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Accueil du site > Tribune Libre > « Jésus-Christ matador » ! La faute de l’abbé Teissier

« Jésus-Christ matador » ! La faute de l’abbé Teissier

La mode est aux people et à la peopolisation, et visiblement Monsieur l’abbé Teissier n’échappe pas à la règle. Il doit certainement être l’un de ces prêtres mondains qui souhaitent plaire. Plaire à une coterie qu’il croit à la mode, cool, in… mais à tort comme en témoignent les réactions indignées des lecteurs du Midi Libre [1].
 
Mais quelle est la faute de l’abbé Teissier l’un des deux aumôniers des arènes de Nîmes ? D’avoir sans barguigner accepter de faire lui-même une lecture publique d’un texte « Jésus-Christ matador » (lequel assimile la crucifixion du Christ de Jésus aux passes d’un tueur d’arène) à la demande de l’association les « Avocats du diable ».
 
Grand aficionado depuis 1947, année de sa première corrida, le père Teissier évolue depuis plus de vingt ans dans le mundillo, le demi-monde tauromachique. Tauromachie qu’il pratique à ses heures perdues arguant que « L’église n’a pas de position officielle sur la tauromachie […] La mort de Jésus et la corrida nous renvoient tout simplement à la mort. Et la mort, c’est ce qui nous permet de nous interroger sur le sens de la vie. ».
 
Une philosophie de bazar que chacun appréciera selon son degré d’éveil… Ajoutons que la plus grande faute du fringant abbé est avant tout son ignorance crasse qui, à ce niveau, est un péché contre l’Esprit. Celle également de sa hiérarchie qui eut dû le bannir de la Sainte table depuis belle lurette en vertu de l’excommunication perpétuelle qui s’attache par la bulle de Salute Gregis (1567) de St Pie V qui prohibe à jamais les corridas comme contraire « à la piété et à la charité chrétienne [afin] d’abolir ces sanglants et honteux spectacles dignes des démons et non des hommes… » [2]. 
 
Au départ les « Avocats du diable » souhaitaient que la lecture de l’abbé Teissier ait lieu dans la chapelle des Jésuites qui se tiendra à la « Grande bourse » et comme le remarquait si justement l’abbé Teissier « un autre temple de Nîmes, finalement ! » St Jean Bouche d’or l’abbé ne pouvait mieux dire tant le sang et l’argent de tout temps ont fait bon ménage.
 
JM Vernochet
 
Notes :
 
2- De Salute Gregis 1567 : Contrairement à l’idée reçue - et à la légende noire - selon laquelle l’Église se serait désintéressée de façon chronique de la condition animale, et indépendamment de la figure transcendante de St François, rappelons que par la bulle De salute gregis, le Pape Saint Pie V a banni, pour toujours, sous peine d’excommunication, les mises à mort tauromachiques comme contraires « à la piété et à la charité chrétienne [afin] d’abolir ces sanglants et honteux spectacles dignes des démons et non des hommes… ». Une initiative venue d’Espagne : en 1567, le nonce apostolique Pierre Camajani porte à Rome un mémoire par lequel 70 théologiens espagnols plaident contre les corridas, requête que soutient St François de Borgia et qui détermine Pie V à prononcer une interdiction irrévocable de la tauromachie. Les siècles suivants attesteront d’une continuité sans faille de cette condamnation perpétuelle bien oubliée aujourd’hui. En 1863, sur les instances de Pie IX, Mgr Plantier décrit avec horreur le spectacle dégradant de l’arène et condamne les spectateurs « qui se repaissent de la souffrance des taureaux, des chevaux et même des hommes ». Mgr Besson de son côté dépeignait en 1885 les souffrances endurées par les chevaux et les taureaux réclamant avec énergie la suppression de spectacles « qui sont la honte de nos mœurs ». En 1920 le Cardinal Gasparri, secrétaire d’État de Benoît XV rappelait que « la barbarie humaine se retranche encore dans les combats de taureaux… l’Église encourage toutes les nobles âmes qui travaillent à effacer cette honte ».
 
 

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2 réactions à cet article    


  • Thierry LEITZ 9 janvier 2010 13:05

    « Le juste prend soin de l’âme de son animal domestique » Ce verset biblique tirée du Pentateuque rappelle à l’homme qu’il doit traiter même les animaux avec un minimum de bonté, en leur épargnant la souffrance notamment.

    On ne peut pas dire que ce soit le cas en taureaumachie...

    Marguerite Yourcenar disait que la bonté de l’homme se voit à sa capacité de faire du bien à ceux qui sont à sa merci... les animaux notamment. Eux ne font ni proçès ni guerre ni mesures de rétorsion envers l’homme qui use et abuse du patrimoine naturel livré en sa main.

    Dans la Genèse l’Homme avait pour mission de dominer sur la création et d’en prendre soin, étant entendu que cette domination ne visait pas ses semblables. C’est une sorte d’incitation à la gestion durable et écologique. Mais toujours dans l’optique biblique, cela ne se fera qu’après la disparition brutale des gouvernements humains violents et corrompus.

    Bon débarras.


    • Markoff 9 janvier 2010 21:43

      La mort de Jésus et la corrida nous renvoient tout simplement à la mort. Et la mort, c’est ce qui nous permet de nous interroger sur le sens de la vie. »

      Oui, mais le toro, lui, n’a aucune chance de ressuciter....

      « Le juste prend soin de l’âme de son animal domestique »

      Tiens ! je croyais que dans la religion catho, les animaux n’avaient pas d’âme ?
      Déjà que les femmes ont eu du mal à s’en faire reconnaître une ....

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