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Camp retranché de l’Oktoberfestung*

Munich s'est équipée pour sa 182e "Oktoberfest". Depuis bien longtemps, les tentes sont complètes et débordent de monde. La mondialement reconnue plus grande beuverie de masse va durant 2 semaines attirer 6 millions de personnes qui tenteront d'atteindre le seuil du comas éthylique en allant vomir partout où c'est possible : dans les montagnes russes ou bien les "auto-scooters", tout en dépensant leur épargne d'un haussement d'épaules auprès personnel de service responsable de cette tâche, sans oublier d'inclure un pourboire. Pour moins de 10 €, il est devenu impossible de trouver un "Maß" (NdT, unité de mesure de bière, un litre, mais dans les faits, plus 75 cl-80cl et un haut col de mousse), l'absence de mesure donne la mesure, jusque 5000 € seront demandés sur Internet pour obtenir une place bien chaude dans un des "Biergarten" totalement bondé d'invités. Il est même possible qu'un demi poulet rôti soit compris dans le prix. Les plus ignobles de ces réservations seront d'ailleurs parfois entre temps annulées. Cela ne porte pas à conséquence dans ce business qui se compte en milliards. 
 
Là, il est impossible pour les réfugiés de tenir la mesure, ni dans les chiffres, ni dans la capacité de paiement. Ils paient seulement en moyenne 3500 € au passeur, toutefois, pas uniquement pour une beuverie d'un soir, mais pour sauver leur peau. Certains jours, en arrive jusque 12.000 dans la Ville de Munich, mais maintenant, seulement quelques milliers. Il faut dire que la frontière bavaroise est à peu près fermée. L'autrichienne à moitié, comme la croate, quant à la slovène, elle l'est totalement. La Hongrie aussi, c'est certain. Pioche à la main, un Viktor Orban dégrisé récite des Sagesses-au-Slivovitch au monde entier, on voudrait maintenant étendre la clôture le long de la frontière avec les pays voisins de l'UE, donc avec la Croatie et la Roumanie. Dublin pique à Schengen. L'Europe des libertés ; carte blanche pour tirer cartouches lacrymogènes, propulser de l'eau par des canons haute pression, sortir les matraques et parfois même les chars ! Le chef hongrois se sent libre comme l'air, il ne souhaite aucun musulman dans le pays, car ils dérangeraient la chrétienté bien établie. De ce fait, personne ne souhaite poser une demande d'asile en Hongrie, ni les Yézidis d'Irak, ni les Kurdes alaouites, ou encore les chrétiens de Syrie, et évidement aucun musulman. Vite vite à travers le pays pour atteindre l'Autriche et l'Allemagne. Donc détour par la Croatie et le Slovénie aussi longtemps que cela passe encore. 
 
Orban se pose en garde frontière de l'Europe selon les termes de l'Accord de Dublin. Que son gouvernement, juste à ce moment, se fasse critiquer par Bruxelles et Berlin quant à sa politique d'éloignement, semble l'ulcérer. L'UE a quand même longtemps profité de ce système, et comme maintenant il montre en pleine lumière l'horrible visage de cette politique du château-fort européen, c'est Orban qui est cloué au pilori. La participation de la Bundeswehr en Mer Méditerranée afin de détruire les bateaux n'avait aucun autre but : tenir à distance ceux qui ont besoin d'aide, couler les navires, mettre en prison les passeurs, étouffer les routes d'immigration. Sur mer, pareil que sur terre : là-bas la flotte de l'OTAN utilise des technologies de pointe pour couper les accès, se plaçant en plein travers des autoroutes à réfugiés. Les temps du Goulag-Communiste est fini pour de bon, maintenant c'est le Camp-de-Concentration-Capitaliste qu'il faut cultiver, sans oublier de surtout mettre en avant le refus des Etats de Visegard pour des quotas imposés. 
 
Là avec tous ces étrangers, la CSU ne veut pas se mettre hors jeux, et s'inquiète, pour les immigrés évidement : car la rencontre [de ces derniers] avec une masse de personnes fortement alcoolisées ne s'improvise pas. A la Gare Centrale seront érigées des barricades, sinon les trains [de réfugiés] seront directement conduit hors de la capitale régionale du Land de Bavière, sinon, les deux. Les fantaisies de cloisonnement [des personnes] réaniment les canaux nerveux de personnages peu généreux, pour qui la misère du monde est une vue qui les dégoute, tout en ignorant leur propre misère [intellectuelle]. L'hommage au symphatisant de la CSU, Roberto Blanco, comme "magnifique nègre", qui fut rendu par Chef de l'Intérieur de Bavière semble être la plus haute récompense de sympathie possible pour les partisans CDU non-natifs du pays. De tels amis étrangers devraient au plus vite se retirer. 
 
Le larmoyant plaidoyer de la CSU touche maintenant même la Chancelière en plein coeur : 
"Si nous devons maintenant nous excuser parce que dans une situation d'urgence, nous montrons un visage amical, alors, cela n'est plus mon pays." 
On lui mettrait presqu'à crédit ce soudain élan sentimental inhabituel, si dans son cabinet n'était pas assis sur la caisse, toutes griffes sorties, son ministre des finances, qui au lieu de verser les 6 milliards nécessaires, se contentera de 500 millions d'économies réalisées dans différents secteurs du gouvernement, sans faire un centime de dette supplémentaire. Ce n'est pas de cette manière que nous allons réussir ce "on va y arriver". Là, "la mère de tous les migrants" [Angela Merkel, sic] va devoir pousser encore plus fort, pour que le méchant vieil homme au coffre veuille bien ouvrir ce dernier avant que les Communes ne capitulent. Avec des villes de tentes, ce n'est pas gagné. L'hiver arrive. A prévoir, des logements : 400.000 par an dans tout le pays, chaque année, jusque 2020, dont 80.000 à prix social réduit. Dans les faits en 2015, seuls 270.000 seront construits, dont 120.000 sont destinés à la location [rarement à "tarif social"] .
 
Et les écoles, les jardins d'enfants : une infrastructure pour un million de personnes [Ndt : l'auteur est optimiste, l'Allemagne prévoit de prendre jusque 800,000 réfugiés par an, principalement des hommes actuellement, qui mettront en place le regroupement familiale plus tard, des experts parlent de 3 millions au final] ! Et pas seulement les réfugiés, mais aussi les locaux et les arrivants [intra-européens], qui déjà maintenant se serrent dans les derniers logements encore payables. Sans un projet sérieux du Bund pour un programme de construction de logements, l'intégration de tous ces gens va être ratée. Schaüble [Ministre des Finances] va devoir revoir sa manière de penser. L'argent au compte-goutes ne mènera à rien qu'à la perpétuation de la crise, la foire aux questions sur la mauvaise répartition financière et le renforcement des réflexes de "défense" situés très à droite contre la ghettoïsation et les "sociétés parallèles". La prise en charge dans des bâtiments offrant des logements de masse et en commun [salles de sport, écoles désaffectées,...], ne peut que répondre de manière temporaire au problème, ceci dans le cadre d'un programme d'aide d'urgence. 
 
Tout ceci nous est jeté telle de la poudre aux yeux, concernant le régime de contrôle renforcé aux frontières. On ne parvient même pas de soutenir le travail de l'UNHCR dans les camps de réfugiés en Jordanie et au Liban. Là-bas il n'est même pas possible d'obtenir les 13€ par tête et par mois permettant d'assurer un soutien alimentaire quotidien. En Turquie, 2 millions de personnes attendent d'avoir peut être la chance, de partir pour l'Europe. Au lieu de déployer des policiers en travers des autoroutes à migrants pour les bloquer, il faudrait organiser la possibilité d'obtenir un titre de séjour de manière légale et organisée. [Ndt : sur le lieu de départ en Turquie, par exemple, comme proposer par certains politiciens allemands]
 
Ma pensée immédiate va tout de suite vers l'utilisation des tentes de la fête de la bière, cela pourrait laisser supposer leur ré-utilisation, mais elles ne sont pas chauffables et leur construction ne supporte pas une grosse masse de neige sur leurs toitures. De plus, elles ne peuvent pas servir d'abri pour le court-terme, sans en changer au moins le plancher complètement crado et tellement couvert de graisse et de vomi après deux semaines, on ne veut pas savoir à quoi ressembleront les prairies couvertes de choucroute tout en se prenant les pieds dans les restes de demi-poulets, même après un lavage au Karcher et plusieurs nettoyages. Toutefois, le gouvernement de la ville garde à l'esprit cette éventuelle possibilité peu appétissante. 

Au niveau fédéral, le successeur du démissionné membre de la CSU Friedrich, le dénommé de Maizière, rabâche à chaque occasion qui se présente autour des "structures claniques criminelles", avec lesquelles il ne semble de manière évidente ne pas vouloir désigner les banques allemandes, ni la raffinée débâcle des mensonges sur les émissions de diésel du chef du département des recherches de VW sous le règne de M. Winterkorn. [NdT, remplacé par le chef de Porsche, il est parti... chez Porsche depuis, ahah]

Son dernier coup : la tentative de délocalisation du droit d’asile dans les sphères européennes au moyen d'un contingentement (en gros envoyer les syriens par paquet ici et là en réglant la question au niveau européen), un acte qui va à l'encontre de la Loi Fondamentale : car le droit d’asile reste en Allemagne, un droit individuel, non-négotiable et opposable, sans aucun limite numérique. Avec ce genre de trucage juridique, s'ajoute la personnalité piquante de Frank Jürgen Weise qui va plus loin à la tête de son agence pour le travail [Agentur für Arbeit] et ses jobs à 1 €, en proposant son double-job-sacrifice à lui, qui occupa un second emploi (ce qui est interdit) au Ministère de l'Immigration [BaMF, Bundes Agentur für Migration und Flüchtlinge], tout en déclarant se laisser payer moins qu'un misérable € par heure, justifiant par là même cette occupation accessoire gratuite afin de ne pas mettre plus en avant l'interdiction de l'exercer. Le salaire de cette fonction honorifique : un maillage plus efficace entre la Police, la Douane, l'Agence du Travail et la BaMF. Comme "prestation valorisante", ce gain immatériel de Transfert de Compétences-Transparence ne sera bien sûr pas ajouter à son salaire, espère Frank Jürgen Weise. 
 
Après le sauvetage des banques, il faut maintenant se lancer dans le sauvetage des gens, il ne faudrait pas donner tort à Jean-Claude Juncker dans son serment déclaratoire : "Il manque d'Europe, il manque d'Union", en fait, il manque de tout ce que l'Europe se dit représenter. Le bulletin de résultats honteux du Président de la Commission montre toutefois un sens critique. Si cela nous mène toutefois vers la fin d'un Bashar-al-Assad-bashing, reste plus improbable. Déjà s'aligne les experts pour que "l'Europe se mettent enfin en position d'attaque" en Syrie. Comme si l'aide militaire et financière aux "rebelles" [Ndt, modérés bien sûr] n'avait pas déjà encouragé ces derniers à la guerre civile. Affaiblir la Russie semble plus important que tout, même plus que de couper les artères vitales de l'EI ou d'abandonner le soutien aux troupes fascistes qui soutiennent Poroschenko. Ainsi souhaite-t-on la chute de Assad et si possible au mieux de Poutine en même temps. De ce fait, la chute d'encore plus de gens dans l'horreur et la fuite, [vers l'Europe.]

Ainsi, peuvent venir autant de migrants qui le souhaitent : ils ne pourront pas gouter au joie du ciel bleu tâché de nuages blancs de l'Oktoberfest. Déjà parce qu'ils ont bien d'autres soucis et se prennent à imaginer le paradis. Fatigués, lessivés et ruinés, ils n'auront plus à subir les coups de feu, hormis ceux du stand de tir par moment, ni les bombes, mais des ballons qui éclatent. Seul "Haut-den-Lukas" se fera frapper, et décapiter ne sera que chaque 30 minutes au Schichtl** : Herrreinspaziert, Herr Herrmann ! Ici chacun reçoit son asile ! N'ayez pas peur, le tribunal publique ici n'est qu'un show.

http://www.rationalgalerie.de/kritik/oktoberfestung.html
http://vodkaetpelmini.blogspot.com/2015/10/camp-retranche-de-loktoberfestung.html

*Fest en allemand : fête par opposition à Festung : place forte ou camp retranché
** Pièce de théâtre commencant par les mots : "Herrreinspaziert, Herr Herrmann"

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6 réactions à cet article    


  • Passante Passante 2 octobre 2015 14:53

    il ne faut pas en effet que les migrants en gare puissent jeter un regard vers où au juste ils débarquent, ça pourrait créer mouvements de panique, épidémies, rumeurs, pas bon, 

    circulez est le verbe policier de principe, le migrant est donc un idéal ;

    pas qu’il boive pas, il ne se doute pas de la bière, des réservations...
    il n’a pas la moindre idée du sol, du plafond, 
    il n’est migrant que de ces yeux éblouis, c’est tout,
    on risque le réveil avec ces radiations.

    alors il faut les arrêter, donc le hezbollah aura une aviation,
    préparez les bières.


    • Passante Passante 2 octobre 2015 17:40
      en art martial, le coudé mi-grand consiste à frapper au flanc l’adversaire, 
      côté estomac, grec, déjà en piteux état, avec une pointe, donc pliée
      qui remonte alors le choc jusqu’à l’oesophage danois qui hurle,

      bon...
      résultat le mec tombe au sol -
      il lâche le flingue, tu ramasses.

      pendant ce temps déjà, la femme de ménage distingue pas trop sur ce qu’elle essuie au sol de la crime scene, souvenons-nous des cuisines où elle avait déjà foutu le bronx chez les grozni du 3e.

      de plus si tu recules un peu de la fenêtre en restant dans l’angle, tu verras qu’on tire sur la manif -
      pire : ils ont d’abord mis le feu à l’immeuble en face, puis voyants les sortants qui fuyaient hurlants,
      ils remettent alors le feu par le rez-de-chaussée, en force...

      si c’est pas une fête ! ô crème de toutes mousses ! à pas rater sa réservation, 
      une place au balcon vite... à quelques dizaines de kilomètres de damas,
      n’oubliez pas les pistaches.

    • leypanou 2 octobre 2015 15:06

      L’auteur donne l’impression d’en vouloir à Victor Orban pour sa politique vis-à-vis des réfugiés. Mais, quand l’empire et ses laquais sont allés déstabiliser la Syrie -et sont encore en train de le faire-, ils n’ont pas demandé l’avis du gouvernement hongrois. Et maintenant qu’il y a des centaines de milliers de réfugiés en Europe conséquence de çà, ils veulent que la Hongrie participe à leur politique d’accueil de réfugiés ?


      • Renaud Bouchard Renaud Bouchard 2 octobre 2015 18:55

        @ l’auteur.

        Lorsque l’Allemagne aura compris l’étendue du piège dans lequel elle est tombée, nul doute que la réaction sera à la hauteur de la perception de la menace.


        • Le p’tit Charles 3 octobre 2015 09:13

          Bizarre votre article...Quel rapport entre la bière et des envahisseurs... ?


          • Hector Hector 3 octobre 2015 10:36

            Bonjour Toma,
            Une idée de départ un peu mince qui n’a pas trouvé sa mise en forme et qui part dans toutes les directions, au gré des mots.
            Dommage.
            2/20 pour l’encre.

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