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Accueil du site > Tribune Libre > Grippe aviaire et OGM : des vecteurs du même type

Grippe aviaire et OGM : des vecteurs du même type

La grippe aviaire est sous les feux de l’actualité, mais au-delà de l’information brûlante, c’est le modèle de dissémination qui interpelle et conduit à une réflexion encore plus alarmante.

Pandémie, épidémie, virulence, contagion, "peste aviaire"... tout est bon pour alimenter une crise aberrante provoquée par des médias survoltés et inflationnistes. Joseph Grimaud, (Ets Grimaud, spécialisés dans la reproduction des volailles) l’a rappelé avec véhémence la semaine dernière : "Nous sommes dans l’irrationnel". Ce n’est pas la triste disparition d’un élevage complet de près de 400 dindes cette même semaine qui change quoi que ce soit à cet événement. C’est un problème réel, il nécessite la mise en place de mesures de protection, mais il n’y a aucune raison de sacrifier à la psychose collective un pan entier de notre agriculture. En revanche, ce qui est intéressant et inquiétant, dans cette apparente pandémie, c’est son mode de dissémination.

Il m’apparaît évident de devoir faire le parallèle avec un autre risque hautement plus important à long terme : celui des OGM végétaux.

Le schéma actuel de dissémination de la grippe aviaire du fait des oiseaux migrateurs est un modèle facilement observable. Il est caractéristique de ces modes de dissémination aérienne qui abolissent les frontières, toutes les frontières. Il n’est qu’à se rappeler le fameux "nuage radioactif" de Tchernobyl, que la discipline et la fidélité à la France avait soi-disant stoppé à la frontière franco-italienne...

La pollinisation, indispensable étape de la fécondation des végétaux, est réalisée par de multiples processus différents, mais les plus courants utilisent un mode de dissémination aérien. Qu’il s’agisse des insectes (pollinisation entomophile), des oiseaux (ornithophile) ou du vent (anémophile), c’est la voie des airs qui est privilégiée.

Je ne fustige pas les OGM et ne m’associe pas aux "coupeurs". Mettre au point un riz cultivable en zone aride ou semi-aride, obtenir de l’hémoglobine humaine à partir du tabac ou introduire une résistance à la rouille dans une plante vivrière plus rapidement que ne le ferait la sélection génétique classique, me semblent aller dans le sens du progrès, au bénéfice de l’homme. De longue date, la sélection variétale et l’amélioration génétique ont permis des avancées spectaculaires, tant sur le plan agronomique et de l’alimentation humaine qu’au profit de la thérapeutique.

Par contre, je m’inscris en faux contre ces manipulations génétiques qui tendent à transformer le végétal en usine à insecticide ou à fongicide. Il ne s’agit plus d’un bénéfice pour l’homme, mais d’un profit financier. Et à quel prix ?!?

Non content, au travers de critères de rendement et de profitabilité d’une standardisation outrancière des variétés, de réduire considérablement la biodiversité, c’est ouvrir la boîte de Pandore que de lâcher dans la nature des gènes dont la dissémination est incontrôlable.

Parmi les oiseaux atteints par la grippe aviaire, certains vont résister. Affaiblis par la maladie, ils n’en mourront pas. C’est un phénomène de résistance que chacun connaît, et la vaccination est une des voies d’amélioration de cette résistance chez l’animal. Dans le règne végétal, il existe aussi de nombreuses formes de résistance aux parasites, et c’est cette biodiversité, cette grande variabilité génétique des espèces, qui permet à la sélection variétale de révéler les lignées les plus solides. Les insectes sont, évidemment, les parasites contre lesquels les résistances sont le plus difficiles à obtenir ; mais est-il besoin de prendre de tels risques en induisant ou détournant de nouvelles voies de biosynthèse vers la production de molécules toxiques ?

Le modèle de la dissémination de la grippe aviaire est transposable à la dissémination du pollen, et donc à celle des gènes modifiés des végétaux cultivés en plein champ. Faux problème, me dira-t-on, puisque les variétés concernées sont apparemment stériles ! Laissons le temps faire son œuvre. Qui peut aujourd’hui s’engager à une sécurité totale concernant ces OGM ? Il y a quelques mois à peine, le H5N1 ne pouvait passer chez l’homme ; depuis nous dénombrons tous les jours de nouveaux cas mortels, et récemment un chat a été découvert mort, atteint lui aussi du virus. Comment obtient-on des OGM, sinon en transgressant les barrières naturelles entre règnes, par l’intermédiaire de structures de type viral ?

Pour le secteur de l’agriculture biologique, qui est en pleine croissance et participe au maintien - sinon à la restauration - de la biodiversité, c’est un risque de pollution majeur, contre lequel rien ni personne ne pourra être protégé.

Restons donc prudents, et observons avec beaucoup d’attention la manière dont nous subissons cette pandémie sans pouvoir la stopper sur la planète. Que fera la nature, demain, des gènes tout neufs que nous lui offrons aujourd’hui, et qui pourraient bien être notre perte après-demain ?


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9 réactions à cet article    


  • cousin (---.---.34.171) 8 mars 2006 06:47

    L’hystérie collective de la grippe aviaire est en train de prendre de l’ampleur en ce début 2006. Les médias télévisuels s’en donnent à coeur joie ! Jettant à tout va de l’huile sur le feu. On ment sans relâche. Quelques vérités à rétablir, à savoir :
    - la souche hautement pathogène H5N1 provient des élevages industriels et non des animaux sauvages......
    - il n’y a pas plus de risque qu’une pandémie due à une humanisation du virus aviaire surgisse maintenant qu’en 1997, 1990 1960 A qui profite le crime ?

    GRAIN qui est une organisation non gouvernementale internationale (ONG) dont le but est de promouvoir la gestion et l’utilisation durables de la biodiversité agricole fondées sur le contrôle exercé par les populations sur les ressources génétiques et les connaissances locales vient de publier un rapport : « Qui est le dindon de la farce ? Le rôle central de l’industrie avicole dans la crise de la grippe aviaire » qui est disponible sur le site http://www.grain.org/briefings/?id=195 qui jette un véritable pavée dans la mare de propagande actuelle sur la « situation pré pandémique de grippe aviaire ». On y apprend que cette épizootie partie d’Asie ne provient pas des petits élevages ou des oiseaux migrateurs mais que la crise actuelle proviendrait de l’industrie mondiale de la volaille dominée par des producteurs sans scrupule, pour qui les gens et les animaux sont de la matière biologique à stocker, manipuler, etc. Comme on stocke et manipule des sacs de ciments. quelques citations du texte à lire en urgence : Ce n’est pas la volaille de basse-cour ou la volaille élevée en plein air qui alimente la vague actuelle de cas de grippe aviaire sévissant dans plusieurs endroits du monde. La souche mortelle H5N1 de la grippe aviaire est essentiellement un problème de pratiques d’élevage de volaille industrielles. Son épicentre se trouve dans les fermes d’élevage industriel de Chine et d’Asie du sud-est et — alors que les oiseaux sauvages peuvent transporter la maladie, au moins sur de courtes distances — son vecteur principal est l’industrie avicole multinationale extrêmement automatisée qui envoie ses produits et les déchets de ses élevages autour du monde par une multitude de canaux. Les petits éleveurs de volaille et la diversité biologique ainsi que la sécurité alimentaire locale qu’ils soutiennent souffrent pourtant sévèrement des retombées de cette crise. Et, pour aggraver les choses, les gouvernements et les organismes internationaux, suivant les hypothèses éronnées sur la manière dont la maladie se répand et s’amplifie, continuent à prendre des mesures pour imposer le confinement et poussent à industrialiser davantage le secteur avicole. Dans la pratique, ceci signifie la fin de l’aviculture à petite échelle qui fournit la nourriture et les moyens d’existence à des centaines de millions de familles à travers le monde.

    Des hommes dans des combinaisons de caoutchouc blanc et portant des masques à gaz attrapant des poulets dans les villages … Des poulets vendus et abattus sur les marchés de volaille vivante… Des oiseaux sauvages traversant le ciel… Telles sont typiquement les images diffusées par les médias dans leur couverture de l’épidémie de la grippe aviaire. Rares sont les photos représentant la prospère industrie multinationale avicole. Il n’y a pas de prises de vues de ses fermes d’élevage industriel frappées par le virus, et aucune image de ses camions surpeuplés transportant des poulets vivants ni de ses fabriques de produits alimentaires transformant « les sous-produits de la volaille » en alimentation pour poulets.

    ........ Le choix des images envoie un message clair : la grippe aviaire est un problème d’oiseaux sauvages et d’élevage de volaille en basse-cour, et non celui de l’industrie moderne. C’est comme ça que l’élément d’information le plus fondamental nécessaire à la compréhension des récents cas de contamination par la grippe aviaire est exclu de la représentation qui en est donnée.

    ........ La grippe aviaire n’a vraiment rien de nouveau. Elle coexiste plutôt paisiblement avec les oiseaux sauvages, les élevages de volaille à petite échelle et les marchés de volaille vivante depuis des siècles. Mais la vague de souches extrêmement pathogènes de grippe aviaire qui a décimé la volaille et tué des gens à travers la planète ces dix dernières années est sans précédent — comme l’est l’industrie multinationale avicole aujourd’hui.

    ........ La transformation de la production de volaille en Asie ces dernières décennies est stupéfiante. Dans les pays d’Asie du sud-est où la plupart des cas de grippe aviaire sont concentrés — la Thaïlande, l’Indonésie, et le Viet Nam — la production a été multipliée par 8 en seulement 30 ans, passant d’environ 300 000 tonnes de viande de poulet en 1971 à 2 440 000 tonnes en 2001. La production de poulet de la Chine a triplé pendant les années 90 pour passer à plus de 9 millions de tonnes par an. Pratiquement toute cette nouvelle production de volaille a été produite dans des fermes industrielles concentrées à l’extérieur des villes principales et intégrées dans les systèmes de production transnationaux. [1] C’est l’endroit de reproduction idéal pour les souches hautement pathogènes de la grippe aviaire — comme la souche H5N1 menaçant d’éclater en pandémie de grippe humaine.

    ........ Les déplacements des oiseaux migrateurs ont déclenché des cas de contamination dans plusieurs pays et régions simultanément. La FAO, Novembre 2005 En dépit de telles déclarations de la FAO ou de l’OMS, il y a peu de preuves attestant que les oiseaux migrateurs portent et transmettent le virus H5N1 fortement pathogène. Après recherche de la maladie chez des centaines de milliers d’oiseaux sauvages, les scientifiques n’ont que très rarement identifié des oiseaux porteurs de la grippe aviaire sous une forme fortement pathogène. [12] Comme la FAO l’a énoncé très récemment en novembre 2005, « Jusqu’ici, un examen approfondi des oiseaux migrateurs cliniquement normaux dans les pays infectés n’a produit aucun résultat positif pour le virus H5N1. » [13] Presque tous les oiseaux sauvages qui ont été testés positifs pour la maladie étaient morts et, dans la plupart des cas, ont été trouvés près des élevages de volaille domestique infectés. Même avec les cas actuels de H5N1 chez des oiseaux sauvages en Europe, les experts sont d’accord pour dire que ces oiseaux ont probablement contracté le virus dans la région de la Mer Noire, où le virus H5N1 est bien établi dans la volaille, et sont morts alors qu’ils se dirigeaient vers l’Ouest pour échapper aux conditions exceptionnellement froides dans le secteur. Les groupes de défense des oiseaux nous ont aidés à comprendre à quel point les oiseaux sauvages sont les victimes et non les vecteurs de la forme fortement pathogène de la grippe aviaire. [17] Les souches fortement pathogènes de la grippe aviaire se développent dans la volaille, très probablement dans la volaille exposée à des souches plus bénignes qui vivent naturellement dans les populations sauvages d’oiseaux. Dans des exploitations d’élevage de volaille surpeuplées, le virus bénin évolue rapidement vers des formes plus pathogènes et fortement transmissibles, capables de sauter les espèces et de se propager de nouveau chez les oiseaux sauvages, qui sont sans défense contre la nouvelle souche. Dans ce sens, H5N1 est un virus de volaille tuant les oiseaux sauvages, et non le contraire. Tout comme la « Révolution verte », la soi-disant « Révolution de l’élevage » qui a déferlé sur l’Asie ces dix dernières années a entraîné une rapide érosion génétique. Les systèmes de production locaux ont été remplacés par des systèmes intégrés qui reposent sur une seule source de stock génétique parental et les petites exploitations ont été encouragées à abandonner leurs races locales pour des races à haut rendement qui ne sont souvent pas adaptées aux conditions locales. Il en résulte que nombre de petits éleveurs dépendent désormais d’un nombre très limité d’espèces modernes qui ont été développées pour des exploitations industrielles.

    ........ Au milieu de tout ce tapage autour de la grippe aviaire, l’organisation est toutefois restée silencieuse sur la diversité génétique. Il n’a été fait aucune déclaration sur la manière dont l’uniformité génétique contribue au problème, et rien n’a été dit sur la manière dont les poulets indigènes pourraient résister à la maladie, même s’il existe des rapports sur des volailles locales qui ont survécu au virus H5N1. [31] Apparemment, il n’y a pas non plus eu de réflexion sur le fait que l’abattage de masse pourrait détruire la diversité aviaire locale. Le Tamiflu a cependant été une vraie mine d’or pour ses propriétaires. Le brevet appartient à Gilead alors que Roche en possède la licence exclusive. Les ventes de Tamiflu de Roche — un médicament qui ne se vendait presque pas avant la déclaration de l’OMS — ont grimpé jusqu’à 400% en 2005 tandis que le bénéfice des royalties de Gilead, provenant du brevet, augmentaient de 166%. Aux États-Unis, l’industrie pharmaceutique est intimement liée aux plus hautes sphères du gouvernement. En novembre 2005, Bush a annoncé un ensemble de mesures internes pour combattre une éventuelle pandémie grâce à une enveloppe de 1,4 milliard de dollars US destinés à acheter du Tamiflu. Ce fut un cadeau non seulement pour Roche et Gilead, mais également pour des personnes comme le Secrétaire à la défense Donald Rumsfeld, membre du conseil d’administration et ancien président de Gilead. Il possède actuellement environ entre 5 et 25 millions de dollars US du capital de Gilead, faisant de lui sans doute le plus gros actionnaire. D’autres personnes devraient profiter de cette politique : les membres du conseil d’administration de Gilead : George Schultz, ancien secrétaire d’Etat américain du conseiller de campagne de Bush ; Etienne Davignon, vice-président de Suez-Tractebel et président honoraire de Bilderberg, et John W Madigan qui, entre autres choses, siège au Conseil industriel pour la défense, un comité consultatif des entreprises au Ministère de la défense américain.

    ........ L’industrie de la volaille la proclamé la « biosécurité » de ses exploitations. Son refrain est qu’il est facile d’isoler ses systèmes intégrés de la grippe aviaire. Mais à maintes reprises, la grippe aviaire a pu s’infiltrer et a causé des contaminations massives dans des élevages industriels : en Australie (1976, 1985, 1992, 1994, 1997), aux États-Unis (1983, 2002, 2004), en Grande-Bretagne (1991), au Mexique (1993-1995), a Hong Kong (1997), en Italie (1999), au Chili (2002), aux Pays-Bas (2003) et au Canada (2004), pour ne citer que quelques exemples en dehors de ceux de la crise récente de la grippe aviaire.

    Quant au risque pandémique il est hypothétique : La théorie actuellement couramment admise pour expliquer l’émergence des virus pandémiques chez l’homme repose sur la transmission à l’homme de souches d’influenzavirus circulant normalement chez les oiseaux. Différents mécanismes de transmission, directe ou faisant appel à une autre espèce animale hôte pouvant jouer le rôle « d’intermédiaire » entre les oiseaux et l’homme, ont été décrits. Il n’est pas possible dans l’état de nos connaissances actuelles de connaître même très approximativement la date d’émergence d’une nouvelle pandémie ni d’ailleurs la souche virale la plus apte à en être la cause. En effet quelle corrélation existe t-il entre les 18 épisodes d’influenza aviaire hautement pathogène recensés dans le monde depuis 1959 et les trois pandémies grippale du 20 ° siècle (en 1918-1920 grippe dite « espagnole », en 1957 grippe dite « asiatique » et en 1968 grippe dite « de Hong Kong ») ? Voir le rapport de 2002 de l’AFSSA sur ce sujet : http://cousin.pascal1.free.fr/GAV_transm_hum.pdf


    • Yannick Comenge (---.---.102.41) 8 mars 2006 11:21

      Il me semble qu’il y a quelques semaines nous avons pu constater que la France etait scandalisée parce que les Turcs consommaient leur volaille (plusieurs experts et des reportages allaient dans ce sens). Aujourd’hui, il nous faut consommer du poulet, de la dinde, du canard alors que bon nombre de pays boycottent notre volaille. Aussi, je crois que nous sommes rentrés dans une ère de communication et d’économie qui rappelle les petites économies que voulaient faire les medecins du centre de transfusion sanguine dans les années 80 avec l’affaire du sang contaminé. Nous sommes hors de danger disent des experts bien choisis par l’état. Ils ont certains « les bonnes questions et les bonnes réponses ». Nous croyons rever. Pour continuer sur la grippe aviaire, il est vrai que des virus ont massivement fait des ravages comme vous le constatez justement. Mais rares sont ceux qui ont tué des humains ou des carnaciers (chats, félins...). Evitez de creer une forme d’appaisement qui serait forcément contreproductive. N’oubliez pas que les asiatiques ont du abattre des millions de volatilles parce qu’il y avait des risques et nous ne pouvons pas mettre nos éleveurs en dehors de toute logique sanitaire. H5N1 est en France, il vole entre l’Ain et les Bouches du Rhones et probablement ailleurs. Ne cedons pas à la panique mais ne créons pas l’inverse : une nonchalance coupable.


    • Patrice Gollier (---.---.56.166) 11 mars 2006 16:03

      Vous reprenez dans votre commentaire in extenso de nombreux passages issus du site internet de l’ONG « Grain », dont vous vous ré-appropriez le contenu.

      Ceux-ci correspondent manifestement à vos convictions et cela vous a suffi.

      Vous devriez vértifier la crédibilité de vos sources avant qu’elles n’étayent abusivement votre raisonnement.

      Il est ainsi mentionné dans ce même site, à partir de la déclaration suivante (et pertinente) de la FAO : "Les déplacements des oiseaux migrateurs ont déclenché des cas de contamination dans plusieurs pays et régions simultanément.

      La FAO, Novembre 2005 [11]"

      Le commentaire hallucinant qui suit :

      « En dépit de telles déclarations de la FAO ou de l’OMS, il y a peu de preuves attestant que les oiseaux migrateurs portent et transmettent le virus H5N1 fortement pathogène. Après recherche de la maladie chez des centaines de milliers d’oiseaux sauvages, les scientifiques n’ont que très rarement identifié des oiseaux porteurs de la grippe aviaire sous une forme fortement pathogène. »

      Ce qui se passe en Europe et en France depuis quelques semaines atteste sans contestation poosible le fait que certains oiseaux sauvages sont porteurs et vecteurs de la maladie. Les cygnes et canards sauvages atteints dans l’Ain sont pour la plupart issus d’Europe centrale (et non d’Afrique), où l’hiver s’est montré particulièrement rigoureux.

      Vous devriez, au lieu de vous enfermer dans une théorie sans fondement sur l’origine de la maladie, que vous prêtez sans raison aucune à l’aviculture intensive asiatique (le péril jaune ?), vous interroger sur l’origine du cas ayant affecté un élevage « industriel » de dindes dans l’Ain.

      Plus de 10 000 animaux, confinés et donc sans contact extérieur, ont été atteints et abattus. Cela fait de la France le seul pays d’Europe dans lequel un élevage a été atteint, avec des conséquences désastreuses pour l’ensemble de la production française interdite aujourd’hui d’exportation dans plus de 50 pays. Les conséquences en sont dramatiques pour l’ensemble de la filière avicole, qui subit des pertes sans précédent et va se trouver contrainte à engager fermetures d’abattoirs et plans sociaux. L’élevage concerné se trouve à Versailleux, à quelques centaines de mètres du premier cas de contamination H5N1 ayant touché des canards sauvages à Joyeux. La presse, notamment télévisuelle, s’est empressée après avoir longuement visité les bords d’étangs « contaminés » d’aller interviewer des éleveurs voisins et filmer leurs troupeaux, sans qu’aucune protection (combinaisons, bottes, etc...)ne soit employée. Saurons-nous si une équipe de télévision a visité l’élevage concerné (qui a exprimé la maladie 48 h plus tard)et laquelle ? Ou bien resterons-nous soumis à l’omerta journalistique, ce qui en soi justifie la création d’un site comme Agoravox ?

      Aurons-nous les véritables conclusions de l’enquête en cours ?

      La RESPONSABILITE des medias sera-t-elle enfin un jour engagée (et dans leurs comportements irresponsables comme c’est probablement le cas ici et dans leurs propos) ou bien occultée en permanence par la « liberté de la presse », tout aussi dévoyée que le « principe de précaution ».

      J’en termine par votre volonté manifeste de privilégier les « petits producteurs de volailles d’Asie », au détriment des « gros industriels avicoles ».

      C’est un faux débat, qui repose sur un choix affectif, ou à la rigueur « politique », mais en tous cas irrationnel. Les petits producteurs familiaux asiatiques ne sont bien évidemment pas responsables des évènements, pas plus que les oiseaux sauvages d’ailleurs.

      Ils sont malheureusement à la fois premières victimes et VECTEURS malgré eux de la maladie. C’est parce qu’ils vivent, avec leur famille, au milieu de leurs volailles qu’ils sont les premières victimes. C’est parce que de nombreuses familles cohabitent sur les marchés ou dans les villages avec leurs volailles vivant dans leur propre habitation que l’épizootie devient endémique.

      Souvenons-nous des étables laitières en France dans les années 60, où il était mentionné « étable indemne de tuberculose », après les premières mesures destinées à rationnaliser les élevages et la sécurité sanitaire et alimentaire qui leur est attachée.

      L’homme est le premier vecteur de la maladie et le risque d’une mutation du virus H5N1, qui le rendrait transmissible d’homme à homme, hypothèse à l’origine de la psychose généralisée du moment, a beaucoup de chances de survenir dans des conditions où hommes et animaux malades coexistent durablement et en nombre important. C’est effectivement le cas dans les petits élevages familiaux d’Asie du Sud Est. La FAO et l’OMS ont raison d’attirer notre attention sur ces états de fait.Ce n’est pas parce qu’ils s’agit d’organismes multinationaux et importants qu’ils sont a priori suspects.

      Le contester ressort à mes yeux de l’écologie mal pensée.

      Tout aussi mal pensée que l’hystérie actuelle autour du principe de précaution, qui conduit à bloquer régulièrement des pans entiers de l’économie, sous prétexte pour nos chers politiques d’être irréprochables au cas où...


    • Méric de Saint-Cyr Méric de Saint-Cyr 8 mars 2006 08:48

      Votre commentaire me rappelle une réflexion célèbre de Coluche qui disait que beaucoup de maladies s’attrapent surtout dans les livres.

      Pour paraphraser Coluche, on peut en dire autant de la chikougounya ou de la grippe aviaire, elles s’attrapent surtout dans les journaux...


      • Yannick Comenge (---.---.102.41) 8 mars 2006 11:24

        Il ne faut pas oublier que le Chikungunia fait environ 200000 malades et plus encore si on compte l’ensembles des Iles proches de la Reunion.

        Pour la grippe aviaire, la menace tient au hazard seul : la mutation du virus.


      • Yannick Comenge (---.---.102.41) 31 mars 2006 10:48

        Je ne sais pas trop à quel document vous faisiez allusion. Mais j’ai commencé à recevoir des allertes majeures concernant la grippe aviaire à partir d’aout 2005 de la part d’un virologiste américain. Depuis je constate que le texte qu’il avait alors écrit à environ 400 ethiciens internationaux reste valable. Il semble que nos experts n’aient pas les memes sources... Enfin, croisons les doigts pour que cette foutue pandémie ne démarre pas.


        • psydoc13 (---.---.102.21) 8 avril 2006 13:57

          Pour réagir à l’assertion selon laquelle les oiseaux migrateurs ne sont que partiellement responsables de la propagation du virus H5N1, je vous renverrai à une soirée « Thema » d’Arte téléchargeable sur le site de la chaine arte tv.com. Dans le second film de cette soirée (GRIPPE AVIAIRE : H5N1 , LA TRAQUE AU VIRUS), au milieu d’un fatras de justifications aussi contradictoires qu’embarassées, une carte était présentée qui montrait rapidement, comment le trajet de la propagation du virus depuis le début de l’épizootie (le film avait, entre autres mérites, celui d’être clair sur le fait qu’il ne s’agit que de cela pour le moment !) ne suivait pas les routes migratoires des oiseaux qui sont plutôt NORD->SUD->NORD ou NORD EST ->SUD OUEST mais une route quasiment en ligne droite selon une itinéraire EST->OUEST que n’a jamais emprunté aucun oiseau migrateur : Chine-> Thaïlande->Turquie-> Europe de l’ouest. Le commentateur en déduisait fort justement que le trajet de l’épizootie ressemblait plutot à un trajet de déplacements humains qu’aux vagues de migration des oiseaux. CQFD.


          • kornikan (---.---.32.51) 5 mai 2006 13:27

            Tout à fait d’accord ! D’ailleurs GRAIN n’est pas seul à tenir ce discours, puisque la ligue de protection des oiseaux (ainsi que de nombreux ornithologues) confirment que la propagation du virus suit les voies de communications humaines. cf. http://www.lpo.fr/comm2006-03-29.shtml


            • kropotkine (---.---.210.12) 18 mars 2007 04:10

              a cause du facteur temps notament on ne peut comparer ogm et h5n1 l oms a clairement expliqué(avant de virer son président un médecin qui a trop ouvert sa gueule en répétant que les propos des épidémiologistes,remplacé par un chargé de com)que l apparition du h5n1 fut favorisée par la non diversité génétique des grands élevages,le virus n a pas à faire face à des différences entre les individus pour parler simplement et peut donc se multiplier et,ainsi par les quelques lois de darwin encore valable perfectionner son patrimoine.Cette évolution du virus est encore plus facile a estimer que celle des drosophyles(mouches de labo)puisque les virus contiennent moins de séquences adn .Plus l organisme est simple(en général petit)plus il est facile de calculer le laps de temps qui sera nécessaire a la mutation et la virulence du h5n1.Le plus gros souci relevé par les universitaires et dont l oms s est gardé de parler c est que dans la phase de mutation trangénérationnelle le virus conserve pendant un moi et demi maximum sa coque aviaire et ne peut donc être identifié ni par les anticorps du chat ni par ceux de l homme(université de genève)ni aucun mammifère a sang chaud étant donné que le principal problème de transmission oiseaux/mammifères est la température a l entrée de nos alvéoles pulmonaires.doc voici quelques chiffres qui font état des estimations moyennes relevées dans plusieurs universités et scientifiques indépendants ils sont tous d accord : .1 moi a 2 ans maximum avant le début de la pandémie .100% des èspèces a sang chaud touchés .3/4 des membres de ces espèces vont disparaître dans le moi et demi précité. .1/4 développera des résistances naturelles après 3 mois ca aussi c certain et ca rassure. .70km/h vitesse de déplacement aérien d une grippe mais elle peut prendre l avion ! comparons avec les OGM L ennemi est multiple et métamorphe créé volontairement par l homme(notons que mis a part hiv et ébola les deux autres nouveau orthomyxovirus hautement pathogènes sont apparus non pas en chine mais a hong kong)les dangers des ogm sont plus pour nos descendants que pour nous comme pour les cancers provoqués par les portables 20 ans semble une échelle de temps plus propice pour voir apparaitre les séquelles dues aux ogm

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