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Accueil du site > Tribune Libre > Jean Louis Debré, et Boudu, sauvé des eaux

Jean Louis Debré, et Boudu, sauvé des eaux

     Ben c’est l’histoire d’un type qui veut garer son vélo pour faire ses courses. Un clodo l’avise, et lui propose de le garder contre une petite pièce ! L’histoire commence comme ça, à la façon d’une blague de Coluche. A ceci près que le cycliste s’appelle Jean Louis Debré, et que le clodo s’appelle Jean Marie Roughol.     Une histoire de "Jean" ordinaires, finalement…Bien que le premier c’est sûr soit plus connu que le second ! Mais voilà qu’ils ont écrit tous deux un livre à quatre mains nommé « Je tape la manche ».http://bit.ly/1QjTcWF

      Sans doute que ce bouquin écrit dans un concourt de circonstances assez étrange, n’aura pas le Goncourt. Mais enfin voilà quand même une belle tranche de vie de trottoir à méditer ! Le trottoir...Ces types qu’on voit assis pendant des heures et des heures à faire la manche, et que personne ne semblent remarquer, avec leur timbale en plastique pour recueillir la petite monnaie. « A votre bon cœur messieurs dames, c’est pour manger !  » dit parfois un petit écriteau. On presse le pas, on détourne la tête ! Certains y vont de leur petit commentaire ironique : « Pour manger…Ouais, mon œil, c ‘est pour boire ! »

             Le nombre de SDF a augmenté de 50% en trois ans ! http://bit.ly/1PpBp1Q .Vous saviez ça vous ? Moi non ! Ou alors je regardais ailleurs, comme tant d’autres….Je viens de découvrir l’information en tapant SDF sur le moteur de recherche. Entrés à l’EDF, et ils auraient été sauvé, fonctionnaires à vie, l’électricité gratuite, la retraite assurée. Du moins pour le moment dans cette vie si fragile, ou tu peux passer en une nuit d’un palais au bitume d’un trottoir !….Le genre d’histoire que Shéhérazade racontait, dans les contes des 1001 nuits, afin de pouvoir garder une nuit de plus la tête sur les épaules. La vie est incertaine, et n’est qu’un long combat : Roi un jour, mendiant le lendemain !…..

           50 %de SDF en plus en trois ans !…Ce genre d’information ne semble pas non plus mettre le gouvernement en fureur, comme les accidentés de la route. Les accidentés du trottoir bien que toujours vivants, sont peut être plus silencieux, un crash sans mur de briques devant eux, au ralenti de la misère. Tout le monde semble s’accommoder de la misère quand elle concerne les autres. Et de toutes les relégations, celle ci est sans doute la pire. Au hit parade de la pire menace, le « Tu finiras sur l’échafaud ! » a fait place au « Tu finiras dans la rue ! » ! Et l’imaginaire social a fini par oublier ces tombereaux de condamnés, dont on ne veut plus voir le corps assis, au carrefour des rues, sans en ressentir un malaise, comme jadis on pressait le pas, quand on arrivait devant un jubé.

            Quand la réussite matérielle et la reconnaissance sociale, semblent être les grands signes de la dictinction, la vision de ces radeaux de la méduse minuscules nous est intolérable. Parfois un sociologue en fait un sujet de thèse, ou alors un anthropologue les approche prudemment, les observe, tant leur mode de vie semble les faire appartenir à une sorte de tribu exotique et improbable.. Le SAMU social fait ce qu’il peut pour secourir ces migrants de l’immobilité, venant de nulle part,dérivant sur leur bout de trottoir, parfois aspiré par le néant.

           Le grand Orwell, qui ne voyait pas la chose de haut, et qui n’hésitait pas à se retrousser les manches, en fera un beau livre, plein de vécu et de compassion. Ce sera « Dans la dèche à Paris et à Londres  », http://bit.ly/1LBQcAF , premier guide du routard, faisant le comparatif des abris de nuit et des conditions de survie dans les deux capitales.

            Ecrit en immersion complète, ne rejetant pas le litron de rouge pour se réchauffer, cet univers glauque sera fatal à l’auteur. Car c’est là qu’il contactera la tuberculose, avant de partir se battre sur le front espagnol, et de finir en vrille avant la publication de 1984. Il était dit qu’avant de sortir ce livre sur le mensonge et la manipulation, il aura du se confronter à la réalité la plus sordide.

            Mais qui peut connaître la genèse d’une œuvre ? Certains sortiront brisés par l'épreuve, d’autres s’en serviront pour trouver en eux des forces inédites. Jean Louis Debré ne fait plus partie du gouvernement. Mais il n’est pas encore à la rue. Il reste président du conseil constitutionnel. Reconnaissons qu’en l’occurrence il n’a pas abusé de sa voiture de fonction.

            J’imagine mal notre clodo proposant de lui prendre ses clés, pour garer la limousine. Mais allez savoir, ces gueux ont toutes les audaces. J’interprète un peu, je me fais un roman moi aussi. Mais c’est pas trop difficile de prolonger la scène, à la façon d’un chapitre des misérables, que Victor Hugo n’aurait pas écrit. Interrogé ce 11 octobre à ce propos sur France inter, L'ancien ministre de l'Intérieur nous dit avoir entendu un couple s'étonner : « T'as vu, c'est Debré qui parle à un clodo  »

        .    « Peut être que ce clodo a plus de chose à dire que vous, qu’est ce vous avez fait de votre vie  ? » Propos que Jean louis Debré avouera avoir failli rétorquer à ce couple de bourgeois bien mis, sur le coup de la colère. (post cast France inter) http://bit.ly/1jXK3IY

             Augusto Boal, metteur en scène argentin, fut un des promoteurs d’un genre de spectacle révolutionnaire. http://bit.ly/1LBM97u «  Le théâtre est une arme, c’est au peuple de s’en servir !  » Il s’agissait pour lui de proposer à partir de la rue, d’inciter les spectateurs à s’impliquer, dans une situation fictive, crée par des acteurs, mais ayant l’apparence de la réalité, afin de les faire réagir. Que se serait il passé si Jean Louis Debré avait haussé le ton ? Y aurait il eu attroupement, tumulte, début de révolution, atteinte à l’ordre public, intervention des forces de police afin d’interpeller les belligérants ?…

             Il y a des opportunités qui s’offrent parfois « en live » au théâtre de la vie, où l’on n’est pas obligé de payer sa place. Il existe des rues invisibles dans lesquelles nous nous déplaçons, ignorant le plus souvent celles des autres, des parallèles lancées vers l'infini qui ne se croisent jamais !

              Pas besoin d’habiter le château, et de ne jamais descendre sur la place publique, pour n'entretenir des relations qu’avec des gens de notre cercle.. Mais parfois dans ce monde de somnambules, un incident déchire nos belles certitudes piétonnières, et soulève le couvercle des apparences et des conventions. Il faudra que le prince Bouddha sorte de son palais doré, qu’il rencontre dans la rue un homme malade pour s’apercevoir qu’il vivait dans le mensonge, et qu’il devait quitter ce monde d’illusions trompeuses. http://bit.ly/1GDze3t .

               Est ce à dire que Jean Louis Debré est devenu semblable à Siddhartha, l’éveillé ?Aussi outrancier que de prétendre que Jean Marie Roughol s’apparente au personnage de «  Boudu sauvé des eaux  » ! Ce personnage truculent, interprété par Michel Simon, énorme, dans ce film de Renoir, sorti en 1932, choqua la critique, avant de remporter un beau succès.

             L’histoire : Boudu, clochard parisien, se jette à la Seine. Repêché par un libraire aux idées libérales, il sème l’anarchie dans la famille….Le film bouleverse les codes sociaux ; les personnages échappent à leurs archétypes naturels, de la classification sociale et de la lutte des classes. Un clochard roublard refuse de se poser en victime, alors que le bourgeois généreux mais crédule se fait abuser. http://bit.ly/1VMyRzT .

             Le film fait la part belle à un Paris disparu, très populaire. « Le monde de la cloche  », comme on l’appelait alors, paraissait presque bucolique, poétique, avec ses figures légendaires et attachantes. En 1952, Jean Paul Clebert, clochard de son état, fera un très beau livre, en décrivant son expérience : « Paris insolite  », réédité depuis en 2009, avec de très belles photos du pavé parisien, prises par Patrice Molinard, et que n’auraient pas reniées un Doineau. http://bit.ly/1hyQVL7

              Clebert, cet écrivain-voyageur, comme on pourrait le nommer maintenant, nous décrit, avec une plume parfaite, un Paris qui a bien sûr disparu. Sans tomber dans une nostalgie ridicule et un peu obscène, qui ferait comparer deux sortes de misères, à plus d’un demi siècle de distance, il semble bien pourtant que le temps n’a rien retiré à la souffrance, et encore moins au désespoir. Ce monde de la mendicité parisienne de l’après guerre, même s’il est terrible, s’inscrit dans une réalité où n’apparaissent pas les distorsions sociales abyssales de notre époque. C’est un monde ouvert, en reconstruction, où pleins de petits métiers et une certaine fraternité subsistent dans un Paris resté très populaire, et on l’on vous donne la pièce pour « donner un coup de main aux halles »…

             En tout cas, les jeunes gens ne sont pas encore « sous les ponts », comme on disait alors, offerts à tous les trafics et à la désespérance, à partir du moment qu’ils ont compris, à tort ou a raison, qu’il était inutile de continuer à se battre. Tous ceux qui ont un peu d’âge datent leur apparition vers le début des années 80. On s’étonnait au début, avant d’admettre leur présence, et que le rare devienne le fréquent, puis l’habituel, et qu'on oublie que les choses avaient été différentes, un jour. Dégâts collatéraux, variables d’ajustements ?

              Dans quelle case en carton sont ils tombés, se sont ils cachés ?. Bien sûr, la société s’est adaptée, possède des éléments de discours et de réponses pour se défendre : On a fermé les portes des immeubles, pourvues maintenant d’un code digital pour commander leur ouverture. A Angoulême, capitale de la bande dessinée, les élus ont pensé un moment mettre les bancs en cage, comme dans un mauvais gag de Gaston Lagaffe !

              De ce quotidien, Jean-Marie Roughol est bien mieux placé que moi pour en parler ! Il a noirci lentement plusieurs cahiers précieux. Pas des paroles en l’air, pas des 50 nuances d’earl grey insipides…Plutôt du brut de gnôle et de vécu : « La rue c’est comme la jungle pas d’avenir pour les faibles les peureux  ! » De ce projet littéraire, au début, Jean-Marie croit d'abord à une blague. « J'y croyais pas trop ». 

              C’est sûr. Jean Marie est un vernis ! Il arrive parfois que l’histoire devienne un conte pour enfants, qu’un génie se trouve sur votre chemin. Les rois avaient ainsi pour habitude de se déguiser, afin de connaître la vérité du peuple. Du calife Haroun Al Rachid dont les aventures nous sont racontées dans les 1001 nuits, au rusé Louis onze, déambulant incognito sur les marchés de la capitale, afin de prendre le pouls des gens, savoir ce qui se tramait, ce qu'on racontait sur lui.  

               La rue c’est vrai reste bien un livre ouvert que bien des puissants oublient à tort de consulter, préférant s’en remettre à leurs agents, qui leurs passeront des informations de seconde main, ou encore un miroir trompeur des choses dans lesquels le pouvoir s’enferme et se caricature. Ces monarques semblent agir en écho avec la mythologie Grecque, qui s’amusaient des visites qu’ils faisaient ainsi aux humains, déguisés en de pauvres diables… 

               Car il faut mieux être un repoussoir qu’une nymphe ravissante pour tester la générosité des gens. Ulysse, au retour d’Ithaque, grâce à la déesse Minerve qui l’a à la bonne, prend l’apparence d’un vieux mendiant chenu, afin de tester le cœur de ses commensaux. L’histoire de Philémon et Baucis étant une des plus émouvantes version de ces visites des divinités descendant sur terre http://bit.ly/1VN2fAN.                        

               L’actualité nous a offert un exemple de ces miracles de la résilience, où un croc en jambes destiné à vous faire plonger dans un ravin, pour vous projeter finalement dans les bras d’une fée. C’est le cas de ce migrant Syrien, dont l’histoire a fait le tour des médias. Victime de la violence gratuite et criminelle de la part d’une journaliste, alors qu’il courrait, sa petite fille dans les bras, cet homme sera, grâce à la diffusion des images filmées, embauché comme entraîneur de foot dans une équipe espagnole. http://bit.ly/1LIJyid.

               « Pendant longtemps j'ai rien écrit. J'avais peur, car je fais plein de fautes, j'ai pas été trop à l'école », dit Jean-Marie Roughol. Mais il se prend au jeu, et finit par rendre, près de deux ans plus tard, trois cahiers. Il nous livre une parole vraie, sur le vif, le quotidien de la rue. Il a développé toute une science de la survie, une psychologie rapide des passants, tenant au coup d’œil d’évaluation. C’est l’observation, qui conjuguée à l’expérience, finissent par vous faire un métier appris sur le tas. Façon de parler... Il garde cet amour de la liberté et un refus des contingences et des obligations, qui le rattachent malgré tout au personnage de Boudu sauvé des eaux de la Seine…                                                                           

               Tout n'est pas faux dans le personnage de Boudu, et si Paris s'est transformé, bien des clodos ont gardé eux leur malice, et ce caractère un peu rude à la Diogène, qu'on rencontre aussi chez le pêcheur Breton. C'est qu'ils doivent tous subir les intempéries qui vous tannent l'âme et le cuir.

               Bien obligé alors de garder cette touche d'humour, le kit de survie indispensable si tu tombes à la mer. « C’est magique, l’humour, pour la tape ! » Confie t’il. Car pleurer sur son sort ne vous fait pas avancer, et détourne les passants, qui on le sait n’applaudissent jamais au passage des corbillards et des ambulances ! 

                J’espère qu’il va continuer à écrire ! Car il le sait maintenant, l’ayant découvert après tant d’autres : Ecrire est une thérapie, un canot de survie qui vous donne une force prodigieuse et vous sauve de bien des écueils. Pas tous, c’est vrai ! 

                J’ai entendu aussi ce matin à la radio cette querelle de chiffonniers, et de droits d’auteur, au sujet du journal d’un autre naufragé aux petits carnets. Il s'agit d’ Anne Frank ! Les héritiers ne voulant pas que l’œuvre tombe dans le domaine public...Comme si c'était "la rue", le domaine public, une chose qui a pourtant bien des lettres de noblesse. Mais il est dit décidémment que nous ne partageons pas tous les mêmes valeurs !..     

                               

             C’était sur France inter, juste avant que notre écrivain ne passe en studio en compagnie de son compère Jean-Louis Debré. Et j’ai dressé l’oreille, sentant là quelque chose d’exceptionnel, rapport aux codes habituels et aux analyses pontificales des spécialistes en politique et en météo, aussi brouillés après ça qu'un message passant pendant la guerre sur radio-Londres.   

             Le jour se levait derrière les arbres. Un moment ma tasse de café est restée suspendue. J'écoutais. J’avais ma chatte sur les genoux qu ronronnait, un absolu de présent parfait comme tant de gens qui ont le bonheur d’avoir un toit, une place dans la société, peuvent les vivre !

            J’ajoute ce bonheur d’une rencontre inédite, d’une oreille en coin, comme on disait dans le temps, sur inter…. Bien sûr en théorie, Jean Louis Debré ne faisait pas partie dans mon équipe, rapport à des idées. Mais ça c’était dans le temps, avant que je ne sache plus très bien quelle équipe soutenir, avant que je me désintéresse définitivement du sport, excepté tout de même le tour de France.

            Et puis, comme disait Brassens « Des idées qui vont et qui viennent.. » Certains diront que Debré fait de la démagogie, que tout cela obéit à un savant calcul de récupération politique. Bref, qu'on est loin de la sincérité du geste aidant d’un anonyme. Moi je dis que si c’est le cas, c’est drôlement bien imité ! Et puis, qu'aurait t'il donc à prouver cet homme ? Il a dépassé l'âge de faire son "Macron" !  

            De toute façon, il faut lui faire grâce de s’être fait plaisir, autant qu’à nous,en rapport à cette tranche de vie si humaine, qui aurait fait autant le bonheur des vieux chroniqueurs d'inter, de Claude Villers à José Arthur ! J'oubliais Kriss...

            Bref, Jean Louis Debré me semble bien être, comme on disait dans le temps, un « honnête homme » ! Ou encore « un homme de qualités » !

             Mais tout le mérite lui revient il vraiment ? Entendu que le vélo possède déjà la première des qualités naturelles, la simplicité, et installe déjà une sympathie naturelle entre les gens, susceptible de provoquer de telles histoires !


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11 réactions à cet article    


  • leypanou 13 octobre 2015 14:41

    Bref, Jean Louis Debré me semble bien être, comme on disait dans le temps, un « honnête homme » ! Ou encore « un homme de qualités » ! : Jean-Louis Debré fait partie de ces gens de droite qui méritent le respect même si on ne partage pas tous leurs points de vue.

    Et même quand il a été président de l’Assemblée Nationale,l’opposition l’a respecté comme étant respectueux des droits de l’opposition.

    Je ne pense pas par exemple que NS l’apprécie beaucoup. Mais la réciproque est aussi vraie je pense.


    • bakerstreet bakerstreet 13 octobre 2015 16:06

      @leypanou
      Au delà des clivages gauche droite, il est évident qu’on aurait pas forcément envie de partir en vacances, si l’offre était posée, avec certaines personnes partageant normalement le même bulletin de vote. 

      Et que pour d’autres, vous vous sentez d’étranges affinités. On le sait depuis longtemps, celles ci ne reposent pas, comme pour les couples d’ailleurs, sur la raison. Même quand on tente de la faire intervenir. 
      Un bulletin de votre, ce n’est pas une tête d’oreiller, ni une tente de camping. 
      Remarquons que la tente de camping a beaucoup évolué. Autrefois militaire, elle est partie en vacances à partir du front populaire. Dans les années 60 70, c’était la tente familiale. Maintenant, c’est la bouée du migrant ; Trois secondes....C’est presque comme un préavis d’exclusion !

    • MagicBuster 13 octobre 2015 15:29


      La moitié de l’humanité n’arrive pas à se nourrir (Sud) et l’autre moitié est au régime (Nord) . . .
      Il y a surement moyen de s’entendre , sans que toute l’humanité se déplace en Europe ....

      Arg !!!


      • bakerstreet bakerstreet 13 octobre 2015 15:59

        @MagicBuster

        Sûrement ; mais faudrait pour ça se mettre la tête à l’envers. Un bon signe, ce prix Nobel d’économie qui illustre toujours tout de même les tendances du temps. Angus Deaton vient de découvir que gagner plus de 66 000 euros par mois ne rendrait pas plus heureux. Remarquons que monsieur de La Fontaine l’aurait tout autant mérité, avec sa fable du financier et du cordonnier. 
        Résultats de recherche
          Fable de Jean de La Fontaine : Le savetier et le financierLe bonheur est est une idée neuve en europe, disait « saint just » : 
          Ca reste encore à l’état de projet.
          Un projet formidable qui ne pourrait se construire qu’avec le souci de l’humain, et d’abord évidement un plafond de ressources, comme Angus Deaton le définit. Pour le montant, je pense que même avec 65 000 euros par mois, on doit pouvoir tout de même heureux...Ce plafond ahurissant montre à la fois que le pouvoir se rend compte du problème, tout en ne voulant guère évoluer, dans une position ainsi antinomique ; car gagner 2000 euros par mois vous fait rentrer dans les gens les plus fortunés, sans doute déjà les 2, ou 3% ; je ne veux pas dire de bétise, mais j’ai entendu des chiffres encore plus bas. La question qu’on doit se poser est celle ci : Voulons nous laisser quelque chose de viable à nos enfants, au delà de nos friches industrielles ?

      • elpepe elpepe 14 octobre 2015 02:34

        http://www.alexa.com/topsites
        tapper agoravox.fr on decline lentement mais surement


        • bakerstreet bakerstreet 14 octobre 2015 17:55

          @elpepe

          Faudrait se demander pourquoi certains fuient l’agora ! 
          Une envie qui nous gagne parfois.
          Est que ça ne serait pas par hasard pour échapper à toutes ces fumeuses théories du complot, où quelques illuminés, ou disons « initiés » font part à leurs dévots, des secrets ?..
          Reste qu’il reste de bons articles, mais pas forcément ceux qu’on nous met en tête de gondole. 
          M’enfin, chacun sa sensibilité des choses, et ses réponses, face à un problème de fuite.

        • elpepe elpepe 14 octobre 2015 02:51

          @auteur
          Mon commentaire ci-dessous n est pas pour votre article biensur,
          Je l ai trouve interessant, et revetue d une certaine nostalgie qui m a touche,
          Une anecdote vecue, a Paris dans le metro , un clodo avait ecrit parterre ’les carottes sont crus’ avec des rondelles de carottes crus en l occurrence
          L humour la derision la poesie et la liberte que vous nous avez fait ressentir, leurs permettent de vivre debout, peut-etre que c est plus notre cas, a ruminer, je rumine ...
          cdlt


          • bakerstreet bakerstreet 14 octobre 2015 12:57

            @elpepe
            Même sans avoir lu le livre, cette histoire est de celle qui nous ravie, nous ramène en enfance. « La petite marchande d’allumettes », « les musiciens de Brème », « le vilain petit canard », tout un patchwork nous revient en mémoire. J’oubliais un livre qui m’a vraiment marqué et que j’ai lu à dix ans : « Un conte de noël », de Charles Dickens. Par le biais d’un moniteur de colonies de vacances, qui nous lisait tout les soirs quand la lumière était éteinte, un extrait de ce livre. Beaucoup n’écoutaient pas, foutaient le bordel, riaient. Alors un soir le moniteur a décidé que puisque c’était ainsi, il arrêtait de lire....Plutôt timide j’ai hésité, mais finalement deux jours plus tard, cela a été plus fort que moi, j’ai été lui demandé de me prêter le livre, pour le lire seul..

            .Il était ravi bien sûr, et faut il que les enfant soient bêtes pour que j’ai été surpris qu’il le soit...
            Ce livre, je l’ai fait lire à beaucoup, prêté à beaucoup de gens. 
            En psychiatrie j’ai été je pense un de ces passeurs, qui se serve de la lecture, pour tenter de réamorcer la sensibilité.
             Dickens, ce n’est pas n’importe qui. Il a vécu une enfance à la Debré, bourgeoise, avant de sombrer dans le dénouement. 
            Et sans doute dans un certain relativisme de l’existence, qui allié avec l’humour, lui a permit d’accoucher de cette oeuvre étonnante, ou l’exclusion et la générosité sont les maillons forts. ..
            .Le personnage de Scrooge qui donnera l’idée de Picsou à Disney est sans doute une des plus fortes images romanesques qu’on puisse proposer. Voilà un homme qui comme le dit Jean Louis Debré, au soir de sa vie, en vient à se demander, par le biais d’un fantôme terrifiant, venu lui faire visite, ce qu’il a fait de sa vie, au delà de ses trésors. 
            Il fera trois voyages, sur les ailes d’un ange : Vers le passé, au présent, et vers le futur, pour en revenir bouleversé dans ses certitudes. 
            Freud après tout n’ira pas plus loin.

          • alinea alinea 14 octobre 2015 10:47

            Je ne connais pas ce Debré là ; je connaissais l’autre, celui qui avait un entonnoir sur la tête !
            C’est bien que des gens comme ça écrivent, ça nous changera des sucreries gavaldiennes et autres pitreries nothombesques ! non pas que ces deux-là soient mauvais écrivains, mais bon.
            Les rencontres, c’est ce qui fait la vie, ses virages, ses envolées, parfois même ses chutes.
            Avec ses droits d’auteur, notre SDF deviendra-t-il un bourgeois ??
            Ce qui m’intéresserait, c’est avoir une quantité de biographies de « ces gens-là », leurs failles et faiblesses particulières qui les ont jetés dehors avant d’autres, alors qu’ils ont cette force particulière de pouvoir vivre cela.
            Quand vous enfourchez votre vélo, bakerstreet, vous êtes un type épatant ; dès que vous lui mettez un moteur, ça m’éloigne ; je me demande ce que ça serait si vous y mettiez un tigre, dans ce moteur ! mais ESSO n’existe plus, si ?


            • bakerstreet bakerstreet 14 octobre 2015 12:32

              @alinea
              Bonjour
              C’est normal, car je suis né des amours d’un vélo et d’une mobylette, d’où cette schizophrénie qui m’a poussé vers la psychiatrie, un mot que je n’aime pas. M’enfin j’ai vu pas mal d’êtres humains différents, que je n’aurais pas vu en temps ordinaires, des gens qui passés de l’autre coté gardaient en eux une très grande humanité. Pas mal de clodos aussi, car cette machine de l’exclusion vous entame parfois sérieusement l’esprit, et n’arrête pas de vous rejeter dans les marges. Etre sentinelle du temps vide, au coin d’une rue qui est une impasse pour vous et un passage pour les autres, ça n’a rien à voir avec un bouquin de Gavalda, ou d’Angot...Il y aurait beaucoup de Jack London s’ils maîtrisaient mieux la langue, et puis aussi les conventions, et le reste. On ne rentre pas comme ça dans l’édition. Mais quand même un papier et un crayon, c’était pour beaucoup un repère. Mais ça ne fait rien, même quand on n’écrit pas des mensonges pour les autres, l’écriture de soi, sans censure vous sauve. Pas de grandes envolés, mais un petit agenda qu’on remplit à la fin de la journée pour mettre une date, un lieu à ce qu’on a fait. Ce qu’on fait surement un peu tous ici, car à tout considérer, nous sommes tous « ces gueux » dont vous nous parliez. 

              La différence c’est tout de même le toit sur la tête le point d’ancrage. Pas important pour ça d’avoir une villa. On ne peut dormir dans deux lits à la fois. Négligez ce petit carnet, et voilà que vous lâchez sur le reste, la toilette, et que vous vous enfoncez dans le trou, même plus capable parfois de savoir manger avec une fourchette, la crasse vous faisant des pieds palmés, l’esprit tout à fait brouillé, avare de mots.
               Il reste le portable, à laquelle on se cramponne un temps, avant qu’il ne rende l’âme.. 
              C’est en entendant cette histoire de vélos que j’ai été attentif à cette histoire. 
              Montez sur un vélo et vous rentrez dans une communauté de gens qui n’attendent que ce prétexte pour vous aborder. Le principe de base de la rencontre, c’est ce prétexte qu’il faut trouver.
               Et le vélo, amène une sorte de tutoiement, et vous disposera par la suite à voir en la personne que vous avez rencontré ce jour là d’abord le cycliste, un homme de simplicité. Votre double en enfance. Cette période de la vie où ce genre d’objet signifie la première liberté, l’autonomie. 
              Je lance cela sous mes doigts sans savoir où ça me même, laissant le clavier décidé pour moi, espérant tout de même me faire comprendre. 
              Cette histoire je la trouve très proche de celle qu’on lit dans les 1001 nuits, et que je vais surement relire. 
              Sans cesse ce livre vous ramène à la vanité, à l’humour, à deux ou trois maximes essentielles sur la vie, vous disant que c’est dans la pauvreté qu’on voit la valeur des gens, que la richesse comme vous le dites risque de vous dévoyer, et de bien mal vous préparer à ce qui vous attend, tout en vous rendant paranoïaque. 

            • bakerstreet bakerstreet 15 octobre 2015 12:19

              @alinea

              « Ce qui m’intéresserait, c’est avoir une quantité de biographies de « ces gens-là », leurs failles et faiblesses particulières qui les ont jetés dehors avant d’autres »

              En ayant croisé pas mal dans mon travail, je ne pourrais que vous donnez des raisons particulières à chacun : Ce qui me semble certains c’est que la plupart ne se seraient pas retrouvés à la rue il y a 30 ou 40 ans. Les mailles du filet se sont élargis, et encore et encore, au point de voir cette brutale augmentation sur les 5 dernières années. On voit des gamins virés parfois du foyer familial à 18 ans, le sac sur le palier quand ils rentrent. Des gens aussi victimes parfois d’un traumatisme, et qui sont dans une spirale négative d’auto destruction. Des malades mentaux qui refusent toute prise en charge, ( mais on en n’est pas rendu comme aux states tout de même) D’’autres incapables de s’adapter à ce notre société exige d’eux, et qui n’ont plus de soutiens. Mais souvent, se centrifugent évidemment les raisons économiques, qui fait que le décrochement est lent, insidieux. Perte du boulot à 50 ans, et divorce, l’un amenant parfois l’autre ; ensuite les petits hôtels, la perte des droits assedic, un copain qui vous héberge, une dispute et puis voilà on va au camping et puis la rue. Perte de l’image de soi, avec l’alcool aidant pour tenir le coup, et l’on s’enfonce. 

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