Halte aux délires sur les « pénuries » de carburant !
Le général De Gaulle ne s'était pas trompé sur nos compatriotes. Conformistes, suivistes et soumis au baratin télévisuel depuis des décennies, le français moyen a perdu l'habitude de réfléchir. C'est le triste constat que chacun peut faire en longeant les stations-services depuis quelques jours...
En remarquant ces marées de bagnoles concentrées les unes contre les autres, à la recherche du breuvage qui permet à leur conducteur de détruire à petit feu l'environnement, tout en évitant de côtoyer le reste du troupeau des citoyens dans les transports en commun, on est loin d'imaginer que Voltaire et Rousseau aient pu arpenter les chemins hexagonaux en leur époque.
Qu'on se le dise haut et fort : la France possède pour trois mois de réserves de carburant ! Il n'existe donc aucune pénurie dans l'immédiat. Les stations-service sont à sec du fait de la surconsommation des automobilistes, ce qui n'est pas une première en situation de crise. Il y a simplement l'effet "boule de neige" qui incite les uns à faire comme les autres, d'où la saturation aux pompes à essence le matin. Mettons que chaque citoyen court acheter des packs de lait à 8h00 le matin : il y aura pénurie à 9h et pas de livraison avant le lendemain... Un effet de masse digne d'Orwell.
On ne remerciera pas nos éveilleurs de peuple ; pardon, nos journalistes, de ne pas rappeler ces simples vérités à leurs oiailles. BFM-TV, I-TV et compagnie passent en boucle des vidéos sur les piquets de grève de la CGT à Fos-sur-Mer, agrémentés de la compagnie des robocops de Manuel Valls. On nous parle, comme d'habitude, des risques d'embrasement, de blocage du pays et autres idioties de circonstances. Des "débateurs" (ou plutôt, débatrices, car la mode est à la féminisation du baratin, peut-être pour sauvegarder l'audience) s'affrontent sur le pour ou le contre de ces actions collectives, entre deux pages de publicité pour des marques de voiture consommant du dix litres au cent... Toute la logique de la télévision libérale.
Les gars des raffineries ne font que défendre leurs droits. Celui de faire grève est reconnu, et il n'y a rien à redire dessus : aux pouvoirs publics de négocier, et surtout de dialoguer. On ne peut reprocher aux gens, dont les contrats de travail sont de plus en plus précaires, de s'inquiéter d'une loi qui entend casser le code du travail et revenir à la législation du XIXè siècle. De plus, les élus de la république sont au service du peuple, du bien-être des citoyens et de l'amélioration de leurs conditions de vie. Ils ne sont pas là pour renvoyer dos-à-dos les citoyens et provoquer des tensions entre syndicalistes et automobilistes.
Cependant, les cégétistes oublient que nos tribuns peuvent se passer aisément de leur voiture. Valls, El Khomri, Sarkozy et autres pontes du MEDEF circulent en hélicoptère, en jet privé ou en mercédès de fonction alimentées, en cas de besoin, par des sites militaires. Les grèves ne les gênent pas à titre personnel. Au contraire, elles permettent de diviser le populo pour mieux régner, d'où l'entretien des tensions et de la pseudo-rumeur de pénurie.
Ces histoires nous rappelent, hélas, deux évidences. La première est la frilosité et le conformisme de la population, pourtant éduquée et instruite, qui élira le berger Juppé à sa tête l'année prochaine : on ne rappelera jamais assez que nos présidents sont à l'image du français moyen. La seconde est la nocivité associée à la partialité des médias grands publics aux ordres, comme toujours, des classes dirigeantes. Si Voltaire et Rousseau voyaient cela... sans doute feraient-ils comme nombre de nos diplômés, ils iraient philosopher sous d'autres cieux !
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