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Accueil du site > Tribune Libre > Gêne dans la laïcité

Gêne dans la laïcité

Il est contraire aux principes fondateurs de notre société de porter une atteinte globale contre un groupe. Il est contraire aux principes fondateurs de notre société de se sentir gêné par l’altérité (la différence, pour le dire avec un mot plus courant). Il est contraire au principe fondateur de notre État laïque qu'il se sente gêné par une religion, quelle qu’elle soit. Le titre de Le Point n°2094 du 1er novembre 2012 viole tous ces principes et pourtant ne fait pas l'objet, à ma connaissance, de demande de réparation. Cet article est une lecture critique de l'article d'Anne-Sophie Mercier de ce numéro de la page 68 à la page 73. Les passages en italiques sont extraits de l'article d'Anne-Sophie Mercier.

La laïcité est un principe qui concerne l'État, et seulement l'État. C’est une contrainte pesant sur l'État en vue du libre choix religieux des citoyens.

Il est contraire au principe de laïcité de l'État de considérer qu’un groupe humain gêne les autres, voire gêne tout le monde sauf eux. La façon d’accabler les musulmans, dont la plupart sont citoyens français est faite, bien sûr je dirai, « à l’envers » : le Point n’écrit pas qu’ils gênent, ni qui ils gênent ; le Point les charge, eux, en les considérant comme « sans gêne ». Alors qu'en République démocratique, tout le monde vit sans gêne, ou avec le moins de gêne possible.

Extraits de l’article 1er de la constitution : « La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances. »

Un État laïque n’est pas un État de citoyens laïcs, comme un État religieux est l’État de citoyens (ou sujets ?) de la religion d'État, comme c'était le cas dans l'Ancien Régime en France. L' État laïque n’a pas à commander un comportement « laïque » aux citoyens qui le composent, comme un État religieux commande une religion à ses citoyens-sujets. Le comportement « laïque » des citoyens n’existe pas. Du point de vue de l'État et de sa laïcité, il n'y a pas d'imam républicain qu'il faudrait défendre contre d'autres imams. Il n’y a pas de personnes, ni de comportements des personnes, « contrevenants à la laïcité » : la laïcité est un attribut de l’État et non un attribut du citoyen, encore moins un attribut qui prendrait seulement la forme de devoirs. La laïcité ne peut pas être une contrainte qui pèse sur le citoyen. C’est une contrainte qui pèse sur l'État et qui libère le citoyen.

La laïcité de l’État est une égale considération à toutes les religions, une indifférence régalienne, une neutralité positive (au sens des psychologues). Neutralité : les religions sont toutes pareilles. Positivité : L’État est favorable à leur expression et à leur pratique, sans jugements de valeur. La laïcité de l’État n’est pas l’opposition de l’État aux religions, et encore moins à une seule.

L’État n’a pas en prendre en considération la valeur religieuse que certains citoyens donnent à un vêtement, pour en contrôler le port !

La loi de mars 2004, dite de « l'interdiction du foulard » a renversé la laïcité et a conduit à donner le nom de laïcité à son contraire : la laïcité de l'État est devenue une obligation tombant sur le citoyen de se montrer « laïque » dans l'espace public et de garder sa religion pour l'entre-soi. Cette loi transforme les citoyens en sujets, et renonce ainsi à 2000 ans d'histoire. D'autre part, elle ne peut pas fonctionner, la demande faite aux citoyens-sujets de se couper en deux de façon schizophrénique est impraticable. Cette loi nous a fait entrer dans la confusion, la perte des repères. Et ce numéro du Point en est un exemple supplémentaire. Anne-Sophie Mercier écrit : il a fallu légiférer en 2004. Mais non, il n'a pas fallu, ce n'était pas une obligation. C'est un choix politique qui augmente les problèmes et crée de nouveaux pommes de discorde. Les fronts se multiplient : c'est prévisible, c'est contenu dans le renoncement à la laïcité qu'accomplit la loi de mars 2004.

J'appellerai la laïcité de l'État, laïcité-arbitrage et son inverse qui a bien diffusé dans la société laïcité-athéisme-public. Il est certain que ce reversement de la laïcité est contre-productive, par rapport aux intentions de ses promoteurs ; mais ce n'est pas le problème principal, le problème principal est qu'elle est le renoncement à nous-mêmes.

« Le Point » et Anne-Sophie Mercier sont à fond dans la laïcité-athéisme-public, croyant être dans la laïcité-arbitrage, historique, civilisationnelle. Sans voir que l'une est la négation de l'autre. Je ne mets pas en cause la sincérité de cette journaliste. Comme tous les idéologues, elle considère que, si les actes naissant de ses idées ne donnent pas le résultat escompté, cela provient des autres, (des « opposants », qui mettent beaucoup de forces et de ténacité) et d'un manque de sérieux, d'attention des « partisans » (qui ne voient pas la gravité du danger). Il faut donc « en remettre une couche ». C'est le marqueur idéologique le plus fort : il faut persévérer, insister ; il faut renforcer ce qui ne marche pas » ! Les idéologues n'arrivent pas à capter la réalité, (il faudrait dire le réel).

Anne-Sophie Mercier se plaint de la difficulté de distinguer culturel et religieux ! C'est un « étonnement » qui laisse pantois ! Elle appelle la laïcité-athéisme laïcité à la française et déplore qu'elle entre en conflit avec les lois européennes sur la non-discrimination ! Il n'est pas aisé de recourir en permanence au bras de fer. Certes non, nous avons en principe choisi le discours et la loi pour résoudre nos difficultés. Et non le bras de fer. Il faut revenir à des bases saines.

Anne-Sophie Mercier écrit que la question du port des signes religieux à l'école n'est pas réglée. Et comme il est urgent de faire pour l'entreprise ce qui ne marche pas à l'école, elle agrée la proposition d'insérer dans le Code du travail d'un article autorisant les entreprises à intégrer dans leur règlement intérieur des dispositions relatives aux tenues vestimentaires, au port des signes religieux et aux pratiques religieuses. Et finit son article là-dessus.


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26 réactions à cet article    


  • philouie 6 novembre 2012 13:04

    http://bigbrowser.blog.lemonde.fr/2012/10/31/croisade-le-point-et-sa-une-sans-gene-sur-lislam/

    même le Monde se trouve un peu gêné de voir ses collègue pris dans la tourmente islamophobe.

    Il faut dire que depuis 20 ans on a bien l’impression qu’on nous sert avec constance ce qui a été servi aux juifs avec les résultats que l’on sait.

    merci pour l’article.


    • al.terre.natif 6 novembre 2012 13:17

      tant de « non » et si peu d’explications ?

      moi je le trouve très bien cet article !

      Merci ;)


      • Olivier Perriet Olivier Perriet 6 novembre 2012 15:08

        Votre conception de la laïcité, c’est tout bonnement une indistinction molle qui s’apparente au néant. C’est du pain bénit pour tous les intégrismes, qui s’emploient à remplir ce néant.

        vous parlez de la laïcité comme d’une prérogative du seul Etat.

        Donc vous devriez concevoir que Le Point n’est pas l’Etat et peut publier ce qu’il veut


        • Orélien Péréol Aurélien Péréol 6 novembre 2012 19:16

          Ma conception de la laïcité est de l’être, à l’état pur, et non pas, comme vous le dites en vous méprenant quelque chose qui s’apparente au néant.


          La laïcité n’est pas vraiment une prérogative, c’est plutôt une charge qui ne concerne que l’Etat. C’est l’être même de ma thèse.

          Le Point peut publier ce qu’il veut. Je ne vois pas où j’aurais contesté cette liberté au Point.
          J’écris qu’il est dans l’erreur et beaucoup de mes concitoyens aussi.

          Le signe le plus probant de cette erreur est qu’Anne-Sophie Mercier se plaint que la loi de mars 2004 ne fonctionne pas et réclame qu’il y ait rapidement une loi du même type dans le code du travail.
          Tout cela est, au moins, mal pensé.

          Je dis, pour ma part, depuis 2004 que le renversement de la laïcité nous fait perdre nos repères, augmente les problèmes de socialité (de vivre-ensemble) et qu’il faut déjà voir ce renversement du mot laïcité et revenir à son sens antérieur : une charge de l’Etat d’être dans une neutralité positive envers toutes les religion, et non pas une obligation que l’Etat pose sur les citoyens de se montrer athée dans l’espace public.

        • Orélien Péréol Aurélien Péréol 6 novembre 2012 18:54

          Je ne pense pas que les peuples soient abrutis.

          Vos références à 1791 ne me paraissent pas exactes et même me semblent fabriquées pour tenir ces propos violents (chier, balivernes, décadence, stupides...).
          Celle à 1905 n’est pas crédible. La laïcité n’a rien à faire des tabernacles. 

          Si vous vouliez argumenter sur mes arguments, vous m’obligeriez, vous nous obligeriez tous.

        • Orélien Péréol Aurélien Péréol 7 novembre 2012 19:13
          Vous n’avez aucun argument, Alain Colignon.
          Surtout, vous n’avez argument qui montrerait une lecture de mon texte et une compréhension de mes arguments.

          Je vais prendre un seul exemple : Vous écrivez sur 1791, qui n’a aucun lien avec mon article. Ce n’est pas une réaction à mon article.
          Vous écrivez d’abord : « La laïcité a consisté en 1791 à couper la tête aux curés qui avaient la prétention de nous faire chier avec leurs baliverne » qui n’a aucun sens d’un point de vue historique ; puis vous croyez justifier cette assertion violente et fausse par la constitution civile du clergé. Cette « justification » n’a, de nouveau aucun sens.
          Vous utilisez le mot laïcité de façon anachronique, déjà. 
          D’autre part, cette constitution civile du clergé est en soi un sujet. Il n’a rien à voir avec mon article.
          La laïcité n’a jamais, absolument jamais, consisté à couper des têtes.

          argumentez sur mes arguments : la laïcité est attachée à l’Etat, le citoyen, lui, pratique la religion de son choix. Il n’y a pas de laïcité du citoyen.

          Ce que je crois comprendre, c’est que vous avez envie de couper des têtes et que pour justifier à vos yoeux ce désir criminel, vous réécrivez l’histoire à votre convenance.

        • Menouar ben Yahya 6 novembre 2012 16:13

          Il n’existe pas une mais plusieurs laïcité, elles différent selon le pays, elle est différente en France, en Turquie ou en Amérique mais chacune tient compte des particularismes des pays. pour la laïcité française, son héritage, découle aussi et surtout de longues luttes fratricides. Après les guerres de religions, les massacres et la fuite de protestants, une fois que le catholicisme s’est imposé.La suprématie de l’Eglise s’est vu contester, le sang a à nouveau couler, la chasse aux curés et l’anticléricalisme ont fini par nous donner ce compromis, la laïcité à la française.

          Pour Pena-Ruiz : « La laïcité est une valeur essentielle, avec ce souci de la liberté de conscience et de l’égalité de tous les Hommes qu’ils soient croyants, athées ou agnostiques. L’idéal laïc n’est pas un idéal négatif de ressentiment contre la religion. C’est le plus grand contresens que l’on puisse faire sur la laïcité que d’y voir une sorte d’hostilité à la religion (…) Au vu de son histoire, il n’est donc pas étonnant qu’en France l’on se méfie du religieux, une manière de dire « c’est bon on a déjà donné », si ce sentiment, cette crainte se comprend,il est normal car la laïcité à la Française veut comme le rappel Nicolet :

           « La laïcité ne nous a pas était donné comme une révélation. Elle n’est sortie de la tête d’aucun prophète, elle n’est exprimée dans aucun catéchisme. Aucun texte sacré n’en contient les secrets, elle n’en a pas. Elle se cherche, s’exprime, se discute, s’exerce et s’il le faut se corrige et se répand ». La laïcité n’est donc pas inscrite dans le marbre, elle continue à se chercher tout en tenant compte des acquis révolutionnaires et des avancées sur la liberté de penser. Mais aujourd’hui le plus souvent, on assiste le à un lien entre l’héritage non pas laïc qui lui n’a de ressentiment envers une religion mais ce même héritage qui a fait que des protestants puis des Juifs deviennent des étrangers dans leur pays. l’idéal laïc reste plus que jamais un idéal !

          • lulupipistrelle 6 novembre 2012 17:39

            L’État n’a pas en prendre en considération la valeur religieuse que certains citoyens donnent à un vêtement, pour en contrôler le port !

            Sans doute ; mais dans ces conditions moi j’ai le droit de choisir de coopérer ou pas avec des gens qui professent des idées à l’opposé des miennes. 

            Comme vous le dites, c’est l’Etat qui est laïc, mais le citoyen a la liberté de privilégier tel ou tel de ses concitoyens en raison de la sympathie, ou l’antipathie que celui-ci lui inspire.

            Bref, j’ai le droit à la dicrimination, dans ma vie publique et privée..


            • Orélien Péréol Aurélien Péréol 7 novembre 2012 19:14
              Je vous rappelle tout de même qu’un citoyen n’a pas le droit d’être masqué en rue. Le code pénal est strict sur ce point.
              Insensé !
              Et la suite de même.

            • Menouar ben Yahya 7 novembre 2012 12:04
              Il faut s’entendre sur le terme « Discrimination ». Les luttes contre la discrimination découlent de combats pour le principe républicain d’Egalité. La discrimination le plus souvent est l’action de refuser un droit (logement, travail…) en raison d’origines, d’handicaps, d’orientation sexuelle…)
              Lorsque l’on prive un individu d’un droit (art 225-1 du code pénal), il y a discrimination. En France, à mon grand regret, les propos discriminants constituent aussi un délit ce qui n’est pas le cas dans tous les pays, personnellement même si les propos me font vomir, je pense qu’ils relèvent de la liberté d’expression, le législateur en a décidé autrement. Les propos doivent être en accord avec ce délit pour qu’il y ai propos discriminant. On peut aimer qui l’on veut ou détester qui l’on veut, il n’y a rien d’illicite à cela, préférer tel citoyen à tel autre, il n’y a aucune discrimination la dedans mais si par contre je suis chef d’entreprise, patron de boite nuit, hôtelier…et que je refuse un emploi, l’entrée de mon établissement en raison de l’âge, d’un handicap, d’une origine ou d’une orientation sexuelle, là il y a discrimination si de surcroit étant hôtelier je rajoute par exemple, « j’veux pas de tarlouses chez moi » ou « j’aime pas les noirs c’est des feignants et les Arabes des voleurs » il y a, il me semble, propos discriminants.


              • docdory docdory 7 novembre 2012 13:56

                @Aurélien Péréol

                La proposition d’insérer dans le Code du travail d’un article autorisant les entreprises à intégrer dans leur règlement intérieur des dispositions relatives aux tenues vestimentaires, au port des signes religieux et aux pratiques religieuses est l’une des propositions qui facilitera le plus l’accès à l’emploi des musulmans, et surtout des musulmanes.
                En effet, en tant qu’employeur, je peux affirmer que la hantise de tout employeur est qu’une femme musulmane qu’il vient d’embaucher se mette à porter le voile, ou même le tchador ou l’abaya saoudienne soit après la fin de la période d’essai , soit après un mariage avec un musulman.
                Un employeur a envie de donner de son entreprise une image moderne, positive et dynamique. Il n’a absolument pas envie que ses employées adoptent une tenue moyen-âgeuse et rétrograde, et donnent ainsi l’impression que son entreprise est devenue l’équivalent moderne d’un couvent de bonnes-soeurs.
                Si l’employeur avait la possibilité, dans son règlement intérieur, d’imposer une tenue religieusement neutre, il pourrait virer pour non respect du règlement intérieur toutes les musulmanes qui auraient la fâcheuse idée de se voiler, ce qui lui permettrait d’embaucher des femmes dont il pourrait penser qu’elles seraient musulmanes sans avoir l’arrière pensée de se retrouver piégé à être contraint de garder une femme voilée dans son personnel ( ce qui est l’horreur absolue ! ) .

                Par conséquent, un tel règlement lui permettrait d’embaucher sans crainte une femme d’origine maghrébine, alors qu’en l’absence d’un tel règlement, il préférera jouer la sécurité et embaucher une femme dont le prénom ne soit pas musulman, dont il sera raisonnablement sûr qu’elle ne se mettra pas à porter le voile sans prévenir.
                Actuellement, il n’est pas faux d’affirmer que, dans notre pays, les 10 % de musulmanes qui se voilent sont le principal frein à l’embauche de leurs coreligionnaires qui, elles, se comportent en France comme des françaises.

                Un autre risque important pour l’employeur est qu’un employé musulman se mette à avoir des revendications délirantes ( menus halal à la cantine, salles de prière, pauses-prières, horaires aménagés pendant le ramadan ). Si l’employeur peut inscrire en toutes lettres dans le règlement intérieur de son entreprise qu’il ne sera tenu compte d’aucune revendication religieuse dans son entreprise, il sera sûr de ne pas être emmerdé. Les employés mécontents pourront toujours aller se faire embaucher ailleurs ! Une entreprise n’est pas un lieu de culte, mais un lieu où un travail se fait pour le compte de clients.

                • Orélien Péréol Aurélien Péréol 7 novembre 2012 19:25

                  Vous avez l’air d’avoir une expérience que je n’ai pas et dont je n’avais pas entendu parler auparavant. C’est intéressant. Mais pas forcément juste, du point de vue de l’embauche de musulmane, qui est votre point de vue.

                  D’autre part, une telle loi amplifierait le manquement à la laïcité que nous pratiquons depuis 2005, tout en attribuant le même nom au contraire de la laïcité.
                  D’autre part et enfin, l’article que je commente estime bien à mon avis, à juste titre que la loi sur les signes religieux à l’école n’a réglé aucun problème. Je prédis, quant à moi, qu’une loi de même type appliquée au droit du travail aurait la même destinée contre-productive et que les musulmanes porteraient des passe-montagne, des bandanas...

                  Il est pour moi fondamental que nous nous respections nous-mêmes et gardions nos fondamentaux (la répétition du mot fondamental est volontaire) : la laïcité appartient à l’Etat et il n’y a pas de comportement laïc du citoyen.

                • athanaz 13 novembre 2012 17:54

                  Si l’entreprise a peur que le personnel porte le voile et donc n’embauche que des personne dont le nom est de « consonance francaise », ce n’est pas aux musulmans qu’il faut s’en prendre mais bien à l’entreprise. Je n’ai jamais vu un vêtement empêcher quiconque de faire bien son travail. Que l’entreprise veuille se donner un image « moderne, positive et dynamique » est une chose, mais cela est étranger au travail lui même. Qu’une employée d’un salon de coiffure porte un voile, la coupe n’en sera pas moins réussie/ratée que si elle portait une casquette. 


                • docdory docdory 8 novembre 2012 18:39

                  @Aurélien Péréol

                  La loi sur les signes religieux à l’école à résolu intégralement le problème grave qui se posait à la République : l’arrivée massive dans les écoles de jeunes filles voilées, instrumentalisées et prises en otage par des extrémistes religieux dont le seul but était d’imposer leur diktat obscurantiste à la République.
                  Depuis cette loi, il n’y a plus aucune fille voilée à l’école. Cette loi aurait du aller plus loin et interdire le voile dans l’enseignement supérieur ( tout du moins l’enseignement supérieur public ).

                  Je vous propose une expérience de pensée qui va vous démontrer la justesse de cette loi. 
                  Imaginez un instant que les élèves des écoles publiques ayant pour parents des sympathisants ou membres de partis politiques, arrivent à l’école avec des T-shirts de propagande politique : des enfants UMP viendraient avec des T-shirts à l’effigie de Copé, des enfants Modem viendraient avec celle de Bayrou, les enfants trotskystes viendraient avec l’effigie de Poutou ou Besancenot, tandis que les enfants frontistes viendraient avec des T-shirts glorifiant Marine Le Pen et les enfants socialistes arboreraient la photo de Harlem Désir . 
                  Il est évident que vous seriez le premier à protester. Une telle situation serait inacceptable à l’école, qui n’est pas un lieu de propagande politique. Vous me rétorqueriez à juste titre qu’il n’y a pas d’enfants UMP ni d’enfants trotskystes ni d’enfants frontistes ou socialistes, et qu’ils ne feraient qu’exprimer abusivement à l’école les opinions de leurs parents.

                  Ceux que certains appellent abusivement les enfants musulmans, ou les enfants catholiques, juifs, bouddhistes, raëliens, mormons, hindouistes ou protestants ne sont en réalité que les enfants de musulmans, de catholiques, de juifs, de bouddhistes, de raëliens , de mormons, d’hindouistes ou de protestants.
                  Alors, pourquoi n’envisagez-vous pas que l’on traite les idéologies religieuses à l’école de la même façon que les idéologies politiques ? Les signes d’appartenance ou de propagande religieuse ( tels que le voile islamique ou la kippa,) sont aussi déplacés à l’école que les signes d’appartenance ou de propagande politique ,et doivent être proscrits de la même façon. 

                  En effet, un des rôles fondamentaux de l’école est d’apprendre aux enfants à penser par eux-même, et à exercer leur esprit critique, et non pas penser simplement ce qu’on leur a ordonné, à tort ou à raison, de penser. Par ailleurs, l’école doit manifester le fait que la distinction entre les enfants doit se faire par les mérite personnels de chacun d’entre eux, et non pas par l’appartenance idéologique politique ou religieuse de leurs parents, qui outrepassent leurs droits de parents en imposant à leur progéniture une apparence idéologique immédiatement visible. 

                  Pour ce qui est d’une éventuelle loi du même type autorisant les chefs d’entreprises à exiger la neutralité religieuse de leurs employés, elle résoudrait également le problème : le règlement pourrait parfaitement exiger , outre la neutralité religieuse, que les employés circulent tête nue dans l’entreprise, ce ne seraient pas la première fois que les entreprises exigeraient une tenue vestimentaire de leurs employés ! ( essayez d’aller travailler chez IBM sans cravate ! ) Dernièrement, un employé de la SAGEM avait été licencié parce qu’il travaillait en short. La jurisprudence s’appliquerait aussi facilement à un passe-montagne ou à un bandana.



                  • Orélien Péréol Aurélien Péréol 8 novembre 2012 21:04
                    Vous écrivez : 

                    La loi sur les signes religieux à l’école à résolu intégralement le problème grave qui se posait à la République : l’arrivée massive dans les écoles de jeunes filles voilées, 

                    Ce n’est pas exact.
                    Il n’y avait pas d’arrivée massive de jeunes filles voilées dans les écoles. Informez-vous.

                    D’autre part, le fait qu’une jeune fille cache ses cheveux pour des raisons religieuses ne saurait intéresser un Etat laïque, qui par principe, respecte la liberté religieuse des citoyens.

                    D’autre part, la loi sur les signes religieux à l’école n’a pas résolu, et encore moins résolu intégralement le non-problème d’un point de vue républicain que vous et d’autres avec vous voient. A savoir que les élèves dans les écoles circulent têtes nues. et que ce serait affaire de loi. L’article que je commente traite de la contre-productivité de cette loi et de l’extension de la demande scélérate selon la laïcité de la République de cacher sa religion a, selon moi, évidemment, eu l’effet inverse. Lisez cet article d’Anne Sophie Mercier. Il suffit de marcher dans les rues d’une grande ville pour voir qu’elle a raison.

                    Enfin, je me sers du fait que, cependant, après avoir déploré pendant trois ou quatre pages l’inefficacité de cette loi elle s’empresse d’en demander une semblable dans le code du travail pour montrer la vanité de son point de vue.

                    Et pour revenir au mien : la laïcité est un attribut de l’Etat, il n’y a pas de citoyen laïque.
                    Le dévoiement de la laïcité en athéisme d’Etat permettant à l’Etat d’obliger le citoyen de faire croire publiquement qu’il est athée aussi ne peut que diminuer le vivre-ensemble.

                    • Orélien Péréol Aurélien Péréol 8 novembre 2012 21:08
                      Vous écrivez : 

                      Je vous propose une expérience de pensée qui va vous démontrer la justesse de cette loi. 
                      Imaginez un instant que les élèves des écoles publiques ayant pour parents des sympathisants ou membres de partis politiques, arrivent à l’école avec des T-shirts de propagande politique


                       Votre « confusion » est pénible. Porter un fichu sur la tête n’est pas un acte de propagande.

                      • Olivier Perriet Olivier Perriet 9 novembre 2012 13:35

                        « Votre »confusion« est pénible. Porter un fichu sur la tête n’est pas un acte de propagande. »

                        En théorie, peut-être, et encore.

                        Concrètement, c’est du prosélytisme : « touchez pas à nos filles ! »


                      • Orélien Péréol Aurélien Péréol 9 novembre 2012 15:37

                        @ Olivier Perriet

                        Il n’y a pas d’un côté la théorie et de l’autre le concret. On théorise le concret.

                        Sinon, on est dans le fantasme et pas dans la théorie.

                        Nous renonçons à nous-mêmes, notre histoire, notre civilisation, nos valeurs si nous nous permettons de juger les gens sur des intentions et non pas sur des actes. Les intentions appartiennent à ceux qui les énoncent et le attribuent aux autres.

                        Si la pratique religieuse est prosélyte par elle-même, il faut raser les églises, les calvaires, les statues de saints.... etc les synagogues, les temples bouddhistes, les temples protestants...

                        Ce n’est pas mon point de vue.


                      • Orélien Péréol Aurélien Péréol 8 novembre 2012 21:52

                        L’Etat est politique et le discours politique doit être encadré.
                        Par contre, l’Etat devrait être laïque (a cessé de l’être selon moi) et être favorable de façon indifférenciée à la liberté des citoyens en matière de religion.

                        La confusion que vous faites entre pratique religieuse et propagande politique est pour moi un signe de la perte de repères que nous sommes obligés de subir parce que nous avons substitué à la laïcité de l’Etat une fausse laïcité, du citoyen.

                        • docdory docdory 8 novembre 2012 23:32

                          @ Aurélien Péréol

                          1°) Croyez bien que je me suis informé : il y avait des dizaines de cas de files voilées dans des collèges, qui étaient en quelque sorte un ballon d’essai. Si la France n’avait pas réagi, nous nous serions retrouvés dans la situation catastrophique qu’est maintenant celle du Royaume Uni.
                          Je vous signale que, maintenant, il y a des tribunaux de la charia au Ryaume uni pour les affaires familiales. Une chose aussi impensable ne serait pas arrivé si les Britanniques n’avaient pas été d’une faiblesse coupable vis à vis des tenues vestimentaires humiliantes imposées à des petites filles par leurs parents, que l’Etat britannique a laissé s’infiltrer dans les écoles .

                          C’est le principe du doigt dans l’engrenage : si on cède sur un principe, on finit par céder sur tous les autres et la société s’effondre comme un château de cartes. La probabilité que le Royaume Uni évite de devenir un état islamique dans les trente ans qui viennent est maintenant devenue très faible. La liberté d’expression y est maintenant lourdement encadrée.

                          2°) Vous dites que ma confusion entre un T-shirt de propagande politique et un voile de propagande islamiste est pénible, mais vous ne m’expliquez pas en quoi elle est pénible. Elle ébranle trop vos certitudes de conformiste bobo, peut-être ?
                          Eh oui, porter un voile islamique est un acte non seulement de propagande, mais de refus des moeurs de la société d’accueil. Quand une femme musulmane se ballade en voile dans la rue , le message qu’elle dégage est absolument clair et limpide : « je ne suis pas comme vous, je suis pure, vous êtes impurs. Ne m’adressez pas la parole, nous ne sommes pas du même monde vous et moi. Si je me marie , ce sera avec un musulman et non pas avec un infidèle tel que vous, etc... » Si ce n’est pas de la propagande, alors qu’est-ce que c’est ? Quand des parents musulmans infligent un voile islamique à une collégienne, le message est tout aussi clair pour les condisciples de cette collégienne, et c’est un message d’apartheid et de mépris total. 

                          3°) La liberté de religion existe, tant qu’elle ne s’oppose pas à l’ordre public ( cf la déclaration des droits de l’homme, la vraie, celle de 1789 ) et l’ordre public, en France, c’est que la religion doit rester en dehors de l’école. C’est aussi que la religion doit s’exercer dans les lieux prévus à cet effet (lieux de cultes et domiciles privés ) , et que les écoles publiques ne sont pas des lieux de propagande ou de manifestation d’opinions religieuses ou politiques, que les enfants ne sont pas en âge de comprendre, ni des couvents de bonnes-soeurs, quand bien même ces bonnes-soeurs seraient mahométanes ! ( Au fond, c’est à peu près le même uniforme ! )

                          • Orélien Péréol Aurélien Péréol 9 novembre 2012 15:55

                            Je maintiens, docdory, que vous n’êtes pas bien informé. Je vous fais remarquer que vous êtes passé de « arrivée massive de jeunes filles voilées dans les écoles » à quelques dizaines. Ce qui pour moi caractérise bien l’aspect idéologique de vos propos idéologique et non pas à visée scientifique (proche du réel, conforme au réel, adéquat au réel) 


                            Vous écrivez : « vos certitudes de conformiste bobo, » je vous serais reconnaissant d’argumenter et de ne pas tenter de me discréditer par des attaques visant (selon vous) ma personne.

                            Je prends quelques points : cacher ses cheveux ne s’oppose pas à l’ordre public...

                            Vous dites que ma confusion entre un T-shirt de propagande politique et un voile de propagande islamiste est pénible, mais vous ne m’expliquez pas en quoi elle est pénible.
                            J’aimerais que vous réagissiez à mon article. Ce n’est pas à moi de vous expliquer en quoi je trouve que vous avez tort. Surtout que la mauvaise foi de cette demande d’explication est difficile à supporter. Si pratiquer un acte à motivation religieuse est en soi propagande, il faut raser les églises et punir celles et ceux que l’on peut y entrer.

                            La laïcité est un attribut de l’Etat il n’y a pas de laïcité du citoyen. Voilà ma thèse. Si vous voulez en débattre. 

                          • docdory docdory 9 novembre 2012 22:29

                            @Aurélien Péréol

                            Ma demande d’explication est difficile à supporter : forcément, vous ne savez tout simplement pas quoi répondre ! C’est trop facile, comme argumentation ... Quelque chose vous dit, au fond de vous, que j’ai raison, mais vous préférez faire semblant de « ne pas supporter » ma demande d’explication, parce qu’elle vous obligerait à remettre en question votre dogmatisme !
                            Vous savez très bien qu’il n’y a aucune différence entre un foulard islamique et un T-shirt politique : les deux expriment des positions idéologiques, aucun des deux n’a sa place dans une école dont la neutralité politique et religieuse doit être la règle ! Si vous admettez l’un, vous êtes intellectuellement dans l’obligation d’admettre l’autre si vous voulez être logique avec vous-même ! 

                          • Yohan Yohan 8 novembre 2012 23:58

                            Jusqu’ici, la laïcité nous a plutôt bien protégé des errances et des excès des religions. Certains voudraient la maquiller comme une cocotte, ce qui est le meilleur moyen de l’affaiblir. La laïcité prime, point barre.

                            Doctory fait bien de rappeler que les anglais qui en sont dépourvus sont bien dans la merde. Certaines quartiers autour de Londres sont des enclaves soumises à la charia, en tout cas, pas à la Reine. Mixité impossible sauf à sortir du ghetto avec une fatwa familiale au dessus de la tête.
                            Brrrrr !!! mal barrés, ils sont....

                            • Yohan Yohan 9 novembre 2012 00:17

                              Aux religieux, ils ne faut jamais rien concéder. Les barbus nous testent depuis une dizaine d’année (voile, halal, piscines séparées, etc...). Ce qui me gonfle c’est de voir l’hypocrisie des juifs et des musulmans dits modérés qui surfent sur la même vague sans y toucher tout en se plaignant de la montée des intégrismes . Si on les laisse faire, ils ne tarderont pas à rejouer chez nous leurs conflits moyenâgeux. il suffit simplement de ne rien lâcher et qu’ils aillent voir ailleurs s’ils ne sont pas contents, le monde est vaste...


                              • Orélien Péréol Aurélien Péréol 9 novembre 2012 15:59

                                @ Yohan

                                Je vous serais reconnaissant de bien vouloir réagir à mon article et pas aux « réactions » des autres.
                                Il est bien difficile de vouloir calmer un peu les peurs paranoïaques afin de redisposer les débats là où ils sont productifs de solutions aux problèmes perçus par certains.

                                • KeVal ? 13 novembre 2012 17:03

                                  Ce monsieur a sans doute raison. En tout cas, c’est une grande idée qui devrait être défendue : un Etat laïque dans une société plurielle, qui arbitre.
                                  L’Etat ne peut pas choisir les bons citoyens, qui cachent leur religion et les mauvais « sans gêne »

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