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Accueil du site > Tribune Libre > Caravage ou pas Caravage ? Histoire de tableaux, histoire de fous (...)

Caravage ou pas Caravage ? Histoire de tableaux, histoire de fous ?

Oui, en vérité, je plains notre jeune et nouvelle ministre de la Culture qui se trouve confrontée à un choix difficile, interpellée qu'elle est par une presse bobo en pleine effervescence. Ou bien, il lui faut balancer 120 millions d'euros pour acheter un Caravage qu'on vient de sortir d'un grenier, ou bien il lui faut se résoudre à le laisser partir à l'étranger ? Tel est le dilemme que pose à l'État français le très controversé tableau intitulé "Judith coupant la tête d'Holopherrne" ! Affaire à suivre !

Première constatation : malgré leur érudition que je leur reconnais bien volontiers, il apparaît que les experts n'ont pas la science infuse. Je suis étonné que M. Turquin découvre le génie de Caravage dans un grand coup de pinceau ; encore plus étonné d'entendre cet autre grand spécialiste prétendre que "la tête d'Holopherne est trop chargée, avec ces dents écartées absolument étranges pour l'artiste", alors que c'est justement cette caractéristique qu'on trouve dans la tête coupée du "Goliath tué par David", où le peintre s'est représenté. Curieux, ce plaisir malin et provocateur que semble avoir Caravage de se représenter dans le personnage du scélérat.

Deuxième constatation : où est le débat citoyen ? De tous les articles de presse abondamment répandus sur la toile, quel est celui où l'auteur accepte d'entrer dans le débat en répondant aux commentateurs ? Je ne vois qu'Agoravox.

Merci à Njama qui, dans mon précédent article, a rappelé le texte biblique que Caravage aurait dû suivre à la lettre pour peindre cette "Judith coupant la tête d'Holopherne". Le fait qu'il se soit trop écarté du texte ne justifiait-il pas un refus de la part du commanditaire ? D'où une seconde version corrigée et mieux réussie, celle qui se trouve à Rome. Mieux réussie ? C'est un euphémisme quand on parle de têtes coupées.

L'affaire est pourtant d'importance car les peintures du Caravage sont rares, comparées aux productions d'autres peintres réputés. Le problème est d'autant plus ardu que le peintre ne signait pas ses oeuvres sauf deux exceptions.

Il existe en effet deux tableaux où le peintre a inscrit, indubitablement, sa signature.

Dans le tableau inconnu dont je vais parler, l'inscription portée sur la mitre du grand prêtre est la suivante : M AM S. Sachant que le Caravage s'appelait, à sa naissance, Michelangelo Merisi, il faut comprendre que le A et le M des lettres du milieu ont un jambage commun. M AM S doit se lire ainsi : Michael Angelo Merisi Schola, c'est-à-dire : Ecole de Michel-Ange Merisi (avant qu'il se donne le surnom de Caravage). À noter que l'intéressé prend bien soin de mettre en évidence les initiales de son double prénom qui évoque le grand Michel-Ange.

C'est une inscription semblable qu'il a portée sur la lame de l'épée de son David tuant Goliath : M AC O, ce qui signifie Michael Angelo Caravagio Opus, œuvre de Michel-Ange Caravage. Entre-temps, l'intéressé, devenu célèbre et portant l'épée, a rajouté à son nom celui de son village d'origine, Caravagio, ce qui lui donnait un air de petite noblesse plus valorisant que "Merisi" (cf. Léonard qui prit le nom de Vinci, son village natal). 

Le tableau inconnu dont je veux parler a éte attribué par erreur à l'atelier de Guido Reni lors d'une vente aux enchères, le 4 juin 1989.

Voici mon interprétation. Le mariage de la Vierge, une alliance retrouvée. Huile sur toile. Grand tableau de 184 cm sur 141 cm, par le Caravage et son école. La Vierge, à gauche, est dans le style de Guido Reni, ce qui exlique l'erreur d'attribution. Vers 1602 (?).

Le pape en titre, Clément VIII, au centre, atteint de la goutte, contraint à une certaine inactivité, va mourir en 1605. Léon XI, à droite, s’apprête à lui succéder. Châssis apparemment d’époque ainsi que le cadre peint en écailles de tortue. Au dos de la toile, une inscription qu’on a essayé d’effacer : “Copia o originale di Carlo Maratta 16 Giugno 1714 ROMA” : copie ou original de Carlo Maratta (peintre mort en 1713)…il s'agit probablement du peintre qui a décroché le tableau pour le remplacer par le sien. Probablement l'avait-il conservé dans ses réserves.

Le Caravage s'est inspiré du tableau de Milan que Raphaël a peint cent ans plus tôt, mais il a complètement remodelé la scène. Le ‘'Grand angle'' chez Raphaël avec des personnages lointains et immobiles, est remplacé par un ‘'plan américain'', avec des personnages proches du spectateur et en mouvement. Dans le tableau de Milan, Raphaël a inscrit son nom au fronton du temple : ‘'Raphaël Urbinas'', Raphaël d'Urbain. Dans le tableau du Caravage, c'est sur le bandeau de la coiffure du personnage central que se trouve l'inscription : M AM S : Michael Angelo Merisi Schola, Ecole de Michel-Ange Merisi (avant qu'il se donne le surnom de Caravage). 

Guido Reni, élève du Caravage - mon hypothèse - se voit à droite en arrière-plan, à coté d'un autre élève. Il est représenté dans la posture d'un peintre prenant du recul pour regarder l'œuvre. Il semble être âgé d'environ 25 ans. En fond de tableau, le Caravage dresse le chandelier à sept branches pour éclairer la scène. Il a la même attitude que dans les sept œuvres de miséricorde où il apporte, là aussi, la lumière (la vérité et la foi). On l'identifie à sa bouche aux dents déchaussées (cf. sa tête dans son Goliath tué par David). A l'extrême gauche, la vestale rappelle la grandeur et la pureté de la Rome antique.

A droite, le futur pape Léon XI est représenté dans le personnage de Joseph. Ambassadeur du pape en titre Clément VIII, il a parcouru l'Europe pour refaire l'unité de l'Eglise après la scission protestante. Négociateur habile et tolérant, il a pris parti pour Henri IV et l'a ramené à la foi catholique (1593). Cette Marie à laquelle il propose une nouvelle alliance, c'est l'Europe chrétienne, une Europe alanguie, une église encore souffrante des traumatismes causés par les guerres de religion. Soutenant délicatement le bras languissant de l'Europe chrétienne d'une main, s'appuyant très légèrement de l'autre sur son solide second et successeur, le pape Clément VIII confirme la nouvelle alliance qu'il a proposée aux peuples et aux rois. Fraternellement unis, comme l'étaient Pierre et Paul, voici les deux hommes qui portaient alors sur leurs épaules le poids de l'Église.    

Le tableau est centré sur la bague, éliminant l'inutile ou l'accessoire. La Vierge porte la robe d'une femme du peuple. La tenue du pape est celle du grand prêtre d'Israël. Voici, en résumé, ce que Yahwé avait prescrit à Moïse pour la tenue de cérémonie du grand prêtre Aaron : « Tu feras une mitre tendue de lin fin (en forme de croissant de lune ?), et devant, un bandeau d'or pur sur lequel seront gravées en forme de sceaux les lettres "consacré à Yahwé".Tu feras un éphod (vêtement de dessus) de pourpre rouge cramoisi, décoré de fils d'or et doublé de lin fin retors(probablement molletonné). Il aura deux épaulettes portant des pierres d'onyx sur lesquelles seront gravés les noms des fils d'Israël, six sur la première, six sur la seconde. Tu feras une écharpe de pourpre violette qui fera corps avec l'éphod (sous l'éphod ?). Tu feras un pectoral de jugement, de la largeur et d'une hauteur d'une main ouverte, que tu fixeras (sur la poitrine du grand prêtre) par des chaînettes tressées d'or pur, avec des anneaux d'or et des glands quis'accrocheront aux épaulettes. Ce pectoral sera de pourpre violette cramoisie. Il portera quatre rangées, chacune de trois pierres serties : sardoine, topaze, émeraude, saphir, diamant, opale, agate, améthyste,chrysolithe, onyx, jaspe, toutes pierres seront aux noms des douze tribus d'Israël, gravés en forme de sceaux.Tu feras un manteau (sous l'éphod) de pourpre violette, bordé en son bas d'un cordon de grenades rondes et de clochettes d'or alternées. Quand le grand prêtre viendra dans le lieu saint face à Yahwé, on les entendra tinter. Tu feras (sous le manteau) une tunique en piqué de lin fin. Œuvre d'artiste ! »

Ainsi donc, contrairement à ce qu'on a cru, Caravage a bien fondé une école, mais une école qui ne pouvait être que de très courte durée compte tenu du caractère querelleur et emporté de l'intéressé. La brouille était prévisible. Guido Reni évoluera vers une peinture plus ‘'image pieuse'' sous la protection du pape Paul V tandis que Caravage, déçu par le nouveau pape après la mort subite et prématurée de Léon XI, ira jusqu'à peindre une Vierge (une église) morte enceinte sans avoir pu enfanter (musée du Louvre). Il faut préciser que dans notre tableau, la Vierge est peinte enceinte. 

En réponse au David tuant Goliath de Reni où il s'est peut-être senti visé, n'est-ce pas son ancien élève que Caravage a peint en train de lui couper la tête, révèlant ainsi la concurrence qui existait entre eux, mais aussi sa supériorité en tant que peintre (galerie Borghèse) ?

Pour en revenir à notre tableau, la lumière principale qui éclaire la scène venant de droite, l'ombre de Joseph/futur Léon XI aurait dû, normalement, se porter sur le grand prêtre/Clément VIII. Pour qu'on ne puisse pas dire que le serviteur portait ombrage au chef légal de l'Eglise, le peintre a fait passer l'ombre de Léon XI sous les pieds du pape en titre. Et pour que Clément VIII ne marche pas sur l'ombre de celui auquel il doit tout, il l'a fait marcher en l'air, à environ vingt centimètres au-dessus de l'ombre portée de son compagnon. On retrouve dans ce tableau la splendeur de la lumière caravagesque. Tout cela sort, en effet, de la pénombre. Seul un éclairage puissant peut révéler les détails qui se cachent dans les parties obscures. Dans la partie haute de la toile, aux pointes du candélabre de Moïse que dresse Caravage, les sept lumières tremblotantes jettent une faible lueur. A gauche, le rideau cramoisi de l'entrée pend. En bas se devine la première marche du parvis du temple. Enfin, brillant dans l'ombre du pectoral, les pierres précieuses, peintes de toute évidence de la main même du Caravage, scintillent par une étonnante illusion d'optique (cinq rangées au lieu de quatre). Carle Van Loo et Simon Vouet semblent avoir repris la scène dans leur Mariage de la Vierge tandis que Le Sueur a recopié purement et simplement le profil de la Vierge dans son Annonciation. Conservé dans l'atelier de Carlo Maratta, alias Maratti, comme je l'ai dit au début de mon article, notre tableau semble avoir servi de modèle, d'où des copies facilement reconnaissables.

Emile Mourey,15 avril 2016

 


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34 réactions à cet article    


  • Le p’tit Charles 16 avril 2016 08:45

    120 millions pour un tableau que des experts reconnaissent pour vrai et d’autres non...sauf qu’aujourd’hui personne n’est capable de dire la « Vérité » sut la peinture fautes de moyens...juste des hypothèses rien de plus..ce qui correspond parfaitement à notre époque assise le cul entre deux chaises... !


    • Clark Kent M de Sourcessure 16 avril 2016 10:20

      Caravaggio était italien.


      <Le tableau doit être restitué à l’Italie comme tous les chefs-d’oeuvres pillés en Egypte en Grèce et ailleurs en particulier par les Anglais et les Français.

      Les œuvres d’art ne sont pas des produits commerciaux mais le patrimoine de l’humanité (comme on dit à l’UNESCO) et leur place est dans l’environnement culturel le plus proche de celui qui a permis leur création.

      La spéculation sur les œuvres d’art par les privés n’est que l’illustration d’un système économique bancal dans lequel la valeur financière put avoir comme référence un symbole aberrant comme l’avait illustré.la crise des tulipes en son temps.
      L’incapacité des prétendus experts à se déterminer montre le niveau d’incompétence, la prétention et l’imposture que cristallise ce milieu corrompu.
      Que celui qui a « trouvé » ce tableu dans son grenier comme par enchantement soit indemnisé, pourquoi pas ?
      Qu’un privé soi prêt à dépenser une telle somme en espérant en tire davantage un jour, pourquoi pas ?

      Mais que l’état participe à la montée des enchères avec l’rgent public est une insulta faite à tous ceux qui se voient refuser une enveloppe budgétaire, à commencer par les collectivités locales.

      • Clark Kent M de Sourcessure 16 avril 2016 10:41

        @M de Sourcessure

        erratum :

        la seconde phrase n’était pas terminée :
        «  comme tous les chefs-d’oeuvres pillés en Egypte en Grèce et ailleurs en particulier par les Anglais et les Français ».... doivent être restitués aux pays dont ils sont originaires...


      • njama njama 16 avril 2016 11:28

        @M de Sourcessure

        Je ne suis pas sûr que ce que vous dîtes soit juste, sans pouvoir vous affirmer le contraire.

        Il me semble que l’État pourrait préempter l’oeuvre comme il le peut pour des biens immobiliers.
        Mais alors pourquoi déjà et comment avance-t-on déjà une valeur de 100 / 120 millions ?

        Compte-tenu des nombreux doutes qui planent sur l’authenticité de ce Caravage, il vaudrait mieux peut-être par précaution laisser aux collectionneurs (mais investisseurs en fait) le soin de prendre le risque de cette acquisition. (principe de précaution ?. La vigueur ou la mollesse de l’enchère pouvant être également un élément d’appréciation, l’État se réservant lui-même la possibilité d’enchérir. Une enchère ne démarrerait jamais à mon avis au prix de l’estimation annoncé. Le manque d’originalité de l’œuvre pourrait également fortement gréver son prix.

        Si l’authenticité n’est pas établie le tableau vaut cent fois moins au bas mot ...


      • Clark Kent M de Sourcessure 16 avril 2016 11:44

        @njama

        Vous voulez dire qu’il ne vaut RIEN.
        Ce qui montre bien irrationalité de ce type de spéculation !

      • njama njama 16 avril 2016 12:11

        @M de Sourcessure

        Je pense que les 100 /120 millions sont en référence à d’autres tableaux. D’où est sorti ce chiffre ? dasn les articles de presse sur ce prétendu Caravage, je n’en ai lu aucun qui l’explique !

        Ce n’est pas parce qu’un cheval a été vendu très cher, que tous les chevaux sont des Roquépine
         
        Un âne ne vaudra jamais le prix d’un cheval ...


      • Le p’tit Charles 16 avril 2016 13:01

        @njama....bonjour...(Mais alors pourquoi déjà et comment avance-t-on déjà une valeur de 100 / 120 millions ?)...Turquin expert es_pognon des salons parisiens..une pointure à la hauteur de son incompétence sauf chez les magouilleurs du genre...et dans ce milieu ils sont légions..ça c’est Paris... !


      • Emile Mourey Emile Mourey 16 avril 2016 15:17

        @njama @ Sourcessure


        Bonjour, 

        Votre réponse est pleine de bon sens. Il faut raison garder mais je comprends la réaction de M. de Sourcessure. Je me pose la question : depuis sa tombe inconnue, que doit penser Caravage de tout ce déballage, lui qui, l’épée au poing, armé de son seul pinceau, s’est imaginé, illuminé qu’il était, qu’il pouvait faire évoluer la société de son temps vers plus de justice et de charité envers les démunis ? Ce qui me plaît dans Caravage, c’est que j’arrive à comprendre ce qu’il veut dire dans sa peinture. Ce qui ne me plaît pas dans la dernière émission de « Ce soir ou jamais », c’est que je n’y ai rien compris.


      • njama njama 16 avril 2016 15:36

        @Le p’tit Charles
        Essayez d’étayer vos allégations de quelques affaires fort douteuses dans le marché de l’art, si vous souhaitez être un peu crédible ...

        Ce qui me choquerait davantage, serait la contradiction entre un discours politique qui prône d’une main la loi du marché et la non-ingérence de l’État, et de l’autre de préempter ce tableau sans référence directe au jeu du libre marché, puisque cette estimation est très hypothétique !

        Après nous avons quelques bonnes très, très, très, ... grosses fortunes en France qui ont crée des Fondations, comme celle de Bernard Arnault par exemple ...

        Il importerait j’avoue de savoir à quelle(s) valeur(s) symbolique(s) transcendante(s) l’État se réfèrerait s’il investissait autant d’argent dans ce tableau, car la signification se rapporte directement au sujet biblique, et à la mystique de Jérusalem (et justice de Dieu incarné par le bras de Judith) ainsi que je l’exprimais dans le premier article d’Émile Mourey sur ce sujet.

        N’est-ce pas le moins qu’il devrait au bon peuple français de justifier les nombreux deniers qu’il dépenserait pour cette acquisition, s’il se portait acquéreur ?


      • njama njama 16 avril 2016 15:56

        @Emile Mourey

        Merci pour ce second article, mais aussi d’avoir très largement déployé au travers des autres toiles que vous citez et montrez le contexte historique, qui est à mon sens fondamental pour comprendre autant Caravage que d’autres de ses contemporains.

        J’avais à peine soulevé le coin du voile * en vous répondant précédemment. Certes Caravage était une personnalité autant talentueuse que très turbulente, mais le contexte de l’époque est déterminant.
        Il est dommage que les journalistes ne profitent pas davantage de cette actualité pour saisir l’occasion d’être un peu pédagogiques. Car si richesse de l’œuvre (indépendamment même de l’auteur), que l’on ne comptera pas en millions d’€uros, c’est qu’elle est plus qu’une pièce, mais un « fait d’Histoire », ce qui, d’un point de vue philologique, n’a pas de valeur mesurable.

        * le bras de Judith symboliserait le bras de Dieu contre ses ennemis (suivant le Texte) , argument fort utile à la puissance papale. (par extension au pouvoir politique). Brandir l’épée au Nom de Dieu, la symbolique est assez commune aux guerres de religions, et encore aujourd’hui. Comme quoi le Vatican allait puiser dans les Textes de « l’Ancienne Alliance » ce qui arrangeait sa puissance temporelle, bien que les Évangiles contredisent ouvertement cette posture spirituelle, puisqu’il faudrait aimer jusqu’à ses ennemis d’après le Christ ...
        Caravage (1571-1610) ; La deuxième moitié du XVI° siècle voit une succession de guerres de religions et l’avènement de la Réforme protestante, Edit de Nantes, 1598.


        Judith XIII/6-7
        « Et Judith se tint debout devant le lit, priant avec larmes, et remuant les lèvres en silence, disant : Seigneur, Dieu d’Israël, fortifiez-moi, et regardez à cette heure l’œuvre de mes mains, afin que vous releviez, selon votre promesse, votre ville de Jérusalem, et que j’achève ce que j’ai cru pouvoir faire par votre assistance.
        Ayant ainsi parlé, elle s’approcha de la colonne qui était au chevet de son lit, et elle détacha son épée qui était suspendue.
        Puis, l’ayant tirée du fourreau, elle saisit les cheveux de la tête, et dit : Seigneur Dieu, fortifiez-moi çà cette heure. Et elle le frappa sur le cou par deux fois, et lui coupa la tête ; ... »


      • Emile Mourey Emile Mourey 16 avril 2016 16:51

        @njama


        Exactement, un fait d’histoire qui permet de mieux comprendre une époque et par réflexion, la nôtre aussi.

      • Le p’tit Charles 16 avril 2016 17:21

        @njama....Voilà cher « Maître »...

        ENCHÈRES  : UNE ERREUR D’APPRÉCIATION QUI COÛTE CHER.( ANDREA SOLARIO )


        Le plus important expert de Drouot en tableaux anciens, Eric

        Turquin, a été lourdement condamné pour une faute professionnelle commise lors d’une vente aux enchères de juin 1994. Il avait attribué au maître italien Andrea Solario un Ecce homo qui a été vendu 4,9 millions de francs à Drouot, sous le marteau de Me Jean-Jacques Mathias. L’intitulé du catalogue, rédigé par Eric Turquin, mentionne : « Solario Andrea, le Christ au roseau », sans aucune référence autre qu’une simple notice iconographique précisant que l’oeuvre pouvait être datée « vers 1510, à la fin de la période française de l’artiste ». « Très bonne copie ». Le marchand suisse qui a acheté la peinture, Bruno Meissner, entre en contact avec le spécialiste mondial de l’artiste, David Brown, de la National Gallery de Washington. Il reçoit en retour une réponse fort embarrassée, accompagnée de la copie d’une lettre que David Brown a fait parvenir trois mois et demi avant la vente à Eric Turquin. Dans ce courrier, datée du 3 février 1994, il lui rappelle que dans sa monographie « page 212 », il « fait état de ce qui est apparemment une copie d’une oeuvre perdue de l’artiste, de très grande qualité, qui a déjà été proposée aux enchères chez Sotheby’s à Londres en 1979 », sous un autre titre. Il s’agit sans conteste de la même peinture. Fureur du marchand suisse qui demande l’annulation de la vente au tribunal de grande instance de Paris. L’expertise judiciaire confirmera qu’il s’agit d’une copie probablement flamande du milieu du XVIe, valant « autour de 500 000 francs ». Eric Turquin a reconnu depuis qu’il n’était « pas certain » que la peinture soit originale, et proposé de rendre ses honoraires en cas d’annulation de la vente....4,5 millions à rembourser. Dans son jugement daté du 18 mars (1), le tribunal a bien annulé la vente, et condamné l’expert à rembourser 400 000 francs correspondant aux honoraires et droits. Mais il s’est montré beaucoup plus sévère envers Eric Turquin, qui tout comme le propriétaire, Jean-Claude Lamère, avaient suffisamment d’éléments pour se douter « du défaut d’authenticité du tableau ». Il a condamné solidairement les deux hommes à rembourser les 4,5 millions de francs du prix d’adjudication au marchand suisse. En d’autres termes, si le vendeur n’est pas solvable, il reviendra à l’expert d’assumer cette condamnation. Une décision exceptionnelle ….Au hasard... !



      • Le p’tit Charles 16 avril 2016 17:25

        @njama...2eme.. ?....

        ENCHÈRES  : UNE ERREUR D’APPRÉCIATION QUI COÛTE CHER.( ANDREA SOLARIO )


        Le plus important expert de Drouot en tableaux anciens, Eric

        Turquin, a été lourdement condamné pour une faute professionnelle commise lors d’une vente aux enchères de juin 1994. Il avait attribué au maître italien Andrea Solario un Ecce homo qui a été vendu 4,9 millions de francs à Drouot, sous le marteau de Me Jean-Jacques Mathias. L’intitulé du catalogue, rédigé par Eric Turquin, mentionne : « Solario Andrea, le Christ au roseau », sans aucune référence autre qu’une simple notice iconographique précisant que l’oeuvre pouvait être datée « vers 1510, à la fin de la période française de l’artiste ». « Très bonne copie ». Le marchand suisse qui a acheté la peinture, Bruno Meissner, entre en contact avec le spécialiste mondial de l’artiste, David Brown, de la National Gallery de Washington. Il reçoit en retour une réponse fort embarrassée, accompagnée de la copie d’une lettre que David Brown a fait parvenir trois mois et demi avant la vente à Eric Turquin. Dans ce courrier, datée du 3 février 1994, il lui rappelle que dans sa monographie « page 212 », il « fait état de ce qui est apparemment une copie d’une oeuvre perdue de l’artiste, de très grande qualité, qui a déjà été proposée aux enchères chez Sotheby’s à Londres en 1979 », sous un autre titre. Il s’agit sans conteste de la même peinture. Fureur du marchand suisse qui demande l’annulation de la vente au tribunal de grande instance de Paris. L’expertise judiciaire confirmera qu’il s’agit d’une copie probablement flamande du milieu du XVIe, valant « autour de 500 000 francs ». Eric Turquin a reconnu depuis qu’il n’était « pas certain » que la peinture soit originale, et proposé de rendre ses honoraires en cas d’annulation de la vente.


      • Le p’tit Charles 16 avril 2016 17:27

        @Le p’tit Charles....SUITE... !


        .4,5 millions à rembourser. Dans son jugement daté du 18 mars (1), le tribunal a bien annulé la vente, et condamné l’expert à rembourser 400 000 francs correspondant aux honoraires et droits. Mais il s’est montré beaucoup plus sévère envers Eric Turquin, qui tout comme le propriétaire, Jean-Claude Lamère, avaient suffisamment d’éléments pour se douter « du défaut d’authenticité du tableau ». Il a condamné solidairement les deux hommes à rembourser les 4,5 millions de francs du prix d’adjudication au marchand suisse. En d’autres termes, si le vendeur n’est pas solvable, il reviendra à l’expert d’assumer cette condamnation. Une décision exceptionnelle ….Au hasard... !



      • Agafia Agafia 16 avril 2016 17:51

        @njama


        Ne sous-estimez pas les ânes s’il vous plait.

      • njama njama 16 avril 2016 22:43

        @Le p’tit Charles

        Magnifique travail d’investigation et contribution, merci pour l’auteur de l’article, comme pour tous les lecteurs.
        Voilà qui ne va pas contribuer à l’estimation de ce tableau ! ou plutôt la relativiser ...

        @ Agafia

        Je ne les sous-estime pas, je vous rassure
        L’important n’est-il pas que la cavalier trouve son équidé ... smiley


      • cevennevive cevennevive 16 avril 2016 15:35

        Bonjour Emile Mourey,


        Selon mon expert préféré (ma fille, Nathalie Beurier) ce tableau est un « caravagesque mais pas de Caravage lui-même qui a une touche bien plus nerveuse » (sic).

        Et moi, devant toutes les représentations de Judith et Holopherne, j’aime bien celle d’Artémisia Gentileschi et j’adore celle de Cristofano Allori que ma fille a copié magnifiquement.

        Mais pour en revenir à ce tableau indûment attribué à Caravage et traînant avec lui des relents de sommes fabuleuses, il est beau, certes. Mais je trouve déplorable qu’un « nom » dépasse en magnificence la beauté, le talent ou le "pinceau d’un artiste, quel qu’il soit.

        C’est bien cela, l’argent représente toutes les beautés, tous les talents, et fait briller les yeux des cupides et des ignares bien plus que le travail de l’artiste.

        Bien à vous.


        • Emile Mourey Emile Mourey 16 avril 2016 16:02

          @cevennevive


          Dommage ! Le propriétaire ne l’a payé que 63 000 francs de l’époque et, n’étant pas un spéculateur, il aurait aimé qu’il aille au Louvre.

        • Emile Mourey Emile Mourey 16 avril 2016 16:34

          @cevennevive


          J’ai écrit plusieurs articles Agoravox concernant des tableaux célèbres où je remets en question les interprétations traditionnelles (Van Eck, Botticelli, Rembrandt, Léonard de Vinci etc...) et je fais cela sans que cela ne me rapporte rien, uniquement pour comprendre la pensée que le peintre a voulu mettre dans son oeuvre. Mon dernier article le plus approfondi concerne la Madone dite de Laroque qui est bien de la main de Léonard de Vinci, et pourtant loin d’être un chef d’oeuvre. Je ne juge pas sur les mêmes critères des spécialistes.

        • cevennevive cevennevive 16 avril 2016 16:47

          @Emile Mourey
           

          Oui, je lis avec plaisir vos articles sur la peinture (et aussi sur l’histoire !)

          Entre nous, la Madone de Laroque est très « moche »...

          Si j’ai voulu commenter aujourd’hui, c’est parce que cette histoire de Caravage fait ressortir l’attitude de bellâtres qui ne connaissent pas grand chose à la peinture et qui ne voient que l’argent ou les honneurs et qui traitent les oeuvres d’art comme des marchandises consommables. C’est triste et vulgaire.

          Les « journalistes » (dont le Figaro) s’emparent de cette histoire et en disent bien des bêtises. Votre article est bien plus riche que ce que j’ai lu ou entendu sur ce sujet.



        • Emile Mourey Emile Mourey 16 avril 2016 16:53

          @cevennevive

          Merci

        • njama njama 16 avril 2016 16:54

          @cevennevive

          Je vous plusse ...

          bien à vous et à notre ami Émile Mourey


        • Fergus Fergus 16 avril 2016 18:46

          Bonjour, Cevennevive

          Bien d’accord avec vous. Comme Njama, je vous plusse sans la moindre hésitation.


        • Le p’tit Charles 16 avril 2016 18:48

          @njama...Alors camarade...plus rien à dire.. ?


        • njama njama 16 avril 2016 23:48

          @Le p’tit Charles.

          désolé, je vous ai répondu un peu plus haut à une heure tardive 22:43il est vrai .
          Merci encore pour votre contribution qui honore les débats sur Agoravox


        • cevennevive cevennevive 16 avril 2016 17:36

          njama, Emile,


          Il faut dire que l’argent et les oeuvres d’art font très mauvais ménage.

          Un peintre, si génial soit-il, ne recueille guère l’argent ou la gloire qu’il mérite. Il sera célèbre après sa mort. Et son entourage, sa postérité ou les spéculateurs des siècles suivants en profiteront sans scrupule.

          Seuls les Mècènes peuvent être utiles à l’artiste et lui permettent de travailler avec un peu de profit.

          Une des oeuvres de ma fille va entrer au Musée de Nîmes, grâce à une sorte de concours organisé par une vénérable veuve d’un peintre disparu. Mais l’oeuvre ne rapporte que la gloire d’être reconnue...

          Les seules oeuvres « alimentaires » sont les copies, et les réparations de tableaux avec des méthodes anciennes.

          Reconnaissez que nous sommes loin des profits générés par des « artistes » écrivains, chanteurs ou même photographes...

          C’est injuste, vous ne trouvez pas ?



          • Fergus Fergus 16 avril 2016 19:01

            @ cevennevive

            S’il y a une petite place à Nimes, je tiens à la disposition du conservateur mon avatar, peint en 1999 pour un concours de timbre-poste japonais sur le thème de l’humanité.

            Je n’ai pas gagné le concours ! smiley

            Et il va de soi qu’il n’est pas question que je me sépare de mon tableau. smiley

            Bien à vous.


          • Emile Mourey Emile Mourey 16 avril 2016 20:37

            @cevennevive


            Félicitations pour votre fille. Un de mes amis est restaurateur de tableaux et c’est un génie.
            Quant à l’injustice à l’égard des artistes, je connais. Je passe mon temps à essayer de restaurer un château historique qui a été livré au vandalisme et je fais cela sans subvention parce que je me refuse à prendre un architecte qu’il faudra en plus que je paye pour qu’il m’impose ses vues dont je ne veux pas.

          • Jo.Di Jo.Di 17 avril 2016 08:10

            Mieux acheter un tableau monochromatique où un mouton bloc de béton où mieux de la merde en boite de conserve, fiance un prébendier de la caste
             
            Ce tableau fait appel à une culture/religion/âme disparues, donc ne peut interpeller un bobo (« au niveau du vécu » culturel du peuple) ... une merde en boite si !


            • njama njama 17 avril 2016 12:49

              Des Caravage en veux-tu en voilà ... deux autres dans la Galerie Antonine de Loches achetés au Caravage, artiste italien du XVIème, par Philippe de Béthune.

              (cliquez sur la flèche rouge pour voir le second)
               http://www.loches-tourainecotesud.com/de/sir_loches/Visites/Patrimoine-culturel/Galerie-Saint-Antoine

              Caravage aurait été l’artisan de nombreuses copies selon certains experts ! Voilà qui ne va pas aider à certifier le tableau de Toulouse !

              "Les deux tableaux de l’église Saint-Antoine de Loches (Indre-et-Loire) sont-ils du célèbre peintre italien Le Caravage (1571-1610) ? C’est ce qu’affirme depuis 2006 la municipalité malgré les doutes émis par plusieurs experts réunis en colloque lundi et mardi dans la petite ville de Touraine.« 

               »La cène à Emmaüs" (1,41x1,96 m) ressemble beaucoup à celui exposé à la National Gallery de Londres. Seule la tête du Christ n’est pas la même.

              Le second tableau, « L’incrédulité de Saint-Thomas » (1,07x1,46 m) montrant Saint-Thomas mettant son doigt dans la plaie du Christ, est une réplique avec néanmoins quelques légères différences par rapport au tableau exposé au musée de Potsdam en Allemagne 

              Pour le Britannique Clovis Whitfield, historien de l’art, spécialiste du Caravage, "ces tableaux ne sont pas des Caravage. Ils auraient été peints par Prospero Orsi, compagnon de route du maître".

              Un avis partagé par Maria Cristina Terzaghi, professeure à l’université de Rome III, spécialiste du Caravage. "Ce sont des copies qui datent de 1606, mais je ne sais pas à qui les attribuer", a-t-elle dit en italien.

              Mais le maire Jean-Jacques Descamps ne l’entend pas de cette oreille. "Qu’on me prouve une fois pour toute que ce ne sont pas des Caravage !", tempête-t-il.

              25.000 visiteurs chaque année

              "Le Caravage faisait souvent des répliques en changeant certains personnages du tableau", ajoute l’élu pour qui la présence de ces tableaux représente une aubaine : plus de 25.000 personnes viennent les admirer chaque année.

              [.......]

              http://www.lepoint.fr/culture/en-touraine-la-petite-ville-de-loches-defend-ses-deux-caravage-30-04-2013-1661732_3.php


              • njama njama 17 avril 2016 13:30

                rapportés à l’estimation du supposé Caravage de Toulouse, ceux de Loches vaudrait à eux deux 148 millions d’€uros.
                http://www.lanouvellerepublique.fr/Indre-et-Loire...

                Sachant qu’ils ont été achetés par Philippe de Béthune à un prix payé, élevé pour l’époque, 250 livres et 130 livres selon un document conservé aux Archives nationales, et que le cours légal de la Livre tournois était fixé par le roi, et stable entre 1602 et 1630, qu’elle valait 0,862 g d’or pur, l’ensemble faisait donc l’équivalent de 327,56 d’or pur au cours légal pour 380 Livres, soit l’équivalent de 11410 €uros pour les deux toiles suivant le cours de l’or d’aujourd’hui ;
                et une évaluation d’environ 1300 fois supérieure au prix d’achat de l’époque.

                Ah les marchands d’Art, de fieffés spéculateurs ! et État achète à ces voleurs !
                une machinerie à blanchir de l’argent ?

                 
                 


              • Emile Mourey Emile Mourey 17 avril 2016 14:14

                @njama


                A mon avis, le souper d’Emmaüs de Loches est une copie qu’a faite Guido Reni du tableau du Caravage qui se trouve à Londres.

              • njama njama 17 avril 2016 23:46

                @Emile Mourey

                Quel expert mettrait sa main à couper ... je m’y perds dans ces batailles d’experts.

                Auriez-vous le cœur à signer sans la moindre hésitation un chèque de 120 millions d’ €uros pour ce (supposé) Caravage de Toulouse ?

                Si, bien évidemment la pièce est authentique par rapport à l’époque, historiquement, le manque assez patent d’originalité de la thématique de ce tableau au point de se demander où se trouve la créativité (?), mérite-t-il une telle somme !

                 


              • njama njama 17 avril 2016 13:05

                reçue d’une amie dans ma boîte mail ce matin :

                « Le gentil petit Hollande a offert au Liban cent millions d’euros* pour les migrants qu’il héberge, même pas le prix de 12O millions du tableau !! Triste TERRE. »
                -------------

                * qu’il promet de payer sur 3 ans http://www.francetvinfo.fr/...
                L’État achètera-t-il cash le Caravage de Toulouse ?


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