Don de jours de RTT... Où était la gauche !
Ce mercredi, les sénateurs communistes ont voté contre une loi qui autorisait le don par les salariés d'un jour de repos à un collègue, pour qu'il puisse passer plus de temps auprès de son enfant malade. Quant aux socialistes ils se sont abstenus. Au nom de quoi des parlementaires de gauche ont-ils refusé ce geste de solidarité entre travailleurs. Et bien selon eux, essentiellement pour respecter deux principes. D'abord cette loi ne respecterait pas l'égalité entre les travailleurs. Et ensuite ils ont considéré que c'était à l'Etat d'assurer la "solidarité collective", qui serait alors identique pour tout la monde. En fait le don d'une ou plusieurs journées de RTT ou de congés payés, existe déjà. Le projet consistait donc seulement à régulariser une situation existante.
La gauche, cette fois encore n'a pas raté l'occasion de se faire blâmer. Pourtant si nous sommes l'un des pays au monde où l'on sait le mieux ce que le mot social veut dire, c'est aussi parce que la gauche y a participé, sans en avoir pour autant l'exclusivité. D'ailleurs, combien de fois a-t-on reproché à notre pays sa trop grande générosité qui, selon certains avis, aurait tué notre compétitivité voire coulé nos entreprises. Des opinions exprimées pas seulement par le Medef, les capitalistes ou les politiciens libéraux, car dans la population aussi, à force de l'entendre à longueur de journée, cette idée fait son chemin dans les esprits.
Mais probablement pas chez les salariés de PSA Peugeot qui cette année ont perçu une aumône de participation allant de 40 centimes à 18 euros, qu'ils ont décidé d'offrir aux Restos du Coeur. J'en reparlerai de ce restaurant de la misère.
Car n'oublions jamais que ce n'est pas la solidarité nationale qui est responsable de la situation économique actuelle. Si nous avions 2 ou 3 millions de chômeurs en moins, les comptes sociaux ne seraient pas dans le rouge vif. A qui la faute ! Aux politiques qui ont voulu la mondialisation et qui n'ont pas vu venir ses effets dévastateurs sur l'emploi. Aux entreprises qui n'ont pas su ou voulu s'adapter à temps à la compétition mondiale. Aux machines tellement plus rentables que l'ouvrier. Sans oublier l'Union Européenne qui n'est pas à la hauteur de ses ambitions. Ou au dieu profit qui écrase l'humain.
Et voila que l'UMP, grand spécialiste du démontage des acquis sociaux, fait l'effort pour une fois de proposer une loi qui n'enlèvera rien à personne contre son gré. Et décide tout simplement d'enregistrer un fait de société généreux. Et que se passe-t-il ! Les communistes votent contre et les socialistes refusent de cautionner ce qui pourtant paraît comme le simple bon sens. Ces sénateurs auraient-ils oublié les valeurs humanistes de la gauche.
Car à première vue les arguments de la gauche sont difficilement défendables. Après réflexions, ils sont nuls. Mais ce n'est qu'un point de vue.
Quels sont ces fameux arguments ! -
"L'instrument de la loi n'est pas le bon." "Le congé n'est pas un capital ou un patrimoine, mais un droit, a déclaré le ministre du Travail, qui a dit croire plutôt "à la solidarité collective et mutualisée", "la seule qui ne soit pas aléatoire", pour répondre au problème des parents d'enfants malades. " (François Rebsamen)
"Pour les sénateurs du groupe communiste, inscrire le don de congés dans la loi revient aussi à faire peser sur les salariés une mission qui relève "de la solidarité nationale". "Le cas des actifs qui s'occupent de proches malades est un problème politique de fond, et non une question de charité, estime Dominique Watrin."
D'autres voix à gauche laissent entendre que les PME ne pourraient pas donner autant de jours de congés que les grandes entreprises. Par conséquent ce projet serait inégalitaire.
Seulement voilà, les caisses sont vides et l'Etat qui nous a mijoter un plan d'économies de 50 milliards qui dans un premier temps avait même envisagé la diminution des pensions et des minima sociaux, n'a nullement l'intention en ce moment d'accorder aux travailleurs qui ont la charge d'un enfant malade une quelconque aide supplémentaire. Donc les sénateurs de gauche adoptent là une posture bassement hypocrite et assez lamentable.
D'autre part, si on suit le raisonnement de certains membres du Sénat, et même si l'Etat participe de différentes façons à l'aide alimentaire que les Restos du Coeur et d'autres associations distribuent. Les Restos devraient-être nationalisés.
Bien sûr, cette loi ne changera peut-être rien sur le fond puisque la solidarité collective dans les entreprises est déjà une réalité. Mais certaines sociétés, sans une loi pour encadrer le système, ne pourraient-elles pas refuser de donner un congé prolongé à l'un de ses employés.
Pour terminer, cet exemple vécu qui n'a rien d'exceptionnel, d'une agence près de Metz où les 50 salariés ont offert deux mois de congés supplémentaires au père d'une petite fille leucémique.
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