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Accueil du site > Tribune Libre > G1 contre G19 : un consensus mou pour un non-évènement

G1 contre G19 : un consensus mou pour un non-évènement

« Les petits vices paraissent à travers les haillons de la misère, mais la fourrure et la robe de soie cachent tout. Donnez au vice un bouclier d'or, et le glaive de la justice viendra s'y briser sans l'entamer, mais couvrez son bouclier de haillons, un pygmée va le percer avec une faible paille ». William Shakespeare 

 

 La réunion du G20 a commencé vendredi matin à Hambourg. Dès la veille, les opposants ont donné de la voix. La tension est encore montée d'un cran avec une multiplication d'actions, de manifestations et de blocages, la plupart du temps menés par des membres de la gauche radicale, qui a débordé les forces de l'ordre. La ville de Hambourg, est une ville en état de siège. . Des dizaines de milliers de manifestants sont attendus pour participer à Des heurts ont éclaté dans la soirée de jeudi 6 juillet des affrontements sont survenus peu après le départ d'un cortège de 12.000 personnes (selon une estimation des forces de l'ordre) à proximité du lieu du sommet du G20 à Hambourg Les manifestants, réunis sous les slogans "Welcome to hell" ("Bienvenue en enfer") ou encore "Smash G20" ("Pulvérisez le G20"), ont été stoppés par la police Ce rassemblement à l'initiative d'une "alliance autonome et anticapitaliste" promettait d'être l'un des plus musclés en marge du sommet. Les autorités craignent tout particulièrement la présence de milliers de "Black Blocs"

De quoi s’agit-il ? vingt pays se rencontrent et se donnent la légitimité de parler au nom des 200 pays qui constituent les peuples de la Terre. Il est vrai que dans ce bras de fer se détachent trois ensembles de pays, les pays occidentaux en perte de vitesse ( Etats Unis, Canada, et Europe surtout l’Allemagne) , le deuxième bloc constitué par les BRICS mené par la Chine et la Russie, et enfin les autres qui sont là des degrés divers pour la vitrine je veux citer la Turquie l’Arabie saoudite, ..

Le Monde a acté les nouveaux rapports de force :

Pour la première fois, les idées sont claires et les clivages sont réelles. Les Etats unis ne veulent plus de l’OMC, ne veulent pas de l’accord sur la COP21 que la France veut à tout prix réanimer car c’est une mort certaine qui est actée avec la défection de lap uissance qui pollue pour 25 %. Sachant que d’après les spécialistes, quelques soient les efforts de la COP 21, il est quasiment de contenir la température à moins de 2°C à moins de laisser dans le sous sol 2/ 3 des énergies fossiles. Ce qui n’est pas gagné avec Trump qui a libéré le charbon…

 On dit que L’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche, a totalement bouleversé les rapports de force traditionnels sur l’échiquier international. Et si les alliés d’hier, tels que l’Europe et les Etats-Unis, semblent parfois en passe de devenir rivaux, les anciennes tensions, notamment entre Washington et Moscou, n’ont pas disparu pour autant. Dans ce climat d’incertitude extrême, la moindre prise de décision risque d’être une épreuve. Des désaccords de fond la première source de tension entre les grandes puissances est le commerce. Les Etats-Unis, fondateurs du libre-échange, tiennent un discours protectionniste, Donald Trump menaçant d’imposer des barrières douanières à la Chine et à l’Allemagne. 

La rencontre entre Trump et Poutine : seul résultat positif pour la paix

Le seul temps fort de ce sommet est d’avoir permit à Poutine et Trump de se rencontrer Les présidents états-unien et russe ont discuté de l’Ukraine, de la Syrie, de lutte antiterroriste et de cybersécurité deux heures et quart durant, bien au-delà des trente minutes prévues. Ils se seraient aussi accordés sur un cessez-le-feu dans le sud-ouest de la Syrie, qui devrait entrer en vigueur dimanche à la mi-journée. Dans cette zone, autour de la ville de Deraa, des forces du régime appuyées par les Russes et les Iraniens affrontent des combattants de la rébellion modérée, aidée par des conseillers américains. Les échanges, selon Rex Tillerson, ont été « vigoureux ». Le dossier de la Corée du Nord a été aussi abordé. Donald Trump souhaite que Vladimir Poutine s’y implique directement, estimant que la Chine ne fait pas suffisamment pression sur le régime de Pyongyang, qui vient de tester un missile à même de toucher le territoire américain en Alaska. (1)

 « Le ministre des Affaires étrangères Sergey Lavrov, qui a assisté à la réunion, a déclaré séparément que dans la conversation « très longue, très spécifique », les deux dirigeants « ont convenu d’un certain nombre de choses concrètes. » Il a énuméré les éléments suivants : Les deux ministres des Affaires étrangères (Lavrov et Rex Tillerson) ont été chargés de « poursuivre et élargir la coopération … sur l’ensemble de l’agenda international, y compris la péninsule coréenne » tant au niveau bilatéral qu’au Conseil de sécurité des Nations Unies. Bien sûr, le temps fort a été l’annonce d’un cessez-le dans la zone de désescalade dans le sud de la Syrie – Deraa et Quneitra – en bordure de la Jordanie et du plateau du Golan prenant effet à partir du 9 Juillet à minuit. (…) Poutine a eu plusieurs « apartés » animés avec Merkel avant la rencontre avec Trump. En effet, l’Ukraine est la clé d’une transformation majeure dans les relations de la Russie avec l’Occident – et ici le rôle de Merkel peut être décisif. (2)

Le bilan du G20 : Un coup d’épée couteux dans l’eau

 C’est un fait que Le sommet de Hambourg s’est conclut sur un bilan mitigé Toute une mobilisation qui a du coûté notamment en Gaz à effets de serre que l’on veut réduire pour un résultat nul : « Pour la première fois lit on sur le journal le Monde, depuis qu’il a été créé, en 2008, le G20 s’est en effet conclu par la publication d’un communiqué qui « prend acte » de la « décision des Etats-Unis de sortir de l’accord de Paris » (COP21) visant à lutter contre le réchauffement climatique, tout en qualifiant cet accord d’« irréversible » pour les dix-neuf autres membres du G20. Compte tenu de la somme des désaccords existant entre ses membres, compte tenu surtout des bouleversements géopolitiques qui se sont produits depuis le dernier sommet du G20 à Hangzhou, en Chine, en septembre 2016 il y a une avancée sur le terrorisme et [que] le recul a été évité sur beaucoup de sujets ». Sur les autres chapitres, les résultats de ce sommet du G20 sont en revanche assez modestes, et les formules assez générales que contient le communiqué final en disent long sur ce qu’il a fallu édulcorer pour, là encore, sauver la face, au risque de s’en tenir à des déclarations de bonnes intentions sans portée réelle… Il en va ainsi du commerce, sujet sur lequel les discussions ont été « particulièrement difficiles », a reconnu Mme Merkel. Y figurent aussi la nécessité de garder les marchés ouverts et la reconnaissance du rôle de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). En échange de ses concessions, Washington a obtenu que soit mentionné le droit de recourir, si nécessaire, à « des instruments légitimes de défense commerciale ». Cet accord de façade est pourtant loin d’avoir résolu tous les points de contentieux (…) » (3)

G20 Combien de pilotes dans le vaisseau Terre ?

Qui dirigent le Monde ? « il y a disait Saint Mathieu beaucoup d’appelés et peu d’élus ». Une recomposition est en train de se faire, sous l’œil impuissant de l’ONU mise au rebus.Pour Pierre Haski Cela fait des années que ces méga-sommets multilatéraux ne servent plus à rien (…) C’est sans doute l’instance la plus représentative du monde réel, bien plus que le Conseil de sécurité de l’ONU (…) Il y a dix ans, certains analystes pouvaient estimer que le G20 allait devenir la préfiguration d’une nouvelle gouvernance mondiale, entre l’Occident en perte de vitesse et le monde émergent à l’unité encore incertaine. Dans le monde multipolaire chaotique dans lequel nous sommes entrés presque sans nous en rendre compte, le G20 a l’avantage de mettre les dirigeants face-à-face, et donc de favoriser le dialogue et les possibles compromis là où les instances faites pour ça ne fonctionnent plus véritablement. (…) Les Etats-Unis, qui, il n’y a pas si longtemps, étaient une "hyperpuissance" à l’appétit hégémonique, ont réduit progressivement leurs ambitions sous Barack Obama, pour devenir une grande puissance dysfonctionnelle et imprévisible sous Donald Trump. Hostile au multilatéralisme (accords climat, traités commerciaux…), La Russie s’est assurément remise au centre du jeu international grâce à une diplomatie musclée dans sa périphérie immédiate La Chine de Xi Jinping est le grand bénéficiaire de la "disruption" trumpienne. Deuxième économie mondiale, puissance militaire en devenir, la Chine affiche son ambition de devenir la puissance dominante en Asie Reste l’Europe, la belle endormie de la dernière décennie, qui commence à réaliser qu’elle risque d’être la grande perdante de ce début de XXIe siècle » (4) 

 A ce propos du rapport de force , on rapporte que pour avoir tenté d’admonester Poutine sur le problème de la Géorgie et de la mort d’une journaliste russe, Nicolas Sarkozy aurait été, d’après le journaliste Nicols Henin, sévèrement remis à sa place par Vladimir Poutine lors d'un entretien au G8 de juin 2007, "Bon alors je vais t'expliquer. Tu vois, ton pays, il est comme ça. [...] De deux choses l'une, ou bien tu continues sur ce ton et je t'écrase. Ou alors tu arrêtes de parler comme ça et tu verras. Tu viens juste de devenir Président de la France mais je peux faire de toi le roi d'Europe." » (5) L'équipe de Nicolas Sarkozy a démenti

Le monde en 2017 : le grand retour des rapports de force

 Timothée Vilars va plus loin. Pour lui c’est le retour des rapports de force militaire. Il lie cela à l’élection de Trump Il parle avec nostalgie dépassée du fait qu’elle tient à des valeurs : « L'irruption de Donald Trump sur la scène mondiale est un facteur d'instabilité majeur. Mais les relations internationales n'ont pas attendu le nouveau président américain pour se redessiner radicalement à l'orée de 2017. D’aucuns disent déjà que c’est le 9 novembre 2016, dans les premières heures de la nuit, que "le XXIe siècle a débuté".(…) Un nouveau monde belliqueux et explosif où la démocratie à l’européenne, cet avatar si peu spectaculaire de la politique, serait condamnée à la solitude et à la A quoi assistons-nous en réalité ? A rien d’autre qu’à l’émergence du puzzle multipolaire et complexe (…) On ne s’attendait pas à ce que ce nouveau monde soit si conflictuel, si morcelé, si insensible aux idéaux des droits de l’homme ni si profondément traversé par la radicalité religieuse. (…) » (6)

 Il parle ensuite des rapports économiques avec une Amérique en déclin : «  L'économie américaine est aujourd'hui trop dépendante de la locomotive chinoise pour risquer un début de guerre commerciale. La volonté de Donald Trump de retirer les Etats-Unis du TPP un accord de libre-échange spécifiquement conçu pour exclure la Chine, arrangerait même plutôt Pékin. (…) Un autre homme est dans l’œil du cyclone, et tout surpris de s’y trouver sain et sauf : Bachar el-Assad. Il était le dernier domino des printemps arabes, et il n’est pas tombé. La reprise d’Alep, qu’on disait impossible, a été achevée en trois mois, Cet échec de l’endiguement de l’influence de Téhéran dans la région a pour effet de susciter la panique des pays du Golfe, l’Arabie saoudite en tête, qui considère les efforts de son protecteur américain pour ramener l’Iran dans le concert des nations comme une trahison » (6). 

Et l’Europe ?  : « En acceptant conclut l’auteur, tacitement le concept hardi de "solidarité flexible", défendu en septembre par les pays d'Europe centrale, le Conseil européen a capitulé en rase campagne. l'UE n’a décidément jamais autant ressemblé à une ONU en plus petit que ces deux dernières années. Mésententes en cascade des renseignements face à la menace de Daech, psychodrame du Brexit, élections à hauts risques (Italie, Pays-Bas, France, Allemagne) et pulsions séparatistes à l'horizon le projet européen vacille » (6).

Enfin, la Russie ! « Dans les tactiques de Vladimir Poutine, tout concourt depuis dix ans à rééquilibrer l'équilibre mondial au détriment de l'hégémonie américaine ; pour ce faire, il a notamment tenté de recréer le "glacis" d'Etats-satellites et le réseau d'alliances qui étaient ceux de l'URSS à l'heure de la Guerre froide.  Si la Russie veut incarner un vrai modèle d'opposition à la "Pax americana", elle sait qu'elle doit se tourner tôt ou tard vers la Chine. Jusqu'à un passé récent, les deux puissances s'observaient en silence, voire avec une certaine indifférence. Mais un signe de rapprochement ne trompe pas (…) Pékin et Moscou ont mis un veto commun à sept reprises depuis 2007, dont cinq fois sur le conflit syrien.

La réalité du futur

 Chacun y va de sa stratégie Trump, nous dit cependant, qu'il n’est nullement seul dans la poursuite d’un programme impérialiste agressif. Ainsi comme l'écrit Bill Van Auken : "La chancelière allemande Angela Merkel a organisé sa propre rencontre dans le cadre du sommet du G20 avec le président chinois Xi Jinping, invoquant le libre-échange et le changement climatique, condamnant le protectionnisme et s’opposant implicitement à la politique de l’administration Trump. Merkel a embrassé le projet One Belt, One Road, les nouvelles routes de la soie de Beijing, visant à développer l’infrastructure des réseaux de transport et d’énergie reliant la Chine à l’Asie centrale, la Russie, toute l’Europe et aux ressources énergétiques du Moyen-Orient, une initiative considérée par Washington comme une menace existentielle.(…) La menace croissante de la guerre et la panne des institutions internationales qui ont été créées après la sortie de la Seconde Guerre mondiale par les États-Unis en tant que puissance impérialiste dominante sont le produit final de processus qui ont mûri au cours du quart de siècle qui s’est écoulé depuis la dissolution par la bureaucratie stalinienne de l’Union soviétique. L’émergence de ce que les stratèges américains ont décrit comme un « moment unipolaire » a ouvert la voie à une série de guerres et d’interventions impérialistes où l’impérialisme américain a cherché à exploiter son avantage militaire pour contrebalancer son déclin dans l’économie mondiale" (7).

 "Alors que ces guerres ont brisé l’Irak, la Yougoslavie, l’Afghanistan, la Libye, la Syrie, l’Ukraine et d’autres pays, ont détruit des millions de vies et ont déclenché la plus grande crise de réfugiés depuis la Seconde Guerre mondiale, elles n’ont absolument pas réussi à contrecarrer le déclin de l’impérialisme américain. Maintenant, une nouvelle étape de la crise a été atteinte où les rivaux internationaux de Washington contestent l’hégémonie mondiale de l’impérialisme américain. Le seul moyen pour l’impérialisme de résoudre ces contradictions, c’est par une nouvelle guerre mondiale qui risquerait la destruction de l’humanité. (…) Comme l’a souligné le Comité international de la Quatrième Internationale dans sa déclaration de 2016, : « Les grandes questions historiques soulevées par la situation mondiale actuelle peuvent être formulées ainsi : Comment la crise du système capitaliste mondiale sera-t-elle résolue ? Est-ce que l’avenir nous plongera dans le fascisme, la guerre nucléaire et une descente irrévocable vers la barbarie ? Ou bien la classe ouvrière internationale va-t-elle s’engager dans la voie de la révolution et rebâtir le monde sur des bases socialistes ? Telles sont les véritables options qui se présentent aujourd’hui à l’humanité. » (7)

 

1. http://www.lemonde.fr/donald-trump/article/2017/07/07/apres-six-mois-de-froid-une-rencontre-au-sommet-entre-trump-et-poutine_5157548_4853715.html#CEZ4ATVsFtyBfmPQ.99

2. M K Bhadrakumar http://blogs.rediff.com/mkbhadrakumar/2017/07/08/trump-on-surge-redeems-pledge-on-russia-ties/

3.http://www.lemonde.fr/international/article/2017/07/08/le-g20-acte-ses-divergences-sur-le-climat-pour-afficher-un-compromis-sur-les-autres-sujets_5157974_3210.html#0x00WLZx7X5jLTRx.99

4.Pierre Haskihttp://tempsreel.nouvelobs.com/chroniques/20170705.OBS1691/g20-le-sommet-de-la-non-gouvernance-mondiale.htmlce contenu

5. http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20161217.OBS2813/echange-muscle-entre-poutine-et-sarkozy-nicolas-henin-maintient-sa-version.html

6. http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20170104.OBS3361/le-monde-en-2017-le-grand-retour-des-rapports-de-force.html

7.Bill Van Auken https://www.wsws.org/fr/articles/2017/jul2017/g20h-j08.shtml 

 

Professeur Chems eddine Chitour

Ecole Polytechnique Alger


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1 réactions à cet article    


  • DACH 11 juillet 2017 18:04

    «  »«  »La menace croissante de la guerre et la panne des institutions internationales qui ont été créées après la sortie de la Seconde Guerre mondiale par les États-Unis en tant que puissance impérialiste dominante sont le produit final de processus qui ont mûri au cours du quart de siècle qui s’est écoulé depuis la dissolution par la bureaucratie stalinienne de l’Union soviétique.«  »«  »
    = A l’insu de son plein gré !!!! 100 millions de morts. L’URSS ne voulait pas la guerre, mais elle voulait le monde. Pour y parvenir : ce qui est à toi capitaliste est négociable, ce qui est à nous communistes je le garde !!!!
    L’impérialisme est un mot joker... qui désigne tout et n’importe quoi... La dissolution de l’URSS sanctionne les échecs économiques d’un système face à ceux qui ont mieux réussi.
    L’impérialisme d’un pays ne réussit que par l’adhésion aux idées et aux valeurs qu’ils prônent, non par les armes, illusion d’un autre temps que le pouvoir des armes. mais c’est utile pour faire peur aux crédules...

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