Écologie : encore un petit effort M. Hamon
La victoire de Benoît Hamon à la primaire organisée par le parti Socialiste constitue une double surprise. Surprise sur le poids des frondeurs dans l’électorat de gauche. Surprise sur le projet présenté qui fait pour la première fois la part belle aux enjeux écologiques.
Plus que le tournant lui-même, c’est la rapidité avec lequel celui-ci a été pris qui interpelle. Comme si finalement l’écologie était devenue la nouvelle martingale pour gagner des élections, en remplacement de l’antiracisme et de l’égalitarisme qui ont longtemps constitué les deux mamelles de la louve socialiste. Mais peu importe au final que l’opération relève d’un calcul électoral cynique ou, qu’au contraire, la foi du nouveau converti soit sincère à partir du moment où les enjeux environnementaux se trouvent au cœur des débats.
Attention toutefois aux risques d’enfumage. « Je suis désormais le candidat de l’écologie politique » avance Benoît Hamon suite au ralliement de Yannick Jadot qui survient en totale contradiction avec les propos antérieurs de celui-ci. L’affirmation du candidat socialiste doit désormais se vérifier notamment dans les actes. Et de ce côté, l’alliance scellée avec EELV n’est pas spécialement rassurante. « Groupuscule » de 6 000 adhérents, le parti écologiste s’est plus fait remarquer ces dernières années par les stratégies personnelles de ses dirigeants que par le portage de dispositifs légaux en faveur de l’environnement.
L’accord passé est à cette aune. De source sûre une sortie du nucléaire « en vingt-cinq ans », la fin du projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes et une dose de proportionnelle aux législatives. De source officieuse s’y ajouteraient l’abandon du projet de ligne à grande vitesse Lyon-Turin, du site d’enfouissement des déchets nucléaires à Bure, le droit de vote des étrangers aux élections locales via un référendum, le principe de la réunion d’une Assemblée constituante et l’abrogation de la loi El Khomri. On retiendra surtout les arrangements personnels, marque de fabrique d’EELV. Une circonscription sur mesure respectivement pour Cécile Duflot et pour Yannick Jadot.
Derrière les bonnes intentions affichées par Benoît Hamon on ne peut que regretter les généralités qui constituent son programme alors que toute la difficulté de l’exercice politique constitue à transformer celles-ci en actions concrètes, faisables et réalisables. Ce ne sont pas les déclarations du député des Yvelines à Reporterre en début d’année qui vont dissiper un certain sentiment d’improvisation illustré par le recours au yaqua-faut qu’on. Dans la même veine il ne suffit pas de dire qu’on est contre l’aéroport de Notre-Dame des Landes et pour la sortie du nucléaire pour disposer d’un programme écologiste. Le diable est dans les détails. Encore faut-il descendre à ce niveau de définition.
« Benoît Hamon s’inspire des idées écologistes et c’est tant mieux, mais la mue écolo du PS n’est pas du tout faite pour autant » tweetait Yannick Jadot le 8 janvier dernier. A charge pour l’intéressé de démontrer désormais le contraire.
Crédit photo : Marion Germa
11 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON