Gouvernement exemplaire : Moscovici place ses amis
L'exemplarité en politique, vantée par le candidat François Hollande, n'aura-t-elle été qu'un slogan de campagne ? Six mois après l'arrivée du nouveau gouvernement, les vieilles habitudes reprennent le dessus. Dernier exemple en date : Pierre Moscovici qui installe un ami (Nicolas Dufourcq) à la tête de la BPI et promet à Anne Lauvergeon (amie de François Hollande et présidente du directoire de Libération) "un grand rôle dans les années à venir". L'oligarchie de gauche vaut bien celle de droite.
Pierre Moscovici est un homme de réseaux. Pour cet ancien bras droit de Dominique Strauss-Kahn, l'art du jeu politique consiste à savoir renvoyer les ascenseurs et à placer des personnes de confiance aux postes clés pour rester maitre de la situation. Une définition adaptée de l'oligarchie à la française.
En guerre ouverte contre Arnaud Montebourg, le ministre de l'Economie place donc ses hommes (et ses femmes) au gré des nominations stratégiques. C'est ainsi que Nicolas Dufourcq, inconnu du grand-public, s'est vu confier les rênes de la future Banque publique d'investissement (BPI) à la surprise générale.
Cet organisme public, qui aura pour objectif de servir de pompe de financement pour les entreprises, est en effet de la plus haute importance. Promesse électorale de François Hollande, elle comporte tout d'abord une forte dimension symbolique... mais plus encore, elle représentera des milliards d'euros d'investissements potentiels à distribuer.
Les cordons de la bourse en pleine crise en quelque sorte. D'où l'intérêt pour Pierre Moscovici de s'assurer que la personne nommée à la tête de cet établissement soit "à sa main" et puisse le cas échéant servir de levier dans ses luttes intestines, notamment face à Arnaud Montebourg.
Et comme l'arrivée de Nicolas Dufourcq à la tête de la BPI a fait une malheureuse (Anne Lauvergeon, longtemps pressentie pour le poste), Pierre Moscovici a voulu se montrer magnanime à l'égard d'un soutien de campagne de François Hollande. Histoire de rassurer Atomic Anne (qui voit les nominations lui passer sous le nez à la vitesse d'un proton), il l'a assuré qu'elle serait appelé à jouer "un grand rôle dans les années à venir".
Une citation destinée à atenuer la frustration de l'ancienne patronne d'Areva ou une véritable promesse d'embauche dans un grand groupe public ? Dans la deuxième hypothèse, Pierre Moscovici risque de tomber sur un os.
Comme l'a prouvé l'échec de sa nomination à la tête de la BPI (où elle était pourtant poussée par l'Elysée), Anne Lauvergeon demeure une personnalité qui polarise pas mal de ressentiment dans le monde des affaires. C'est un véritable Tous Sauf Lauvergeon qui s'est mis en place de façon plus ou moins spontanée dans l'administration.
Sans compter que l'ancienne papesse du nucléaire devra, si elle revient à des fonctions de premier rang, s'expliquer devant l'opinion publique sur le parachute doré de 1,5 million dont elle a bénéficié à son départ d'Areva (alors qu'on évoque un plan social imminent).
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