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Accueil du site > Tribune Libre > Grève de la faim et fringale d’arbitraire à l’éducation (...)

Grève de la faim et fringale d’arbitraire à l’éducation nationale

Un conseiller principal d’éducation, Roland Veuillet, vient de faire une seconde grève de la faim pendant 56 jours, après une première de 38 jours en 2004, pour le même motif : une sanction ressentie profondément comme injuste.

Il faut être fou, dira-t-on, pour se lancer dans une aventure pareille. Cela n’a pas échappé à l’administration de l’Éducation nationale : le protestataire a été interné d’office 24 heures en hôpital psychiatrique sous prétexte de l’alimenter de force.

Mais ne faut-il pas être aussi fou pour rester aussi aveugle, comme l’est cette même administration, à la révolte légitime qui peut soulever un homme jusqu’à lui faire préférer mettre sa vie en danger plutôt que de survivre à une sanction que, depuis 2003, il n’a cessé de qualifier d’injuste ?

Un mur administratif

Mesure-t-on, du moins, à l’absurdité de cette confrontation mortelle, quel type de relations insensé sévit aujourd’hui à l’Éducation nationale ? Après la tentative d’assassinat dont a été victime Karen Montet-Toutain en décembre 2005, sans que l’administration eût quoi que ce soit à se reprocher en termes de prévention, selon l’enquête des inspecteurs maisons, voici maintenant, depuis plus de trois ans, qu’un conseiller principal d’éducation se dit victime d’une injustice insoutenable et demande l’annulation du déplacement d’office qui l’a frappé. Or, il se heurte à un mur administratif, alors même que le Conseil supérieur de la fonction publique, organe suprême de consultation, a donné un avis favorable à la levée de cette sanction. La seule concession ministérielle a été, à l’occasion des deux grèves de la faim, de désigner un médiateur, histoire de gagner du temps et de noyer le poisson.

Deux poids, deux mesures

L’administration de l’Éducation nationale est-elle donc sûre à ce point d’avoir des administrateurs infaillibles qu’elle n’imagine pas un instant qu’ils puissent se tromper ou, encore moins, qu’il leur arrive d’être malhonnêtes ?
- Or, le recteur de l’académie de Montpellier qui a sanctionné R. Veuillet en 2003 est le même qui vient d’être sévèrement désavoué le 7 décembre 2006 par le tribunal administratif de Nîmes pour avoir infligé un blâme illégal à un professeur en parfaite connaissance de cause : il avait, avec ses complices, inspecteur d’académie et principal, inventé de toutes pièces trois griefs fantaisistes et, en plus, il s’était offert le luxe d’une violation de procédure, comme on l’a relaté dans un article récent sur Agoravox, intitulé « Une administration-voyou, un danger pour la démocratie  ».
- Or, que lui est-il arrivé à ce bon serviteur de l’État pour avoir ainsi à la cantonade ridiculisé l’Éducation nationale et l’État de droit ? Rien ! C’est l’État qui paie la facture : 1 500 Euros d’indemnités pour le préjudice subi par la victime, en plus du discrédit que la conduite indigne de ce recteur a infligé à l’institution qu’il prétend servir.
- Il faut croire que celle-ci lui en est reconnaissante, puisque l’individu est encore aujourd’hui recteur à Bordeaux. Il est vrai qu’en poste à Montpellier, il s’était distingué. Il avait, le 2 mai 2002, signé une circulaire particulièrement honteuse de 36 pages, intitulée hypocritement « Aide aux personnels en difficulté » : elle tirait, en fait, parti de la loi scélérate du 12 avril 2000 protégeant les délateurs ; on l’a analysée ici même sur Agoravox, il y a quelques mois, comme « le bréviaire du petit inquisiteur administratif  », plus proche de la violence institutionnelle qu’affectionne l’extrême droite que des procédures démocratiques. Paul VILLACH


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12 réactions à cet article    


  • un_passant (---.---.216.252) 26 février 2007 16:53

    Tant que l’on n’aura pas fait sauter le verrou des syndicats d’enseignants qui ne représentent plus personne sinon eux-mêmes...

    Si seulement un gouvernement se décidait à laisser la totale liberté de syndicat... Jusqu’à maintenant, il n’y a que les syndicats « historiques » officiellement reconnus, alors qu’ils causent plus de problèmes qu’ils n’en résolvent.

    A ceux qui ne sont pas d’accord : comment expliquez-vous que les enseignants, sur le terrain, se plaignent des programmes, années après années, alors que ce sont les conseillers ministériels, placés par les syndicats, qui les conçoivent ?


    • QUENT1 Bernadette (---.---.25.172) 26 février 2007 17:45

      J’ai reçu et lu toutes les infos concernant M.RV, j’avais même eu l’occasion d’en parler un peu dans une de vos chroniques précédentes, je suis liée en ligne avec son site de soutien, n’ai jamais eu crainte d’y poser mon identité et j’ai donc pu lire ce que de courageux téméraires avaient pris la peine d’écrire en indiquant leur morale, éthique et leur indignation devant la surdité de ceux qui nous gouvernent.

      Et ces courageux résistants n’étaient pas des basistes de l’EN ou de la société civile. Si par hasard ils fréquentent la place de l’Agora, je leur dis MERCI pour RV et l’honneur de leur engagement, car pour eux la justice n’est pas un vain mot.

      Ils avaient des titres et dépendaient de ce mini s’taire EN et ont su riposter ou proposer poliement des rencontres au maire d’Amiens (qui n’est pas celui qui a signé la Charte de cette ville, c’est plus ancien, alors des délégués syndicalistes M.G d R n’en a rien à faire).

      J’avais aussi une autre signalisation de grève de la faim, un gosse lycéen de 16 ans (qui fêtera ses 17 ans au mois d’avril) pourquoi ce geste et cette action si désespérés ? pour soutenir un de ses camarades lycéen menacé. J’ai proposé l’info à agoravox avec un commentaire et une introduction et surtout avec le lien. Ce média dit « citoyen » l’a refusé 2 jours après, alors qu’il y avait urgence sociale (115) ! J’ai reçu un courriel m’en avisant, pourquoi ce refus ? J’ai répondu au courriel m’en avisant et attend toujours vainement un réponse. Enfin d’autres médias non cyber toilés et d’autres toilés ont fini par relater alors ? ce n’est pas grave,il aurait pu y avoir mort d’un jeune de 16 ans ! Et 4 professeurs sur les 200 que compte le lycée ont dit un mot, où étaient donc passés les autres ? où étaient passés les adultes majeurs enseignants ou pas ? en vacances d’esprit ? Il aura fallu 3 manifestations de nombreux jeunes scolarisés de ce lycée technique pour que la situation semble enfin se décanter.

      Le jeune citoyen a fait 12 jours de grève de la faim, il a été hospitalisé, la grève est arrêtée et reprendra si les promesses qui ont été faites ne sont que des promesses, qui, parfois on le sait, n’engagent que ceux qui y croient.

      hors sujet : j’ai été aussi assez surprise de certains des commentaires agressifs qu’a suscité un article honnête et impartial écrit sur la place de l’agora par un curé de la belle Côte d’Or(*) : « un retour à l’état de Droit » l’article était correct, il ne faisait que relater une condamnation que de nombreux républicains espéraient :

      "la Cour de cassation juge illégale l’arrestation de sans-papiers qui avaient été convoqués à la préfecture pour un simple examen de leur dossier...

      Ainsi donc, c’était vrai : dans notre pays d’état de droit, des dizaines de personnes ont été attirées par les représentants de l’Etat dans un traquenard. Croyant aller à un rendez-vous destiné à régulariser leur situation, elles se sont retrouvées les menottes aux mains, jetées sans ménagements dans un camion qui les a emmenées illico dans un centre de rétention éloigné de leur domicile, sans avoir eu le temps de prévenir leurs amis, leur famille parfois pour ceux qui avaient fondé un foyer. Et, de là, expulsées rapidement vers le pays qu’elles avaient fui parce qu’elles ne pouvaient plus y vivre."

      (*)Publié par Emmanuel Pic à 23:10 le 22 février"

      Fin de citation. Une citoyenne ébroïcienne non s’hibernée ni cyber née.


      • QUENT1 Bernadette (---.---.25.172) 26 février 2007 18:06

        j’ai omis un autre fait gravissime : il concerne aussi un enseignant dont le BON DROIT a fini par être reconnu par un TA. Après 3-4 ans d’instruction de dossier il a été condamné cependant à plus de 3 000 euros de dépens et aucune réparation ! Pourquoi ? l’erreur administrative serait humaine ? plus de 3000 euros de frais engagés pour se payer un avocat et ainsi pouvoir être mieux défendu, il a gagné mais le conseil d’état a confirmé que les frais, même si recours gagné, ne pouvaient lui être remboursés. Vive la justice, 3ème pouvoir ! Demain si j’ai le temps je rajouterai 1 ou 2 ou 3 autres cas visant là aussi des enseignants bien que je ne le sois pas.


      • denis (---.---.151.233) 27 février 2007 08:48

        Bonjour,

        nous travaillons actuellement pour recenser et dénoncer les abus de l’autoritarisme dans la hiérarchie et l’administration dans l’ensemble de l’Education Nationale. Nous essayons de connaître particulièrement les aberrations des commissions disciplinaires comme celle que vous évoquez. Pouvez-vous nous en dire plus sur ce cas, soit en réponse à ce message, soit directement par mel à mon adresse en cliquant sur « denis » ?


      • QUENT1 Bernadette (---.---.26.75) 27 février 2007 10:36

        J’ai cliqué sur Denis mais n’ai pas eu d’adresse courriel pour écrire directement Le cas évoqué : je ne le poserai pas sur la place de l’agora, ne sachant pas trop qui fréquente ces lieux, trop de commentaires pour le moins bizaroides pour ne pas dire plus J’attendrai donc une adresse courriel mais ce qu’il faut que je sache c’est à qui je parle, trop de nuisances parfois sur la toile, j’ai connaissance d’au moins 2 cas graves qui ont entraîné pour l’un des profs une nuit au trou, ensuite une dépression puis un procès qui a duré 2 ans ! Le prof a fini par gagner, les frais de justice si lourds ne lui ont pas été remboursés ! Et ce qui lui a valu tous ses ennuis c’était la toile alors qu’il n’y était même pas relié. Trop de « bienveillants » sans le consulter ont agi pour lui


      • Chi Hai (---.---.160.9) 26 février 2007 18:37

        L’arbitraire à l’Education Nationale ? Il n’était que temps qu’on en parle ! Car du haut en bas de la hiérarchie ils se serrent tous les coudes, forcément, ce sont tous des gauchistes ou des enfants de mai 68. Et si on n’adhère pas ouvertement à leur idéologie, soit en faisant partie du « bon » syndicat, soit en appuyant leurs délires moralement corrects, on est immédiatement mis dans la caste des intouchables, je veux dire celle des partisans du FN !!!Car si on est affilié au SNALC, c’est pareil : honte et opprobre à ceux qui ne sont pas du syndicat majoritaire de gauche (j’oublie son nom, bien sûr, pourquoi lui ferais-je de la pub ?).Et là, pas de pitié ! Les bien-pensants vous mettent dans le casier les dernières déclarations de J-M Le Pen (c’est votre maître à penser, forcément), le principal vous convoque régulièrement à chaque récréation à seules fins de vous bousiller vos dix minutes de répit entre 4 heures de cours, vous avez droit à un inspecteur qui connait parfaitement votre « déviationnisme » et vous le fait payer : mauvais rapport d’inspection, donc stagnation prolongée dans votre niveau, ce qui entraîne évidemment absence de passage au grade supérieur, et stagnation de votre salaire. Vive l’Education Nationale !!!!!


        • gerard0348 27 février 2007 11:01

          Ah, l’Education Nationale ! Un poème ! que dis-je un poème ! Un bastion ! Un Etat dans l’Etat !

          Pas les profs ! Eux aussi subissent ! Pris entre le marteau et l’enclume (lisez leur les parents et la hiérarchie), les uns se servant des autres, et ils n’ont pas conscience qu’ils sont des pro de la pédagogie et que sans eux (les profs), rien ne serait possible sans eux.

          Or, les véritables tenants du pouvoir sont les Inspecteurs d’académie chargés dans les départements de faire appliquer la Loi ! Toutes les Lois ! (à concurrence des crédits dont ils disposent). Et attention : qu’aucune tête ne dépasse !

          Sachez braves gens, que lorsqu’un prof veut mettre en place un voyage pédagogique, il doit se débrouiller pour trouver les fonds auprès de sponsors !!!

          Je passe sur les tracasseries administratives et les bâtons dans les roues lorsque vous ne plaisez pas ou que votre langue et surtout ce qu’elle dit déplait au chef d’établissement !

          Alors, ils y a des gens bien dans l’éducation nationale voire même très bien. Trop bien peut-être pour ceux qui sont assis dans des fauteuils de cuir trop grands pour ceux et qui ont perdu le contact avec le terrain et le rôle véritable de l’école : donner le goût d’apprendre est plus important qu’apprendre.

          A bon entendeur !


          • MyHyene (---.---.214.63) 27 février 2007 17:03

            Les prof subissent ? on a pas du avoir les mêmes profs. les miens avaient plutot l’habitude de s’acharner sur les élèves...


          • (---.---.19.227) 27 février 2007 13:55

            Encore et toujours l’inamovibilite, l’immunite de la Fonction Publique, qui sevit de haut en bas de la pyramide des echelons, ne l’oublions pas.


            • (---.---.230.22) 27 février 2007 14:18

              Vous faites erreur ! Ce n’est pas le problème. Ce qui est ici en jeu, c’est l’existence de règles communes que l’on respecte ou non. Si vous ne les respectez pas, il n’y a pas de vie sociale pacifiée possible. Paul VILLARD


            • Francis Francis 3 mars 2007 14:27

              Bonjour,

              dans l’article vous évoquez un recteur qui, par son attitude, a entrainé la condamnation de l’état.

              Quelle importance ? L’état c’est nous. Nous paierons donc. Les auteurs ? Lorsqu’ils font partie de cette sorte de « nomenclatura » ils sont hors de portée de quelque sanction que ce soit.

              Un exemple ? Le recteur dont il semble qu’il est question a été promu officier de la légion d’honneur par décret du 14 novembre 2006.

              http://www.legifrance.gouv.fr/WAspad/UnTexteDeJorf?numjo=PREX0609679D

              Sur proposition du Ministre de l’EN ?

              Beaucoup de choses à dire sur le fonctionnement féodal de cette institution chargée d’inculquer aux jeunes le respect des biens et des personnes, la citoyenneté.

              Coluche aurait dit « pas un échantillon sur elle » !

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