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Côte-d’Ivoire : soulèvements militaires et restauration du pouvoir politique

Le lundi 29 septembre 2008, le porte-parole de l’armée ivoirienne, le colonel Gohourou Babri Hilaire a annoncé au journal de 20 heures la radiation de 91 soldats des Forces de défense et de sécurité de Côte-d’Ivoire (FDSCI). Cette mesure disciplinaire est renforcée par des sanctions pénales annoncées par le commissaire du gouvernement, également présent à la télévision. La rigueur des sanctions traduit la volonté d’un pouvoir politique soucieux de renforcer son autorité devant une cohorte de soldats indisciplinés qui tentent de lui imposer sa loi.

Le soulèvement

Au petit matin du vendredi 26 septembre 2008, ce qui avait été présenté la veille sur les ondes de la radio locale comme "des manœuvres militaires" s’est mué en soulèvement de soldats mécontents à Daoukro. Ces éléments ont paralysé la ville par des tirs nourris après s’être ravitaillés en munitions à la poudrière. Le même jour, les soldats de la garde républicaine de Yamoussoukro ont créé une psychose en tirant en l’air durant toute une journée. Ces soldats réclamaient le paiement de primes de guerre, communément appelées "haut-les cœurs" en Côte-d’Ivoire. Des officiers et des sous-officiers ont été séquestrés quand les services de santé dénombraient quatre civils blessés par balle.

La réaction de la hiérarchie

Devant la gravité des événements qui ont couru jusqu’au samedi à Daoukro, un communiqué des FDSCI dénonce les agissements de soldats "animés par des desseins obscurs non avoués". Dans le même temps, un contingent de 200 soldats est dépêché par l’état-major des armées à Daoukro pour parer à toute éventualité. Il ne s’arrête pas là car 91 soldats insurgés sont radiés des rangs des FDSCI et 13 d’entre eux qui sont en fuite sont activement recherchés. L’on se souvient des 322 policiers sanctionnés par le ministre de l’Intérieur pour faits de grève non justifiés les 12 et 13 février 2008. Ils ont écopé de la suspension, pour dix mois, et de travail et de solde.

Protéger le politique de son armée

Depuis le coup d’Etat de décembre 1999, l’armée ivoirienne est traversée par une profonde crise structurelle. La Brigade rouge du président Robert Guéi et toutes les forces militaires parallèles (Camora et autres) qui sont apparues à cette époque ont contribué à la diffusion de comportements dissidents au sein de la grande muette. Les soldats sont identifiés comme responsables d’agression des populations civiles, vols, non-respect de la hiérarchie, etc. Ces pratiques se sont amplifiées à partir du 19 septembre 2002 avec un renforcement des "sautes d’humeur" des soldats qui, au regard de la crise, sont devenus les gardiens sacrés de la cité. Du reste, le président Gbagbo lui-même a souligné leur "valeur" au cours d’une rencontre avec les travailleurs en soutenant qu’"ils ont donné leur poitrine pour sauver la République". D’où une hyperbolisation du sentiment d’"immunité militaro-politique" au sein d’une frange de l’armée. Certains soldats se sentent intouchables, enfermés qu’ils sont dans le ghetto psychologique d’une société prétorienne, au point de défier leurs supérieurs et la loi.
Devant cette montée en puissance de cette nouvelle génération de soldats, l’Etat a décidé de procéder à une éducation de son armée. Il s’agit de purger la grande muette des éléments indisciplinés et restaurer l’autorité du pouvoir politique devant une armée de plus en plus bruyante et violente. L’affaiblissement de l’autorité du politique risque de provoquer une incursion de l’armée dans le champ politique. Cela est d’autant plus préoccupant que, depuis le coup d’Etat de 1999, l’armée manifeste des velléités de "prendre ses responsabilités" dans le jeu des forces politiques. L’affaire Akaï Mambo est en effet un excellent indicateur des tentatives de l’armée pour s’affirmer dans la participation politique. Ce sous-officier de la gendarmerie nationale avait tenté de créer une association de défense des droits des soldats au sein de l’armée. Même si l’on accepte avec réserve l’idée d’un soutien de l’initiative de ce soldat par ses pairs, il convient d’analyser la sanction qu’il a reçue au terme d’une affaire qui a défrayé la chronique. La condamnation avec sursis du MDL AkaÏ Mambo en dit long sur la délicatesse du sujet.
Au moment où l’on parle de sortie de crise, le politique tente de "se protéger" de celui qui a la charge d’assurer sa sécurité : le militaire. Le laxisme longtemps cultivé au sein de l’armée risque de fragiliser l’autorité du pouvoir politique, mais surtout d’inciter le militaire à lorgner un pouvoir qu’il est censé protéger. Le syndrome mauritanien que l’on croyait "éradiqué" a refait surface et peut faire des émules dans les autres pays du continent africain. En réagissant durement, le politique ivoirien affirme sa volonté de contrôler les règles de la démocratie en imposant son autorité à son partenaire naturel qui est l’armée.


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4 réactions à cet article    


  • morice morice 2 octobre 2008 15:06

     avec un "e" à ivoire, peut être, non ??? et un accent circonflexe ... un simple oubli mais qui choque..


    • Yahcoub 3 octobre 2008 09:57

      raciste


    • ASINUS 3 octobre 2008 06:41

      bonjour Silué ,
      si les groupes politiques au pouvoir n avaient pris l habitude de s appuyer voir de lui demander d interferer dans le champ politique les militaires ivoiriens n auraient pas pris l habitude
      de sortir de leurs casernes , par ailleurs la multiplicité des unités et des hierarchies constatée
      il y a plus de 20ans as t elle evoluée sinon elle pourrai expliquer en grande partie le manque
      d homogeneité de cette armée


      • Webes Webes 3 octobre 2008 17:47

        " Ces soldats réclamaient le paiement de primes de guerre "

        Lol, le roi president Gbagbo a encore enfarine !
        Le politique Ivoirien veut faire le menage ethnique ou disciplinaire ???? C est rai qu avec l incorporation des forces nouvelles dans l armee, le roi president va avoir des problemes pour assurer son siege qu il croit eternel

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