Climat : déjà 330 ans de réchauffement
Ce n’est pas une blague : la phase de réchauffement que nous connaissons a commencé il y a au moins 330 ans. Toutefois l’analyse plus fine du graphique présenté hier montre que ce réchauffement se produit par paliers, avec une alternance de poussées fortes, de plateaux, et de courtes séquences de baisse.
Tendances
Ce graphique (image 1, clicpour agrandir) représente les mesures des températures relevées par thermomètre au centre de l’Angleterre, depuis le XVIIe siècle. C’est un indicateur intéressant. Protégées des extrêmes continentaux, elles varient selon les dominantes météorologiques ouest-sud-ouest (vents de l’Atlantique, plutôt doux) et nord-ouest (vent de nord-nord-ouest, plutôt froid). Malgré le courant doux de la Dérive Nord Atlantique, la Tamise gelait fréquemment en hiver lors du petit âge glaciaire.
D’autres graphiques des températures, obtenus par proxies (mesures indirectes comme les cernes des arbres) dans d’autres régions d’Europe, montrent en gros les mêmes variations.
Sur ce graphique montrant 330 ans de réchauffement, j’ai tracé hier une ligne continue allant des années 1690 à 2010. C’est la tendance lourde des températures, indépendamment des variations. On relie le point de départ et le point d’arrivée. De la même manière aujourd’hui, on fait des lignes continue de 1900 à nos jours, ou de 1975 à nos jours, pour montrer la tendance au réchauffement. Durant cet intervalle il y a cependant des hausses et des baisses, pendant plusieurs décennies.
Aujourd’hui j’ajoute à ce graphique des lignes jaunes qui montrent de courtes tendances internes des températures (minimum 2 décennies). On voit des périodes de montée forte, des plateaux, et des baisses. Globalement il y a pourtant un réchauffement (ligne rouge).
Reconstructions
En regardant les températures du XXe siècle, on voit aussi des variations et des plateaux alors que la tendance lourde est au réchauffement (image 2). Le point de départ et la vue d’ensemble sont déterminant pour tenter justement de déceler ces tendances lourdes et les cycles naturels du climat (1000 ans, 230 ans, 65 ans, 30 ans, entre autres). Sur ce graphique on voit par exemple une montée forte des températures moyennes dès 1910 et jusqu’en 1945. À cette période elle n’est pas imputée au CO2 anthropique.
L’ampleur et l’historique de l’actuel réchauffement dépendent de la période où l’on place la référence des températures « normales » (ou moyennes sur une longue période). De cette référence on déduit des « anomalies », terme qui désigne les simples variations en plus ou en moins par rapport à la norme.
La phase de réchauffement est désignée comme anomalie dès les années 1980-1985. Elle suit trente années fraîches (1945-1975). Mais en regardant en arrière on voit un fort réchauffement avant la seconde guerre mondiale. En remontant encore, cherchons la période la plus froide depuis 2000 ans ou 6000 ans. Elle est dans la décennie 1680 (image 3 et 4).
Comparé aux reconstructions plus anciennes des températures, celles d’avant les instruments, on constate que depuis des milliers d’années nous n’avions jamais eu aussi froid qu’au PAG (petit âge glaciaire).
Les différentes reconstructions des températures passées montrent des chiffres et des variations très proches. Cependant certaines reconstructions placent la période la plus froide avant 1600, voir avant 1500, ce qui signifierait que le réchauffement actuel s’inscrirait dans une tendance lourde de plus de 500 ans ! Et que nous avons pris des degrés en plus sans en subir de conséquences fâcheuses.
Effet loupe
Nous vivons donc dans le chaud depuis bien avant la décennie 1980. Et c’est tant mieux. Le froid est moins propice à la vie. Et comme le suggère cet extrait d’un article fort intéressant, le froid du PAG était bien réel :
« Le petit âge de glace s’étend du XVe siècle au XIXe siècle. Il est marqué par un refroidissement net de l’ordre de 1,5°C en été en Suisse et par une pluviométrie soutenue. En montagne les glaciers avancent vers les vallées comme le glacier d’Argentière ou les glaciers blanc et noir. La limite supérieure de l’arbre en montagne réagit au refroidissement de la saison végétative. La banquise annuelle atteint les Féroé. »
En résumé, nous sommes dans un réchauffement commencé depuis le point le plus bas, soit environ 1680-1690 (330 ans), mais peut-être aussi depuis la fin du XVe siècle (plus de 500 ans de réchauffement).
La discussion actuelle sur le réchauffement subit en partie le préjudice d’un effet loupe. En mesurant le réchauffement à court terme, illustré par une ligne continue entre le point de départ et le point d’arrivée des mesures, entre 1970 et début 2000, ou même 1950-2017, on ne voit qu’une pente ascendante. L’effet loupe va même jusqu’à faire comptabiliser les années les plus chaudes grâce à des variations infimes, avec en mode subliminal un message catastrophiste.
Or les séquences longues de 300 ans, 500 ans ou 2000 ans, relativisent cette course actuelle au record de chaleur : il a déjà fait plus chaud et l’on sous-estime peut-être l’importance des cycles naturels.
Sauver la planète
Les variations en cycles (image 4) autour d’un axe sont le fait même du climat, depuis longtemps, et des réchauffements se sont produits dans le passé sans augmentation notable du CO2.
Extrait du même article que ci-dessus :
« Le réchauffement récent n’excède pas pour le moment cette variabilité naturelle (Leroux, 1996). Certains rythmes (pluriséculaires, trentenaires…) apparaissent nettement. »
Quoi qu’il en soit, les périodes chaudes ont été bénéfiques pour le développement de la vie et de notre espèce.
Tout cela m’amène à penser que le slogan messianique « Sauver la planète » n’est pas le bon. Il sert la bonne conscience et l’image positive de soi plus que le pragmatisme écologique. En creux j’y vois aussi la même volonté de contrôler le monde que nos aïeux progressistes. Dans ce mouvement aux connotations religieuses, sauver la planète c’est en réalité la coloniser encore plus.
Le seul « salut » serait la réduction de la pression humaine sur l’environnement, donc une décroissance de population. Laquelle nous appauvrirait économiquement en réduisant la consommation génératrice de richesses.
Je n’accuse pas les humains de tous les maux. Je ne crois pas que la culpabilité face à une planète qui en a vu de pires soit un bon fondement d’action. Je concède une marge d’erreur à l’humanité : nous apprenons par l’expérience. Je ne veux donc pas alimenter l’accablement de l’Homme auquel on assiste parfois aujourd’hui.
En attendant nous pouvons agir sur de nombreux points : reforestation, protection des sols, technologies moins polluantes, etc. C’est en partie en cours. C’est la bonne nouvelle : l’adaptation au réchauffement est en route. Et l’on ne peut nier le fait que les cris d’alarmes ont parfois été utiles pour activer la recherche vers des technologies adaptées. On peut cependant regretter une politisation très, trop partisane de la question climatique, sous couvert d’une intention morale supérieure destinée à provoquer l’adhésion.
L’urgence dramatisée (et infantilisante) que des médias nous imposent face au réchauffement n’est pas le fruit d’une perception globale de la question (ni d’une véritable intention pédagogique). Elle ne peut donc offrir, à mon avis, de garantie d’efficacité dans ses concrétisations, ni même de pertinence.
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