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Accueil du site > Tribune Libre > Globish ? Le choix de l’infériorité totale

Globish ? Le choix de l’infériorité totale

Jean-Paul Nerrière reconnaît, à juste titre, à propos de l’anglais, que « cette langue des communications internationales ne s’appelle l’anglais que par un abus de vocabulaire, tant elle est pauvre et dépourvue de profondeur » (Métro, 20.01.2006)

Le globish, qu’il préconise, est bel et bien un aveu de l’échec de l’anglais dans le rôle de "la langue équitable dont le monde a besoin". Mais le problème, c’est que ce sabir pousse inévitablement à l’anglais, car toute personne qui a appris le globish sera plus tentée de se perfectionner en anglais que de se lancer dans l’apprentissage d’une autre langue. En effet, le globish est un anglais vidé de ses ressources et de ses richesses, appauvri, ratatiné, châtré, dépourvu de valeur culturelle, qui ne se prête même pas à l’humour, qui nécessite un complément gestuel (génial dans l’obscurité totale, ou derrière un mur !), un sabir pour lequel il est conseillé d’éviter les formes complexes de conjugaison et les propositions subordonnées... Il aurait pu l’appeler "sabish"...

Lorsque Jean-Paul Nerrière, dans le but de faire passer son globish, conseille de suivre l’exemple de l’Allemagne, qui invite à renoncer à l’allemand au profit de l’anglais pour se faire valoir et se promouvoir sous tous les aspects , il ne tient aucun compte du fait que la langue anglaise appartient à la famille germanique, et que son apprentissage demande un effort nettement moindre pour les germanophones que pour les locuteurs d’autres familles de langues.

Ensuite, l’Allemagne vaincue de 1945, à part la RDA, est passée sous contrôle de puissances essentiellement anglophones durant des décennies. Rien n’a été négligé pour la pousser à l’anglicisation. Il n’y a donc pas lieu de faire passer une situation de soumission pour un libre choix, pour un acte volontaire.

Le résultat de cette politique, en France, était déjà perceptible dans le rapport n° 73 (1995-1996) du sénateur Legendre : "Le recul de l’allemand et de l’italien, le « naufrage lusitanien », la place résiduelle laissée à certaines langues de l’Union européenne...".

Une autre conséquence, au niveau de l’Europe, est que les séjours linguistiques drainent une partie importante de la population européenne vers l’Angleterre, ce qui avait permis à un directeur du British Council de dire, en 1987 : "Le véritable or noir de la Grande-Bretagne, ce n’est pas le pétrole de la Mer du Nord, mais la langue anglaise". Ainsi se crée une habitude d’échanges, de telle façon que les axes des divers pays européens sont dirigés essentiellement, non point entre eux avec toute la diversité possible, mais entre chacun d’eux et la Grande-Bretagne. Pour illustrer cette situation, prenons deux cartes de l’UE. Sur l’une, traçons un trait de chacun des pays vers chacun des autres ; sur l’autre, de chacun des pays uniquement vers la Grande-Betagne. Qui osera parler de politique équilibrée ? Ainsi, au lieu de travailler pour le roi de Prusse, les Européens non natifs anglophones travaillent pour... la reine d’Angleterre. Est-ce mieux ?

Et l’affaire ne s’arrête pas là : le fait d’étudier en Grande-Bretagne (ou dans d’autres pays anglophones) n’a pas que des conséquences économiques. L’esprit de ceux qui y séjournent longuement s’imprègne d’une façon particulière de voir le monde, ce qui conduit à un déséquilibre dont nous voyons de plus en plus les conséquences : une influence et une intervention croissantes des milieux financiers et politiques britanniques (et étasuniens) dans les affaires européennes. S’il est bon, et même recommandable, de découvrir d’autres façons de voir le monde par la découverte diversifiée de langues, de cultures et de pays, il est par contre totalement néfaste d’être orienté et même poussé vers une seule langue, une seule culture, un seul groupe de pays, une seule façon de voir le monde. Il s’agit là d’un appauvrissement considérable, et même d’une menace.

Un autre résultat est celui dont fait état le rapport Grin, publié en septembre 2005, sur "L’enseignement des langues étrangères comme politique publique". Le professeur François Grin a tenté ce qui devrait absolument être fait dans tous les pays non-anglophones : chiffrer les transferts nets dont bénéficient les pays anglophones du fait de la préséance de l’anglais, et les économies qui pourraient être réalisées par l’adoption d’un autre scénario. On apprend ainsi que le Royaume-Uni gagne, à titre net, au minimum 10 milliards d’euros par année du fait de la dominance actuelle de l’anglais. De plus : "Si l’on tient compte de l’effet multiplicateur de certaines composantes de cette somme, ainsi que du rendement des fonds que les pays anglophones peuvent, du fait de la position privilégiée de leur langue, investir ailleurs, ce total est de 17 à 18 milliards d’euros par année... Ce chiffre serait certainement plus élevé si l’hégémonie de cette langue venait à être renforcée par une priorité que lui concéderaient d’autres États, notamment dans le cadre de leurs politiques éducatives respectives... Ce chiffre ne tient pas compte de différents effets symboliques (comme l’avantage dont jouissent les locuteurs natifs de la langue hégémonique dans toute situation de négociation ou de conflit se déroulant dans leur langue) ; cependant, ces effets symboliques ont sans doute aussi des répercussions matérielles et financières."

Questionné sur la langue officielle du groupe pharmaceutique Sanofi-Aventis, Jean-François Dehecq, son PDG, avait répondu au magazine L’Expansion (28 octobre 2004) : “ Ce n’est sûrement pas l’anglais. Une multinationale est une entreprise dans laquelle chacun peut parler sa langue. Dans une réunion, c’est du cerveau des gens dont on a besoin. Si vous les obligez à parler anglais, les Anglo-Saxons arrivent avec 100% de leurs capacités, les gens qui parlent très bien, avec 50%, et la majorité, avec 10%. A vouloir tous être Anglo-Saxons, il ne faut pas s’étonner que ce soient les Anglo-Saxons qui gagnent .“

Il est clair que le choix de l’anglais, c’est le choix de l’infériorité, de la soumission, de la dépendance. L’anglais mène inévitablement à un appauvrissement de la pensée au niveau planétaire. Et le globish mène inévitablement à l’anglais. Mais d’une certaine façon, il n’est pas impossible qu’il devienne mortel pour la langue de Shakespeare. Dans ce cas, il est préférable de recourir à la solution préconisée dans le rapport Grin. (choix d’extraits essentiels)

Ceux qui prônent l’anglais comme langue internationale voient moins clair, moins net et moins loin que David Rothkopf, ancien conseiller de l’administration Clinton qui, en 1995, avait écrit : "Il y va de l’intérêt économique et politique des États-Unis de veiller à ce que, si le monde adopte une langue commune, ce soit l’anglais ; que, s’il s’oriente vers des normes communes en matière de télécommunications, de sécurité et de qualité, ces normes soient américaines ; que, si ses différentes parties sont reliées par la télévision, la radio et la musique, les programmes soient américains ; et que, si s’élaborent des valeurs communes, ce soient des valeurs dans lesquelles les Américains se reconnaissent." (In Praise of Cultural Imperialism, Foreign Policy, Number 107, Summer 1997, pp. 38-53)


Sommes-nous donc tous des Américains ?


Toute personne qui apprend et utilise l’anglais se met en état d’infériorité par rapport à des natifs anglophones. Bien peu d’écho est donné par les médias sur le fait que, dans l’Union européenne, de nombreux postes de décision sont réservés à des natifs anglophones : "native english speaker", "english mother tongue". Ne sommes-nous pas dans une situation de colonisation ? L’anglais, c’est le choix de l’infériorité. Le globish, c’est le choix de l’infériorité totale.

Le globish ? Il y a mieux !


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21 réactions à cet article    


  • nico 23 janvier 2006 11:03

    Henri, je suis assez d’accord avec vous. En particulier sur les aspects économiques de la domination de l’anglais et la distinction globish-anglais.

    Je regrette cependant de lire qu’il est « recommandable de découvrir d’autres façons de voir le monde par la découverte diversifiée de langues » puis de vous voir conclure que « toute personne qui apprend et utilise l’anglais se met en état d’infériorité par rapport à des natifs anglophones ». Cela donne peut-être une force à votre argumentaire, mais il n’en est pas moins inconsistant. L’anglais est une langue riche et belle ; ça n’est pas faire preuve d’infériorité que de l’apprendre. Je suis d’ailleurs persuadé que vous vous êtes déjà penché sur cette langue, peut-être la parlez-vous, ou tout du moins maitrisez-vous un bon niveau de globish. Cela prouverait-il une marque de soumission de votre part ou plutôt une profonde envie de découverte ? Si l’anglais peut s’avérer un outil redoutable pour une domination économique orchestrée, l’anglais n’est pas le Mal.

    Pour le clin d’oeil j’ajouterai que les allemands ne sont pas les seuls favorisés dans l’apprentissage de l’anglais, mais les français aussi. J’ai un collègue qui aime classer l’anglais dans les langues latines. L’originie des mots anglaisest parfois évocateur. Mieux encore : si un français parle anglais, il sera enclin à utiliser les nombreux mots d’origine française, qui sont en général du domaine soutenu.


    • skirlet (---.---.21.219) 23 janvier 2006 15:22

      L’anglais est une langue riche et belle ; ça n’est pas faire preuve d’infériorité que de l’apprendre.

      Si ce choix est motivé par l’interêt que « l’apprenant » porte à la culture anglaise, il ne s’agit pas de l’infériorité. Mais si on apprend l’anglais parce que « avec ça, on communique dans le monde entier », parce que les chefs l’exigent, parce que les notices ne sont livrés qu’en anglais etc., c’est humiliant. Et si le fait d’être natif de la langue anglaise confère des privilèges, alors les autres sont dans la position d’infériorité.


    • (---.---.245.154) 23 janvier 2006 14:10

      Ce n’est pas d’apprendre l’anglais qui rend inférieur, c’est de ne pas comprendre les paroles des chansons qui sont diffusées le plus souvent en anglais, c’est de ne pas savoir lire tous les papiers scientifiques en anglais etc.


      • krokodilo (---.---.21.219) 23 janvier 2006 15:26

        Globish étant un mot anglais, en voici une traduction, dans un souci légitime de la défense du français. « Globish » = « petit-blanc ».

        Rappelons que jadis la colonisation française avait eu comme conséquence linguistique l’usage plus large d’un français appauvri et simplifié, surnommé avec un zeste de mépris colonial le « petit-nègre ». L’expression est aujourd’hui disparue, faute d’être politiquement correcte, mais les mêmes causes produisant les mêmes effets, voici que les nouveaux coloniaux ont généreusement mis au point un anglais abâtardi destiné aux 95 % habitants non-anglophones de la planète, ainsi qu’aux quelques pour-cent de non-fluents (ou dit-on influents ?) qui se font des illusions sur leur niveau réel.

        Aussi, « parler globish » peut se traduire par « parler petit-blanc » !

        - Do you understand globish ? (Toi comprendre le petit-blanc ?)

        - Yes, Sir. (Oui, patron.)

        - I buy petrol. I give you beautiful things, many. (Moi acheter pétrole, moi donner toi beaucoup jolis colliers.)

        - I see. (Toi montrer.) (Nota : en petit-blanc, on agite les doigts pour préciser sa pensée.)

        - Look ! (Ca brille, pas vrai ? T’as jamais vu des trucs pareils, je parie.)

        - Bullshit ! (Bof, j’aime pas.) You want to screw me ? (Tu veux m’entuber ?) I want dollars, plenty. (Je veux de la thune, un max.)

        Moralité : la colonisation n’est plus ce qu’elle était.


        • Méric de Saint-Cyr Méric de Saint-Cyr 23 janvier 2006 16:56

          Rectification : le Globish est un concept, nullement une création. Du moins, c’est une conséquence involontaire de l’utilisation massive de l’anglais dans le commerce et l’informatique. C’est tout.

          On pourrait faire le même discours concernant l’appauvrissement de la langue française avec la mode des SMS où le nombre limité de caractères oblige à réinventer la langue avec des hyper racourcis, plus abbrégés encore que ce qu’on appelait autrefois le style télégraphique.

          Ceci étant précisé, je me permets de vous rappeler qu’à l’instar du petit-nègre, l’anglais simplifié a été inventé il y a plus d’un siècle par les commerçants anglais et a reçu le nom de pidgin.

          Pour la définition du pidgin, voir l’article de Wikipédia.


        • Henri Masson 23 janvier 2006 19:13

          Il se trouve que j’ai reçu aujourd’hui une coupure du quotidien « Le Soir » (Bruxelles, 12 janvier 2006). Dans un article intitulé « Prenons garde au tout-en-anglais », le journaliste cite Michel Lesseigne, vice-président de l’Association Internationale des Interprètes de Conférences (AIIC) : « Nous ne sommes pas contre le multilinguisme que nous considérons comme une richesse inestimable, mais nous insistons sur le fait qu’il vaut mieux faire appel à nous que de laisser des orateurs massacrer l’anglais. J’ai connu des situations où les gens s’éternisaient sur des procès-verbaux de réunions à revoir les propos des uns et des autres qui affirmaient avoir été « mal compris » ».

          Même Jacques Chirac a reconnu qu’il ne traitait jamais des négociations en anglais et qu’il n’en faisait usage que pour la communication privée. Dans une autre circonstance, à la question « Parlez-vous anglais lors de vos séjours à l’étranger ? », posée par Adeline, Clément et Constance pour « Mon Quotidien »(25 septembre 1997), le journal des 10-15 ans, il avait répondu :
          - « Oui, avec mes amis, mais jamais dans les discussions officielles, car je ne parle pas parfaitement cette langue et ce serait un handicap. Pour les sujets sérieux, il faut être sûr d’être bien compris. » Lorsqu’il s’était rendu à New York, après l’attentat du 11 septembre, il avait commencé son allocution en anglais et s’était excusé de continuer en français du fait que son anglais était trop pauvre.

          Il est connu que, dans les assemblées et conférences internationales, ceux qui interviennent le plus souvent, le plus longuement et le plus adroitement aussi, sont les natifs anglophones. C’est d’ailleurs cet aspect que souligne le rapport Grin :« l’avantage dont jouissent les locuteurs natifs de la langue hégémonique dans toute situation de négociation ou de conflit se déroulant dans leur langue ».

          Même si la démarche du globish est défférente de celle du « Basic English » (British American Scientific International and Commercial), anglais simplifié créé par le linguiste anglais C.K. OGDEN en 1935 avec un vocabulaire réduit à 850 mots on aboutit à un résultat assez proche : des simplifications illusoires nécessitant des périphrases compliquées... Approuvé par Winston Churchill et encouragé par le gouvernement anglais, Ogden avait déjà élaboré le Panoptic English en 1929 sur la base de 500 mots. L’expression « petit-blanc », de même qu’il y a eu le « petit-nègre », est finalement assez juste. Écrit par Den Drown, un jeune des États-Unis, l’article intitulé « The English Advantage » peut aider à réfléchir sur cette question (traduction en français et espéranto)...


        • neuromancer (---.---.44.5) 23 janvier 2006 19:35

          Excellent, ce petit dialogue plein d’humour ! Vraiment, félicitations !


        • ravachol (---.---.43.181) 23 janvier 2006 19:24

          la solution existe ! nom de code : Esperanto.

          Une langue dont les règles grammaticales tiennent sur une page, totalement rationnelle, sans aucune exception, et pourtant puissante et capable d’épouser toutes les subtilités de l’esprit.

          Une langue neutre, non liée à l’histoire ou l’idéologie d’un peuple, une langue qui met tout le monde sur le même plan (les orientaux sont tout de même obligés d’apprendre l’alphabet, mais il paraît que ce n’est pas vraiment un problème).

          Une langue vivante et moderne capable d’absorber n’importe quelle racine nouvelle pour un mot nouveau, conjugable si besoin.

          Une langue pédagogique, réputée comme simplifiant l’apprentissage d’autres langues par la suite.

          Les espérantistes purs et durs rêvent d’un monde où chacun connaîtrait 3 langues : la langue régionale, la langue nationale (deux langues chargées de culture), la langue internationale (outils de communication universel).

          Voilà ce qu’il faudrait faire, moultes organismes internationnaux indépendants ont moultes fois vanté les mérites de cette fabuleuse invention, oui mais voilà : rien ne se passe, on continue à nous vendre de l’anglais international.

          Des chansons en anglais oui ! l’anglais est une langue culturelle ; mais des publications scientifiques en anglais, là on tombe sur la tête. et alors des réunions en anglais, en français ou que sais-je là, c’est du n’importe quoi ! Vous rendez-vous compte du gaspillage à chaque assemblée parlementaire européenne ? en traducteurs, microphones, etc... Et les situations que peut engendrer la différence entre ceux qui parlent une langue naturelle complexe dont ils maîtrisent les plus subtiles nuances face à d’autres qui baragouinent péniblement une langue étrangère ? Comme dans une réunion d’entreprise franco-US, quand un américain emprunte un ton subtilement ironique pour dire une chose tout juste comprise au premier degré par des homologues français qui sourient par politesse sans comprendre qu’en réalité on se moque de l’intervention de l’un d’eux ?

          liberté et égalité passent aussi par là.


          • Henri Masson 23 janvier 2006 20:23

            Je suis contre l’espéranto, et même tout contre, comme disait Sacha Guitry à propos des femmes smiley


          • Yaarg (---.---.3.117) 25 janvier 2006 11:54

            *

            L’esperanto est un vieux fantasme éculé. Rien ne pourra jamais remplacer une langue maternelle et la babelisation du monde donnera toujours du travail aux traducteurs.

            Et puis, y a-t-il seulement deux individus qui parlent vraiment la même langue ? Chaque être humain est unique et sa maîtrise de sa langue, le vocabulaire qu’il a mémorisé lui sont propres. Parler sa propre langue correctement est déjà difficile, alors qui va se faire chier à apprendre une langue que personne ne parle ?


          • (---.---.215.252) 25 janvier 2006 12:48

            Voilà bien n’importe quoi !

            Autrement dit "Je ne vois pas de quoi il s’agit, je ne sais rien de ce que c’est — à part le nom — mais j’en cause !... smiley)

            C’est curieux que, dès qu’il s’agit de l’espéranto, n’importe qui est prêt à dire n’importe quoi alors que s’il s’agissait de physique nucléaire, de biologie ou de toute autre science ce même n’importe qui avouerait son ignorance. Là, c’est pire : il ignore même son ignorance !

            Fantasme ?

            L’espéranto est pris en considération dans le rapport Grin (extraits sur /cisad.adc.education.fr/hcee/documents/rapport_Grin.pdf>) et aussi dans le dernier livre de Claude Hagège, et aussi dans « Langues sans frontières » de Georges Kersaudy, qui, durant sa carrière de fonctionnaire international, a été amené à parler, traduire et écrire pas moins de cinquante langues dont l’espéranto, l’un des premières langues apprises durant sa jeunesse.

            éculé ?

            S’il en était ainsi, il y a lieu de se demander comment il pourrait se faire que Google donne plus de 80 millions d’occurences avec le mot-clé « esperanto », et comment diable l’espéranto pourrait être en seizième position par le nombre d’articles dans « Wikipedia » avec 31 703, et aussi pourquoi des radios d’audience intercontinentale, telles que Radio Pologne Internationale et Radio Chine Internationale, émettraient dans une langue « que personne ne parle »... Les exemples sont innombrables (voir : « L’espéranto au présent » /satamikarohm.free.fr/article.php3?id_article=13> ou taper « espéranto présent » sur Google)

            Par ailleurs, je connais-moi-même des persones pour qui l’espéranto a été la langue maternelle à côté de celle d’un de ses parents (voir le document mentionné ci-dessus).

            Ensuite, l’espéranto n’a jamais eu pour vocation de remplacer les langues vivantes. Son seul but est de permettre l’équité entre locuteurs de langues diverses, ce qui n’est pas le cas avec une langue dominante derrière laquelle se trouve une puissance qui abuse de sa puissance pour imposer ses volontés et ses caprices au monde.

            Les langues maternelles sont menacées de disparition précisément à cause de cette langue tueuse de langues du fait qu’elle accapare un temps et un budget considérables dans tous les pays non-anglophones au détriment des autres langues et matières dans l’enseignement.

            Bien parler sa propre langue est effectivement déjà difficile, et apprendre une langue nettement plus facile que celle qui est imposée dans les relations internationales serait une bonne chose pour sa propre langue et aussi pour la communication entre ceux qui ont une langue maternelle différente.


          • (---.---.112.227) 25 janvier 2006 18:37

            Fantasme, tiens :) Bien réel tout de même. La méconnaissance de la réalité ne change rien à la réalité elle-même :)

            Le fantasme, c’est surtout croire qu’on va discuter avec les autres Européens en trimbalant derrière soi la suite des 23 traducteurs smiley) Et je ne parle même pas du reste du monde.

            Ceci dit, une personne qui ne communique jamais avec les étrangers n’a pas besoin d’une autre langue que la sienne... jusqu’au jour où il perdra la garantie de son nouvel appareil faute d’avoir bien compris la notice en anglais. Parce que pour les notices, le vocabulaire du globish ne suffit pas.


          • philippe montagne (---.---.171.175) 24 janvier 2006 03:02

            Que de virulence !lorsque le francais etait la langue internationale,ou etaient ces commentaires sur l’hegemonie et la colonisation ? l’anglais a remplace definitivement le francais parce que le pays le plus puissant economiquement,militairement et culturellement le parle.point.que voulez vous changer a cela en maugreant,et en menant des batailles perdues d’avance ?

            eh,oui, il fallait garder les « arpents de neige »,rester economiquement, cuturellement et militairement la puissance dominante ! malheureusement, la france a retrograde de classe dans le train de la modernite quelquepart apres la revolution francaise, et le long declin demographique,militaire, culturel et economique s’est accompagne de la montee en puissance de l’amerique.

            avec un peu de patience, nous verrons le chinois defier l’anglais, pour les memes raisons citees plus haut, mais ce ne sera certes pas le francais ,pour egalement les memes raisons.arretons de rever.

            oui, consolons nous en notant que -grace a la position hegemonique et dominatrice de la france de l’epoque - l’anglais ait absorbe une bonne moitie de mots francais ou latins [les allemands d’ailleurs ont classe l’anglais a part de la germanistik, a cause de cela. l’anglais n’est plus une langue germanique ]

            pourquoi ne pas plutot proposer des objectifs atteignables, au lieu de defier un anglais vainqueur ?

            > par exemple, essayer de conserver le francais comme langue vivante en afrique ?

            > ou bien,nous debarasser du carcan des conjugaisons inutiles,inutilisees,et artificiellement crees apres la renaissance,et maintenues tout aussi artificiellement par l’academie ? nous debarasser des regles imposees, et leur train d’exceptions encore plus nombreuses ? liberer notre langue et la laisser devenir une langue moderne, vive, evolutive ?

            [au lieu de courir vainement apres les eniemes nouveaux mots anglais, peniblement traduits en un francais que personne n’utilise ]


            • Henri Masson 24 janvier 2006 07:14

              Cet article n’a rien à voir avec une aspiration nostalgique au retour du français comme première langue internationale, comme langue diplomatique et tout et tout, ou comme quelque chose du genre « Français über alles »...

              Poster un commentaire à un article sans en avoir compris le sens, ça n’a pas... de sens.

              Un objectif atteignable est proposé dans le rapport Grin (extraits essentiels), mais il est plus difficile de casser un préjugé qu’un atome.


            • skirlet (---.---.114.18) 25 janvier 2006 02:32

              l’anglais a remplace definitivement le francais

              Rien n’est définitif...

              le pays le plus puissant economiquement,militairement et culturellement

              Non, il impose sa culture parce que puissant économiquement et militairement. Par contre, sa culture n’a rien de supérieur.

              il fallait garder les « arpents de neige »,rester economiquement, cuturellement et militairement la puissance dominante !

              Yaka smiley)))) Aucun pays ne « se décline » pas tout seul. Aucun pays ne garde sa dominance indéfiniment.

              mais ce ne sera certes pas le francais

              Certainement pas. La possibilité de dominer les autres n’est accordée qu’une fois par l’Histoire. C’est la seule raison.

              l’anglais n’est plus une langue germanique

              Elle l’est toujours.

              par exemple, essayer de conserver le francais comme langue vivante en afrique ?

              Comment ?

              nous debarasser des regles imposees, et leur train d’exceptions encore plus nombreuses ? liberer notre langue et la laisser devenir une langue moderne, vive, evolutive ?

              L’indonésien est une langue régulière et tout ça. Mais ça ne l’aide pas à s’imposer smiley) Jamais une langue n’a dominé les autres pour des raisons linguistiques, et l’anglais si bourré d’exceptions, avec son orthographe très archaique vous paraît tout de même moderne, je parie smiley

              Au fait, les accents sont-ils également à jeter à la poubelle comme un truc ringard ? ;)


            • (---.---.171.175) 24 janvier 2006 11:40

              eh,bien relisez le mien, vous pourrez aussi y reagir et elaborer en comprenant le sens , au lieu de piquer sans proposer ?


              • Negravaski (---.---.110.75) 4 février 2006 09:14

                Yaarg demandait le 25 janvier : « Qui va se faire chier à apprendre une langue que personne ne parle ? » L’espéranto, je l’ai appris, et ça ne m’a pas fait chier, j’ai trouvé ça amusant, rigolo, intéressant, enrichissant, en fait. Puis j’ai découvert que c’était une langue que des tas de gens parlaient, partout dans le monde, et les conversations que j’ai eues en espéranto ont été dix fois plus profondes et intéressantes que celles que j’ai eues en anglais dans les mêmes pays, notamment en Asie centrale et orientale, mais aussi dans des pays comme le Brésil ou la Hongrie. Les personnes qui savent l’espéranto le maîtrisent bien mieux que les personnes qui croient savoir l’anglais ne maîtrisent réellement cette langue. L’espéranto stimule la créativité langagière, alors que le globish l’interdit. Du coup, les conversations sont beaucoup plus spontanées, drôles et variées en espéranto qu’en globish.

                La question que je me pose, c’est : pourquoi l’être humain est-il à ce point maso ? Choisir le globish, c’est choisir trois ou quatre années de cours d’anglais à au moins trois heures par semaine, constater qu’on n’arrive pas à communiquer avec ce bagage, puis se débrouiller comme on peut avec des gestes et des circonlocutions pour des échanges d’une pauvreté lamentable (les 1500 mots de la liste de M. Nerrière ne permettent pas de dire « Garçon ! Une salade de tomates ! »). Choisir l’espéranto, c’est choisir une soixantaine d’heures d’étude pour déboucher sur une langue qui permet de tout dire, pleine de nuances et d’humour.

                Pour exprimer les 1500 mots du globish, il suffit en espéranto de 1300 mots et d’une quarantaine d’affixes. Ce bagage minimum permet en fait de former quelque 13.000 mots. Il faut vraiment être maso pour préférer le globish avec son orthographe aberrante, sa prononciation difficile (accent tonique important, mais irrégulier), sa pauvreté lexicale et son manque de système cohérent de dérivation (il faut avoir fait pas mal d’anglais pour dériver correctement « beauté » de « beau », « condamnable » de « condamner » et « déprimé » de « dépression », alors qu’en espéranto on apprend dès le début comment former ces mots sans risque de ce tromper ; en général il suffit de connaître la valeur d’une seule voyelle).

                La question de Yaarg mérite d’être retournée : « Pourquoi tant de masos se font-ils chier à apprendre une langue que, à part les natifs, personne ne parle bien, et qui est vingt à trente fois plus difficile qu’une langue qui répond parfaitement à tous les besoins des échanges mondiaux ? Pourquoi investir tant d’heures et d’énergie mentale pour se retrouver inférieurs aux natifs alors qu’il est si simple d’investir moins pour être à égalité dans le monde entier ? »


                • 0000 (---.---.5.166) 11 mars 2006 14:57

                  Celui qui assiste à une ou plusieurs rencontres tenues en espéranto constate que la langue de Zamenhof est une langue de communication comme une autre.

                  De nombreux voyageurs espérantophones se font héberger par des espérantophones locaux partout où ils vont. Ceux-ci publient leur adresses dans la brochure « Pasporta Servo » qui offre des possibilités d’hébergement dans le monde entier.

                  Nous, espérantistes, formont une diaspora qui compte peu de représentants en un point donné, mais qui a des représeants partout dans le monde.


                  • (---.---.218.193) 25 septembre 2006 13:55

                    Ceux qui défendent l’anglais comme langue de communication internationale, sont soit des anglophones, soit des gens qui n’ont jamais participé à des réunions internationales. Quiconque a déjà participé à des réunions internationales se tenant en anglais, même avec un bon niveau de pratique en anglais sait que ceux qui tirent les ficelles ne sont pas les plus compétents, mais les anglophones.

                    Le pire, de la nullité c’est d’entendre un défenseur du globish prétendre que si il utilise un mot anglais dans une conversation de salon c’est parce qu’il n’y a pas d’équivalent français, alors qu’à la vérité, c’est que son ignorance même de l’anglais fait qu’il n’a su traduire le mot et qu’il répète bêtement ce qu’il a entendu.


                    • jhl (---.---.203.228) 8 avril 2007 08:13

                      « Le globish ? il y a mieux » dites-vous... mais quoi ? Je trouve un peu facile ces envolees lyriques qui ne proposent rien que la critique (im)pure et simple. Quand a votre theorie sur la plus grande facilite d’apprentissage de l’anglais par les germanophones, elle semble prouver que vous n’avez guere travaille sur l’enseignement des langues etrangeres : le succes est avant tout fonde sur la methode. Et l’enseignement des langues etrangeres en Allemagne a longtemps ete autrement plus efficace que celui pratique en France. Vous savez vous servir d’un ordinateur ? Votre periode d’apprentissage a-t-elle nui a votre niveau de culture ? pouvez-vous aujourd’hui vous passer de cet outil ? Laissez-donc le globish nous offrir un outil supplementaire pour mieux communiquer et relisez le chapitre 12 de « Parlez globish » : « Ou l’on ose esquisser une autre ambition pour la langue francaise » jhl


                      • Negravaski (---.---.101.45) 11 avril 2007 10:23

                        Bonjour, jhl (8 avril, 8h13)

                        Je ne vous comprends pas. Vous me citez quand je dis « Le globish, il y a mieux », puis vous dites : « mais quoi ? » comme si je ne l’avais pas expliqué. Vous donnez l’impression de ne pas avoir lu mon texte. Cette solution supérieure au globish, à tous égards, c’est, comme je l’ai dit, l’espéranto. Dire que je « ne propose rien que la critique (im)pure et simple » est un peu gros puisque je propose l’espéranto, en me fondant sur mon expérience. J’avais une meilleure maîtrise de l’espéranto au bout de six mois que de l’anglais au bout de six ans. Je ne suis pas le seul à avoir fait des comparaisons de ce genre et à en avoir tiré des conclusions intéressantes. Un article du journal russe « Vechernaya Moskva » du 4 de ce mois, intitulé : « L’espéranto deviendra-t-il une branche obligatoire ? », présente des conclusions d’experts qui mériteraient d’être mieux connues, par exemple que l’espéranto développe la pensée créatrice et fait gagner beaucoup de temps dans l’apprentissage des langues étrangères.

                        Quant à votre idée que le succès est avant tout fondé sur la méthode, je la conteste. Il me semble que les enseignants de langue sont d’accord pour dire que le principal facteur de succès est la motivation. D’ailleurs, il n’y a pas de méthode qui convienne à tous les élèves. Certains réussissent mieux avec la méthode directe, d’autres avec un enseignement systématique de la grammaire et du lexique, d’autres ont beaucoup de peine quelle que soit la méthode. La personnalité de l’enseignant, son attitude, sa façon de traiter les élèves, l’ambiance qu’il crée dans la classe jouent également un très grand rôle.

                        « Laissez-donc le globish nous offrir un outil supplementaire pour mieux communiquer », me conseillez-vous. Eh bien oui, je vous le laisse, et je le laisse à tous ceux qui veulent en faire l’expérience. Je leur conseille tout simplement d’aller voir aussi du côté de l’espéranto. On ne peut porter un jugement objectif , ou définir son propre intérêt, qu’en comparant. Cela dit, savez-vous le globish ? Etes-vous capable de vous exprimer dans cette langue sans utiliser de mots ne figurant pas dans la liste ? Avez-vous appris le globish alors que vous n’aviez aucune notion d’anglais ? Si oui, où avez-vous appris la prononciation ? Avez-vous communiqué en globish avec qui que ce soit ? Ou confondez-vous le globish (nom déposé) proposé par M. Nerrière avec ce que les Anglo-Saxons appellent « broken English », langue qui présente une infinie variété de formes, toutes bien inférieures à l’espéranto dans la pratique. (Je peux juger : j’ai souvent affaire à des gens qui s’expriment en « broken English » et je communique constamment en espéranto).

                        Excusez-moi, il est possible que je sois très bête, mais j’ai relu le message que vous critiquez et n’y ai pas vu de ces « envolées lyriques » que vous trouvez « un peu faciles ». Pouvez-vous me dire de quelles phrases il s’agit ? Et d’ailleurs, qu’avez-vous contre la facilité ? Si un outil est plus facile qu’un autre pour le même résultat, personnellement, je choisis le plus facile. C’est la raison pour laquelle la plupart de mes contacts avec le monde entier se font actuellement en espéranto. Je n’utilise d’autre langues, et notamment l’anglais — je suis incapable d’utiliser ce langage appauvri qu’est le globish — que quand il n’y a pas moyen de faire autrement.

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