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David contre Goliath

David contre Goliath

 

Qui aurait pu supposer que, d’un coup de fronde, le jeune David abatte le géant Goliath ? Qui aurait pu supposer qu’une île des Caraïbes défie dans les années 60 la plus grande puissance mondiale en mettant en place un système socialiste ?

   En écrivant cet article, mon intention n’est pas de porter un jugement sur le socialisme cubain ni d’exprimer mon opinion sur l’actuelle direction de Cuba, mais d’attirer l’attention du lecteur sur un aspect de l’histoire récente de ce pays. En 2001, j’étais allé à Cuba où j’avais rencontré un ami, professeur d’anglais, qui vivait avec sa femme et ses deux enfants à La Havane. Il m’invitait souvent chez lui et nous discutions fréquemment de la situation économique et sociale de son pays. Parents et enfants avaient vécu la période qui avait suivi la chute du Mur de Berlin. Au début des années 90, l’effondrement du « grand frère » et de ses alliés européens avait provoqué une véritable onde de choc qui avait frappé non seulement l’Europe, mais aussi Cuba : toute aide provenant de l’Union soviétique et des pays de l’Est avait disparu. Les bateaux soviétiques avaient cessé d’approvisionner l’île des Caraïbes, provoquant l’apparition de pénuries dans d’innombrables domaines de la vie économique. Je me souviens que mon ami me disait alors que, certains jours, il n’y avait à manger qu’un œuf par personne, il fallait recourir au marché noir pour subsister. Il me racontait aussi que, faute d’amalgame dentaire nécessaire au soin des caries,  les dentistes étaient contraints d’arracher une dent malade. Tout provenait du bloc soviétique, y compris les produits médicaux. 

  Certes, Cuba n’en était pas à sa première épreuve : n’avait-elle pas résisté à un blocus mis en place au début des années 1960 par les Etats-Unis dont l’Ile dépendait, à l’époque, pour ses exportations et importations ? Ce même blocus fut renforcé pendant la période consécutive à la chute du Mur. C’est ainsi que, par exemple, le blocus de l’Ile devint « extraterritorial », ce qui signifiait que les filiales américaines situées dans des pays tiers n’avaient plus le droit de commercer avec Cuba. (1) Cette fois-ci, munis d’un arsenal législatif de ce type, les Etats-Unis ne doutaient pas un seul instant que Cuba, privée de l’aide soviétique, sombrerait dans le chaos ; ce ne fut pourtant pas le cas. 

  Certes, à la différence du jeune David biblique qui a réussi à terrasser Goliath, Cuba n’a pas mis à mort le géant américain : elle lui a résisté et des décennies d’épreuves ne l’ont pas mise à genoux. Quel que soit le jugement que l’on porte sur le « lider maximo » en tant que chef d’Etat, Fidel Castro, qui vient de disparaître, demeurera le symbole de la résistance d’un peuple face à l’oppression et à l’épreuve.

 

Fabrice Fassio

Manille, le 7 décembre 2016

 

  1. http://www.investigaction.net/Il-y-a-cinquante-ans-les-Etats/

 Illustration : « David à la fronde » de Raymond Delamarre


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2 réactions à cet article    


  • Sergio Sergio57 19 décembre 2016 19:57

    Fabrice Fassio


    Votre article me fait penser à Haïti, qui a repris sa liberté non pas, par le bon vouloir des nations colonialistes, mais par le courage et le sang. Les haïtiens ont défait, pour recouvrir leur liberté, de nombreuses armées, y compris celle de Napoléon. Ils ont payé très cher par, l’oubli, les embargos, l’impérialisme américain et j’en passe. Même la nature s’en mêle et ce n’est toujours pas terminé, il a une expression créole qui dit « Déyé morn ya morn » qui veut dire derrière les montagnes il y a des montagnes. Je m’écarte de votre sujet qui est d’ailleurs fort bien développé, j’ai comme l’impression que les ’Grandes Antilles’ sont le théâtre de grands mouvements de libération

    Bien à vous

    • Acerekebolah Acerekebolah 25 décembre 2016 09:03
      @Fabrice Fassio

      Bien sûr, comme vous le précisez d’entrée, « mon intention n’est pas de porter un jugement sur le socialisme cubain ni d’exprimer mon opinion sur l’actuelle direction de Cuba » mais ce rappel des « perspectives historiques » est exactement ce qui permet aux opportunistes actuellement au pouvoir à la Havane de piétiner leur peuple comme rarement un gouvernement a osé le faire.

      Ici, beaucoup protestent sur le niveau de rémunération des travailleurs en France, c’est probablement le cas de nombre de ceux qui sur Agoravox ont fait voeu d’allégeance éternelle à Fidel Castro et à ses successeurs. 
      Mais, ils devraient savoir que cette clique au pouvoir à Cuba se comporte de façon aussi scandaleuse que les prédateurs financiers qui dirigent aujourd’hui l’Europe. Je connais des dirigeants d’entreprises d’état à Cuba qui dépensent chaque mois 10 ans de salaire d’un cubain de base juste pour la scolarité de deux enfants...
      C’est vrai que l’enseignement est de meilleure qualité dans les écoles pour enfants d’expatriés, vu la baisse dramatique du niveau dans l’éducation d’état suite à des mesures d’une grande stupidité. 

      Si le gouvernement cubain était socialiste, je prendrais sa défense, mais la réalité est qu’il s’agit d’un pays néo-médiéval tel que n’ose le rêver Fillon... des salaires même pas symboliques et un mépris total des dirigeants pour le peuple.

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