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Accueil du site > Tribune Libre > Du désir scélérat de posséder au droit sacré à la propriété

Du désir scélérat de posséder au droit sacré à la propriété

A Rome, capitale de la république italienne, la « maison » Torlonia est une famille dite « noble » qui a amassé une immense fortune entre le 18ème et le 19ème siècles en administrant les finances du Vatican (état indépendant). Un accord vient d’être établi avec le gouvernement italien pour montrer un échantillon composé de quelque 600 statues grecques et romaines « appartenant » à cette famille.

L'une des plus importantes collections privées de sculpture classique va être présentée au public pour la première fois depuis les années 1960. La première étape d'un accord signé entre un membre de la fondation de la famille et le ministre de la culture, Dario Franceschini, prévoit que 60 à 90 pièces seront présentées dans une exposition organisée par l'historien d'art Salvatore Settis, prévue fin de 2017. Alessandro Poma Murialdo, membre de la famille Torlonia, a déclaré que l'un des éléments de l'accord prévoyait une présentation de l'exposition à l'étranger, Europe et Etats-Unis.

Il est convenu que l’ensemble de la collection sera finalement installé dans un musée à Rome, mais Poma Murialdo a souligné que sa famille et le ministère n’avaient pas terminé la « discussion moderne » à propos de sa destination finale. Il serait de mauvais goût, évidemment de demander des détails sur de vulgaires transactions financières.

M. Settis a souligné la valeur de la collection et a apprécié que la fondation de la famille ait financé la restauration des pièces qui resteront sous leur propriété : "Permettre au public d’admirer tous ces chefs-d’œuvre qui figurent dans de nombreux manuels, mais que personne n'a vu depuis longtemps change certainement des choses." Lorsqu'on lui demande pourquoi il a fallu si longtemps pour parvenir à un accord, il répond : « Le problème a été l'embarras du choix. La famille possède quelque chose comme 2.000 ou 3.000 pièces dans ses palais. Ces statues avaient été entreposées dans un lieu sécurisé, et les experts n’y avaient plus accès. De nombreux pays européens ne disposent pas d'une collection aussi importante d'antiquités dans le musée principal de leur capitale, cela vous donne une idée sur la problématique. "

La collection a été commencée par Giovanni Torlonia en 1810 avec des œuvres qui ont été largement mises au jour dans les propriétés de la famille, y compris environ 50 pièces trouvées autour de ce qui est maintenant l'aéroport Leonardo da Vinci ou Fiumicino.

La collection avait été retirée de la vue du public dans les années 1960, quand la famille a décidé de convertir le bâtiment d'exposition en bloc d'appartements, provoquant un tollé parmi les experts. "La famille a essayé d'organiser son propre musée depuis des décennies. Mon grand-père a entâmé le projet à la fin des années soixante, mais il a rencontré de nombreux obstacles administratifs », a déclaré M. Murialdo. « Les négociations entre la famille et le ministère de la Culture n’ont démarré que récemment. »

De son côté, M. Franceschini a déclaré qu'il s’agissait d’un exemple de « partenariat public-privé » comme il avait cherché à en promouvoir quand il était ministre.

L’état italien ne semble pas considérer le « patrimoine de l’humanité » comme un héritage commun et non particulier.


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9 réactions à cet article    


  • Sozenz 16 mars 2016 14:59

    Rien de matériel appartient à quiconque, puisque nous sommes tous voués à disparaitre .
    il est mis à disposition de l humanité .
    Mais l humain n est pas encore assez évoluer pour en jouir d une façon intelligente et respectueuse ,que cela soit de la terre , des connaissances ou de tout ce ce qui se trouve dans ce monde .
    De par nos esprits destructeurs et avide , nous agissons de tel. Mais vient un moment où ce processus devient tellement incontrôlable et dangereux que l humain finira par changer d attitude car il verra clairement qu ’il va à sa perte ( personnelle mais aussi collective )


    • Christian Labrune Christian Labrune 16 mars 2016 18:11

      Qu’il ait existé et qu’il existe encore des collections privées, cela n’a rien de particulièrement choquant. Beaucoup de ces collections, tôt ou tard, finissent par atterrir dans les grands musées. Ce fut le cas pour la collection Carlos de Beistegui, celle de la princesse de Croÿ, ou encore l’immense collection Campana. Ces trois-là et plusieurs autres sont désormais au Louvre.

      Ces sortes de collections ont souvent été constituées par des gens qui avaient, certes, les moyens d’acquérir des oeuvres souvent fort coûteuses, mais qui avaient surtout une connaissance approfondie de l’art et un goût assez sûr. Qui peut acheter des oeuvres d’art, sinon les riches ? Lorsqu’ils achètent des oeuvres de leur temps, ils font vivre les artistes, et on aurait tort de le leur reprocher. On peut bien tonner, à la manière d’un Jean-Jacques Rousseau, contre des industries du luxe apparemment inutiles, il n’empêche qu’elles contribuent à l’essor économique d’un pays. C’est particulièrement vrai en France.
      On pourrait, il est vrai, préférer un mécénat d’état ; il y a des commissions, dans chaque région, qui sont chargées d’acquérir des oeuvres d’art, mais de ce qui aura été engrangé de cette manière depuis cinquante ans, au gré des modes et des engouements passagers de responsables conformistes qui n’entendent pas grand chose à l’art, que restera-t-il dans un siècle ? Pas grand chose : l’art officiel des grandes institutions chargées de la promotion de l’art contemporain est infiniment plus ridicule que ne l’était l’académisme avant la guerre de 14. C’est devenu un secret de polichinelle et il n’y a plus que des crétins pour essayer de s’extasier sur les « oeuvres » de quelques faiseurs qui dominent actuellement le marché de l’art.
      Pour ce qui concerne les antiques et les oeuvres classiques, l’essentiel est que tout cela soit parfaitement conservé, ne connaisse pas le même destin que les ruines de Palmyre ; et tant pis si si ce doit être dans des lieux cachés auxquels le public n’a pas accès. Ce qu’on peut voir au Louvre, de toute façon, ce n’est qu’une partie des oeuvres possédées par le musée. Le reste est dans des réserves et ne sort que très rarement. Au reste, dans peu d’années, tout cela sera numérisé. L’impression 3d, même pour la peinture, permettra des copies qu’il ne sera même plus possible de distinguer des originaux. On cessera donc, peu à peu de montrer les oeuvres « en chair et en os ». C’est à ce moment-là qu’on pourra enfin être à même d’apprécier cette définition de Vinci : « La pittura e cosa mentale ».


      • Varron Varron 16 mars 2016 23:16

        " la « maison » Torlonia est une famille dite « noble » qui a amassé une immense fortune entre le 18ème et le 19ème siècles en administrant les finances du Vatican (état indépendant)"

        Il est étonnant d’être au 18 et 19ème siècle administrateur d’un état créé en 1929 !!!!

        Votre source semble être Wikipédia, mais il s’agit là d’une belle coquille.


        • Clark Kent M de Sourcessure 17 mars 2016 08:19

          @Varron

          la source est bien Wikipedia.
          C’est moi qui ai ajouté le texte entre parenthèses, et j’aurais dû écrire : « état aujourd’hui indépendant ».
          Dont acte.
          Cela ne change rien au fait que la « maison Torlonia » est la descendante d’un anêtre auvergnat, du nom de Tourlonias, qui avait suivi à Rome un abbé puissant dont il était le confident. Là, il avécu de commerce et surtout il est devenu prêteur sur gage, ce qui lui a permis d’amasser un magot qui a permis à son fils de créer une banque.
          Du même coup, il a italianisé son patronyme, ce qui a rendu plus facile l’anoblissement par le pape pour services rendus. 
          La famille Torlonia a préservé sa place à la cour du pape après le motu proprio « Pontificalis Domus » de 1969. Aujourd’hui, les seules dignités héréditaires encore en vigueur au Vatican sont celles de Princes assistants au trône pontifical. Elles sont actuellement détenues par Alessandro Torlonia et Marcantonio Colonna, prince et duc de Paliano. La famille Torlonia accéda à cette dignité en 1958, y prenant la succession de la Maison Orsini qui la détenait depuis 1735.
          Un beau parcours en deux siècles et demi.

          « Derrière chaque grande fortuneil y a un grand crime », écrivait déjà Balzac.

        • César Castique César Castique 17 mars 2016 10:58

          @Varron

          " ..d’être au 18 et 19ème siècle administrateur d’un état créé en 1929 !!!! " 


          L’anachronisme, parce que c’en est un, vient du fait de nommer « Vatican », les Etats pontificaux (752-1870), dont le pape était le souverain temporel, qui comprenaient, en gros, le Latium, la Romagne, l’Ombrie, les Marches, et une partie de la Campanie.


          Par la suite, il fallut attendre 1929 pour que Mussolini, en signant les Accords du Latran, reconnaisse l’existence d’un Etat du Vatican. Pour la petite histoire, on notera que la Villa Torlonia fut la résidence d’Etat du même Mussolini, après qu’en 1925, Giovanni Torlonia junior lui en ait proposé la location pour la somme symbolique d’une lire.


        • hervepasgrave ! hervepasgrave ! 17 mars 2016 13:44

          Bonjour,
          Ton article a tendance à me faire couiner ! Car je ne comprend pas bien le but,la finalité ?
          Alors la seule chose que je pourrais percevoir se serait de comprendre qu’il faudrait qu’un devoir impérieux des populations puissent sauver des biens privés(qui sait, voler,acheté en douce,etc) en maquillant cela par une sauvegarde du patrimoine ?? Alors devrions nous payer le poids de la déchéance de ces propriétaires là ? en supporter le poids,mais pas la possession ? quand ils étaient en forme financière et avaient pignon sur rue ,qui pouvait bien profiter de ces œuvres ?
          Non, je ne comprends pas du tout !
          Je suis un peu c... ,il faudrait être plus clair. Et en vieillissant je crois que le respect du patrimoine n’est pas un secours a des choses artistiquement belles, pas plus qu’à la représentation choisi et tronqué de notre histoire par quelques œuvres et monuments,qui sans réfléchir bien loin ,mais avec la capacité d’aller dans les détails ne déversent que l’humanité. les ors du patrimoine ne sont que le prolongement des horreurs,les tromperies,les arnaques de l’histoire. Faut-il vraiment y porter un regard et y trouver quelques valeurs ? mystère.


          • Clark Kent M de Sourcessure 17 mars 2016 14:46

            @hervepasgrave !

            Le sens de cet article est de considérer que certains éléments ont une telle valeur qu’il devrait être interdit à un privé d’en être propriétaire puisqu’il s’agit d’un bien commun à toute l’humanité, et que dans l’état actuel du droit international, seuls les états peuvent garantir la notion de bien public.

            Ce éléments sont :

            - l’eau (que l’on boit)
            - l’air (sue l’on respire)
            - les fossiles (végétaux et animaux, humains)
            - les trésors archéologiques (depuis l’art pariétal jusqu’à Oradour)

            S’approprier un de ces biens procède de la spoliation des autres membres de l’humanité.

            J’espère que ces quelques gouttes de lubrifiant contribueront à la disparition de tes couinements ?


          • hervepasgrave ! hervepasgrave ! 17 mars 2016 20:16

            @M de Sourcessure
            Oui, réponse qui s’étend sur les biens fondamentaux certes,mais l’état vend nos biens universel.D’autant plus que tu étends le sujet sur des choses primordiales l’eau,l’air,les fossiles pour notre monde de technologie ; là il y a un sujet plus qu’important pour ces choses. Mais il faudrait être plus modéré sur les trésors archéologiques je pense sincèrement. Car ils n’ont jamais été conçu pour tout le monde ,ils ne sont que le fruit de narcissisme,de pouvoir,de corruption des peuples(images pouvoir,religions....). Je suis le premier à aller faire des visites ,mais n’en reste pas moins équilibré, dans mes observations. Et je pense qu’en vieillissant c’est une perversion ,car les populations ne perçoivent absolument pas le monde ancien et se foutent de l’histoire,pour eux pas de conclusion. Ils sont admiratif du joug .Est-ce saint tout compte fait ?


          • César Castique César Castique 18 mars 2016 08:39

            @M de Sourcessure

            "Ce éléments sont 

            l’eau (que l’on boit)
            l’air (sue l’on respire)
            les fossiles (végétaux et animaux, humains)- 
            - les trésors archéologiques (depuis l’art pariétal jusqu’à Oradour)

            Deux compléments :

            1. J’aurais poussé les trésors archéologiques jusqu’à la chambre 2820 de l’hôtel Sofiltel de New York

            2. J’ajouterais - les femmes (que l’on calce), à votre liste

            ...ce qui, entre autres avantages, permettrait d’éliminer le principal facteur de compétition entre les mâles

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