Ici c’est le Gabon !
Organisateur de la CAN (Coupe africaine des nations de football) 2017, sans jouer de match, le Gabon pourrait rapidement prendre la ravissante place de champion d’Afrique toute catégorie de clown électoral ; et sa Cour constitutionnelle, le ravissant poste d’arbitre international des matchs truqués. La Gabon a eu tous les records : triche, magouille, violence. Les hooligans de la démocratie ont eu leur dernier mot.
Ce « Camouflet Constitutionnel », c’est la victoire, non du peuple, mais du populisme. Non de la démocratie, mais de la démagogie. C’est la victoire de la barbarie et du conservatisme dur sur la démocratie progressiste, et du panafricanisme néoconservateur sur panafricanisme libéral et progressiste. C’est la victoire, de la xénophobie, de la haine longtemps recuite du Blanc et de l’obsession de l’ennemi intérieur (arrestation des leaders d’opinion). C’est, le Gabon et les ennemis de la démocratie, la revanche de ceux qui n’ont pas supporté de voir les Obama, Hollande et autres l’Union Européenne donner leur avis sur ce qu’ils appelaient les « anomalies » criardes d’une élection.
C’est la victoire du souverainisme le plus rance et du nationalisme le plus bête. C’est la victoire d’une certaine Afrique avariée sur l’Afrique nouvelle démocratique et ouverte sur le monde.
C’est la victoire, autrement dit, du barbarisme institutionnel le plus abrupte et l’absolutisme le plus obsolète. C’est la victoire de l’oligarchie régente sur le Peuple ouvert sur le monde et à l’écoute de son évolution. C’est la défaite du droit de vote devant la boursouflure de l’égocentrisme du « fils de.. ». C’est la défaite du vrai, du beau, du durable. C’est le triomphe de la gouaille, du tribunat et de la flagornerie. Voilà le triste sort du Gabon.
Un rêve changé en cauchemar
C’est la victoire des partisans du népotisme ambiant sur une classe politico-intellectuelle et des élites à la pointe des enjeux du moment, plus outillées, pour sortir cet émirat d’Afrique subsaharienne, du marasme économique dans lequel il est englouti. C’est la victoire, à l’étranger, de Jean Marie Le Pen – le premier, ou l’un des premiers, à avoir salué ce vote ubuesque…
Mais il y a pire. À l'encontre d’une certaine élite africaine, qui s’est affublée les oripeaux les plus nauséeux aux affabulations les plus ringardes : xénophobie, racisme, radicalisme…Au vu, de leurs interventions publiques, et de leurs postures singulières, il va sans dire que nous vivions le désenchantement de l’Afrique, la liquidation de nos valeurs, la spoliation du « Sacré », si cher à nos racines ; voire, la transformation du beau en funeste.
L'affaissement de la démocratie en « médiocratie », au vu du spectacle que la planète entière a pu vivre lors de validation du « vol du peuple ». Pour autant que ces rets soient bien présents, ils n'en constituent qu'un aspect, le caractère essentiel d’un déni de droit, car l’Afrique progressiste aime la démocratie et la justice. Or, si la politique est d'abord la gestion de la cité, pour le mieux être, elle ne peut ni ne doit s'en tenir aux phénomènes les plus caricaturaux et les plus violents. Ce que nous vivons, du moins sur notre Continent, est, à tout le moins essentiellement, de l'ordre « l’Afrique noire mal partie » de René Dumont. Oui, ce que nous vivons, va au-delà des niaiseries et de la vulgarité de nos politiciens, nous voguons à la perdition. Ce que je conteste, c’est quelque chose d'infiniment plus profond, qui va bien au-delà du Gabon : l'émergence d'une nouvelle figure du « Sacré ». Le vote. Ce que j'appelle le « Sacré », doit interpeler la raison, et cette raison n’ayant pas un regard personnifié, implique tout acteur politique.
Aime Mathurin Moussy
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