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Accueil du site > Tribune Libre > L´éco des savanes : la Nature ne fait pas de cadeau !

L´éco des savanes : la Nature ne fait pas de cadeau !

Pourquoi l´écologisme est-il de gauche tandis que les lois implacables de la Nature sembleraient plutôt devoir inspirer une posture de droite ?

Attention, ce billet ne cherche pas la polémique politique, il pose plaisamment, et donc sans prétention, un petit problème contradictoire quant à notre mentalité, à nous dits écologistes.

 

Nul n´ignore que le mouvement écologiste (idéologique, philosophique) est un courant de pensée qui se situe nettement à Gauche et qui en France prit sa source dans une contre-culture contestataire très gauchisante (Pierre Fournier, Larzac, anti-nucléaires, tiers-mondisme, René Dumont, etc.).

Seul l´environnementalisme conventionnel, que je considère comme une dérive perverse puisque très emprunte d´anthropocentrisme, peut être taxé de Droite. Hitler était un environnementaliste, oui, oui, révisez vos notions et là, ça fait mal ! D´ailleurs, dans Mein Kampf, il écrit toujours le mot Nature avec une majuscule (comme moi !).

 Le clivage bipartisan et manichéen Droite/Gauche, que l´on voudrait suranné, n´est ici mis en exergue que pour simplifier la discussion, et ce, dans le sens de la Gauche à la française et qui sous-entend : égalité, solidarité, changement et insoumission, par opposition à une Droite identifiée par des valeurs de conservatisme, de méritocratie, d´ordre et de sécurité. N´entrons pas ici dans le thème des déviances totalitaires du communisme ! Les gens de Droite montrent, majoritairement et jusqu´à preuve du contraire, une tendance rigide, intolérante, très réaliste, tandis que ceux dits de Gauche, sont le plus souvent perçus comme plus idéalistes, se réclamant de progressisme, de tolérance, de compréhension et donc d´un petit bonus de coeur, de partage et d´humanité.

 

Qu´en est-il de la Nature, qu´en est-il dans la nature ?

 Eh bien, loin des histoires à dormir debout que l´on veut bien se raconter et hormis les cas mutualistes et symbiotiques, la Nature est pour l´essentiel cruelle, impitoyable, parfois féroce et sanguinaire ! Ici ne règne que la lutte pour la survie, un opportunisme exacerbé dont est tributaire toute existence, toute subsistance, une farouche et imparable loi de territorialité. Pour parler un peu stupidement en anthropomorphiste que je ne suis pas, c´est dans cette vie naturelle que triomphe la somme de toutes les « injustices » (au sens humaniste de l´équité), tous les racismes, tous les spécismes, tous les sexismes, jusqu´à certaines obligations « infanticides » programmées chez bien des espèces, notamment en cas de disette. Je viens ainsi d´égrainer tout ce qui concoure aux lois de l´évolution et de la sélection naturelle : que le plus fort gagne ! Ce qui peut nous bouleverser dans l´éthologie animale est bien entendu induit par la biologie et en sont exclus les actes de cruauté gratuite et mûrement pensée qui sont propres à l´homme. Le procès de sadisme fait, par exemple, aux félins jouant avec leur proie n´est évidemment qu´une vision de notre affect.

 Nos inégalités sociales, notre esprit de conquête et tout notre cortège d´irrespect serait donc d´ordre biologique et afférant à la sélection naturelle. Un inévitable déterminisme ouvrirait ainsi toutes les portes des circonstances plus qu´atténuantes, puisque naturelles, à toutes les exactions. Cette absence d´altruisme, d´empathie, de sollicitude, de compassion, de bienveillance, que l´on observe dans le milieu naturel, n´est-ce pas emblématique des sociétés humaines les plus rigides, les plus sévères, les plus conservatrices, sans même parler des dérives totalitaires ? Comme les gens de droite, la Nature ne fait pas de cadeau au plus faible. La vision lamarckienne, le darwinisme social dont on peut accuser Malthus dans certains de ses plus regrettables écrits, la loi du plus fort, la survie du plus apte sont des principes naturels qui iraient donc comme un gant à ceux qui étonnement n´aiment pas la Nature et ne se montrent guère partisans de l´écologisme. La droite aurait ainsi raté le coche en ne s´accaparant pas l´écologisme !! Fabuleux paradoxe ! Nous savons évidemment que les raisons du dédain du capitalisme et du socialisme industrialiste à l´égard de la morale écologique ne sont inspirées que par les désirs d´exploitation et d´appropriation.

 

Alors, l'homme serait- il contre-nature en aidant les faibles ?

 Si la loi de la jungle est naturelle, pourquoi donc Eva Joly s´affronte aux injustices et à la corruption ? Pourquoi, de façon générale, l´écologisme se veut-il si respectueux de l´humanité, si enclin à la compréhension des autres, à la lutte contre les privilèges indus, à la défense des classes et des peuples opprimés ? En voulant vivre selon des principes pacifiques de respect universel tels que ceux des Bishnoïs, les écologistes sont peut-être dans une contre-vérité car la Nature n´a de morale que celle de l´intelligence des instincts et des tropismes.

 Les images un peu lénifiantes de soi-disant empathie animale, d´une sphère souvent plus domestique que sauvage, que j´ai parfois divulguées ne sont que les exceptions qui confirment la règle d´une lutte sans merci pour la survie, ou bien se limitent à des rapports « familiaux » exceptionnels, et sont bien loin d´être la règle.

 Telle est la réflexion succincte, peu argumentée et sans prétention d´un écologue, d´un zoologiste, d´un naturaliste de terrain et d´un libre-penseur rousseauiste. Avocat du diable ou de la civilisation ? Parce que tout commentaire, toute explication qui pourra surgir de la question posée tournera autour du mot « civilisation ». Mieux dit : de quoi la civilisation est-elle le nom ?

 On peut y réfléchir, en discuter ou en rire.


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10 réactions à cet article    


  • Ariane Walter Ariane Walter 19 septembre 2011 10:38

    pessimiste, Michel,

    La Nature ne commence pas avec les animaux cruels mais avec l’harmonie des sphères.
    Le monde est aussi beau, élégant et nous sommes les héritiers de ces tendances divergentes.

    La Nature est de gauche car elle assiste l’homme lui offrant gratuitement le feu, l’air, l’eau, le bois, la pierre et les moyens de comprendre et de mettre en œuvre.
    Il y a une harmonie sublime et esthétique dans la Nature.
    Je pense que c’est une œuvre d’art évolutive.
    Et en ce moment certains utilisent bcp le noir.
    Mais ce n’est que transitoire car tout yin entraîne le yang.


    • etychon 19 septembre 2011 17:43

      Bonjour Ariane la poétesse... Vous ne pensez pas que c’est l’inverse ? L’homme qui exploite le capital nature ? En ce sens la nature est bien capitaliste, toute les espèces exploitant le capital nature.


    • Vladivostok 1919 Vladivostok 1919 19 septembre 2011 11:39

      Votre hypothese est absurde, comme souvent.

      Darwin n’a jamais élaboré de théorie sur la « sélection des plus aptes », à l’origine du « Darwinisme social »..

      La méprise vient d’un de ses contemporains philosophe, Herbert Spencer, ayant cité les travaux de Darwin pour légitimer ses propres réflexions sur le libéralisme.

      Darwin, n’a jamais ignoré que les conditions nécessaires à la vie pour atteindre son but ultime, c’est à dire la reproduction maximale, nécessite autant de compétition que de coopération.

      Sans cet équilibre, ni création, ni évolution.

      On pourra aussi et surtout citer Kropotkine, l’alternative russe a Darwin  :

      « Dans le monde animal nous avons vu que la grande majorité des espèces vivent en société et qu’elles trouvent dans l’association leurs meilleures armes dans la lutte pour la survie : bien entendu et dans un sens largement darwinien, il ne s’agit pas simplement d’une lutte pour s’assurer des moyens de subsistance, mais d’une lutte contre les conditions naturelles défavorables aux espèces. Les espèces animales au sein desquelles la lutte individuelle a été réduite au minimum et où la pratique de l’aide mutuelle a atteint son plus grand développement sont invariablement plus nombreuses, plus prospères et les plus ouvertes au progrès. La protection mutuelle obtenue dans ce cas, la possibilité d’atteindre un âge d’or et d’accumuler de l’expérience, le plus haut développement intellectuel et l’évolution positive des habitudes sociales, assurent le maintien des espèces, leur extension et leur évolution future. Les espèces asociales, au contraire, sont condamnées à s’éteindre. »

      — Pierre Kropotkine. L’Entraide, un facteur de l’évolution (1902), Conclusion.


      • Daniel Roux Daniel Roux 19 septembre 2011 11:51

        En voilà un beau sujet à traiter.

        Effectivement, nul doute que le capitalisme ultra libéral est à l’image de la Nature sauvage. Le chacun pour soi y règne en maître et la devise inscrite sur le fronton est : Manger ou être manger.

        L’Homme fait partie de la nature et sa survie en tant qu’espèce n’a parfois tenu qu’à un fil. Nul doute que s’il avait vécu en tigre solitaire, il n’existerait plus tant ses armes naturelles, bec et ongles, sont faibles.

        Mais l’Homme est un animal social. Sa particularité est de transmettre son savoir à la génération suivante, à ses enfants mais aussi au groupe auquel il appartient obligatoirement. On ne naît pas Homme, on le devient après un dur apprentissage au sein de la communauté.

        Petit à petit, l’Homme de proie facile est devenu prédateur redoutable puis prédateur suprême installé tout en haut de la pyramide des espèces. Il a domestiqué la nature en l’exploitant puis la détruite en la surexploitant.

        Les ressources accessibles de la planète étant par nature finie et l’expansion de l’Homme exponentielle, quelque uns d’entre nous ont fini par comprendre et théoriser que nous allions « droits de le mur ». De là est née l’écologie, c’est à dire une exploitation raisonnée et raisonnable des ressources de notre planète dans le but d’éviter à la fois un épuisement définitif et de permettre une attribution plus équitable.

        Le but de l’écologie est donc un but humaniste, mettre la nature au service de l’homme sans tuer la poule aux oeufs d’or.

        Il est indispensable que le capitalisme, qui n’est qu’une forme d’organisation des moyens, subisse la même évolution. Il doit se mettre au service de l’homme. Il s’agit de permettre l’allocation des moyens disponibles au service de l’humanité. Là sont les valeurs de gauche.

        Il est donc regrettable de ce point de vue que l’offensive ultra libérale menée par Reagan/Tatcher/Bush/Balladur/Sarkozy rencontre autant d’adhésion de la part d’une certaine élite que l’on peut qualifier de réactionnaire et anti humaniste. Le drame est que ce sont eux qui détiennent le pouvoir. La tragédie est que le temps nous est compté.

        En clair, l’oligarchie financière et ses collabos nous tuent.


        • Kalki Kalki 19 septembre 2011 13:14

          METTONS : qu’il y a énergie en abondance, production, service, travail machine, tertiaire, intelligence , décisionnel tout ça en abondance et sans humains sans salaire a payer

          et un espace infinie

          il faut être drolement con pour être un capitaliste


        • etychon 19 septembre 2011 17:59

          Le capitalisme ultralibéral justement n’est pas à l’image de la nature. Dans la nature dite « sauvage », qui ne l’est pas tant que cela, il y a toujours un équilibre, changeant constamment il est vrai, mais équilibre tout de même. Aucune espèce n’est capable de détruire totalement son environnement. La bonne question : le capitalisme néolibéral vat’il y arriver ?


        • Kalki Kalki 19 septembre 2011 13:12

          Prout dites donc, en voilà un intellectuel qui intellectualise, ca va loin, il faudrait faire une carte  ? NON DEUX DIMENSIONS LUI SONT SUFFISANTE GAUCHE DROITE : a mon avis une limace pense pareil, pas besoin de lever la tête de pense en 2 dimension, voire 3 , voire 4 voir 11 ? voir pas de dimension ?

          vous pensez quoi des martiens nés sur bettelgueuse mais de la fille de lénine ?

          ca se place ou sur l’équiquier, pardon la ligne, pardon, la connerie de la pensée politique ...


          • Jason Jason 20 septembre 2011 09:16

            Vous citez Hitler écrivant le mot nature avec une majuscule. Or, en allemand, tous les noms communs sont écrits avec une majuscule. Mais, c’est pas grave, c’est sans doute la faute du traducteur.

            L’espèce humaine, de par son organisation sociale, a quitté la nature depuis des millénaires (combien au juste ?), mais elle appartient toujours à la biosphère. Et bon nombre d’approches du rapport qu’il entretient avec un monde qu’il domine en partie jouent sur l’ambiguïté et la nostalgie d’un paradis perdu.

            L’idée de nature est à manier avec la plus grande précaution, car elle peut être mise à toutes les sauces et au service de toutes les philosophies, comme à celui des idéologies les plus basses.

            Et puis, la nature n’a pas de morale, ni de sentiments, ni même d’efficacité, seulement peut-être une apparence d’équilibre relatif, apparence due à nos cultures et au court temps de nos existences. Finalité de la nature ? Acune.

            j’ai souligné dans un autre billet le raisonnement fallacieux qui consiste à parler d’environnement (notion purement commerciale) afin de mieux déplacer l’homme pour un temps hors de la biosphère, et de le convaincre que pour retourner dans l’Eden il doit fréquenter le mercantilisme.

            Pour répondre à votre question, la civilisation n’est qu’un artefact, une vue de l’esprit, qui nous coûte très cher, moralement et physiquement.


            • Iren-Nao 20 septembre 2011 09:46

              Auteur,

              Voici un article qui ne manque pas d’interet quoique savoir si l’l’ecologie est de droite ou de gauche ne me parait pas vraiment interessant et votre approche des concepts en question (droite ou gauche) me semble un peu sommaire et pour le moins discutable il y a beaucoup de sorte d’idees classees a droite comme a gauche.Droite ne signifie pas plus necessairement capitalisme liberal que gauche implique stalinisme.
              La nature est en effet impitoyable et elle est en train de le prouver a ceux de gauche comme de droite et elle se rit des bons sentiments et encore bien plus de ceux qui les emettent.
              D’un point de vue ecologiste, marier des homosexuels ensemble est simplement grotesque, au mieux futile, tandis que lutter pour de la territorialite (on disait aussi « espace vital’) s’inscrit bel et bien dans une demarche »nature". (je sens que ca va agacer...).
              J’ai envie de dire que le national socialisme etait bien plus ecolo que le socialisme.Et donc, H. Goering plus que N. Mamere
              Ca y est, je l’ai dit. :-

              Bonjour

              Iren-Nao


              • yvan deska yvan deska 27 mai 2013 15:30

                bonjour à tous et félicitation pour vos commentaires forts divers et tous intéressants

                Ma modeste contribution vous invite à lire Philippe Descola, anthropologue.

                TOUT ce que vous dites de plus opposé se rejoint en un point : nous sommes TOUS issus de la même culture. Nous ne sommes ni des animiques, ni des totemiques, ni autres ; 
                Nous ne pouvons faire autrement qu’être issus de cette culture, imbibés depuis l’enfance de cette culture qui place l’homme à distance de la nature. Quelque soit notre posture politique, nos opinions, et même nos sentiments, nous le devons à notre ontologie naturaliste qui nous distancie de la la nature. Le mot « nature » par oppostion à culture signe cette appartenance. Les inuit, les amérindiens, les chinois, les indiens, n’ont pas de synonymes de nature. Car il n’ont pas besoin de créer un concept qui n’existe pas selon eux. Car il n’y a pas de dualime marqué entre nature et culture...Je m’arrête là. Descola approfondie. C’est essentiel de le lire afin de relativiser notre perception de la nature. L’écologisme disparaitra lorsque notre culture évoluera de telle manière que sincèrement et naturellement, sans y réfléchir, nous accorderont à la nature une valeur essentielle. Si notre société aimait profondément la nature et ses éléments (je parle de la nature sauvage.) notre économie et l’organisation sociale de 
                notre civilisation se feront en fonction de ce postulat de départ et un autre monde serait.
                Hors, on ne change pas de culture comme de chemise. Un changement de culture aussi radical ne peut être programmé, heureusement ?. C’est un processus. Le moteur est l’éducation.
                Merci

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