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L’auto régulation des systèmes politiques ( La loi de …)

La loi de l’auto-régulation des systèmes politiques

 

On connaît la théorie de certains économistes selon laquelle l’économie, les marchés financiers, s’auto réguleraient.

Ces théories qui sont, sous un certain rapport, la reprise du bon sens populaire et de l’adage : « a force de tirer sur la corde, elle se casse » (1) n’ont pas encore été étendues à l’analyse du fonctionnement des sociétés sous l’angle de la politique. Pourtant, l’histoire enseigne que les excès des gouvernants ont souvent entraîné leur perte. Ou ont engendré des réformes constitutionnelles qui ont produit (ou non) leurs effets pendant un certain temps ou sur certains points (*).

Nous nous proposons ici d’établir, avec la même pertinence que les économistes dont il s’agit (**), que le système politique s’auto régule. Et qu’il existe une « "loi" de l’autorégulation de la vie politique. Loi qui a présidé à la recomposition du cercle dirigeant français à l’occasion des élections du printemps 2017.

 

Pendant quelques décennies, le monde politique dans sa majorité a accepté de mettre en place une économie et des finances dérégulées, avec interdiction faite aux Etats d’emprunter aux banques centrales : traité de Maastricht, traité de Marrakech, traité de Lisbonne (reprenant les règles qui avaient été rejetées par un référendum populaire). Le tout dans un contexte de respect des intérêts et des directives nord américains.

Les dirigeants des partis de gouvernement qui se sont succédé ont parfaitement réussi à faire admettre (2) la situation par les électeurs. Et à occulter le débat sur les fondements et la réalité du fonctionnement de la société (que grâce à l’onction fabriquée par les urnes, ils ont acceptés comme il vient d’être dit, et ont fait accepter par des moyens et argumentaires adéquats).

Jusqu’au moment où l’opinion publique s’est mise à être insatisfaite des effets de la mise en application des traités par ses dirigeants et a entrepris de mettre en cause la crédibilité de ces derniers.

 

C’est alors que système politique a recherché une nouvelle régulation de son fonctionnement. En lien avec les milieux économiques, leurs thinks tanks, leurs réseaux, et leurs moyens de communication efficaces (eux aussi éléments traditionnels du fonctionnement des systèmes politiques).

1. Le système politique a fait surgir un nouvel animateur, en la personne de E. Macron. Qui a présenté la double caractéristique de pouvoir être en osmose d’une part avec le monde financier et celui des affaires et, d’autre part (ipso facto), avec la classe politique gestionnaire. Et qui a bénéficié en un temps record des financements et de la couverture médiatique nécessaires à sa création comme candidat alternatif à la présidence de la République

2. Le système a éliminé les personnels qui n’étaient plus fiables pour continuer à faire accepter la mise en œuvre des politiques prévues dans les traités existants et dans le texte des traités complémentaires (TAFTA . CETA).

 a) Les anciens leaders des partis de gouvernement ont été éliminés : N. Sarkozy dès les « primaires » des « Républicains » ; F. Hollande d’office.

b) Des « primaires » de ces partis, sont sortis des candidats imprévus, … qui présentaient la caractéristique d’être des candidats qui avaient peu de chances de figurer au deuxième tour des élections présidentielles.

c) Les chances de ces candidats étaient amoindries par la présence de « petits » candidats, auquel le système a donné, plus facilement qu’à certains autres, la possibilité d’avoir les 500 signatures, et qui devaient mordre sur leur électorat. Chances minées par ailleurs et en plus par les désaffections bruyantes des propres amis politiques des candidats.

3. Le système a permis à Marine Le Pen d’être présente au deuxième tour. Ce qui a permis que la régulation puisse se faire ensuite, après la réalisation d’une union sacrée contre elle, autour du candidat propulsé en remplacement des autres.

4. Une fois E. Macron devenu président de la République, il est prévu que ce dernier suscite autour de lui la fabrication d’une majorité parlementaire opérationnelle, dont le noyau agissant et parlant sera constitué de personnes non démonétisées ou d’apostats. Que E. Macron obtienne la majorité absolue « pour lui » tout seul ou non, les parlementaires hostiles à la politique des traités seront, du fait des nécessités de reconversion et d’adaptation, minoritaires.

 

Ainsi, le système politique, en présence de politiciens perçus globalement comme étant à bout de souffle et ne parvenant plus gérer l’opinion publique de manière efficace, aura-t-il su trouver les moyens de recouvrer les conditions et les instruments d’une nouvelle période de stabilité (2) .

 

S’agissant de l’autorégulation des marchés, Adam Smith parlait d’une « main invisible ».

La main qui permet l’auto régulation des systèmes politiques n’est peut-être pas aussi « invisible » que l’autre (3). Ce qui offre à des journalistes, voire à des chercheurs, des opportunités d’investigation sur les modalités et les techniques de la régulation.

 

Marcel-M. MONIN

m. de conf. hon. des universités.

 

  1. Il existe une suite à l’adage, mais que l’on connaît moins : « … mais tant que la corde tient, … tire dessus ! ». 
  2. Quand le système politique est fondé sur le résultat du vote des électeurs, ceux qui le font fonctionner ont besoin de gagner les élections. La loi électorale (votée par ceux qui sont au pouvoir) y veille. Les techniques de manipulation font le reste : v. ce que disait A. de Tocqueville en 1848 dans le débat sur l’attribution du droit de vote aux pauvres : « Je ne crains pas le suffrage universel, ils voteront comme on leur dira ». 
  3. Dans de nombreux pays, les disparitions de certains dirigeants qui poursuivaient une politique décalée (Mossadegh, Modibo Keïta, Salvador Allende, T. Sankara, Saddam Hussein, M. Khadhafi, etc…etc…) et leur remplacement par d’autres acceptant de re caler la politique illustrent le caractère universel de la loi de l’autorégulation des systèmes politiques. Même si l’adjectif « invisible » n’est pas tout à fait non plus, adapté à ces situations

(*) v. notre ouvrage : « Textes et documents constitutionnels depuis 1958. Analyses et commentaires ». Dalloz-Armand Colin.

(**) l’ensemble de cet article doit être lu à la lumière de cette remarque.


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3 réactions à cet article    


  • Clark Kent Jeussey de Sourcesûre 5 mai 2017 17:44

    La main invisible pas si invisible que cela ne s’appellerait-elle pas Soros-état-profond-complexe-américain-militaro-industriel ? Autrement dit l’élite de l’élite du capitalisme occidental qui se réuinit tous les ans à Davos ?


    • Louve de France Louve de France 6 mai 2017 01:00


      J-1 avant la fin définitive de la France....

      • epicure 6 mai 2017 17:56

        Le système financier ne s’autorégule pas, la régulation passe par des crises financières, en gros le système paye les déséquilibres qu’il a engendré , ou par l’intervention collective, comme pendant les 30 glorieuses sous la pression de la guerre froide, dans ce cas là on peut éviter les crises à répétitions.

        Depuis 30-40 ans l’oligarchie financière fait tout pour supprimer les outils de régulation dans le monde entier. Faisant souvent appel à l’argument fallacieux du « réalisme ».

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