• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Hexagone

Un récent sondage présentait les Français comme champions du monde du pessimisme. D’aucuns prétendent qu’il ne s’agit que d’une humeur passagère, conséquence d’une crise financière et économique qu’ils auraient plus de mal que d’autres à surmonter psychologiquement. Cependant, malgré des temps difficiles, la France est loin d’être démunie et de faire pitié. Il y a beaucoup plus de raisons de penser que si les Français sont pessimistes, c’est parce qu’ils n’ont pas confiance en eux, que s’ils n’ont pas confiance en eux, c’est parce qu’ils ne s’aiment pas, et que s’ils ne s’aiment pas, c’est parce qu’on leur a appris à s’oublier et à se mortifier, à se refuser à soi-même la moindre spécificité et toute espèce d’exclusivité.

Si nous pouvions coucher la France sur notre divan, elle nous dirait qu’elle a honte d’elle-même. Elle nous avouerait qu’elle s’en veut d’avoir permis le massacre de nombre de ses Juifs, qu’elle est mal à l’aise vis-à-vis de pays tropicaux spoliés sans trop de vergogne par ses soins durant plus d’un siècle, que son passé religieux l’incommode au regard des canons actuels, qu’elle doit tant et tant à l’Islam sans jamais lui avoir rien offert en échange, que ses ports sentent encore la peur de milliers d’esclaves noirs, exploités et commercés. Il ne lui viendrait même plus à l’esprit que l’Histoire n’est pas une simple succession de clichés, exhumés au gré des nécessités idéologiques du moment. Or, en filant l’anamnèse, la France prendrait conscience qu’elle est l’un des pays les plus colonisés de toute l’Histoire de l’humanité, qu’à ses balbutiements, des peuples entiers ont été décimés par les légions romaines, qu’il s’agissait d’hommes et que leur mort ne compte pas moins qu’une autre en dépit des richesses apportées par l’occupant, que le fait religieux est universel et qu’elle a su – certes dans la douleur – lui assigner une place respectable, que l’esclave et l’esclavagiste n’ont pas de couleur propre, et qu’aucun pays musulman n’a jamais fait autant que la France contemporaine, à grands coups de subventions, pour l’amitié entre les cultures et leur rapprochement. Est-ce une raison suffisante pour faire peu de cas des moments moins glorieux ? Non, bien sûr.

L’un des caractères dominants de l’Occident est la curiosité qu’il a toujours su manifester à l’égard du reste du monde. Cette curiosité le poussa vers l’inconnu, elle fut l’un des moteurs de son extraordinaire développement. Mais elle finit aussi par nourrir en lui une certaine assurance qui, arc-boutée à une indéniable supériorité technologique, finit par devenir de l’orgueil ; l’Occident en vint à se convaincre qu’il était investi d’une mission, à savoir l’émancipation des pays du reste du monde qui ne lui ont jamais rien demandé. En retour, ces pays – en tête desquels ceux dont l’indépendance a été obtenue de haute lutte – ont développé un complexe d’infériorité doublé d’un ressentiment à l’égard des pays occidentaux. Et parce qu’ils n’ont constamment que les droits de l’homme à la bouche, faisant état d’une morgue dont ils ne se rendent même pas compte, les dirigeants français de ces quarante dernières années ont beaucoup œuvré pour faire de la France le parangon d’un Occident à la fois méprisant donc méprisable, décadent et malgré tout donneur de leçons. Là encore, une fracture se fait sentir entre d’un côté une « France profonde » attachée à ses racines, ses valeurs, ses principes et de l’autre les gens qui comptent, qui investissent constamment des médias complaisants pour venir nous chanter « France, terre d’accueil ! » grâce, bien sûr, à l’argent des péquenots.

Récemment, l’un de nos éminents représentants du septième art s’est ému que le pays de la tolérance et de la religion du métissage puisse encore accepter qu’à une époque d’intelligence profonde comme la nôtre un « sang impur » s’illustre dans son hymne. La Marseillaise est bien plus critiquée qu’elle n’est étudiée, semble-t-il, et il faut bien dire qu’entre deux tournages et trois galas, la critique est plus aisée que l’étude. Le « sang impur », faut-il le rappeler, n’avait pas vocation à distinguer le Français de l’étranger, mais la noblesse en exil de la roture en armes, celle-ci souhaitant mettre fin aux entreprises dynastiques. Or, ironie du sort, s’il est un domaine ultime où le talent se transmet curieusement par le sang, c’est bien le show-biz. Il ne faut donc jamais perdre une occasion de se taire, surtout lorsque l’on est en vue. Quant aux hymnes à conspuer, la Dessalinienne, l’hymne haïtien actuel, institué en l’honneur d’un fou mégalomane, raciste et sanguinaire pourrait prétendre très largement à la première marche du podium s’il ne fallait y voir l’émouvant et ultime instrument de cohésion nationale d’un peuple dans la misère et la détresse. Voyez donc, Monsieur Wilson, deuxième du nom, comme le dégoût des emblèmes nationaux est un sport de riches ! Vues d’un jet privé, les frontières, tant géographiques que culturelles, sont mesquines. Quand on possède peu, néanmoins, on est fier de pouvoir compter sur elles. De même que ce n’est pas parce que l’on fête Noël chaque année que l’on croit au Père Noël, ce n’est pas parce que l’on demeure convaincu de l’importance de symboles communs que l’on s’interdit tout recul critique, toute contextualisation à leur endroit.

Car le problème est bien là : l’anéantissement du commun. Sans rien de tangible à partager, tout peuple est en déshérence et prime le chacun pour soi. Or, les deux grands protagonistes de la modernité – le socialiste et le libéral, tous deux au sens large – ont beaucoup fait, par leurs semblants de bisbilles, pour invalider toute idée du commun. Ne reconnaissant que l’individu en quête constante de ses intérêts privés, le libéral ne veut pas en entendre parler ; quant au socialiste, voué au même culte de l’individu, il se montre plus scrupuleux, plus tiède dans sa modernité, et invoque chichement le commun comme un pis-aller fiscal, outil du nivellement socio-économique au service exclusif des déshérités, d’où qu’ils viennent. Le libéral congédie le commun, le socialiste le stérilise, et personne ne semble pouvoir leur disputer l’estrade. Comment, dans ces conditions, le bien commun peut-il encore se voir représenter lors des différents scrutins ? Ce déficit représentatif, est non seulement problématique au niveau national, mais il est carrément illusoire au niveau transnational, tant la « France profonde », « moisie » entend-on dans les dîners en ville, a peine à se reconnaître dans des gens qui ne parlent pas leur langue, ne partagent pas leur culture pot-au-feu et escomptent leur imposer, pêle-mêle, les heures de pêche et la promiscuité. Ainsi le Front national n’a-t-il eu qu’à se baisser pour ramasser le commun que le libéral et le socialiste avaient laissé choir et piétinaient depuis des années. Quitte à le cuisiner à sa sauce.

Mais ce commun claironné, quel est-il au juste ? Un ensemble de valeurs partagées, de souvenirs entretenus, de sacrifices consentis au bénéfice des générations successives, de qualités et de défauts typiques qui font tout le charme d’une communauté particulière ne demandant pas mieux que de vivre en bonne intelligence avec ses voisines. Ce commun, la France fut l’une des premières à l’enceindre d’institutions pour lui donner le nom de « nation ». Le Danemark, lui, fut a priori le premier à donner au sien des couleurs éternelles (Dannebrog). Nous, nous avons fait du bleu, du blanc et du rouge les ornements d’une chapelle laïque suffisamment spacieuse pour y accueillir toujours plus de monde, suffisamment substantielle, en tous sens du terme, pour limiter souverainement et rationnellement les nouveaux arrivants. Remède à l’égoïsme universel d’une société marchande, la nation ne peut se permettre, pour autant, de se laisser happer par l’œcuménisme béat que revendiquent les artisto-crates de leurs balcons dorés. Ainsi ses administrés les plus humbles sont-ils amenés à s’inquiéter tout autant de l’exil d’un Depardieu, premier du nom, que de la venue d’une Leonarda, tous les deux intéressés. Quand on est privilégié, on ne s’arroge pas en sus le monopole du cœur avec l’argent des autres. Le chantage à la fumeuse et non moins fameuse « justice sociale » a tout de la charité déplacée.

La nation, voudrais-je encore dire, c’est plus simplement le peuple d’hier, le peuple d’aujourd’hui et le peuple de demain réunis en un tout cohérent et accessible, accessible parce qu’intime. Le patriote est celui qui jamais n’oublie qu’il n’est rien sans matrice et qui, parce qu’il souhaite y voir prospérer sa descendance, sait qu’il peut être amené, dans des situations dramatiques, à lui sacrifier certaines choses. Il respecte néanmoins ses homologues de par le monde et se reconnaît dans leur attachement à leurs patries respectives, au point d’être prêt, sans rechigner, et le besoin s’en faisant sentir, à s’unir aux patriotes du monde entier pour préserver la diversité des cultures. Il est peut-être temps que le patriote français joue des coudes et dise leur fait aux marchands de tapis comme aux ravis de la crèche. Aucun parti, aucun programme préalable n’est nécessaire à cet effet, seul importe le bon sens. En définitive, tout patriote pourrait se reconnaître dans l’adage suivant :

 « Je suis et demeure partie intégrante et singulière d’une nation qui m’a précédé et me survivra. Nous nous devons mutuellement assistance, moi dans son intégrité, elle dans ma singularité. »

 

Éric Guéguen

(ouvrage en préparation).


Moyenne des avis sur cet article :  4.11/5   (18 votes)




Réagissez à l'article

41 réactions à cet article    


  • colere48 colere48 3 juin 2014 09:55

    Ce n’est la nouvelle loi Taubira ni la réforme Hollande des régions qui vont contribuer à redonner le moral au français !!
    Les agissements indignes de ces gents, amendement sournoisement introduit par la Taubi ou la super région imposée autour du fief de l’ex, montrent le peu de respect qu’ils ont pour le peuple et la démocratie !

    Donc l’écœurement restera la règle jusqu’à....  smiley  smiley


    • julius 1ER 3 juin 2014 11:54

      on ne peut pas pas être contre tout tout le temps...... cette réforme sur les régions pourrait être intéressante encore faut-il présenter les avantages et les inconvénients d’une telle réforme..... jusqu’à présent je n’ai rien entendu qui vaille la peine d’être écouté, peut-être ne suis-je pas sur la bonne longueur d’ondes ??????????


    • Éric Guéguen Éric Guéguen 3 juin 2014 12:03

      « on ne peut pas pas être contre tout tout le temps...... »

      Exactement, il ne faut pas en faire une posture.

      En revanche, le rattachement de Nantes à la Bretagne, et donc l’intégrité de cette région, est attendu depuis 70 ans. Monsieur Hollande passe, semble-t-il, une fois de plus à côté, privilégiant encore une fois le côté économique sur le côté identitaire, donc l’avoir sur l’être.


    • Fergus Fergus 3 juin 2014 18:39

      Bonsoir, Colère48.

      La réforme territoriale est une urgente nécessité. Je souhaiterais à cet égard que Hollande demande par référendum l’avis des Français sur l’opportunité de cette réforme afin de clouer le bec de tous ceux qui, parmi les élus, et souvent pour de très mauvaises raisons, ne veulent pas en entendre parler.

      Quant à la réforme pénale, c’est là aussi une urgente nécessité. C’est surtout la prise en compte en France de ce qui a été compris dans la plupart des pays évolués : mettre des petits délinquants en contact avec des malfrats endurcis est le meilleur moyen de les entraîner vers la récidive. Ce qui ne veut pas dire qu’il ne doit pas y avoir sanction. D’où la contrainte pénale calquée sur ce qui se fait dans les pays plus avancés.


    • Éric Guéguen Éric Guéguen 3 juin 2014 19:16

      Fergus, ce que vos deux commentaires mettent conjointement en évidence, ce sont les paradoxes démocratiques, et pas uniquement en France.

      Imaginez que le gouvernement organise un référendum à ce sujet, sans avancer ses propres tendances quant au nouveau découpage à promouvoir : les gens vont dire OUI, puis une fois le choix opéré, nombreux seront ceux qui crieront à la traitrise et à la démission.
      Imaginez à présent que le référendum soit organisé après avoir donné les tenants et aboutissants du redécoupage : eh bien cette fois le NON l’emportera, les gens ne voteront pas contre le remaniement régional en soi, mais contre le découpage envisagé.

      Le référendum est parfois un faux ami démocratique...


    • Fergus Fergus 3 juin 2014 21:44

      Bonsoir, Eric.

      Peut-être avez-vous raison.

      Mais en l’état actuel des choses, il est évident que les intérêts personnels et les arrière-pensées des élus l’emportent sur l’intérêt général. Un référendum aurait l’intérêt de débloquer les choses si le oui l’emporte. Encore faudrait-il que les questions posées soient de nature à aider l’exécutif, notamment sur la suppression des Conseils départementaux, avec une question simple :

      Dans un souci de simplification de la gestion administrative du territoire, êtes-vous favorable à la suppression des conseils départementaux et au transfert de leurs compétences à la région  ?


    • Agor&Acri Agor&Acri 3 juin 2014 09:59

      Très bon article.
      tant pour ce qui est de l’intelligence du propos et de la qualité de la rédaction.

      Le texte est très riche : il y a donc beaucoup d’idées adjacentes, de notions annexes, qui ne sont que suggérées.

      A mes yeux,
      le propos fait écho aux problématiques suivantes (en vrac) :
      Nouvel Ordre Mondial
      Village global
      Universalisme abscons et déstructurant
      Règne de l’argent apatride
      Mouvements antifas et antiracistes profondément manipulés (poussés à amalgamer une ultra-minorité de nationalistes-xénophobes, de réactionnaires, d’intégristes religieux, ...avec une grande majorité de simples patriotes modérés et éclairés)
      et ne percevant pas la différence entre
      accepter l’étranger sur son sol et lui reconnaître les mêmes prérogatives que le résident « de souche » smiley
      et
      « s’unir aux patriotes du monde entier pour préserver la diversité des cultures ».
      ...

      Du texte, je retiens particulièrement ce passage :

      « Car le problème est bien là : l’anéantissement du commun ».

      « Un ensemble de valeurs partagées, de souvenirs entretenus, de sacrifices consentis au bénéfice des générations successives, de qualités et de défauts typiques qui font tout le charme d’une communauté particulière ne demandant pas mieux que de vivre en bonne intelligence avec ses voisines. »

      Sinon, à améliorer, peut-être, cette formulation peu compréhensible en première lecture :
      Le « sang impur », faut-il le rappeler, n’avait pas vocation à distinguer le Français de l’étranger, mais la noblesse en exil de la roture en armes, celle-ci souhaitant mettre fin aux entreprises dynastiques.

      Et merci de ce rappel :
      « Aucun parti, aucun programme préalable n’est nécessaire à cet effet, seul importe le bon sens ».


      • Éric Guéguen Éric Guéguen 3 juin 2014 10:04

        Je crois me souvenir que nous n’avons pas toujours été d’accord sur tout par le passé.
        Merci beaucoup pour cette critique riche et objective, et merci pour l’intérêt que vous avez porté à mon texte.
        À bientôt.


      • Agor&Acri Agor&Acri 3 juin 2014 13:08

        @ Eric,

        vous vous souvenez bien smiley

        J’ai pour principe de faire primer le débat d’idées, peu importe les éventuelles querelles passées.

        Et puis, être en désaccord sur un sujet, sur une ligne de conduite ou sur certains arguments,
        ne signifie pas, bien évidemment, être en désaccord sur tout.

        Ce qui m’importe, c’est le rassemblement des gens de bonne volonté
        attachés au bon sens et à la recherche d’objectivité (pas simple !)
        afin de préserver le commun* contre les attaques de la Corporatocratie apatride.

        *préserver le commun pouvant être « s’unir aux patriotes du monde entier pour préserver la diversité des cultures », par opposition à l’Universalisme béat promu par le Système et voué à déboucher sur le pire totalitarisme, à savoir la Pensée Unique instaurée comme Pensée Universelle.

        Seules les personnes étant ouvertement et systématiquement
        béates, obtuses, sectaires, « propagandistes » ou Troll
        conservent mon animosité.

        Je résiste à l’envie de citer quelques noms smiley


      • julius 1ER 3 juin 2014 11:48

        Un récent sondage présentait les Français comme champions du monde du pessimisme. D’aucuns prétendent qu’il ne s’agit que d’une humeur passagère, conséquence d’une crise financière et économique qu’ils auraient plus de mal que d’autres à surmonter psychologiquement. 

        pour paraphraser ce propos célèbre« ce n’est pas une révolte mais une révolution »
        on devrait dire ce n’est pas une crise mais un « tsunami »......

        • maQiavel machiavel1983 3 juin 2014 12:50

          Mais bon , c’ est aussi un trait psychologique du peuple Français que de râler tout le temps parfois pour pas grand chose ...


        • Fergus Fergus 3 juin 2014 18:43

          Bonjour, Julius.

          Au delà du pessimisme, il y a quand même un problème avec les Français. Je résume en quelques exemples :

          Oui à la réforme territoriale, mais à condition qu’on ne touche ni à ma commune, ni à mon département, ni à ma région.

          Oui à la construction de structures d’accueil adaptées pour les handicapés, mais pas dans ma commune. Même chose pour les jeunes délinquants et pour les SDF.

          Oui à la lutte contre le chômage et à la dénonciation des suppressions de postes, mais pas question qu’on me prive de mon scan-express à l’hypermarché.

          Etc.


        • maQiavel machiavel1983 3 juin 2014 12:48

          Très bon article Gueguen rien à redire.

          En ce qui concerne ces hommes en jet privé pour qui les frontières tant géographiques que culturelles, sont mesquines, c’ est tout simplement qu’ ils ont les moyens de se construire leurs propres frontières ( sociales et lié à leur importants moyens financiers ) qu’ ils méprisent les frontières communes …

          C’est ce que dit par exemple le Géographe Christophe Guilluy : Dans une société multiculturelle, l’autre ne devient pas soi, et face à ce constat, chacun réagit de la même façon  : « l’ouvrier va voter le FN pour qu’un état fort érige des frontières, le bobo qui lui a les moyens érige seul ses frontières par ses choix résidentiels ou scolaires. Le bobo peut donc se permettre de voter pour un parti immigrationniste tout en traitant de « beauf à tendance fasciste » l’ouvrier qui n’a que l’Etat pour le protéger… »

          Et ce sont les mêmes qui couinent dans les médias sur le score du FN …  smiley


          • Éric Guéguen Éric Guéguen 3 juin 2014 12:58

            Oui Mach’, tout ça, il va bien falloir un jour ou l’autre que l’artisto-cratie l’intègre.
            Plus ils attendent pour faire amende honorable, moins la portion mesurée des petites voix et des sans grade (vous-même, moi et d’autres) sera en mesure de faire tampon et d’éviter le déferlement de haine (1789) qui risque un jour de s’abattre indistinctement sur eux.


          • Éric Guéguen Éric Guéguen 3 juin 2014 13:04

            C’est un peu présomptueux ce que je viens de dire, mais personnellement, quand je vois les illusions dont se berce par exemple le milieu universitaire, tout à ses rêves de fraternité planétaire, et les messages haineux (toujours sous pseudo) qui pullulent sur A’vox rouge et bleu... je ne peux que constater l’immense et inquiétant no mans’ land entre les deux.


          • maQiavel machiavel1983 3 juin 2014 13:08

            Je pense malheureusement que c’est déjà trop tard, ces « artisto-crates », leur réflexion tourne en circuit fermé dans un système d’auto-cautionnement, ils sont incapables de se confronter au réel, pas parce qu’ils sont idiots mais pour dire simplement, ils vivent dans leurs bulles (sociales, idéologiques etc.).

            Le problème est qu’ils ne seront pas les seuls à payer leurs incuries, vous-même, moi et d’autres en paieront le prix, (ce qui est en quelque sorte aussi une forme de justice immanente puisque nous sommes aussi responsables) …

            Au fait, vous avez progressé avec votre livre ?


          • Éric Guéguen Éric Guéguen 3 juin 2014 14:25

            En fait - et je le savais à l’avance - le plus gros du boulot n’est pas la rédaction d’un bouquin, les milliers de pages lues en amont et les centaines de pages rédigées en aval. Le plus gros du boulot, c’est tout simplement la recherche d’un éditeur.

            Je suis précisément dans le no man’s land que j’évoquais. Une grande partie des éditeurs ont deux tendances : soit publier de la merde qui se vend, soit publier des choses plus profondes et destinées à un public plus sélectif mais écrites par des sommités dont le nom est devenu une marque. Et alors quand ces sommités se mettent du jour au lendemain à écrire de la merde, banco ! J’ai néanmoins cerné quelques rares éditeurs qui ne fonctionnent pas suivant cette logique. On verra bien...

            Slobodan Despot m’a lu et a, semble-t-il, apprécié. Il a fait le même constat que moi, en ajoutant en gros que lorsque l’on écrit des choses hétérodoxes, il ne faut pas compter sur l’orthodoxie globale de l’édition française. Et pour lui, mon seul espoir est de me rapprocher de maisons « engagées » (je vous laisse deviner dans quel sens), c’est-à-dire en gros sortir du no man’s land. C’est typiquement pourquoi des Marion Sigaut et des Aymeric Chauprade finissent par basculer du côté obscur. smiley


          • Agor&Acri Agor&Acri 3 juin 2014 15:26

            "...lorsque l’on écrit des choses hétérodoxes, il ne faut pas compter sur l’orthodoxie globale de l’édition française. Et pour lui, mon seul espoir est de me rapprocher de maisons « engagées » (je vous laisse deviner dans quel sens)
            (...)C’est typiquement pourquoi des Marion Sigaut et des Aymeric Chauprade finissent par basculer du côté obscur.« 

            Un point sur lequel nous sommes également d’accord.

            Et on en arrive à la situation parfaitement contrôlée par le Système = produire de la pensée unique si on veut être publié (ou médiatiser) ou se rapprocher de maisons « engagées » parce que ce sont les seules qui acceptent les auteurs hétérodoxes
            ... et alors prêter le flanc aux attaques ad hominem et se faire gaiement assimiler aux extrémistes, fascistes, antisémites, ...

            Et là, les pauvres ignares embrigadés dans les mouvements Antifas sont au premier rang pour manier le bâton, jouant à leur insu le jeu de la Pensée Unique.

            Double effet de censure par intimidation : En amont, certains auteurs vont s’autocensurer pour rester »politiquement correct". Et en aval, certains lecteurs potentiels vont censurer leur acte d’achat (renoncer à lire l’ouvrage).


          • jaja jaja 3 juin 2014 15:40

            « Et là, les pauvres ignares embrigadés dans les mouvements Antifas sont au premier rang pour manier le bâton, jouant à leur insu le jeu de la Pensée Unique. »

            D’ailleurs ils seront dans la rue ce samedi 7 juin à 14H à la Bastille et dans 25 villes de France pour commémorer l’anniversaire de la mort de Clément Méric et dénoncer ce fascisme qui se fait de plus en plus présent sponsorisé comme il l’est par tous les grands médias...
            Je serai fier de manifester avec ces « antifas » ce jour là et j’invite chacun(e) à relayer cette info afin d’être le plus nombreux possible !

            http://www.youtube.com/watch?v=vKoHjW-kpeo&feature=youtu.be

            Toutes les manifestations antifascistes en France du 7 juin :
            http://tantquillefaudra.org/actu/article/un-an-apres-la-mort-de-clement


          • Éric Guéguen Éric Guéguen 3 juin 2014 16:16

            @ Agor&Acri :

            Vous avez parfaitement complété mon propos. C’est exactement comme ça que ça se passe. Et qu’ont à opposer à cela les « jaja » (ci-dessus) ? Tous dans la rue, le poing levé. On est vraiment dans la m...


          • Éric Guéguen Éric Guéguen 3 juin 2014 16:21

            @ jaja :

            Le drame « Méric », c’est l’histoire d’un petit fasciste rouge qui croise la route d’un gros fasciste brun. Et le jeu de rôle a mal tourné.

            Quant aux parades antifa, c’est carnaval.


          • Éric Guéguen Éric Guéguen 3 juin 2014 17:33

            @ jaja :

            Bon, pour le dire avec les formes, il est assez grotesque de constater que des gens qui n’ont pas eu la « chance » d’avoir 20 ans au début des années 40 se consolent aujourd’hui en tenant le maquis en robe de chambre et charentaises, en s’inventant des Résistances à rejoindre face au trente crânes rasés, à tout casser, que renferme ce pays. Parce que ça, voyez-vous, ça donne aujourd’hui des idées à des gamins de 20 ans qui n’ont que la peau sur les os, rien dans la tronche et finissent par prendre bêtement un mauvais coup en jouant les Rol-Tanguy.

            En définitive, qu’est-ce qui distingue un fasciste rouge d’un fasciste brun ? Les mêmes couleurs sont de mise (rouge-blanc-noir), les mêmes slogans, il n’y a que le bras tendu qui change (droit pour les uns, gauche pour les autres).

            Bonne techno-parade.


          • jaja jaja 3 juin 2014 17:39

            Merci Gueguen de vos conseils à la noix... Contre les fachos on sait bien que vous ne lèverez jamais le petit doigt... Mais ça vous regarde... d’ailleurs ils viennent ici pour vous lécher le cul...
            Vous pouvez être fier de vous !


          • maQiavel machiavel1983 3 juin 2014 17:43

            @Gueguen

            Et avec le retour aux sources , ça n’ a pas fonctionné ? Enfin ... cette maison d’ édition correspond très bien aux maisons d’ édition engagée que vous avez décrite ...


            Entre la verticalité rigide et sclérosée et horizontalité médiocre , il ne vous reste que le coté obscur de la force , vive la république ...  smiley

          • Éric Guéguen Éric Guéguen 3 juin 2014 17:54

            @ Mach’ :

            J’ai rencontré les membres du Retour aux Sources sur leur stand au salon du livre, j’ai même eu droit à une carte de visite gratos. Je leur ai laissé un manuscrit relié par mes soins.Cela fait presque trois mois. Après m’être renseigné, je crois sincèrement qu’ils l’ont perdu car ils m’en ont demandé un PDF.

            En revanche, Pierre-Yves Rougeyron m’a appelé. À suivre...


          • maQiavel machiavel1983 3 juin 2014 19:03

            -Après m’être renseigné, je crois sincèrement qu’ils l’ont perdu car ils m’en ont demandé un PDF.

             smiley smiley smiley


          • Éric Guéguen Éric Guéguen 3 juin 2014 19:12

            C’est tordant, mais c’est vrai ! smiley

            Et pour ce qui est d’autres boutiques « engagées », je n’ai peut-être pas assez parlé des Juifs, du 11 septembre ou de Bilderberg à leur goût ! Car de ce bord-là aussi il y a un paquet de postures...


          •  C BARRATIER C BARRATIER 3 juin 2014 16:01

            La France a du souci à se faire (je veux dire les Français, car la France n’est rien d’autre qu’eux).Nous tolérons une liberté religieuse qui ne devrait pas être respectée, celle de tuer, d’opprimer. 

            Français, mémoire courte confirmée

            http://chessy2008.free.fr/news/news.php?id=260


            • Plus robert que Redford 3 juin 2014 16:18

              Encore une fois, je me retrouve dans votre propos dont la clarté et la simplicité forcent l’estime.

              « que l’esclave et l’esclavagiste n’ont pas de couleur propre, »

              Voila qui rouvre pour moi un sujet tout à fait irritant :

              Quand bien même il faudrait assumer la dépravation morale que furent la traite négrière et le commerce triangulaire, m’entendre faire la morale par les descendants d’esclaves, dans le but clairement avoué d’obtenir des compensations financières pour les malheurs endurés, j’objecte qu’à l’heure où les marchands Nantais, mais tout aussi bien Hollandais, Anglais, Arabes s’adonnaient à l’infâme trafic, mes ancêtres à moi étaient répertoriés sur les registres municipaux comme « Fille de ferme ayant épousé un Charron ».

              Voilà une condition qui les ramène plus près des conditions du serf que de l’opulence des susdits marchands...

              S’il faut évoquer maintenant le destin d’un peuple qui a beaucoup souffert, j’en appelle à l’histoire paternelle : après qu’il eut raconté non sans un certain humour, son grand rallye Dijon-Bordeaux (il était mécanicien d’aviation) « poussés à grand coups de pieds dans le cul par la Luftwaffe et la Wehrmacht » il revint assez penaud passer le reste du conflit dans son Creusot natal, courbant l’échine en attendant des jours meilleurs, et assez providentiellement écarté du STO par une méchante appendicite infectée... Pas vraiment le profil d’un déporteur de juifs.

              Marre de ces moralistes Jet-Setteurs, aussi bien que de tous nos politiciens adeptes de l’autoflagellation et de la contrition en public.

              La vie, c’est ici et maintenant !


              • Éric Guéguen Éric Guéguen 3 juin 2014 16:32

                Bonjour à vous et merci, une fois de plus, pour ce témoignage.

                Plus ce pays bat sa coulpe, plus on l’accable, plus ses endimanchés médiatiques en redemandent.


              • Fergus Fergus 3 juin 2014 21:53

                @ Eric Guegen.

                J’ai bien apprécié votre texte, comme la plupart des intervenants ci-dessus.

                Cela dit, vous écrivez ceci : « La nation, voudrais-je encore dire, c’est plus simplement le peuple d’hier, le peuple d’aujourd’hui et le peuple de demain réunis en un tout cohérent et accessible, accessible parce qu’intime. »

                Or, le peuple d’hier (ou plutôt avant-hier) était peu uni au sein d’une nation qui a mis beaucoup de temps à se construire. Et le peuple de demain le sera au sein d’une nation européenne sur l’avenir de laquelle je n’ai aucun doute. Je me sens pourtant totalement français, et fier de l’être, malgré les agacements nés, de temps à autre, des contradictions de mes concitoyens, et sans doute des miennes. Mais je me sens désormais tout autant citoyen d’Europe et aussi proche des Néerlandais, des Italiens ou des Danois que des Provençaux ou des Lorrains.

                Bonne nuit.


                • ahtupic ahtupic 3 juin 2014 21:59

                  Arretez Fergus, vous allez me faire chialer.


                • Qaspard Delanuit Qaspard Delanuit 3 juin 2014 22:08

                  @Fergus : « Et le peuple de demain le sera au sein d’une nation européenne sur l’avenir de laquelle je n’ai aucun doute. »


                  Je suppose que c’est de l’humour ?

                  Vous-même, vous sentez-vous profondément plus proche d’un Estonien ou d’un Bulgare que d’un Québécois ou d’un Russe ? 


                • Fergus Fergus 3 juin 2014 22:30

                  Bonsoir, Qaspard.

                  Je me sens proche de tous les individus qui placent les qualités humaines au dessus des questions d’intérêt personnel. Des cons, il y en a strictement partout. Et des braves gens, respectueux de leurs semblables, également, et c’est heureux.

                  Cela dit, reste la dimension culturelle, et sur ce plan-là, force est de reconnaître qu’il y a peu de différences entre les Européens de l’ouest.


                • Éric Guéguen Éric Guéguen 3 juin 2014 22:36

                  Je comprends votre point de vue, Fergus, mais ne le partage pas.
                  Je me sens pour ma part bien plus proche d’un Alsacien ou d’un Auvergnat que d’un Espagnol ou d’un Suédois. La langue y fait déjà beaucoup, la culture également, et je dis ceci sans esprit de chapelle, je le dis spontanément.

                  Cela dit, je peux très bien me sentir plus d’affinités avec un Polonais ouvert d’esprit, curieux, honnête et ayant le sens de l’humour qu’avec un Breton chromé, renfrogné, syndicaliste et procédurier. Sans problème. smiley


                • Éric Guéguen Éric Guéguen 3 juin 2014 22:53

                  @ Fergus :

                  J’oubliais : je ne dis pas qu’il faille prendre exemple sur nos ancêtres qui, comme vous le rappelez, n’avaient pas nécessairement le sentiment de faire partie d’une même nation. Je dis qu’il ne faut pas les oublier, et dans ce trait de caractère en particulier. Il nous faut tout assumer dans le passé, tout.

                  Robespierre ne fait pas partie de mon Panthéon, mais je trouve tout à fait légitime qu’il y ait autant de rues à porter son nom en France. Personnellement, j’aimerais seulement qu’il y en ait autant du nom de Bonaparte. Il y a en moi, comme en vous, que nous le voulions ou non, et du Robespierre, et du Bonaparte. smiley

                   

                  Renan emploie une formule qui scelle la continuité nationale, il appelle ceci l’hymne spartiate s’adressant à leurs aïeux : « Nous sommes ce que vous fûtes, nous serons ce que vous êtes ». J’aime beaucoup ça.


                • Qaspard Delanuit Qaspard Delanuit 3 juin 2014 22:02

                  Eric Gueguen, je ne discuterai pas sur l’essentiel, avec lequel je m’accorde. Mais, cependant... Est-ce que le « mondialisme » n’a aucun sens et n’en aura jamais ? 


                  • Éric Guéguen Éric Guéguen 3 juin 2014 22:45

                    Gaspard, il a du sens à mes yeux. Je n’emploierai toutefois pas ce mot, je parlerais alors plus volontiers du sentiment d’appartenance à l’humanité. Mais celui-ci ne peut être, à mes yeux, qu’engendré par l’instruction, celle qui nous fait sortir de nous-même, apprécier le génie d’où qu’il vienne et en redemander toujours davantage. Osons le gros mot : République des « âmes », tiens ! Celui que l’on ressent en écoutant Beethoven... pas Yannick Noah.

                    En tous les cas, je ne pense pas qu’un tel « mondialisme » soit envisageable dans la petite vie mesquine et étriquée de consommateur que nous vendent aussi bien l’Europe que les USA. Péguy disait : « Tout ce qui élève unit ». Voulons-nous l’union ? Eh bien il faudra se résoudre à l’excellence édifiante et abandonner en conséquence le relativisme des individualistes socialistes ou libéraux.

                    J’espère avoir correctement répondu à votre question, Gaspard.


                  • Qaspard Delanuit Qaspard Delanuit 4 juin 2014 19:59

                    Si je pose cette question, c’est parce que je me sens français politiquement tout en me sentant citoyen du monde du point de vue culturel. Sinon, j’en viendrais à préférer un auteur médiocre à un excellent écrivain étranger, au seul prétexte que le médiocre habite plus près de chez moi - ce qui serait, vous conviendrez, une sottise ! Une partie de moi se sent même citoyen de l’univers, mais elle est beaucoup plus subtile. 


                    J’ai souvent le sentiment que les mondialistes - au sens politique - sont des idéalistes pathologiques qui nient la réalité sensible de leur propre densité corporelle et affective au profit d’une idée abstraite. Ceci va avec une certaine hypocrisie. Concrètement, ils ne seraient guère à l’aise s’ils devaient passer une semaine dans une famille bantoue.  smiley

                  • Éric Guéguen Éric Guéguen 4 juin 2014 20:13

                    Tout à fait en phase avec ce que vous dites. Je ne sais pas si mon patriotisme me pousserait à préférer Marc Levy à Milan Kundera en revanche. Cela dit, Marc Levy n’est pas souvent présent en France il me semble. smiley


                  • Claudius Claudius 4 juin 2014 08:26

                    La France .. ! L’Occident .. ! Le peuple ..


                    Mais tout ça n’existe plus Guégen, plus du tout

                    Ou alors comme simples régions de l’esprit, non-contingentes

                    Reste notre singularité .. on s’en occupe ..

                    NB : bien vu votre mise au point pour la Marseillaise .. ceci étant, ça empire le scandale

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON






Les thématiques de l'article


Palmarès