Et si on disait Merde à la Chine ?

Jin Liqun, le président de la China Investment Corporation (CIC) qui est le gestionnaire principal des fonds souverains chinois était interviewé le 6 Novembre sur Al Jazeera. Il parle entre autre de l’Europe, de l’Etat-Providence européen et de la crise de la dette en Europe. Le moins que l’on puisse dire c’est que les chinois ont une très mauvaise opinion de l’Européen -et donc en conséquence une très haute opinion d’eux-mêmes-  : « Les troubles qui se sont produits dans les pays européens résultent uniquement de problèmes accumulés par une société en fin de course, vivant d’acquis sociaux ». Je pense que les lois sociales sont obsolètes….

Elles conduisent à la paresse, à l’indolence, plutôt qu’à travailler dur. Le système d’incitation est complètement détraqué. Pourquoi est-ce que les habitants de certains pays de la zone euro devraient travailler jusqu’à 65 ans ou plus alors que dans d’autres pays, ils prennent aisément leur retraite à 55 ans et se prélassent sur la plage ?… » C’est clair, il nous traite globalement de fainéant et nous considère, de manière assez condescendante, de peuples en fin de course. Il se permet également de s’en prendre à notre système : « Mais il y a toute une série de réformes qui doivent être entreprises sans délai. Avoir 17 membres et 17 gouvernements n’est pas une excuse pour ne rien entreprendre. » Doit-on comprendre que 17 gouvernements c’est trop ? Que la démocratie passe forcément par un seul gouvernement central qui dirigerait tout –NDA : d’une main de fer – ?

C’est rappelons-le ce fond souverain qui serait censé nous prêter à peu près 70 milliards de dollars avec des garanties ce qui est normal mais aussi .. sous conditions ce qui est moins banal. C’est un peu comme si votre banquier vous prêtait de l’argent en vous disant : je vous prête 10 000 euros mais vous résiliez votre abonnement à la télé câblée, vous vous séparez de votre chien et votre femme doit faire un régime ». C’est pareil : les chinois assortissent leur prêt de conditions telles que faire rentrer le Yuan dans le panier de référence du FMI ou plus surprenant, d’évoquer sans avoir l’air d’y toucher de manière informelle, des aménagements de « la démocratie » ce qui n’est finalement pas si surprenant venant de la Chine.

A noter que certains dirigeants européens reprochent aux Chinois de profiter de la crise de la dette pour accroître leur influence : « Je n’aime pas toutes ces discussions sur l’idée selon laquelle l’Europe fait la manche en Chine, parce que l’Europe a les moyens de s’en sortir d’elle même si elle trouve les ressources nécessaires ». C’est ce qu’a dit cette semaine un responsable européen qui tient à rester anonyme. (Le Post du 11/11) Sans s’étendre sur le fait qu’une faible partie de la population chinoise vit correctement, même si la croissance du pays est forte, Jin Liqun et ses compatriotes devraient peut être lire le dernier rapport de la société Régus sur l’assiduité au travail. Régus vient de réaliser une étude auprès de 12.000 entreprises, réparties dans une soixantaine de pays.

Et selon elle, 56% des Français passent plus de 9 heures au travail, contre 48% pour la moyenne des autres pays. À titre de comparaison, 46% des Anglais et des Américains travaillent plus de 9 heures, 32% des Chinois ou encore 47% des Japonais. Allemands (59%), Indiens (55%) ou Brésiliens (60%) sont quant à eux plus nombreux à travailler autant. De surcroit, la productivité Française n’est plus à prouver puisqu’en 2010 la France est à la 5ème place du classement mondial de la productivité horaire. La Chine n’est même pas dans les 30 premiers. Un oubli probablement. Enfin avons-nous des leçons à recevoir d’un pays qui sort à peine de son moyen âge, réalise sa croissance sur notre dos, en captant tous les systèmes de production des pays occidentaux parce qu’il sous paye ses ouvriers en quasi absence de lois sociales et en pompant au passage à l’occident –avec la bénédiction de nos dirigeants- tous ses savoir-faire accumulés depuis le début de la révolution industrielle ? Grace à leur fond souverain (410 Milliards de dollar) qui n’est qu’une partie de leurs réserves de change (3200 Milliards de dollar) les chinois font leurs emplettes un peu partout avec leurs excédents de trésorerie en rachetant les dettes américaines, européennes, japonaises et se payant même de-ci, de-là des morceaux de pays (Afrique, Grèce).

Et de plus en plus leur façon de faire devient exigeant, arrogante voire intrusive. Fin Octobre Alain Juppé a fait un voyage éclair en Chine. Lors de ce court déplacement orageux ( qualifié de « franc » par Alain Juppé, Canard Enchaîné du 2 Novembre) le vice-premier ministre Chinois à indiqué à notre représentant, je cite : « Que l’Europe devrait s’occuper de rigueur budgétaire ». Et Alain Juppé de rétorquer que « La Chine devrait s’occuper de la parité du Yuan ». Le vice-premier ministre vexé comme un poux de répondre alors de façon fort peu courtoise « Occupez-vous de vos affaires et pas celles des autres ». Alain Juppé lui a fort civilement conseillé de faire de même. La résistance aux injonctions chinoises et à leur chantages sont assez rares pour être soulignées. Il y a maintenant presque deux siècles, dans les plaines de Belgique a eu lieu une bataille que nous avons perdu sur le terrain mais qui à moment donné a donné lieu à un faible sursaut du dernier carré français, dont on parle encore maintenant et qui a tenu en un seul mot. Au plus bas économiquement, en pleine remise en question de ce que nous sommes, le dos au mur et cerné par l’ennemi économique, le moment n’est-il pas venu de dire merde à la Chine ? www.MonsieurLePresident.eu

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Sources : Canard Enchaîné, L’Express, Euronews, Le Post