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Accueil du site > Tribune Libre > Du « pontifex maximus » au « dictatus papae »

Du « pontifex maximus » au « dictatus papae »

Pontifex maximus, ce titre de Grand Pontife, était au temps de l’Empire romain une dignité honorifique octroyée par le Sénat de Rome à l’empereur. Cet homme qui dominait un empire herculéen, par cet honneur, devenait le gardien de la religion romaine. Presque à l’égal d’un dieu, il lui revenait de garantir le culte du panthéon romain mais surtout le sien, le culte impérial : cette vénération obligatoire rendue à sa personne, représentée par ces milliers de bustes impériaux ornant le centre de toutes les cités romaines, avait pour tâche d’assurer la cohésion d’un immense empire. Car enfin, comment cette mosaïque de peuples agrégés aurait-elle pu se maintenir sans ce puissant relais du cœur de Rome qui brillait de mille feux au sein de cette constellation de cités ?

Les empires, quels qu’ils soient, ne peuvent se maintenir dans l’éternité. Comme tout élément soumis à la rude épreuve du temps, ils s’effacent et finissent par rejoindre le grand livre de la mémoire humaine.

Mais il est un élément de la grandeur de cet empire qui demeure toujours vivant au milieu des vestiges de celle-ci. Toujours à Rome, la cité éternelle.

Le christianisme, à l’heure de 476 qui voit le dernier empereur romain d’Occident – Romulus Augustule - être déposé par Odoacre, chef barbare, était déjà fort implanté dans l’esprit des Romains qu’ils fussent plébéiens ou patriciens. Aucune des nombreuses persécutions qui ont émaillé sa jeune existence ne réussit à enrayer sa volonté de s’étendre encore et toujours, jusqu’à être en cet instant crucial la religion officielle d’un empire moribond.

Sortie en son temps de la clandestinité par les intérêts de l’empereur Constantin - l’intéressé comme ses successeurs baptisés, n’abandonnèrent pas pour autant cette prétention de Grand Pontife de la religion romaine traditionnelle parce que relais sacré du pouvoir impérial - la fonction papale récupère alors, dans la curée impériale, cette fameuse dignité sacrée ; enfin elle peut se revêtir de cette grande tunique de la cohésion des peuples, bribe d’une grande puissance à l’agonie. À ce séisme important dans l’histoire des civilisations et par ce sacro-saint mariage, la religion chrétienne semblant condamnée de prime abord, doit d’avoir vu son pouvoir considérablement renforcé. Face aux Barbares pillant Rome de ses trésors millénaires, recouvert de la dignité de pontifex maximus, il ne reste plus au christianisme qu’à incliner la main, et de ses doigts, chaque front guerrier reçoit la conversion par le baptême du Christ.

Du statut de païen à celui de chrétien, le destin de tous ces hommes passe désormais par les bienveillantes effluves de la basilique Saint-Pierre et du représentant de Dieu sur Terre, le pape. Il porte à présent le titre de souverain pontife voyant l’essence impériale se diluer en lui, abandonnant le domaine temporel pour rejoindre la sphère spirituelle. Par sa personne, il continue ainsi d’animer les âmes d’un monde romain devenu chrétien.

Ces jours-ci, le dernier représentant de la très longue lignée de papes ne semble toujours pas avoir retrouvé cette lumineuse puissance œcuménique léguée par la Rome antique. Ce feu fédérateur qui rassemblait derrière l’empereur des milliers de fières poitrines, toutes palpitantes d’un même rythme, a fini par se perdre au cours des innombrables successions pontificales. Et sur l’îlot de l’intolérance – signe d’une profonde crise identitaire - le message du pape s’est lamentablement échoué.

Voulant être porté par les ailes d’une parole universelle, il n’est plus aujourd’hui qu’un arbitraire dictatus papae – que plus personne n’écoute tant il ne correspond plus à notre monde actuel.

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7 réactions à cet article    


  • nihalem 1er avril 2009 14:19

    N’exagérons rien. Pour être un dictateur, il faut disposer de la pleine souveraineté sur le territoire de la dictature. Ça ne fait que le Vatican, pour le pape. Pour les autres, il est très aisé de se foutre des oukases du pape, comme le montre le protestantisme ou les réactions de Juppé et Morano prêts à s’affirmer catho, mais en traitant le pape de tous les noms...


    • bob 1er avril 2009 14:34

      Encore un article anti-pape c’est d’une grande originalite.
      Agoravox carbure a la frequence de 2 articles anti-papaux par semaine.
      Et de deux, le compte est bon, a la semaine prochaine.


      • Jojo 1er avril 2009 20:57

        Article très instructif et agréable à lire, j’ai beaucoup aimé merci.
        Dommage que vos lecteurs jusque là, n’aient retenu que le côté actualité :

        L’origine de Pontifex est en fait beaucoup plus plus ancienne :

        « Pontifex" ou "Pontife" est le titre donné à un prêtre Babylonien chargé de "pactiser" avec une divinité fluviale avant de construire un pont et ainsi éviter son courroux en osant l’enjamber. Le titre de "Souverain Pontife" vient du latin "Pontifex Maximus", et il était associé à la plus haute position de la prêtrise païenne.

        J’ajoute qu’avant Boniface III considéré comme le premier pape officiel, les évêques précédents, ainsi que Grégoire le grand après (l’an 600) auraient refusé ce titre à cause de ses origines mais surtout de son caractère anti-biblique. Cela dit, le caractère anti-biblique sera par la suite encore plus manifeste (pour un chrétien s’entend), après l’attribution du titre de Saint Père à un homme


        • octavien octavien 1er avril 2009 22:38

          Un bon article qui permet de rappeler que les chrétiens en général et l’Eglise catholique en particulier ont une dette énorme envers Rome.
          Cette dette concerne les institutions, la morale et la pensée et il faut regretter que malgré cette dette l’Eglise a toujours utilisé l’empire romain comme un instrument de propagande et l’a toujours traîné dans la boue pour se glorifier, cette ingratitude n’est pas à mettre au crédit des chrétiens.

          Sinon d’après Tite Live c’est le roi légendaire Numa qui a crée la fonction de Pontifex Maximus


          • Massaliote 2 avril 2009 09:31

            Et encore un article anti-pape. Surfez donc sur la vague merdiatique. Surtout ne vous attaquez pas à une autre religion ou aux sectes voire aux gros intérêts financiers de certains groupes pharmaceutiques ou agro-alimentaires, il pourrait y avoir des représailles. 


            • octavien octavien 2 avril 2009 12:53

              Le pauvre petit pape ...
              C’est quand même pas notre faute s’il se met à dire des énormités aussi grosse que lui tous les quatre matin !
              Sinon la conclusion de l’article est totalement justifié : le pape est un monarque absolu qui régne sur un Etat théocratique.
              La taille microscopique de l’Etat n’a rien à voir avec son régime politique


            • monpetitavis 2 avril 2009 11:37

              Dommage, ça partait bien. Très bon travail de référence historique pour expliquer d’ou vient le terme pontife pour finir sur un jugement de valeur qui n’engage que vous. Si ce pape est si peu universel, je me demande bien par quel miracle tous ses déplacements sont de francs succès. (admis du bout des lèvres par les médias pour son dernier voyage en Afrique)

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Stephen Watson


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