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Accueil du site > Tribune Libre > Ça va pas être possible

Ça va pas être possible

Article dédié à tous les pigeons involontaires qui, un jour, se sont vus offrir une Smartbox.

Cherchez pas. Quand quelqu’un vous offre une Smartbox, c’est soit qu’il vous déteste vraiment beaucoup (on peut pas lui en vouloir ceci dit, vous êtes tellement truffe), soit qu’il vous refourgue celle qu’on lui a offerte l’an dernier.

C’est assez facile à vérifier d’ailleurs, il vous suffit de regarder la date de fin de validité. Si elle est dans deux mois, la seule bonne nouvelle, c’est que le généreux connard donateur qui vous l’a offerte ne vous déteste pas : il n’en a juste rien à carrer de votre tronche.

 

 

Une bonne idée ?

Il y a quelques années, c’était un peu tantinet « tendance ». Quand tu lançais un mega brainstorming pour trouver un cadeau commun à la grosse Jocelyne – dont la plupart des « amis » se demandaient ce qu’ils foutaient là –, y’avait toujours un mec au fond de la salle pour hurler qu’on avait qu’à lui offrir « un week-end spa avec dégustation de sushis ». Et voilà le travail : tu venais de sombrer dans la facilité. Comme tout le monde connaissait pas encore le concept et que la grosse Jocelyne habitait dans la Creuse, y’avait encore un poil de chance que l’info soit pas arrivée jusqu’à son modem. Allez, va pour la Smartbox « spa », ça lui fera pas mal (en tout cas, moins que les sushis).

Quand ce type de cadeau a commencé à sentir un peu le rance et le noël chez tata Claudine, les concepteurs du bidule ont décliné à tout-va : la conduite de voiture de sport, le week-end extrême, le cours de cuisine, le plan à trois avec des jumelles japonaises, que sais-je encore. Puis, on a vu pousser les boutiques et les espaces Smartbox comme des champignons vénéneux. C’est bien simple, tu pouvais faire un pas sans tomber sur une de ces boîtes au packaging de crise d’inspiration.

Et il est vrai que tu t’en es fait des ennemis secrets en offrant ces cadeaux au rabais. Toi et des millions d’autres connards à la fantaisie atrophiée.

 

Ben oui, le problème du bidule, c’est que les concepteurs avaient oublié un truc fondamental : un cadeau se doit d’être un minimum original et personnel. Quand tout le monde commence à offrir la même chose, on est comme qui dirait victime de son succès.

De surcroît, je suis sûr que vous avez constaté – grâce à votre formidable expérience du cadeau de merde – que ce n’est pas le seul problème lié à la Smartbox…

 

 

Un site où tu peux jamais réserver

Rappelez-vous ce moment fabuleux où vous avez reçu une Smartbox (ou une wonderbidule, peu importe) en cadeau. Vous avez consulté négligemment le petit catalogue fourni et vous êtes extasié devant ces magnifiques demeures de charme qui vous tendaient les draps. Et puis, vous avez oublié. Le temps a passé.

Aujourd’hui, il n’y a pas 36 options : soit ce petit catalogue dort encore au fond d’un tiroir (du genre de ceux qu’on n’ouvre pas souvent), soit vous avez essayé de l’utiliser.

Si vous êtes dans la deuxième catégorie, je pense que vous avez dû être confronté aux problèmes de tous les utilisateurs de Smartbox : leur putain de système de réservation (et l’envie de 3ème guerre mondiale qui vous prend généralement après une vingtaine de minutes d’utilisation).

Dieu sait que je suis aguerri à toutes les subtilités d’une interface mal conçue (j’ai déjà réussi à m’inscrire à Pôle emploi en ligne, c’est dire que je suis 3ème dan d’IHM à la con… ah oui, et j’ai utilisé Lotus Notes comme outil de messagerie pendant plus de 10 ans – ça, c’est pour mon CV), mais là j’avoue que celle-là bat des records, non seulement en termes fonctionnels – ou plutôt, dysfonctionnels – mais aussi en termes de pur processus.

Leur site de réservation cumule à peu près toutes les tares : il est erratique et de temps en temps, étrangement il tombe en marche ; il arrive que tu fasses des pré-réservations dont tu ne retrouves plus jamais la trace (si un jour quelqu’un retrouve le vol MH370, ce serait sympa qu’après il s’occupe de ma résa à Anzy-le-Duc) ; il te propose des résas dans des lieux pour une nuit de rêve où le propriétaire ne propose pas de séjours inférieurs à deux nuits (wtf ?) ; il t’envoie chez des gens qui t’expliquent gentiment qu’ils se sont désinscrits du partenariat depuis plus de 6 mois ; etc. etc.

Et quand, excédé, tu appelles leur hotline, tu tombes sur un mec aussi paumé que toi : « ah non, ça c’est normal », puis deux minutes après « j’ai dit que c’était normal ? Non, je voulais dire ‘pas normal’ ». Au bout, d’un moment – première fois que ça m’arrive avec une hotline –, t’as juste envie de dire au mec que tu vas bien réussir à te débrouiller, qu’il ne casse pas la tête pour toi. Et évidemment, deux minutes après avoir raccroché, tu reçois un mail te demandant de noter « ton expérience utilisateur avec la hotline »… Comment dire ? Je vous laisse deviner, ça commence par « mer » et ça finit par « dique ».

 

 

Cette sensation d’être un client au rabais

Quand après des jours de lutte intense, tu as finalement réussi à réserver – non pas, d’ailleurs, parce que le système n’est pas si pourri ou que tu es formidablement intelligent, mais simplement parce que tu ne détestes personne suffisamment pour lui refiler cette merde de box à la con et que tu détestes gâcher (c’est bien simple, le mec qui finit ses épinards, c’est toi) – ou au moins comprendre ce à quoi tu as le droit, te voici confronté au boss de fin de niveau : goûter aux joies d’être un client au rabais.

Après avoir entendu une douzaine de fois « ça va pas être possible » (de réserver à cette date-là, de venir en été, de passer un week-end, d’emmener un enfant, d’avoir une table en terrasse, etc., etc.), voici finalement que tu as ta réservation : ouahou !

Suivant la nature de ta punition Smartbox, tu as le droit de (au choix) :

  • Dîner un lundi soir de mi-janvier dans un restaurant en plein travaux de rénovation à côté des cuisines (qui à vue de nez ne sont pas aux normes sanitaires, soit dit en reniflant – ou alors le cuistot a oublié son déo)
  • Passer une nuit dans une résidence de charme sans chauffage (« vous comprenez, pour une nuit, on ne peut pas mettre le chauffage, c’est pas rentable. Vous avez des notions d’inertie thermique ? ») mais sans cocktail de bienvenue (« on n’a pas été livré »).

 

Bien évidemment, ils n’ont pas été « livrés » du cocktail « Smartbox » (celui sans alcool et au jus de fin de cuve), mais il leur reste une bouteille de champ’ à 200 boules. Au cas où. Et puis le chauffage, ma foi, on peut s’arranger parce que moyennant un petit supplément, on a une autre chambre de libre.

Ah bon, celle-là est chauffée ? demandes-tu bêtement.

Euh… non, mais elle est mieux exposée, te répond-on encore plus bêtement.

Ben voyons.

Etre un client Smartbox te donne la désagréable impression d’être le cousin relou qui arrive en plein mariage et dont on avait égaré la réponse. T’étais pas prévu. Alors bon, t’es de la famille, on va te faire une petite place, mais on te fait bien comprendre que t’es quand même relou. Tu bouffes les restes et tu suis la cérémonie de loin (dans la pièce d’à côté que tonton Paul a gentiment débarrassée pour que tu puisses manger tranquillement ta purée faite à base d’épluchures de pommes de terre). T’as intérêt à être content d’être là. Et surtout, la ramène pas.

 

 

Heureusement, tout finit bien dans l’univers fabuleux de la Smartbox. Parce que quand tu reviens de ton magnifique séjour dans une demeure dont on aurait temporairement retiré le charme, tu te dis que si ton beau-père te détestait vraiment – et compte tenu de la façon dont on traite la marchandise le client chez les partenaires Smartbox –, c’est le stage de plongée sous-marine qu’il t’aurait offert.

Et ça, ça te rassure un petit peu quand même. T’es même presque impatient d’aller bouffer la galette des rois chez lui (histoire qu’il essaye de t’étouffer avec de la frangipane). Enfin content… t’es surtout content quand tu te dis que même avec beaucoup de volonté, tu pourras jamais faire passer une Smartbox pour une fève.

 

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Retrouvez tous les articles inutiles de Jean-Fabien sur http://www.jean-fabien.fr

 


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13 réactions à cet article    


  • Doume65 18 janvier 2017 20:14

    Bonjour. La photo de la smartbox n’est pas très explicative. Je n’ai pas compris s’il s’agit de la fille ou du flingue qu’elle arbore. Les deux me font peur, mais j’imagine qu’en étant très gentille avec la fille on doit pouvoir ne pas regretter le cadeau.


    • Doume65 19 janvier 2017 10:17

      @Doume65
      très gentil, pas très gentille. Quoique...


    • Francis, agnotologue JL 18 janvier 2017 20:27

      Grand merci pour cet article.


      • V_Parlier V_Parlier 19 janvier 2017 10:26

        @JL
        De même pour moi !
        Et plus particulièrement quand j’ai lu les passages sur les IHM, j’ai cru que c’était moi qui les avais écrits smiley


      • V_Parlier V_Parlier 19 janvier 2017 10:29

        Je ne sais pas à quoi servent les 4-5 emails codés qui précèdent. C’est à croire qu’il y en a ici qui travaillent avec Podesta...


        • jean-marc D jean-marc D 19 janvier 2017 11:58

          @l ’auteur

          Merci pour cet article, cet humour fait du bien par les temps qui courent ! 

          • velosolex velosolex 19 janvier 2017 13:48

            « Qui n’a pas rêvé de passer une nuit dans une roulotte ? »

            C’est page 56, dans la région lyonnaise « La magie d’un espace nomade ». Pas de chevaux pour tirer la carriole, mais un coq perché sur le toit, ainsi qu’un troupeau de chèvres installées à demeure vous réveilleront aux premières lueurs de l’aube.

            Ou peut être le bruit des klaxons, voir des avions ?

            J’avais vérifié sur internet, cette lunette astronomique que vous pouvez braquer sur n’importe quel endroit de la planète ! L’endroit était coincé entre une zone commerciale et un aéroport. La fameuse roulotte aux volets rouges était-elle installée au centre d’un giratoire routier ?


            Le traumatisme lié à la disparition du service militaire a crée toute une génération de complexés, regrettant de n’avoir pas jamais mangé de la vache enragée, de ne pas avoir connu l’enfer d’un champ de bataille.

            Surprotégés par des parents phobiques, ils veulent rattraper le temps perdu, et vous feront bientôt un procès pour ne pas avoir reçu leur lot de taloches, et de coups de règles en fer sur les doigts en classe !

            Le déficit de sensations est énorme, et offre des parts de marchés inédites, sur fond de révisionnisme ! 


            • cathy cathy 19 janvier 2017 15:35

              Je ne connaissais pas la smartbox, il semblerait que j’ai rien raté.


              • HELIOS HELIOS 19 janvier 2017 16:17

                Je ne sais pas si mon message est bienvenue, mais la « Wonderbox » que mes enfants m’ont offert pour mon anniversaire de mariage, sert de cale-pied a un tabouret au fond du garage.

                Il y avait 2 nuits d’hotel dans un chateau, et une activité a choisir.

                Nous avons été obligés, comme expliqué dans l’article, de ne pas choisir la date, de profiter des réfections de l’edifice, des vacances du personnel etc... même le menu, inclu, fut lamentable de banalité et ma grand mère aurait pu etre considérée comme un chef etoilée en comparaison !

                Mais le reste fut terrible.
                Parmi les activités choisies aucune ne furent compatibles avec la date, ni le lieu de l’hotel.

                Nous avons repoussée de quelques semaines (6 semaines, pour attendre les vacances scolaires suivante et là, surprise, la « wonderbox » fut perimée et ni remboursement et pas de report non plus même en payant !

                Je me suis manifesté, aupres de l’entreprise, mais aucune explication autre que « c’est comme ça » me fut fournie.

                Si mon message peut servir a quelqu’un tant mieux : Wonderbox, ce sont des bandits -je precise que cela n’a rien a voir avec les hotels, restaurants etc-... qui eux exécutent leur contrats comme ils peuvent, lorsqu’ils ne sont pas complices (ça arrive).

                Note à l’attention de ceux qui voudraient contester cette affaire : j’ai toutes les références, les mails échangés et j’ai un avocat qui fait son boulot et si nécessaires des assistances juridiques supplémentaires.

                • jymb 19 janvier 2017 18:19

                  Suite des évènements, si vous choissisez un « stage de pilotage » sachez à quoi vous attendre : Aucun rapport avec la fiche publicitaire affichant fièrement au pied de photos rutilantes un nom de circuit connu, une puissance moteur impressionnante et « vitesse de pointe 275 km/h » 

                   imaginez plutôt au bord du circuit une masse de quidams attendant (parfois des heures..) leur tour, c’est à dire l’appel grésillant d’un haut parleur. Si vous n’avez pas pris le supplément vidéo, vous êtes sûr d’être appelé dans les derniers, histoire de vous faire comprendre votre erreur. Ensuite vous avez le droit de mettre vivement les fesses dans un véhicule sympa mais avec en général impossibilité de dépasser le soixante à l’heure entre cones et chicanes soigneusement disposés histoire que le bolide dépasse à peine le rythme du Massey Ferguson de votre grand-père. Un moniteur est là d’ailleurs pour vous rappeler que le freinage c’est juste aprés avoir enclenché la seconde, voire vous menacer d’éjection sans remboursement si vous avec l’outrecuidance de frôler l’accélérateur avant de commencer à rouler ( vécu !) 
                  Bref il s’agit d’une coûteuse et brève promenade en voiture de sport qui n’a aucun rapport avec du pilotage, et vous permettra juste de dire au bureau le lundi « j’ai conduit une Lambo... » sans entrer dans les détails minables. 
                  Et évitez la vidéo, il y en a plein sur YouTube, mieux vaut que vos connaissances ne voient pas votre piteux tour de manège. 

                  Mon conseil : choisir un baptême en passager, avec conduite par pilote pro : sensations au rendez vous ; ou un stage sans rapport avec les box, dans des véhicules apparemment banals ( genre 106 préparées) mais assortis de vrais cours de pilotage. 

                  • Le421... Refuznik !! Le421 19 janvier 2017 18:56

                    Expérience smartbox faite...
                    Je ne me rappelle plus où d’ailleurs !!

                    Ah si. Prats de Mollo, hors saison naturellement, donc, site désert.
                    Il restait la montagne a voir, la montagne, la montagne et la montagne.
                    Bref, on a vu la montagne et mangé des nouilles...
                    Je pars de temps en temps, mais sans smartbox.

                    Ceci dit, ma dernière expérience Booking.com dans une ??? table d’hôtes perdue, a été un désastre cuisant. Un site fabuleux (sur le descriptif) où vous entrez en frottant la voiture à droite et à gauche sur les grandes herbes, haies et ronces !! Je vous jure que c’est vrai.

                    Alors, si vous voulez, les agences internet qui vendent des appréciations « bidon » sur des sites on de beaux jours devant elles...


                    • capobianco 20 janvier 2017 08:17

                      Je suis gêné d’intervenir car je n’ai pas ce type d’appareil et je n’ai pas vraiment compris ce que sont les cadeaux . Si j’ajoute l’incompréhension du langage nouveau avec des « commentaires » indigestes , des mots anglais partout .... L’avenir ???? Oui je sort.


                      • yvesduc 21 janvier 2017 10:50

                        Concernant les séjours, l’un des problèmes est que la box n’offre que deux nuits alors que les réservations se font habituellement par semaine. Le propriétaire préférera louer une semaine suivant le circuit normal, que 3 jours et avoir une vacance de 4 jours.

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