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Accueil du site > Tribune Libre > Il y a culture et Culture

Il y a culture et Culture

Il y a la culture des petits pois et des poireaux mais celle-ci est plutôt dans les choux, c'est comme au cinéma, on ne subventionne que les navets. Les bios ont beau faire des salades, ils ne font pas d'oseille. Mais ceux qui font du blé font du blé. Pas comme ceux qui font du manioc. C'est une question de culture, si le maïs est modifié, les algues irradiées, les petits pois sont chiches. Les fraises sont pesticidées, les pommes farinées et les tomates aqueuses : la culture est-elle question de goût ? Il vaut mieux ne pas en avoir.

Et puis il y a la Culture.

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C'est un peu pareil, on en ôte, dès le plus jeune âge des écoliers, les racines de la bruyère poussant près de la fontaine ; on inculque désormais et plus volontiers des fadaises, des articulets. C'est comme pour la forêt domaniale : on garde ça et là quelques îlots pour musée ; pour la forêt c'est un pour cent, à moins que ce soit dix, mais rien ou pas grand chose.

Pour la Culture, on ne déracine pas, on ne brûle pas les livres, certains dinosaures les collectionnent au contraire, mais on l'ensevelit, on la recouvre, on la dévoie, on la profane. Pour faire un homme neuf et mobile, mieux vaut ne pas avoir de racines profondes.

Alors la Culture classique, la culture « bourgeoise » est remplacée par des « créations » tous azimuts qui font office de culture avertie que l'on tient à démocratiser ; il faut bien comprendre que la démocratisation de la culture, ça veut dire, non seulement un résultat bâtard, dont je ne juge pas la valeur, et des contribuables qui mettent la main à la poche, même s'ils n'en profitent pas !

Dans une époque où rien ne va plus, tous se sentent lésés et sont prompts à jalouser leur voisin, lui et ses privilèges ou bien le coupable présumé de ses avaries (1), ; on sait bien que ce n'est pas le moment propice à la fraternité ni la solidarité, cette terrifiante anomalie de l'âme humaine a ouvert, jusqu'à nos jours, tous les boulevards du totalitarisme !

Ainsi, nos cultureux, pas tous dénués de talent, sont l'objet de nos opprobres.

Il n'y a pas si longtemps, la floraison de spectacles gratuits, dans les rues, dans les théâtres, dans des salles obscures, étaient accueillie avec plaisir ; ce petit plus de bonheur donnait de la bonne humeur, de la légèreté. Et quand nous en aurions le plus besoin, cette manne est piloriée !

Il semble qu'aux yeux du plus grand nombre, ceux qui ont quelque chose à montrer ou à faire entendre- même si, je le consens, ce n'est pas toujours au goût de tous y compris du mien- sont des parasites, des privilégiés . Il faut pourtant bien reconnaître que les artistes, et la création, de tous temps, n'ont été que l'image d'une société ou un désir de société et il semble clair qu'aujourd'hui la création littéraire ou théâtrale dans son ensemble n'est guère politisée. On adore les bluettes qui voient le bonheur dans un pré quand en face on trouve provocations scatologiques ou pornographiques. La profanation des valeurs morales a bien souvent été le moteur des créateurs mais quand elle ne tourne qu'autour d'un nombril, cela s'appelle décadence !

Curieusement, les Pussy Riot ont l'air- ou l'art ?- de séduire ; si elles cachaient leurs seins sous des soutanes, je ne suis pas sûre que ce serait le cas !

Puisque j'ai évoqué la scatologie, je continue : qu'est-ce qu'un caca ? Juste le résidu de ce que l'on a avalé et qui ne s'est pas transformé en énergie ou en réserves ; sa couleur dépend de l'aliment : rouge en cas de betteraves crues, vert pour les épinards,etc, sa forme de même, dur si l'on a manqué les fibres, mou si l'on a abusé des cerises ! Au fond, la création, c'est pareil : on s'alimente d'impressions, que nous donnent nos sens, notre mémoire, nos lectures, nos rencontres etc, qui les trient et leur donnent ou pas du relief, du corps, de la forme, car tout cela s'accumule et le recracher c'est faire œuvre de salubrité personnelle. On dit qu'il y a travail, oui bien sûr, mais de la même manière que nos intestins travaillent, tout le monde sait que l'on est fatigué pendant la digestion ! Mais tous les artistes le disent : cela ne dépend pas de moi, c'est plus fort que moi, en bref, on appelle ça inspiration ( la plume de l'auteur à succès qui court toute seule sur la feuille blanche sans qu'il sache, consciemment où elle va) ; c'est une Muse dont n'ont aucun besoin les gens sains ( ne dit-on pas que sans névrose point de création ?) ou à laquelle n'ont pas accès ceux qui sont vraiment coincés ( occlusion intestinale). La plupart des créateurs sont des inhibés, étaient des inhibés plutôt car tout change.

Aujourd'hui, la création est un élan, une énergie, une exhibition qui semble bien n'avoir plus besoin de ce long temps de digestion, d'inhibition ; je me souviens, et j'en ris encore, de ce petit dessin de Gotlib qui expliquait l'hémorragique mode créationnelle par les simples petits mots admiratifs d'une maman qui dit à son fils ( plutôt le fils d'ailleurs) sur le pot : Ah, quel joli caca tu as fait là, merci !! La mode ayant été de valoriser son enfant plutôt que comme naguère le brimer, nous en sommes là. Rien à redire à ça, c'est une mode d'un moment, cela passera !! Mais sans ça, il semble que personne n'aurait plus rien à dire ; en effet, ne sommes-nous pas envahis d'experts, d'analystes, de spécialistes, de journalistes, de politiciens, prompts à s'exprimer sans art, sur tout ? Puisque tout est dit ailleurs, une foule innombrable d'artistes se débat comme elle peut pour exister quand même !

Oui, bien sûr c'est sévère, bien sûr il y a des Paco de Lucia, des Portal, des Le Clézio, et plein plein d'autres, mais ! À y regarder de plus près, tous ces gens-là ont des racines, culturelles populaires, culturelles « bourgeoises », un talent, oui, qu'il ne faut pas négliger ; je sais bien que certains dénient toute importance au talent, mais ce n'est pas mon cas ; je suis bien placée pour le savoir !!

Ainsi donc, dans une société où l'on s'est astreint à un dégommage pur et simple des racines, il ne faut pas se plaindre : la Culture est portée par des gens pleins d'énergie, qui crachent sans maturation ce que leur dicte le talent ! Je ne parle pas de ceux qui n'en ont pas du tout, en général ils croupissent dans les villages !!

On a donc ce qu'on mérite : nos aliments sont fades et quasi artificiels, industriels en tous cas, nos cacas polluants, je ne vois pas pourquoi notre Culture serait florissante, innovante, inventive, inspirée et rayonnante ! Elle n'est que l'image de ce que nous sommes, et même ainsi, je le sens indispensable et ne préconiserais, malgré mon mépris affiché, qui n'est, au fond que parti pris de ce feuillet, de l'étouffer par manque de moyens matériels. On ne va tout de même pas se faire croire que nous serions à même de choisir des nourritures abstraites nourrissantes alors que nous ne savons même plus nourrir nos corps !

L'opéra : l'opéra fut jadis le spectacle pour le peuple : les opéras de Mozart n'étaient pas joués dans les salons des rois, mais bien dans les bas-fonds ; pour les rois, Mozart composait de jolies petites soupes sans heurts tandis qu'il défoulait son talent dans les cris de la reine de la Nuit ou dans les borborygmes de Papageno !

Aujourd'hui, où chacun doit gagner au moins le SMIC pour pouvoir survivre, sûr que l'Opéra est un art onéreux ! Qui dit art onéreux dit subventions et/ou places onéreuses ! De là vient l'idée que l'opéra est un art réservé aux riches, sans compter que notre éducation musicale pour tous est depuis longtemps très en dessous du niveau de la mer. Cet art s'est donc vu approprier par les snobs, les friqués et haïr par le peuple ! Triste renversement !

Il est curieux de constater que l'art populaire a toujours été porté par le peuple et n'a jamais enrichi personne ! Avant d'être à la cour des rois, donc subventionné, Molière était un saltimbanque, et crevait la dalle avec sa troupe. Aujourd'hui, même dans le cœur des plus purs, vivre décemment est un dû – que je ne remets pas en cause- si bien que le moindre artiste de banlieue a besoin d'un minimum.

Comment faire ?

Comme les petites échoppes du petit artisanat : retoucheuses, rémouleurs,etc, les petits artistes populaires font , eux, la manche, au détour d'un échangeur de métro, au coin d'une place, les jours de marché...

Les artistes ne sont pas souvent politisés, surtout depuis qu'ils sont très égocentrés ; le monde tourne autour de leurs prouesses, vraies ou fantasmées, et autour de la recherche du gagne-pain , au début ou pour les petits, ou bien la recherche de la reconnaissance puis de la gloire.

Le festival d'Avignon a été beaucoup cité ces derniers jours ; en réalité, ce festival c'est surtout la grande foire commerciale pour les petits qui rêvent d'être vus et de pouvoir devenir grands ; seuls ou avec une petite troupe, une fois admis comme dignes de figurer dans le bottin du mois, ils se débrouillent pour trouver une salle, la payent, font une pub s'ils le peuvent avec plus ou moins de réussite selon la grosseur de leur carnet d'adresses ; ensuite, tous les jours, à l'heure dite, ils crachent leur feu avec leurs tripes, leur tête, leur corps, remballent fissa leurs accessoires pour laisser la place au suivant ! Au bout de trois semaines, harassés, ils regagnent leurs pénates, pas tous avec des contrats en poche ! Des milliers de spectacles possibles, dans les coins les plus reculés, des badauds, des spectateurs, des curieux, des découvreurs hantent les rues jours et nuits et font vivre à la ville une ambiance spéciale, intense, où le moindre bistroquet se transforme en guinguette et où la moindre étudiante se fait serveuse sans tablier blanc.

Dans les quartiers hauts aux espaces plus spacieux, l'intelligentzia nationale se presse aux têtes de gondoles des critiques avertis, suivie des snobs de tout acabit, enfin les vrais amoureux qui traversent le filtre de l'apparence sans blême et se régalent le temps d'une nuit longue de monologue exacerbé.

Le stars jouent leur rôle de star avant d'entrer en scène ; Melle Binoche, la préférée de François Mitterrand, s'insurge et jette les malappris, apprentis journaleux, qui veulent la prendre en photo, fait scandale et exige de vérifier tous les clichés pris ; c'est à se demander ce qu'elle a à cacher.

Pendant ce temps, à Junas, l'écoute est fantastique, gratuite entre ces falaises, quand on reste assis devant les débits de boissons, privés juste du regard, mais qu'importe quand on écoute Richard Galliano, Michel Portal, Bernard Lubat, les piliers, ou quelque trompette inconnue et divine qui s'élève en même temps qu'une lune pleine au dessus du plateau, le paradis existe à cet instant et s'abrite en vous longtemps.

Des milliers de petites mains bénévoles s'affolent les jours J, pendant que des centaines s'activent toute l'année, programmation, contacts, publicité, organisation, et de temps à autre innovation : il y a bien eu un premier festival de Junas ou même d'Avignon ! Depuis que la foule m'oppresse à force de vivre hors du bruit et de la fureur, je me gare loin et viens siroter une bière bio excellente produite à Sommières, pour deux euros j'écoute des stars ou des inconnus dans un calme quasi solitaire optimum.

Qui serions-nous sans eux ? Chacun les nôtres, festivals reggae, pop, blues, folk, classique, africain... la musique est une communion, le théâtre un temple, une trêve, une fête, une poésie à Lodève, des éditeurs écrivains à Montoulieu, la chanson française, les chefs d'orchestres, Pablo Casals, Bourges, les Vieilles Charrettes ; bref une vitalité, une bouffée d'air......... qui ne tient qu'à coup de subventions !

Las.

Parce que le peuple a perdu sa poésie et ses conteurs devant la télé, ses violoneux et guimbardeux devant les yé-yé, oui, la culture est devenue marchande mais la plupart de ceux qui sont dedans, ne le remarquent pas ! Cela devient juste un attrait pour quelques autres, ceux qui rêvent d'être mais qui ne sont pas, ou pas encore. Il y a les snobs qui se gaussent, il y en a toujours eu, il y a les nuls qui s'exposent et mordront la poussière, il y a tous ces rêves vautrés dans la dure réalité de la concurrence, de la chance ou de la mode.

Il fut un temps où l'artiste était un saltimbanque, honni, méprisé du bourgeois ; c'est un sacré progrès d'essayer de leur faire une place de choix.

Qu'ils perdurent, qu'ils enchantent, qu'ils égayent ; soyons enfants, réjouissons-nous...

(1 : ce que l'on doit jeter par dessus bord quand le navire menace de faire naufrage)


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39 réactions à cet article    


  • gaijin gaijin 28 mars 2014 08:33

    " La profanation des valeurs morales a bien souvent été le moteur des créateurs mais quand elle ne tourne qu’autour d’un nombril, cela s’appelle décadence ! "
    superbement résumé ......


    • Fergus Fergus 28 mars 2014 09:30

      Bonjour, Alinea.

      Jolies réflexions sur la Culture et ceux qui en sont les créateurs. Mais sujet inépuisable et propice à toutes les polémiques, chacun ayant de la Culture sa définition personnelle.

      En réalité, il y du bon et du mauvais dans toutes les formes de culture, qu’elles soient « bourgeoises » ou « populaires », nombre de formes étant un mix des deux. Et bien malin qui pourrait aujourd’hui dire ce qui, dans les créations contemporaines, survivra dans les décennies futures.

      Le grand problème que rencontre la Culture vient de la marchandisation et du formatage, le profit des investisseurs ayant pris le relais des commandes officielles des temps monarchiques pour imposer des formes d’art rentables car de nature à séduire telle ou telle cible marketing.

      Un autre problème est la pléthore d’œuvres et de créations diverses qui déferlent sans cesse, très souvent servies par une approche conceptuelle visant moins au « beau » ou au « message » qu’à une originalité -aussi débile soit-elle parfois - potentiellement rémunératrice.

      On trouve d’ailleurs là l’une des caractéristiques de notre temps. De nos jours, des masses d’artistes autoproclamés veulent faire leur trou dans la galaxie, et cela sans avoir le moins du monde effectué le travail de formation, d’inspiration et de maturation qui était le lot des artistes du passé. Aujourd’hui, chacun se prend pour Michel-Ange et prétend à la notoriété sans avoir digéré les acquis de son domaine artistique. Et c’est ainsi que l’on a vu surgir les boîtes de merde de Manzoni ou ma peinture vaginale (des filles avec des pinceaux dans la chatte !).

      Vive l’art, et tant pis si, désormais, c’est trop souvent du cochon !


      • alinea Alinea 28 mars 2014 11:53

        Ah Fergus, une question ; bizarrement, cette version de la Reine de la Nuit, qui est, parmi celles que je connais, celle que je préfère, je l’attribue à Joan Sutherland ; mais impossible de trouver confirmation sur You Tube, et bizarrement aussi, aucun nom sur cette version proposée ici !
        Il faut dire que j’ai « perdu » tous mes disques, depuis longtemps maintenant et que je ne peux vérifier chez moi ! Toi qui aimes et connais bien Mozart, qu’en dis-tu ?


      • cevennevive cevennevive 28 mars 2014 12:37

        Alinea, je puis me tromper, mais je pense que c’est la voix de Karin Ott. Elle chante « la Reine de la Nuit » sous la direction de Herbert Von Karajan.


        Qu’en pense Fergus (que je salue !) ?


      • alinea Alinea 28 mars 2014 12:40

        Peut-être, mais c’est bizarre parce que je ne connais pas cette Karin Ott ! Mais, c’est une tare, je ne fais jamais attention aux noms, ni des auteurs, ni des metteurs en scène, ni des acteurs ! Cela me joue bien souvent des tours !!


      • alinea Alinea 28 mars 2014 12:52

        Je n’ai pas trouvé Karin Ott, mais en revanche, dans le deuxième air de la Reine, j’ai écouté Sutherland ; non ce n’est pas elle ! Bon j’espère que mon énigme sera levée !
        Avez-vous cevennevive cette version ( Karin Ott) chez vous ? Si vous pouviez vérifier. Parce qu’il y a la voix, mais aussi la prise de son et le chef !! qui distinguent une version d’une autre ! avec tout ça on finira peut-être par savoir !!! smiley


      • Fergus Fergus 28 mars 2014 13:00

        @ Alinea et Cevennevive.

        Très franchement, je ne saurais dire qui chante. Mais ce pourrait être en effet Karin Ott. Ou la Macédonienne Ana Durlovski que j’ai entendue l’an passé à Berlin dans cette même Flûte enchantée donnée par le Philharmonique.


      • alinea Alinea 28 mars 2014 13:18

        Apparemment, ce n’est pas elle :
        http://www.youtube.com/watch?v=25fdAwgwAik



      • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 28 mars 2014 18:19

        Impressionante de justesse ,de clarté et d’apparente facilité ...


      • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 28 mars 2014 09:47

        « L’art des artistes doit un jour disparaître ,entièrement absorbé dans le besoin de fête des hommes ;l’artiste retiré à l’écart et exposant ses oeuvres aura disparu. »
        Nietzsche ( Aurore)
        « Des artistes en plus,de nos jours,on en a mis partout par précaution tellement qu’on s’ennuie . »
        Céline (dans le « Voyage »)


        • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 28 mars 2014 10:17

          Allez ,je met le texte complet d’où sont tirées ces deux citations ...
          "

          Et pourquoi des artistes en temps de culture ?

          Admettons une minute que la prophétie de Nietzsche, dans Aurore ait fini par se réaliser : « L’art des artistes doit un jour disparaître, entièrement absorbé dans le besoin de fête des hommes : l’artiste retiré à l’écart et exposant ses œuvres aura disparu. »
          Imaginons que c’est fait. Nous y sommes, ça y est, dans ce temps d’extrême détresse de la liesse extrême. Le « besoin de fête des hommes » a bu, a gobé, avalé « l’art des artistes. » Bien sûr, ce « besoin de fête » lui-même n’a plus le moindre rapport avec les fêtes du passé, Lorsque toute la réalité se retrouve carnavalisée, lorsque c’est toute la vie qui est clownée, institutionnellement festivalisée, il n’y a plus de fêtes partielles, distinctes, isolées, il ne reste qu’un immense applaudissement redondant, une nouba perpétuelle, un Mardi-Gras quotidien noyant dans la joie précuite de son approbation globale les négativités qui venaient danser aux bals de jadis.
          Quand l’art est à la fête ça s’appelle la Culture. Le monde artistique n’était intéressant que dans un décor qui ne l’était pas. N’importe quel tableau, alors, vous donnait le grand frisson de l’altérité en soi. L’univers en liesse a changé tout ça. Son despotisme nous mène à la baguette magique. C’est la Fête des Fous intégrale autant qu’organisée. Homo festivus ne sait plus où donner du serpentin et de la guirlande. Les médias lui serrent férocement la vis comica on ne veut plus entendre qu’un seul oui enchanté. Et le reste la trappe. À la trappe festive, le génie diviseur, séparateur et désagrégateur des arts ! Au bercail collectiviste ! Dans la kermesse planétaire du narcissisme de masse, Van Gogh ou Matisse, métamorphosés en éloges sympathiques de l’espèce par elle-même ! Tous dans le grand bain multicolore du consentir liquéfiant.
           » Des artistes en plus, de nos jours, on en a mis partout par précaution tellement qu’on s’ennuie » s’étonnait Céline dans Voyage. » On décore à présent aussi bien les chiottes que les abattoirs et le Mont-de-Piété aussi. » C’était encore une nouveauté. Les bons apôtres de la Culture, ces anges gardiens gaffeurs, ces bergers idéaux, n’avaient pas encore fini de remettre dans la bonne ornière de la bien-pensance le troupeau dispersé (qui ne trouvait son énergie que dans sa dispersion). La besogne est achevée. Mission accomplie. Toute la vitalité. négative des arts s’abîme dans l’océan joyeux de la Positivité subventionnée. La fin de l’art elle-même est bafouée. Duchamp, Malévitch, sont récupérés comme artistes par les gardiens du Temple culturel. À coups redoublés de festivals, musées, écomusées, commémorations, cités de la musique, du timbre-poste ou des enluminures, l’énergie critique des siècles est ramenée à de meilleurs sentiments, retapée en conte de fées, puis transportée de l’autre côté du miroir, là où s’élèvent les tourelles et les mâchicoulis de notre palais terminal : le château de la Culture au Bois dormant.

          Quand le monde s’artistise, c’est l’art qui perd son « autre », son ombre, son contraire : pas seulement ses ennemis, mais le monde lui-même, le monde étranger, tout ce qui n’était pas lui. L’artistisation de la société entraîne la destitution de l’art par effacement de toute distinction entre art et non-art. L’art n’a plus de sexe opposé. Il n’y a plus rien qui ne soit artistique ou artistisable, et toutes les ripostes inventées par les artistes pour traiter ce désastre (se le réapproprier, l’ironiser, le détourner) sont vouées à l’échec, ne serait-ce que parce que la Culture, maternellement, accueillera toujours ces ripostes en son sein. Elle se les ajoutera. Elle s’en grossira. Et le monde deviendra toujours plus artistique.
          La Culture n’a pas le même projet que les artistes, mais ils ne le savent pas. La Culture n’est qu’une des voix par lesquelles parle l’espèce ; et l’espèce ne veut qu’une chose : perdurer au détriment des individus. Ce que les artistes de jadis savaient. Ce que les prétendus  » artistes contemporains » ignorent. Preuve qu’il ne s’agit pas d’artistes.
          On joue sur les mots quand on fait encore de la Culture l’éminente expression de la dignité humaine, un facteur essentiel de la liberté et puis quoi encore ? Il faut en finir avec ce chantage. Ce n’est plus du tout de ça qu’il s’agit. Dans ce domaine aussi, comme pour les autres marchandises, le nom survit à la transformation du contenu. La Culture, de nos jours, est l’un des agents les plus efficaces du Bien radical, cet horizon de notre fin de siècle vers lequel pérégrinent avec ferveur tant de libidos inoccupées. C’est le brouillard lyrique à l’intérieur duquel tout art paticulier devient irrepérable, sauf comme élément parmi d’autres de l’établissement de la Bienfaisance planétaire. Il existe la méme différence entre la Culture et l’art qu’entre la procréation et le sexe, entre l’instinct de survie anonyme de la collectivité humaine et cette négation rayonnante de toute collectivité que représente un acte érotique isolé en coulisses. Qu’on ne s’étonne donc pas si l’art a pu, de nos jours, aux applaudissements de tous, devenir une des régions de la pédagogie : c’était vraiment que la famille, la collectivité, l’anonyme Positivité, l’avaient récupéré sous forme de sépulture. L’école n’enseigne jamais que ce qui est bon pour l’espèce parce que toute vie s’en est retirée. Éducation sexuelle hier, éducation artistique aujourd’hui : même domination de la volonté de persistance de l’humanité en général sur les individus périssables. Même triomphe de la Totalité sur les cas particuliers. Triomphe en musique, bien sûr. En poésie. En Iyrisme. Avec l’aide de l’art. Et pour le bien de l’art. Pour sa disparition dans le Bien commun. Besoin de fête des hommes, escamotage de l’art : les deux choses sont liées comme la cause et l’effet.
          Je n’ai pas eu le temps, cette fois, de parler de la littérature ; mais qu’importe, je viens d’en faire. Un dernier mot seulement. Toutes les fêtes tournent mal, c’est pour ça qu’elles sont drôles. Comme la littérature qui s’ouvre pour les noyer.
          1995
          “Exorcismes spirituelles 1”, Philippe Muray, Ed. Les Belles Lettres.


        • alinea Alinea 28 mars 2014 11:01

          Merci Aïta pour ce Muray, grinçant comme on l’aime ! Il manque de tendresse, mais la tendresse n’a que souvent peu à voir avec la vérité !! C’est ça, la « démocratisation » ! J’ai dû m’en étonnée dans un autre article ! Affadir, aplanir , la réduction par la multiplication !
          Ce n’est pas étonnant ce bonheur confortable quand on écoute ou quand on lit « les classiques » !! et que l’on tombe rarement sur du neuf exaltant !
          Décidément, notre nourriture est formatée, sauf, comme le dit cevennevive, quand on la cultive soi-même !!


        • cevennevive cevennevive 28 mars 2014 09:50

          Bonjour alinea,


          Je ne prise pas du tout l’art contemporain, théâtre, musique, peinture, sculpture, etc. 
          Et je crois que la notion artistique est tellement personnelle et intime que personne, je dis bien personne au monde ne peut décider pour moi.

          « Cela, est sublime ! C’est de l’art brut ! C’est merveilleux ! ». Et le troupeau bêlant admire, achète, communie devant des trucs pas possibles.

          Je crois que le temps est indispensable à une oeuvre pour qu’elle devienne de l’art. Il faut qu’elle mûrisse sous les regards, sous les appréciations, sous les sentiments qu’elle inspire.

          Moi, je préfère la culture de mes fleurs, de mes arbres. Mais cela aussi est de l’art. Et même pour cela, même pour la culture des poireaux, des salades ou des carottes, il faut savoir attendre... Et pour un arbre fruitier, c’est bien plus long...

          Par contre, en ce qui concerne les spectacles de rue, les chorales, les musiciens, l’art populaire accessible à tous, cela nous est indispensable et devrait se généraliser au lieu de disparaître.

          Hélas, l’argent et le sempiternel profit, ternissent l’art ou le subliment c’est selon.

          Bonne journée alinea. 


          • cevennevive cevennevive 28 mars 2014 10:02

            J’oubliais, alinea,


            La notion de « culture » est une sorte de sac géant dans lequel l’on peut fourrer tout ce que l’on veut. 

            J’ai connu des vieux bergers ou paysans qui avaient, à mon avis, une culture plus profonde que certains snobs beaux parleurs. Mes deux aïeules Cévenoles vous auraient parlé de Zola, de Voltaire, lisaient la Bible en s’intéressant plus à l’histoire des temps anciens qu’à celle de la religion, et savaient écrire un français très correct.

            Finalement, ce mot de « culture » appliqué aux jardinage ou à l’intellect décrit bien le processus : croissance dans la tête ou dans la terre. Certaines choses y poussent très bien, d’autres végètent ou meurent. C’est selon... smiley

          • bleck 28 mars 2014 17:45

            Z’en voulez de l’art et du bon ?

            De l’avant garde comme ils disent

            http://www.lemonde.fr/culture/article/2013/09/10/steven-cohen-le-sexe-enrubanne-tire-par-un-coq_3475301_3246.html

            En v’la


          • Jean Keim Jean Keim 28 mars 2014 10:28

            Il y a la CULTURE et il y a la joie de vivre, parfois je me demande si ça marche bien ensemble ? 

            Qu’est ce qui est important l’œuvre, l’artiste qui l’a réalisée ou bien cet extraordinaire mouvement qui parfois produit les deux ?
            Et puis d’abord pourquoi accorder de l’importance à une chose ?
            Et puis je suis pénible avec toutes ces question ... Excuser moi smiley
            Mais je comprends finalement l’artiste qui une fois son œuvre réalisée, la détruit.

            • alinea Alinea 28 mars 2014 11:04

              L’art n’avait peut-être pas vocation à devenir éphémère ; il l’est pourtant aujourd’hui, enseveli sous le nombre ; détruire son oeuvre est peut-être l’ultime recours pour la rendre éternelle ?


            • alinea Alinea 28 mars 2014 10:43

              Merci à tous les quatre ! Oui tout ça est vrai aussi, mais je suppose que la culture ou la Culture, c’est le tout, y compris le mauvais ; ce qu’il y a, c’est que jadis l’artiste était un médium qui n’appelait pas à nos goûts personnels ; il était le trait d’union entre le divin et l’humain, y compris dans la culture populaire : l’âme du peuple, universelle ; ce n’est pas un hasard si on aime tant les musiques « extra européennes » ! C’est à la période classique,en musique,que « l’ego » est rentré dans le champ ; c’est alors que l’on a « aimé » ou pas « aimé » ; aujourd’hui, on est touché par une personnalité ou une sensibilité qui éveille quelque chose d’inconnu en nous ; si on n’est pas touché ou touché négativement, on n’aime pas !
              Je suis bien d’accord avec Fergus quant aux « artistes » contemporains, qui aimeraient la gloire sans le travail car être artiste est une ascèse et, sauf au théâtre, c’est pas loin de 90% de travail solitaire, pour 10 de contacts !!
              J’aurais dû développer sur Paco de Lucia : talent plus racines ( flamenco), plus amour familial, plus travail acharné, plus curiosité, plus humilité, égal, génie ; qu’on aime ou qu’on aime pas son flamenco !!
              Le niveau musical a monté en flèches ces dernières années, ils sont pléthore les artistes à la technique parfaite, après... il faut de l’âme et l’âme elle disparaît derrière l’ego !!!
              Une question cependant ( et je confonds apparemment « art » et « culture ») : la variété, c’est de l’art ? pas vraiment, si ? Mais c’est notre culture...
              Un sujet sans fin qui, bien sûr, a été déjà débattu depuis longtemps....


              • Fergus Fergus 28 mars 2014 11:21

                @ Alinea.

                « La variété, c’est de l’art ? » On ne peut répondre par oui ou non à cette question dans la mesure où la variété est faite de créations de grande qualité qui voisinent avec des « produits » marketing totalement formatés. N’oublions pas que Brassens ou Brel ont fait de la variété. Exemple de produits formatés : la plupart des chansons que l’on entend sur les ondes et qui, de plus en plus, sont issues de maquettes de quelques accords basiques censés plaire au plus grand nombre.

                Pour autant, tout cela fait partie de la Culture d’un peuple à un moment donné. Et cela même si la majeure partie des créations contemporaines sont vouées à un oubli total (souvent justifié) et ne pourront trouver place dans notre Patrimoine et donc dans la Culture de demain lorsque celle-ci portera un regard sur notre temps.


              • cevennevive cevennevive 28 mars 2014 11:32

                   « l’âme du peuple, universelle ; ce n’est pas un hasard si on aime tant les musiques « extra européennes »


                Oui ! »L’âme du peuple", tel l’art rupestre ou les folklores nous apportent plus en émotion que tout l’art contemporain réuni... Il y a tant de sujets d’imagination qui gravitent autour des folklores que l’on peut sincèrement appeler cela de l’art. De même que les instruments de ces époques, très élaborés, et au son parfois envoûtant.

                Personnellement, pour la joie, la gaieté ou l’allégresse, j’adore la musique country. Pour l’émotion, les sentiments, la profondeur de l’esprit, j’aime le son de toutes les flûtes orientales (Doudouk Arménien compris. clin d’oeil à djama)

                Les hiéroglyphes, les pétroglyphes, les temples incas ou orientaux, tout cela représente la culture du temps où ils ont été créés.

                Est-ce de l’art ? Indubitablement.




              • alinea Alinea 28 mars 2014 11:41

                Oui, une culture consommée et peu nourrissante ! il y en aura que peu de traces !!
                La différence, à mes yeux ( j’affirme toujours pour plus de clarté,mais je ne prends pas mes affirmations pour « la » vérité !!), entre Brel et Brassens, c’est que Brel n’est que sa propre sensibilité, sa propre émotion, donc elle plait, elle touche, ou pas ! Tandis que Brassens, plus humble et plus en retrait en tant que personne, est plus universel ! D’ailleurs ses musiques sont si épurées qu’elles peuvent être, et ont été, reprises par qui veut ! On ne peut pas en dire autant de Brel !! Les textes de Brassens sont parfaits... on ne peut pas en dire autant.... !!!!


              • claude-michel claude-michel 28 mars 2014 11:02

                +++Excellentissime... !

                Nous faisons des trous dans notre cerveau...des petits trous (comme le dit la chanson)..mais oublions bien souvent d’y planter quelque chose...heureusement pour certain TF prend la relève.. ?


                • Kookaburra Kookaburra 28 mars 2014 12:26

                  En Allemand on parle de « Hochkultur » (grande culture, la culture classique) pour la distinguer de la pluralité de sens qu’on donne à ce mot aujourd’hui. La culture, c’était - la musique, la littérature, la peinture, l’architecture, la philosophie - et elle n’intéressait pas particulièrement tout le monde. Les grandes expositions n’étaient fréquentées que par les amateurs vraiment intéressés à la matière et par les touristes. Il fallait donc « démocratiser la culture », c’est-à-dire essayer d’y intéresser et attirer la foule. Entreprise rapidement réussie, grâce à la publicité et les médias, avec le résultat que la fréquentation ressemblait bientôt à celle de la station de métro aux heures de pointe. La foule se pressait devant les tableaux comme des charognards autour d’un cadavre et l’amateur ne pouvait plus contempler l’œuvre avec le recueillement qu’elle mérite. Peu à peu il y renonça, en se demandant, avec amertume, si tout ce monde en tire quelque chose, s’ils apprécient ces œuvres pas toujours facile à comprendre, ou s’ils y vont simplement parce qu’il faut l’avoir vu l’expo.

                  Heureusement, les organisateurs, entretemps, ont compris que les conditions étaient impossibles et ils ont limité le nombre d’entrées à un débit raisonnable. Il faut faire la queue devant le musée, ou réserver, mais au moins on peu regarder les œuvres convenablement.

                  Autre phénomène : Avignon. La Mecque de la culture théâtre où beaucoup y vont parce qu’il faut y aller si on se considère comme une personne cultivée. Je n’est qu’une demi heure pour m’y rendre, mais je n’y vais plus. Sauf pour « l’off ». J’avoue que je suis limité. Mes origines sont pionnières, un peuple rude, simple, direct et naïvement sincère, mais surtout pas cultivé. « Tall poppies must be cut down » est le mot d’ordre - il faut couper les coquelicots trop hauts. La minorité qui se cultive prend soin de le cacher. Dont moi-même. Donc je sélectionnais dans le programme à Avignon les œuvres classiques : Molière, Shakespeare, Goethe. Parfois même en langue originelle. Hamlet était au programme. Un peu cher mais je voulais absolument le voir. Et bien, c’était une sorte de happening, avec de vagues références à Hamlet. J’étais furieux. Deux ou trois fois cette expérience faite et j’y renonça pour toujours. Aujourd’hui Molière n’est qu’une base pour le régisseur de montrer son propre génie. On applaudi la mise en scène et les acteurs, mais Molière est oublié.

                  La situation dans les autres arts est similaire. Tout le monde veut être artiste, se croit artiste, et veut montrer ses œuvres. Les livres s’empilent dans les librairies, les expos se multiplient, et le niveau est à tel point hétéroclite, du bon et du mauvais, de l’exceptionnel et de l’esbroufe, qu’on ne sait plus quoi choisir, mais c’est surtout de l’esbroufe qui est prisé par le marché.

                  Je crois que vous voyez les choses un peu de cette façon aussi Alinea, et je suis bien d’accord avec vous et votre bel article.


                  • alinea Alinea 28 mars 2014 12:37

                    Oui, je le crois aussi ; j’ai cette particularité que le trop plein me fait fuir ; la rareté me réveille et me met en appétit ; alors je ne quête rien ! Quant à la déception, on la trouve à tous les étages et on a l’impression de s’être fait grugé d’avoir été séduit par une critique, qui n’en est plus, pourtant on le sait, mais que du marketting !

                    Trop de nombre handicape les rencontres ; je pense que ce n’est pas un hasard, à tous les niveaux, cette solitude aujourd’hui !

                    Pourquoi un happening avec Shakespeare ? Pourquoi pas une création ex nihilo ? je suis sans doute une vieille réac mais je préfère un texte bien servi, même bien sûr, s’il est « actualisé », qu’un délire que l’on peut bien souvent, comme vous le dites et comme je vous comprends !, prendre pour une trahison ou une profanation. Mais plus rien n’est sacré, le sacré, c’est réac !!!

                    Bien à vous Kookaburra


                  • marmor 28 mars 2014 15:08

                    Avignon et sa « branchitude » bobo de gauche, élites du café de flore, sectaires et prétentieux, comme son directeur, dont le nom rappelle et induit l’infini du nombre qui cherche sa fin comme lui son genre... et qui veut deserter la grande foire plus marchande que culturelle pour pretextes politiques. Il est en effet possible que les subventions qui alimentent cette culture contemporaine sous perfusion financière se trouvent un peu diminuées au profit d’une culture plus populaire, dans laquelle nos politiques UMPS ne se reconnaîtraient point. L’écart se creuserait encore un peu plus entre les « subventionnés » dont un Torreton est le porte drapeau et les gens de talent, capables de gagner de l’argent avec leur art !
                    Pour en revenir à la culture, n’est ce pas ce qui reste quand on a tout oublié ? Qu’on n’est plus en mesure, pour briller dans les salons, de nommer l’auteur de telle citation ou de s’extasier sur la dernière interprétation de Tanhauser à Bayreuth, maaagistralement dirigée par Von Machin !


                    • alinea Alinea 28 mars 2014 16:34

                      Pourtant marmor, et je ne préjuge pas de l’avenir, dans les villes dirigées par le FN, c’est les associations de cultures populaires qui ont disparu : les chorales, le théâtre pour les mômes, etc.
                      Les premières MJC, c’était sous la droite ( il n’y avait pas eu de Gauche avant mais il y avait l’inénarrable Malraux), non, c’était la société toute entière qui s’ouvrait, et, bizarrement, alors que la France était moins riche qu’aujourd’hui, il y avait du fric pour ça ; le début du statut des intermittents, c’est la gauche, l’alphabétisation, c’était avant la gauche ; non, ne faisons pas porter sur les seuls politiques les ouvertures ou resserrement : c’est le capitalisme néolibéral qui a pour but ultime de « détruire » le peuple ! et celui-ci est servi par tout ce que l’on connait aujourd’hui !!


                    • marmor 28 mars 2014 18:11

                      Concernant la diva que vous recherchez ( 1ère vidéo ), le titre semble être écrit en catalan et celà me fait penser à Monserrat Caballé dit « la superba » quand la Callas était surnommée « la divina ».


                      • alinea Alinea 28 mars 2014 18:45

                        Ça n’a pas l’air d’être ça non plus !!
                        http://www.youtube.com/watch?v=RyIkEmML0mQ


                      • alinea Alinea 28 mars 2014 19:15

                        Vous avez raison, en partie, marmor, il s’agit d’une hispanophone : Lucia Popp :

                        http://www.youtube.com/watch?v=-8FSKZ6eXnU
                         :


                      • marmor 28 mars 2014 19:18

                        Votre lien concerne une cantatrice espagnole. Bon sang, ne pas confondre Espagne et Catalogne, c’est risqué !!


                        • alinea Alinea 28 mars 2014 19:25

                          bon, il y a quand même plein de catalans qui parlent espagnol, non ? smiley

                          Pourquoi les plus petites sont-elles les plus petites ?
                          http://www.youtube.com/watch?v=hkNh72m0XGQ


                        • alinea Alinea 28 mars 2014 19:36

                          Et les plus grandes les plus grandes ? ( ce n’est pas le même air, c’est sûr, mais...)
                          http://www.youtube.com/watch?v=Y_AD48Wigko


                        • alinea Alinea 28 mars 2014 19:38

                          Il y a quelqu’un qui m’aime qui rôde sur ce fil !! dieu que c’est triste !


                          • marmor 28 mars 2014 22:05

                            Un vieux tailleur de marbre italien de Carrara, exilé en france, un peu calottin et beaucoup anar ( mon grand père ) me faisait écouter, les soirs d’été, des airs d’opéra sur un antique tourne disque avec des interprètes comme Caruso ou Mario Lanza... Cet amour du bel canto italien ne m’a jamais quitté. Pavarotti, Vilazon ou Carreras me tirent des larmes !


                            • alinea Alinea 28 mars 2014 22:09

                              La musique n’a aucune frontière marmor, ni temporelle ni dans l’espace ni dans les classes sociales : c’est un art universel ! Mais quand elle nous berce, apportée par un être aimé, c’est le paradis !


                            • Karol Karol 29 mars 2014 08:45

                              Bonjour Alinéa,
                              Désolé mais au cours de ma vie je suis passé totalement à coté de l’opéra. Voyages, trop compliqué, trop cher ?
                              Pour moi peu importe le spectacle, pourvu qu’il m’emporte et soulève en moi des tonnes d’émotions. Un bon spectacle, un bon film, une musique, un chant ne doit pas requérir, pour vous élever, nous soulever, la connaissance de prérequis ni aucun code. heureusement les souvenirs de ces « voyages immobiles où l’on oublie tout »sont très nombreux.
                              Ce fût le cas en 1969 quand le Théâtre libre de Rome joua, avec Dario Fo, « l’Orlando furioso » de l’Arioste dans un les pavillons des Halles encore en place, et que les spectateurs éparpillés, debouts , étaient irrésistiblement entraînés par la danse des acteurs chantant et déclamant. Etudiants, nous étions assez fous pour monter à Paris, d’Aix en Provence, pour un spectacle.
                               Je garde un très grand souvenir aussi de « 1789 » à la Cartoucherie avec le Thêatre du Soleil d’Ariane Mnouchkine, que j’ai ensuite accompagné dans ses créations. Au cinéma Stanley Kubrick a réussi aussi à me transporter dans des mondes inexplorés. .....

                              Quant aux festivals, ce sont les nouveaux « centres commerciaux de la culture » qui tuent le petit commerce local.
                              Merci pour votre texte.


                              • alinea Alinea 29 mars 2014 10:01

                                Vous n’avez pas choisi les moindres Karol !!
                                Il n’y avait pas d’opéra dans la ville où j’habitais ni même dans celle où j’ai fait mes études, c’est plus tard, à Montpellier que j’y suis allée quelques fois ; c’est magique ( alors qu’en disque, il faut être fada !!) ; c’est une trouvaille : les centres commerciaux du spectacle ; il y a les grands, Avignon, Bourges, Rennes, Aix etc, les petits Junas, Bagnols, Sommières... mais c’est bien vu !!
                                Merci Karol


                              • bakerstreet bakerstreet 31 mars 2014 08:51

                                Alinea, votre article m’avait échappé. Deux jours de retard, je cours derrière l’autobus pour faire entendre ma petite voix. 

                                Votre article est fort juste. 
                                Il y a un malaise dans la civilisation,disait Freud, il y en a un dans la culture tout aussi sûrement maintenant. 
                                Je suis extrêmement réservé sur le statut d’intermittent, et sur tous ces permanents de la chasse à la subvention, pas forcément synonyme de génie. 

                                Mastrolloni, qui avait été électricien avant de jouer à l’artiste, connaissait sa chance, et avouait avec beaucoup d’humilité et de courage, qu’être acteur de cinéma ne demandait guère de talent ( lui qui en avait sans doute bien plus que la pauvre moyenne)
                                Mais c’est ainsi, les strats montent à la tête de ces pauvres têtes de gondoles, intronisés ou hissés tout en haut des marches du palais des festivals. 

                                Situations de conforts, petites personnalités jouant subitement du col. On les voit on les entend partout, autant dans le domaine de la chanson où ils nous susurrent des choses. On en regretterait presque les vieilles stars à rouflaquettes des années 60 qui alignaient des tubes, que les gens reprenaient en sifflant dans la rue. 

                                Plus personne ne siffle plus dans la rue. 
                                Les oiseaux non plus les pauvres. 
                                Ah moins que je ne devienne un peu sourd

                                Pas suffisamment pour ne pas entendre la reine de la nuit. 
                                Comment ne pas être éberlué pour le coup, par ces grands et grandes professionnels de l’art lyrique qui connaissent leur partition à fond, et font la comédie, et presque autant de la danse, quand ils se produisent. 
                                Avec ça, souvent modestes et pleins d’esprit. Prenez Cecila Bartoli, Nathalie Dessay...

                                Moi, c’est l’opéra baroque que je préfère. Handel, Purcell, Antonio Caldara.... 
                                « Magdelena. aux pieds du christ »...
                                J’ai mis du temps à m’apercevoir que Lucy in the sky n’était pas une invention des Beatles. 

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