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Faisons un rêve (?) : V. Frèrebeau défend « Alexis » contre le SNEP !

Ce titre sera jugé obscène par d’aucuns, provocateur du moins. J’aimerais qu’il provoque la réflexion et invite au pragmatisme dans les débats actuels...
Non, Vincent Frèrebeau, directeur du label tôt Ou tard, et membre de l’UPFI, n’a pas pris ni annoncé la décision de défendre et de payer les frais de justice d’un internaute accusé de « piratage »...

C’est Terry McBride, PDG de la maison de disques canadienne Nettwerk Music Group, qui a décidé de "soutenir, moralement comme financièrement, David Greuber, un adolescent américain attaqué par la RIAA".
Et McBride de mettre les points sur les i : "Poursuivre les fans n’est pas la solution, c’est le problème. Les procès n’ont rien à voir avec le développement des artistes, les procès nuisent à la créativité, à la passion et à l’activité que j’aime. Les actions actuelles de la RIAA ne vont pas dans le meilleur intérêt de mes artistes", martèle-t-il. cf. communiqué de presse de Nettwerk publié par p2pnet (bon article aussi de M. Geist, juriste canadien).

Certes, la situation française n’est apparemment pas aussi violente ni absurde qu’en Amérique du Nord : le SNEP et les représentants français d’ayants droit ne lancent pas 750 procédures par mois, et n’ont pas encore tenté de poursuivre une vieille dame morte ou une femme n’ayant ni ordinateur ni connection Internet...

Ce climat plus "détendu" est cependant en trompe l’oeil : le projet de loi DADVSI est toujours aussi mal embouché, et l’on sait la part que les majors & leurs alliés y prennent activement, notamment au sein du CSPLA, aux côtés du ministère de la €ulture et jusqu’au sein de l’Assemblée...

Le point d’étape du ministère de la culture, en date du 31 janvier, et publié par odebi, semble en effet ne tenir que peu - voire aucun - compte de tout ce qui s’est passé depuis la nuit du 20 décembre, et des innombrables discussions, propositions, remarques, observations faites...
Quid de l’interopérabilité, par exemple ? Elle est "favorisée"... la belle affaire ! Avec un collège de trois médiateurs bientôt submergés, comme il est facile de le prévoir, et des industriels, opérateurs et commerçants peu enclins - à moins qu’on ne les y force - à rendre effectivement leurs matériels et produits compatibles entre eux, au rebours même de leur propre intérêt à long terme, sans parler de l’intérêt général... il est aisément prévisible que l’opérabilité ne sera pas réalisée..

Pour ne rien dire des DRM ou DCU... Certains parlementaires du parti de gouvernement répondent aux courriers qui leur sont adressés par des collectifs ou des citoyens : "Sans l’adoption de ce projet de loi, (...) les 250 000 emplois français du cinéma et de la musique sont à terme menacés au profit d’une domination étrangère. " Ah ! Peut-on encore parler de patriotisme économique, même en domaine d’exception culturelle ?
Encore faudrait-il "avoir les yeux en face des trous" : la lecture du rapport sur la sécurité des systèmes d’information de leur confrère Pierre Lasbordes (UMP) peut y aider. Page 80, on lit ainsi : "Pour certains ces limitations d’usage sont justifiées par le développement du commerce électronique et la gestion sûre des droits de propriété intellectuelle. Mais en restreignant les droits des utilisateurs, NGSCB [Next Generation Secure Computing Base], donne un droit de regard aux constructeurs de matériels et de logiciels, de l’usage fait des ordinateurs personnels.

Cette émergence d’une informatique de confiance conduirait un nombre très limité de sociétés à imposer leur modèle de sécurité à la planète (...) Cela constitue une menace évidente à la souveraineté des États." Y a-t-il des sociétés françaises dans ce "nombre très limité" ? Non, n’est-ce pas...
Les dispositions sur les DRM ou DCU du projet de loi, en l’état, sont une malheureuse et coûteuse façon de se tirer une balle dans le pied.

Quant au marché de la musique, physique ou en ligne, les effets concrets de ce projet DADVSI, s’agissant surtout des DRM, du renforcement des possibilités de contrôle des pratiques et usages, iront évidemment dans le sens d’un renforcement des mono- ou oligopoles... On s’étonne, on regrette que M. Frèrebeau et beaucoup d’autres ne sachent pas discerner cela.
Certes, certains éléments du projet de loi ne sont pas plus virulents que les dispositifs déjà existants, et certes encore, certains de ces éléments permettront de protéger aussi les intérêts des producteurs indépendants et de beaucoup d’acteurs du marché, pas seulement les majors et oligopoles... L’ergonomie fondamentale du projet, cependant, est mauvaise. Tout l’équilibre du droit d’auteur est menacé, en fait, cela "engage l’évolution de tout l’échange culturel en ligne" (cf., par ex, Qui veut la peau de la copie privée ? par le RéMi).

On s’étonne, on regrette donc que certains indépendants se trompent de cible et se trompent d’alliés. C’est pourquoi il faut saluer le courage et la lucidité de Terry McBride. Il sait, lui, qu’il est insensé et indélicat de vouloir traquer, surveiller, contraindre son public.

B. Sosnick, d’earful.info, le dit très bien également, avec une brutale franchise (le commerce est un domaine de brutale franchise, et non de propagande et de slogans mensongers, normalement) : "The customer is never wrong, even if what they are doing is illegal. Marketing is the solution to piracy ! Customers are always right, and they are blunt. They tell an industry what they want by how they spend or don’t spend. Customers vote at the cash register. If your business is serving them well, sales go up. If you ignore what the customer wants, they take their money elsewhere." :
"Vos clients n’ont jamais tort, même si ce qu’ils font est illégal. Le marketing est la solution au piratage ! Le client a toujours raison, et il est carré. Le client dit à l’industrie ce qu’il veut obtenir en achetant ou pas. Les clients votent à la caisse. Si votre négoce leur plaît, vos ventes montent. Si vous méconnaissez les désirs de vos clients, leur argent s’en ira ailleurs."

C’est aussi simple que ça. Voilà ce que les mélomanes, internautes, clients de l’industrie du disque, téléchargeurs, p2pistes, attendent, et crient depuis des années de toutes les manières aux oreilles de MM. Nègre et Nicoli comme à celles de MM. Frèrebeau et Terry McBride. Seul ce dernier, pour l’instant, manifeste une sagesse (1.) digne d’attention.

Seul ce dernier... ? Ne nous méprenons pas... ! De nombreux acteurs du marché l’ont précédé ou l’accompagnent, comme le label unique records et son distributeur La Baleine, qui distribuent le disque d’Half Asleep, (we are now) Seated in profile, sous licence Creative Commons. Sans DRM bien sûr ! On peut le trouver à la Fnac, on est sûr en achetant chez ce commerçant culturel (qui vend les deux produits, et dont la position dans les débats actuels est peu claire...) ce cd et un baladeur mp3 ou tout autre appareil de lecture, de n’avoir aucun problème, et de pouvoir jouir en toute commodité, légalité et sérénité, des biens achetés. C’est pourtant simple, non ?

Note
1. : "Celui qui ne sait pas sourire ne peut pas tenir une échoppe" Confucius.


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