• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Tribune Libre > L’égoïsme diabolisé

L’égoïsme diabolisé

Certains mots sont chargés émotionellement, de ce qu’on appelle une connotation, le plus souvent péjorative, et le mot “égoïsme” est un de ces mots. Pourquoi ? Et qu’est-ce que cela dit sur notre société française ? C’est ce que nous allons essayer de comprendre, mais le simple fait d’énoncer ce constat en surprendra plus d’un. En effet, les connotations des mots sont si courantes et admises que plus personne ne pense qu’elles existent, ni pourquoi elles existent, et encore moins si c’est une bonne chose qu’elles existent.

La définition du mot “égoïsme” dans le dictionnaire français ne laisse pas de doute à ce sujet : l’égoïsme est mal.
“ÉGOÏSME, subst. masc.
A. Vieilli, lang. littér. Attitude ou expression de celui qui parle sans cesse de soi ou fait constamment référence à soi. Synon. amour-propre, amour de soi, égocentrisme, égotisme :
B. Cour. Attitude ou conduite de celui qui, le plus souvent consciemment, ne se préoccupe que de son intérêt ou de son plaisir propre au détriment ou au mépris de celui d’autrui. Agir par égoïsme ; être d’un égoïsme cynique, dur, sordide ; lutter contre son égoïsme.
SYNT. a) Être enfermé, isolé, muré dans son égoïsme ; s’élever au dessus de, s’évader de, se réfugier dans son égoïsme ; être cuirassé d’égoïsme ; sombrer dans l’égoïsme ; être aveuglé par l’égoïsme. b) Les cloisons de l’égoïsme ; un abîme, un désert, un gouffre d’égoïsme. c) Un égoïsme aride, désséchant, étroit, froid, profond, stérile ; un solide égoïsme ; un égoïsme brutal, exécrable, farouche, féroce, implacable, monstrueux, odieux, sot, vil ; un égoïsme béat, satisfait, superbe ; le splendide égoïsme. d) Un monstre d’égoïsme ; l’égoïsme des enfants, des vieillards ; les calculs de l’égoïsme.”

Pourquoi le fait de penser d’abord à soi serait-il quelque chose de mal ? Que faisons-nous des principes de survie, de sécurité physique, alimentaire etc. qui sont à la base de la pyramide de Maslow ? 

Pourquoi le fait de se sacrifier pour autrui serait-il a contrario quelque chose de bien ? Le sacrifice n’est-il pas aussi une notion connotée péjorativement ? Si je sacrifie ma vie aux autres, je n’ai plus de vie.

La société judéo-chrétienne a incité les gens à croire qu’en s’occupant des autres, on s’occupait aussi de soi, et qu’en ne s’en occupant pas, on se faisait indirectement du mal. La fameuse charité chrétienne n’est rien d’autre, aider les pauvres, aider les malades, aider les souffrants, et se sacrifier pour eux, faire une bonne action, etc. Tout ce champ sémantique que nous avons internalisé au plus profond de nous-mêmes est intimement lié à une notion plus puissante que tout autre : l’altruisme. Ce culte de l’autre, et de l’Autre, du différent, de l’étranger aussi. Ainsi, paradoxalement même les milieux nationalistes et catholiques sont touchés par ce culte de l’altruisme, eux qui défendent pourtant par ailleurs “les Français d’abord” et “la préférence nationale”. Ils ne voient pas la contradiction.

Et si l’on rajoute l’influence d’Auguste Comte, on touche du doigt la manipulation des esprits qui a cours depuis des décennies à propos de l’égoïsme : “3. PSYCHOPHYSIOL., sans nuance péj. [S'oppose à altruisme] Ensemble des tendances ou instincts qui poussent l’individu dans le sens de sa conservation et de son développement (cf. instinct de conservation). Le grand problème humain, subordonner l’égoïsme à l’altruisme. En effet, l’énergie supérieure des instincts personnels peut ainsi servir à compenser la langueur naturelle des instincts sympathiques, par une impulsion initiale que ceux-ci n’auraient pas spontanément (COMTE, Catéch. posit., 1852, p. 166).”

A quelques semaines de la sortie en français de son chef d’œuvre, La grève (Atlas Shrugged en anglais), il est intéressant de se pencher sur un essai d’Ayn Rand, La vertu d’égoïsme. En tant qu’objectiviste, Rand plaçait l’égoïsme au-dessus de l’altruisme, qu’elle renvoyait aux scories de la société socialiste au mieux, communiste au pire, bref collectiviste. Par contre, l’égoïsme et l’individualisme qui va avec sont la source, selon elle, de tous les bienfaits qui toucheront tôt ou tard les autres, devenant ainsi bien plus altruiste que l’altruisme lui-même. Un seul exemple : pourquoi le boulanger fait-il du bon pain, pour lui ou pour les autres ? Ayn Rand dit qu’il le fait pour lui, car si son pain est mauvais, personne ne le lui achètera et il fera faillite. Il est donc mû par son égoïsme.

Le fait que l’égoïsme soit ainsi diabolisé en France, et l’altruisme sacralisé, nous en dit long sur l’état collectiviste de notre société, et du peu de cas qu’on fait de l’entreprise individuelle, qu’elle soit scientifique, commerciale, ou politique. Seule l’association à but non lucratif est une entreprise jugée positive, elle est d’ailleurs largement subventionnée par l’Etat, ami de l’altruisme et ennemi de l’égoïsme, dont le rôle est de prendre les richesses à ceux qui les créent pour les redistribuer à ceux qui ne les créent pas. D’où ce sentiment d’être protégé par l’État, alors que dans les pays anglo-saxons l’État est une menace sur les libertés, la sécurité et les richesses qu’il convient de réguler au mieux.

Je laisserai la conclusion de cette petite réflexion de fond au préfacier du livre de John Bastardi Daumont, les secrets d’un mentaliste, dont je vous recommande la lecture. Voici ce qu’écrit Jean-Pierre Vallarino, prix mondial d’illusionnisme : “Dans presque chaque page de cet ouvrage il y a un mot que l’on pourrait redéfinir sous une autre forme. J’imagine un dictionnaire où je lis “égoïste” avec une définition précise, or, lorsque je parcours le livre, je décèle d’autres définitions. Si l’on prend par exemple le mot “égoïste” au premier degré, il s’agira d’un individu qui se fiche de son prochain, mais si l’on imagine que cet égoïsme est une forme de solution existentielle pour rendre finalement les gens heureux, ça devient un comportement positif, altruiste. L’égoïsme du magicien qui conserve ses secrets n’a pas d’autre but que de fournir du bonheur au spectateur.” p.16

Par Jean Robin

www.enquete-debat.fr


Moyenne des avis sur cet article :  2.33/5   (15 votes)




Réagissez à l'article

17 réactions à cet article    


  • Alpo47 Alpo47 14 juillet 2011 10:29

    Je trouve les arguments développés ici très « spécieux ». Quelle société construit on avec l’égoisme. Ah, oui, un capitalisme libéral et prédateur ... qu’on est en train de tenter de nous imposer .

    Avant de penser à « Autrui », il vaut effectivement mieux se construire une vie autant que possible sécurisée et une personnalité équilibrée. Ceci fait, on peut effectivement tourner son attention vers les autres afin de trouver sa place dans la société.
    Question de choix et de valeurs...

    Dans ce deuxième temps, l’égoisme qui sera souvent la recherche de « toujours plus »,se construit trop souvent contre les autres. Nos sociétés forment des individus qui recherchent la « performance », sont dans la « compétition », tout ceci évidemment contre les autres.

    J’ai rencontré, professionnellement, des gens qui possédaient des milliards et je me suis toujours demandé « A quoi bon ? ». Pourquoi continuer au delà du nécessaire, du mieux vivre et de la sécurité ? La plupart d’entre eux étaient des sociopathes, prédateurs de la société, donc sans empathie pour autrui.

    Je prêcherais donc pour un peu d’égoisme pour « se construire » et ensuite pour trouver sa place dans une société solidaire.


    • voxagora voxagora 14 juillet 2011 11:47

      Sur la polysémie des mots, leur charge inconsciente, et leur dépendance au lien social :

      Sylvia Lippi : Héraclite et Lacan, du logos au signifiant". (recherchespsychanalytiques.org)
      entre autres ..

      • bluebeer bluebeer 14 juillet 2011 12:22

        Bonjour.

        Être égoïste est très naturel. Après tout, on est seul dans sa peau, et on ne souffre pas à la place des autres. Alors pourquoi être altruiste ?

        Les zoologistes et les généticiens y ont trouvé une réponse darwinienne. L’intérêt de l’espèce réside parfois dans des solutions collectives.

        Dans le cas d’homo sapiens sapiens, l’idée est que le « singe nu » pour reprendre l’appellation de Desmond Morris, vulgarisateur et propagateur de la théorie, nos ancêtres primates ont fini par descendre des arbres et arpenter la savane. Parallèlement à cette progression, leur régime alimentaire s’est modifié, ils sont devenu carnassiers. La rentabilité du carnassier réside dans des proies plus importantes, et la chasse en groupe s’est progressivement structurée. Deux corollaires importants : quand on chasse en groupe, on doit coordonner ses actions et êtres assuré de ne pas être attaqué par ses partenaires : c’est la base de la coopération et de la confiance. Le pacte des loups. On doit observer une hiérarchie, pour que les tâches se répartissent harmonieusement. Cette hiérarchie se structure au travers d’affrontements ritualisés, symboliques, qui ne mettent pas à mal l’intégrité physique des membres du groupe mais fonde une espèce de méritocratie réaliste.

        La coopération a modifié profondément les attitudes des primates originaux, et leur a permis de progresser bien plus loin que leurs cousins restés dans l’arbre. Je ne suis pas sur que le jeu en valait vraiment la chandelle, mais personnellement je me suis habitué à être un animal social coopératif. Toujours aujourd’hui, les grands singes genre gorille vivotent tranquillement, « égoïstement », sans grand impératif de coopération pour des projets communs, et son menacés d’extinction.

        Le discours libéral qui a fait sien le principe de libre compétition a sacrifié l’idée de coopération. Mais quand les loups commencent à se bouffer entre eux, ils disparaissent. C’est un peu ce qui arrive au capitalisme financier actuel.

        Soi dit en passant, tous ceux qui ont eu l’occasion de travailler en équipe, dans des domaines où ils prenaient des risques personnels pour assurer le bien collectif - genre armée, pompiers, flics, samu, sports collectifs..., connaissent ce sentiment fort de camaraderie, de fraternité même (for whom who sheds his blood with me today will be my brother - Henry V), née du danger, et sa rétribution, la reconnaissance du groupe.

        L’égoïsme, c’est comme la peur, très naturel, et très difficile à combattre.


        • Gargantua 14 juillet 2011 14:53

          Bof, un article de bobo.
          L’égoïsme qu’est que c’est ?
          En quoi il es salutaire ?
          En quoi il est néfaste ?
          Que veux dire avoir un l’égoïste raffiné ?
          Et comment l’égoïste est’ il métamorphosé ?
           A toutes ces questions l’article ne propose que des nébuleuses réponses qui n’est que expression d’un égoïste subtil, celui qui fait le plus de ravage car il nous fait croire que nous l’avons maitrisé alors qui nous tiens par le collet. 


          • Scual 14 juillet 2011 15:09

            Oh mais c’est très simple l’égoïsme c’est ce qui fait de nous des animaux et le partage et le sacrifice pour la communauté, c’est ce qui fait de nous une société, c’est ce qui fait de nous une civilisation et c’est le fondement même de notre espèce.

            Dès la naissance on doit s’occuper de nos enfants qui ne sont pas « finis » : ils deviennent des hommes et ne seront viables qu’après que leurs parents aient tout partagé avec eux jusqu’à un age avancé car ils ne sont que culture. La culture c’est le partage du savoir. L’aide, l’apprentissage, tout ce qui fait de nous des humains c’est le partage. On s’inscrit dans la vie non pas par rapport à une chasse solitaire mais par notre affirmation au sein de la société c’est à dire par rapport à notre interdépendance avec les autres.

            Je pense que si les vautours ou les requins pouvaient philosopher, ils feraient l’apologie de l’égoïsme... mais le problème c’est que justement être égoïste fait d’eux des animaux trop cons pour philosopher car l’égoïsme rend les choses tellement simples qu’ils peuvent se passer de cerveau.

            Le chemin de l’égoïsme, c’est le chemin inverse de cette évolution qui a fait de nous un peu plus que des animaux. D’ailleurs c’est principalement l’égoïsme qui fait que nous le sommes encore un peu et même beaucoup.

            Au fond pour résumer, l’égoïsme c’est la principale conséquence d’une bêtise profonde, quasi-animale.


            • Gargantua 14 juillet 2011 17:35

              ce qui n’étonne c’est dire autans inepties et ramasser des approbations positives, c’est inquiétant ?


            • Scual 14 juillet 2011 18:18

              Ce sont des inepties ?

              Eh ben il faudrait alors supprimer des bibliothèques des universités pas mal d’ouvrages reconnus dont certains depuis l’antiquité alors... et revoir de fond en comble les programmes de philosophie, de sociologie etc...

              Le plus probable est que vous ne compreniez pas vraiment. Réessayez donc avec un dictionnaire et n’hésitez pas à abuser de wikipédia surtout.


            • Gargantua 14 juillet 2011 18:56

              <Au fond pour résumer, l’égoïsme c’est la principale conséquence d’une bêtise profonde, quasi-animale.>
               Rien que cette phrase montre que vous avez aucune connaissance approfondie de la nature humaine, en soit ce n’est pas un reproche, c’est simplement triste de se perdre dans des méandres de penses insipides 
              En plus juste une phrase plus haute vous vous contredisez < Le chemin de l’égoïsme, c’est le chemin inverse de cette évolution qui a fait de nous un peu plus que des animaux> ta pense sur l’égoïsme est un peu plus que des animauxquasi-animale.Il faut choisir je voie qu’il y a dilemme Cornélien ?


            • Scual 14 juillet 2011 22:46

              égoïsme = quasi animal = pas civilisé

              aller vers l’égoïsme = aller dans le sens de l’animal = sens inverse de sens de la civilisation et de l’évolution

              ce qu’il reste d’animal en nous ? l’égoïsme

              ça va mieux là ?


            • Gargantua 14 juillet 2011 23:42

              Si l’homme n’étais pas égoïste il ne se nourrirait pas, l’égoïsme lui permet de différencier des autres hommes, donc l’égoïsme n’est pas un mal en soi.

              Sans l’égoïsme l’homme ne pourrait pas vivre et s’individualise, c’est une force de l’âme qui lui est nécessaire, et comme toute chose l’homme abuse des forces de l’égoïsme  qui accapare tout à son profit, ne trouve pas de plaisir à échanger, à donner, devient une maladie de l’âme qui prend l’aspect de l’avarice et de l’égocentrisme.

              Comme nous naissons tous avec l’égoïsme en soi, ce qui prétende qui ne sont pas égoïsme son en réalité sujet un égoïsme subtil qu’il répugne à voir qui prend d’autans plus de force qui le nie.

              Ceux qui affirme être altruiste vive un égoïsme raffiné, car être altruiste, ce n’est pas soi qui le décrété, car l’art d’être altruiste, c’est vivre avec un égoïsme qui anoblie les instincts et les désirs.

              La charité bien ordonner commence par soi même, c’est une parole bien comprit d’un égoïsme qui se met au service des autres.

               


            • Scual 15 juillet 2011 14:54

              Oui un dictionnaire ne serait pas de trop. L’égoïsme au service des autres, c’est comme le bien mal et le noir blanc...


            • Gargantua 15 juillet 2011 16:52

              Scual vous avez encore du travail à faire, l’égoïsme est un mystère pour les eurocentristes.


            • Gargantua 15 juillet 2011 16:53

              Scual vous avez encore du travail à faire, l’égoïsme est un mystère pour les égocentrismes.


            • Jordi Grau J. GRAU 14 juillet 2011 15:39

              Je crois que l’auteur de cet article a un point de vue un peu simpliste du rapport entre le moi et autrui. Comme beaucoup de gens, il pense que la conscience individuelle est naturellement repliée sur elle-même et radicalement distincte des autres consciences. Dès lors, il faudrait choisir entre l’égoïsme et l’altruisme, entre la recherche du plaisir personnel et le sacrifice à la collectivité. Cette vision me semble illusoire. En réalité, il n’y a pas de cloison étanche entre moi et autrui, ni entre l’individu et la collectivité. Nous avons tous en nous un désir d’être reconnus par autrui : admirés, aimés, respectés... Et nous n’aurions pas ce désir si autrui ne comptait pas à nos yeux. Cela vaut aussi bien pour ceux qu’on appelle « égoïstes » que pour ceux qu’on appelle « altruistes ».

              Prenons l’exemple d’un politicien ultra-narcissique comme Sarkozy. En un certain sens, il se fout complètement des autres. Mais en même temps, il a besoin de leur regard, de leur gratitude, de leur soumission. Ce type-là est sans arrêt soucieux de ce qu’on pense de lui. Il vit par et pour autrui. La seule différence avec quelqu’un de généreux, c’est qu’il veut être le maître du jeu : dans sa relation avec autrui, il cherche d’abord à se trouver. C’est toute l’ambiguïté, voire la contradiction des rapports de domination : le dominé est à la fois nié et affirmé, on cherche à s’en passer mais on n’y arrive pas.

              Autrui est donc toujours en nous, que nous le voulions ou non. De même, nous avons tous intégré, de par notre éducation, un certain nombre de normes collectives. Ces normes peuvent être plutôt généreuses, « altruistes », ou plutôt « égoïstes », mais ce sont toujours des valeurs sociales, qui ne sauraient se réduire à un instinct naturel. Ainsi, l’ultralibéral qui voit la société comme une jungle où les « winners » doivent écraser sans pitié les « loosers » se conforme en fait à un modèle social qui lui vient de ses parents ou de ses fréquentations. Et c’est pour être admiré et respecté par ses pairs ou par ses supériers qu’il a ce comportement agressif.


              • easy easy 14 juillet 2011 20:06

                Je vais être assez proche de Grau

                Il y a une très grande part d’influence culturelle dans ce qui fait notre ego.

                La France fait partie des pays où l’individu s’exprime le plus en Je.

                Ici, le Je tombe sous le sens et on ne perçoit pas bien, même quand on me lit à l’instant, qu’il puisse exister d’autres manières de dire « je »

                Et pourtant il en existe.

                Au Vietnam, on indique d’abord son nom de famille et ensuite seulement le prénom que notre famille nous a donné. 
                Ca donne en permanence à chacun des Viets qu’une personne est d’abord définie par sa famille. 
                Au point qu’un Viet, e un mal fou à comprendre le Je français. 

                Dans le nom de famille des Viets, il y a d’abord le nom d’une dynastie ou d’une très ancienne famille. ensuite peut venir un second Nom plus rare.
                Ce qui fait que beaucoup de Viets portent le même nom.
                Les Viets se regardent donc mutuellement comme porteurs d’une grande histoire.

                L’HISTOIRE.

                Oui, l’histoire, douce, triste, dure, d’une dynastie, est donc inclue dans l’identité des gens. Chacun porte beacoup d’historicité dans son sens du Je

                On y pratrique le culte des ancêtres.
                Dans les maisons des aînés, il y a un autel et des photos, les seules de la maison souvent, des morts de la famille. On part le matin en s’adressant à eux, on rentre le soir en leur disant un mot en leur offrant une mangue, un bâton d’encens. Et ce dialogue avec les morts se faisant devant les autres, chacun trouve très normal de papoter avec les morts invisibles.
                Au fond, les gens, quand ils partent au travail, ne se trimbalent peut-être pas trop leurs morts avec eux. Les morts étant à se reposer sur l’autel. Posons qu’on ne compte pas sur eux pour nous trouver le loto.
                Au moins pendant qu’on est à la maison, tout ce qu’on fait et dit, se fait donc sous le regard le plus vivant possible des morts. Et cela en messe familiale puisque chacun participe à faire vivre l’âme des morts.
                Au total, il se crée une véritable spiritualité, à partir non d’un dieu, mais de la famille.

                Nul ne peut agir, en tous cas dans la sphère privée, en choquant les morts. Ce n’est pas possible.




                Ensuite, lorsqu’une mère appelle un de ses trois fils, elle ne l’appelle pas uniquement par son prénom. Elle ajoute des mots qui indiquent sa position familiale, au moins son rang.

                Au point que trois copains, au bar, vont s’appeler entre eux en utilisant les caractéristiques familiales de chacun. Genre frère trois, frère quatre
                Et comme il peut y avoir confusion car deux copains peuvent être chez eux des numéro trois, on trouve une indication supplémentaire, éventuellement le prénom pour s’y retrouver.
                Du coup, sur le marché, quand on demande du poisson à une vieille dame, on lui dit un mot évoquant l’idée qu’elle pourrait être notre mère.
                Et quand on s’adresse à un femme plus jeune que soi, on lui dit petite soeur.



                je m’arrête là mais il faut comprendre qu’à partir du moment où ces deux points fonctionnent en société, il se produit une mécanique d’amplification de de sens familial ;
                Ainsi, l’ego d’un viet, tel qu’il se le représente, finit par ne même plus comprendre de partie vraiment individuelle.


                Alors il ne parle pas en son seul nom, alors il n’agit pas que dans son seul intérêt, etc.



                Ici, un orphelin, quand il est dans la rue, les gens lui donnent du Jean, du Paul et le gamin se sent isolé.
                Au Vietnam, tout le monde l’appellera fils ou neveu et il appellera tout le monde frère, soeur, père, mère, oncle....



                • easy easy 14 juillet 2011 20:12

                  Disons que par exemple ici on dira « Je respecte maman »
                  Et là-bas, on dira quelque chose qui exprimera : « celui qui respecte maman » respecte maman.


                • Mugiwara 14 juillet 2011 21:34

                  l’article est vachement intéressant, vos commentaires aussi. génial le petit tuto sur une des coutumes des viets. 

                  je comprends mieux maintenant les asiatiques qui ont très souvent les mêmes noms sans être réellement être de la même famille directement. 
                  encore que là, il s’agit de leur culture. 
                  la culture française implique à mon humble avis de la tolérance la plus totale envers soi et autrui. 
                  perso, je ne prends pas mon cas pour une généralité, car il y a tellement de paramètres à tenir compte qu’ils sont jamais les mêmes pour chacun de nous tous. c’est pourquoi, je pense que l’égoisme est normal jusqu’à un certain âge. 
                  l’âge ne doit pas être le seul critère pour valider que la personne est capable d’altruisme. 
                  ce qui convient de faire à mon humble avis serait d’encourager les autres à se découvrir, à s’inventer une vie etc...
                  seulement, scientifiquement parlant, on a la preuve qu’on est jamais pareils. même entre 2 jumeaux, car les empreintes digitales sont toutes uniques. 
                  à partir de là, on peut même aller voir les gènes qui diffèrent d’un individu à un autre. 
                  seulement, il existe des personnes qui se cherchent plus rapidement que les autres, tant mieux pour les plus rapides, car une fois que ces rapides ont atteint un niveau de code moral, de l’éthique, une vie somme toute confortable via un métier qui lui plait, ces rapides doivent aider les autres simplement parce que ça sert la société. 
                  contrairement aux animaux, l’humain est capable de grandes choses, mais en oubliant d’aider autrui, on risque de rater parfois le chainon manquant pour avancer. 
                  tout l’intérêt de mon commentaire est qu’on doive arriver à exploiter le plus possible notre cerveau pour le bien de l’humanité. 
                  je dirais que grâce à la synergie, si un humain est capable d’utiliser son cerveau à plus de 3 pour cent, je pense que l’humain est devenu moins égoiste. en dessous du 3 pour cent, on tombe dans le fascisme, dans la peur, bref dans les mauvaises choses. 
                  je crois qu’il existe quelqu’un dans notre monde qui arrive à exploiter jusqu’à 12 pour cent son cerveau. 
                  et je peux vous dire que sa vie est loin d’être facile. seulement cette personne est tellement intelligente que personne au monde ne peut le comprendre ni admettre cette réalité qu’elle se cache obligatoirement loin de nous. 
                  bien entendu, il pourrait se manifester pour nous aider s’il le faut mais seulement quand on aura tous atteint 10 pour cent peut être. et encore, quand on y sera, ce mec aura déjà pu aller jusqu’à 20 pour cent entre temps. 
                  ce que je dis là, est en gros : oui, l’égoisme est strictement normal dans un premier temps pour se chercher, une fois qu’on a très bien étudié, cette personne sentira d’elle même qu’elle doit aider les autres. 
                  malheureusement, notre monde actuelle ne permet pas l’épanouissement de tous les français. 
                  les japonais l’ont très bien compris, de même que pour les coréens. les allemands n’ont pas encore pris conscience, enfin pas tous, et en france, on est un peu derrière. 
                  les américains c’est encore autre chose mais bon, j’y reviendrai plus tard si ça vous dit. :) 


Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON






Les thématiques de l'article


Palmarès