demande de Mélenchon d’avoir le droit de désobéir.

        Excusé moi de vous le dire, mais ce que vous pronez : réformer l’UE est naif, c’est de la pensée magique qui a prouvé son échec depuis plus de 30 ans.
        Le Mélenchon si vindicatif n’était il pas dans ce gouvernement qui a signé les accords de Barcelone et le traité de Nice ? qui a voté Maastricht en disant que l’on pourrait améliorer tout cela ? les faits prouvent que ce n’étaient pas possible. Et pourtant vous continuez à vendre votre bibine toxique de l’europe sociale alors même que dans deux mois nos retraites seront encore rabotées et que l’on rentrera dans un GMT nous transformant définitivement en colonie américaine.

        Il n’y a rien de bon dans cette UE, RIEN. Il faut en sortir pour s’en sortir.
        http://www.agoravox.fr/ecrire/?exec=articles&id_article=135636


        • paul 31 mai 2013 13:36

          Hollande serait en colère contre la Commission européenne ? Risible !
          Le TSCG ou Pacte budgétaire approuvé en octobre 2012, est en vigueur depuis janvier 2013 .
          Il prévoit la surveillance étroite de la politique budgétaire des états ET des sanctions automatiques pour ceux qui ne respectent pas la règle d’or : déficit limité à 3 % et dette à 60 % du PIB .Aujourd’hui, 23 états sur 27 - dont l’Allemagne - ne sont pas dans ces limites fixées .
          Hollande avait promis de renégocier le pacte budgétaire pour y ajouter un volet croissance : promesse bidon de l’ex-ennemi de la Finance, une de plus .
          Sanction prononcée par la Commission : 2 ans pour revenir dans les clous, et promesse de réformes structurelles . Hollande s’exécute avec notamment :
           - mise en application de l’ANI
           - re-réforme des retraites : rabotage des pensions, augmentation des durées de cotisation
           - ouverture du capital d’EDF et de la SNCF à des fonds privés ( début de privatisation) .
           
          Donc personne ne peut croire aujourd’hui que tout ceci n’était pas prévisible .
          Encore un gros mensonge à éviter : inverser la courbe du chômage galopant !


          • louphi 31 mai 2013 16:47

            Fab81

            Cet article explique très bien avec pertinence comment François Hollande joue à Tartufe devant le peuple français face à la Commission Européenne qualifiée de MOLOCH par Ariane Walter dans son article retentissant d’hier. Seulement, il faut aussi et surtout faire remarquer que la « réforme » la plus emblématique du quinquennat de Hollande, sa révolution sociétale le « mariage homo », la principale activité du parlement pendant toute la première année du quinquennat, votée comme un seul homme par toute la gauche, est aussi une inspiration et une recommandation de MOLOCH.

            En effet, on sait que « L’Union Européenne est à l’origine du mariage pour tous », que « La Commission européenne, qui exerce le pouvoir exécutif, déclare vouloir faire disparaître toute discrimination à l’encontre des homosexuels … » et que « Pour résumer, en 2012 donc, au moins 1 155 000 euros ont été à minima versés par l’Union Européenne aux associations homosexuelles. ». (1)

            Mais, dans la gauche, François Hollande et les socialistes ne sont pas les seuls à servir comme Vendeurs-Représentants-Placiers (VRP) de MOLOCH. C’est la profession de toute la gauche politique, de la gauche la plus extrême à gauche (anarchistes et trotskistes) jusqu’à la gauche la plus extrême à droite (radicaux de gauche, centre gauche, libéraux de gauche …) en passant par le Front De Gauche FDG. Les socialistes ne sont que les batteurs, les régulateurs du mouvement d’ensemble qu’exécute la gauche au son du diapason de MOLOCH. François Hollande n’est que le chef d’orchestre du moment choisi par l’ensemble de la gauche.



            • soi même 1er juin 2013 00:35

              C’est en réalité un bon début cette affaire, elle a quelque chose de positif, Hollande en colère contre
              la commission de Bruxelles, c’est déjà un mieux que tous mettre sur le dos de Sarkozy.
              Maintenant qu’il c’est positionner, soit qu’il continue son petit jeux hypocrite, de la insoumission fiente, soit qu’il écoute ce qu’à dire le peuple et agit en conséquence, c’est à dire il prend les mesure pour arrête cette farce de UE.

              Par contre si c’est une stratégie à se refaire une virginité politique en vue des futures cantonales, il va vite comprendre sa douleur à jouer le faux cul.

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON






Les thématiques de l'article


Palmarès