Carré d’As
Les relations qu’entretiennent les hommes avec Dieu sont compliquées et font donc souvent l’objet de malentendus, de désaccords, d’essentialisation, de guerres et de morts. En effet, il existe des vraisemblances dont les apparences semblent s’obstiner à animer nos réalités. C’est pourquoi, afin de tenter d’en balayer modestement avec vous le champs des possibles, je vous propose une balade géométrico-grammaticale dans le monde des vérités vraies.
Postulons que Jacob, Joseph et Youssef croient en Dieu et qu’Alain ne croit pas en Dieu.
Aussi, pourrait-on dire que Jacob, Joseph et Youssef croient qu’ils croient en Dieu tout comme ils ne croient pas qu’ils ne croient pas en Dieu. De même, on pourait affirmer sans se méprendre qu’Alain croit qu’il ne croit pas en Dieu et qu’il ne croit pas qu’il croit en Dieu.
Bon. Jusque là, je suppose que vous suivez ? Si je vous demande cela c’est parce qu’outre les relations que ces derniers cultivent vis-à-vis de Dieu ou vis-à-vis d’eux-mêmes dans leur rapport à Dieu, nous ne pouvons omettre de citer leur relation à la croyance de l’autre dans son rapport à Dieu.
En ce sens que Jacob, Joseph et Youssef croient qu’Alain ne croit pas en Dieu, et qu’Alain croit que Jacob, Joseph et Youssef croient en Dieu. Et cela se vérifie également lorsque Jacob, Joseph et Youssef ne croient pas qu’Alain croit en Dieu et qu’Alain ne croit pas que Jacob, Joseph et Youssef ne croient pas en Dieu.
Comme vous pouvez le constater, il est intéressant d’articuler les relations à la croyance vis-à-vis de Dieu, mais aussi vis-à-vis de soi-même dans son rapport à Dieu, ainsi que vis-à-vis de l’autre dans son rapport à Dieu. Avançons à présent à l’étape suivante : le rapport vis-à-vis de l’autre dans la relation qu’il a avec lui-même dans son rapport à Dieu.
Ainsi, Jacob, Joseph et Youssef croient qu’Alain croit qu’il ne croit pas en Dieu. Ils croient aussi qu’Alain ne croit pas qu’il croit en Dieu. Alain, lui, croit que Jacob, Joseph et Youssef croient qu’ils croient en Dieu et qu’ils ne croient pas qu’ils ne croient pas en Dieu.
Mais là ne s’arrête pas l’intérêt de notre cheminement. L’épicentre de votre capacité de concentration se rapproche. Car lorsque les relations à la croyance s’expérimentent à la fois par les relations à la croyance vis-à-vis de Dieu, vis-à-vis de soi-même dans son rapport à Dieu, vis-à-vis de la croyance de l’autre dans son rapport à Dieu, ou – comme nous venons de le souligner dans la paragraphe précédent – dans le rapport vis-à-vis de l’autre dans la relation qu’il a avec lui-même dans son rapport à Dieu, ce qui survient c’est le rapport à la croyance de l’autre vis-à-vis de la sienne et de la sienne vis-à-vis de celle de l’autre.
Jacob, Joseph et Youssef croient qu’Alain croit qu’ils croient en Dieu. Ils croient donc qu’Alain ne croit pas qu’ils ne croient pas en Dieu. De son côté, Alain croit que Jacob, Joseph et Youssef croient qu’il ne croit pas en Dieu et ne croient pas qu’il croit en Dieu. Par contre, notre trio ne croient pas qu’Alain ne croit pas qu’ils croient en Dieu, tout comme ils ne croient pas non plus qu’Alain croit qu’ils ne croit pas en Dieu. Pourtant Alain, encore lui, ne croit pas que Jacob, Joseph et Youssef croient qu’il ne croit pas en Dieu. Mais ce n’est pas tout, il ne croit pas non plus que Jacob, Joseph et Youssef ne croient pas qu’il croit en Dieu. D’ailleurs, il est noter que Jacob, Joseph et Youssef croient qu’ils croient qu’Alain ne croit pas en Dieu et croient qu’ils ne croient pas qu’ Alain croit en Dieu. Etonnant, n’est-ce pas ? Mais, rassurez-vous, la fin du chemin n’est plus très loin. Laissez-moi encore le temps de vous dire qu’Alain croit qu’il croit que Jacob, Joseph et Youssef croient en Dieu. De la même manière mais différemment, il ne croit pas qu’il croit que Jacob, Joseph et Youssef ne croient pas en Dieu. Et à contrario, il ne croit pas qu’il ne croit pas que Jacob, Joseph et Youssef croient en Dieu. Vous suivez toujours ? Sacré Alain, il n’en démord pas, il dit croit qu’il ne croit pas que Jacob, Joseph et Youssef ne croient pas en Dieu. Quant à eux, ils ne croient pas qu’ils ne croient pas qu’Alain ne croit pas en Dieu, et pour définitivement sceller leur position, ils ne croient pas qu’ils croient qu’Alain croit en Dieu.
Et nous voilà donc arrivés à l’embouchure de notre cheminement. Vous avez maintenant toutes les cartes en main pour tenter de comprendre les complexités de la croyance, ce qui m’octroie - selon les termes de notre contrat – le droit de vous poser la question subsidiaire : en qui croire ?
Pour en savoir plus, rendez-vous sur Le Grand Ecart, expérience contributive
3 réactions à cet article
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je vais essayer de faire plus simple : ET DIEU DANS TOUT CA ?
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tout croyant croit pas le biais d’un autre, parce ce qu’on ne peut croire de nous même. Celui qui ne croit plus, ne le doit qu’a lui même forcément. Puisque dieu n’existe pas pour les uns, et n’a pas de preuve réelle de son existence pour les autres
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à l’auteur
Sur l’étiquette de la plupart des bouteilles, on peut lire : « A consommer avec modération ». C’est un conseil qu’on gagne toujours à prendre au sérieux.
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