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Accueil du site > Tribune Libre > L’essoufflement du paternalisme républicain

L’essoufflement du paternalisme républicain

Il est risible d'observer que les mêmes qui ont fait leur carrière en tapant comme des damnés sur les religions, soutiennent ce même genre de caporalisme lorsqu'il s'agit de refuser avec véhémence que l'on puisse choisir le travail le dimanche, de choisir les rythmes scolaires pour son enfant, de choisir sa protection sociale, son rapport tarifié ou pas au sexe, de choisir sa solidarité en préférant par exemple l'offrir à des fondations privées qu'à l'impôt punitif (où sont par exemple les centaines de millions d'euros, 1 milliard huit paraît-il, que l'Union Européenne a octroyé à la France pour intégrer lesdits "Roms" ?… où sont-ils ?…).

Pourtant, les mêmes qui refusent de tels choix liront par contre avec compassion et trémolo dans la voix les idéologues en cour qui soulignent avec injonction et fureur que "les" musulmanes désireuses de se couvrir entièrement ont bien le "droit" de le faire si c'est leur "choix". Et ce même si l'impossibilité, de plus en plus souvent, de partager un regard commun avec elles montrant que l'on s'insère dans des codes culturels qui rapprochent, non seulement s'affirme mais exige que ce "choix" là soit au-dessus (über alles) de toute critique sous peine d'être traité de "fou" par ces mêmes idéologues transis ; ce qui rappelle la manière dont les dissidents soviétiques étaient traités sous Brejnev lorsqu'ils affirmaient par trop ce que l'on pourrait nommé rétrospectivement leur "sovietophobie"…
 
Les majeurs et vaccinés qui, aujourd'hui, sont considérés juridiquement responsables pour beaucoup d'activités sont infantilisés par un État qui cependant envisage de faire passer l'âge de la majorité à 16 ans plutôt qu'à 18 ans (permettant ainsi par la bande de légaliser la sexualité ado-adulte admise à 15 ans mais avec accord des parents ce qui ne sera alors plus le cas).

Ainsi dans nos sociétés techno-urbaines il est à la fois "ringard" d'être religieux pour un Bergé (qui voudrait supprimer toutes les fêtes religieuses sauf Noël parce qu'elle était au départ une fête "païenne" dixit "on refait le monde" sur RTL le 26/09/13) ou de se réunir chez les beaux parents (" je hais les dimanches" dit la chanson) et trop "égoïste" d'aller faire ses courses en solo ou en famille (parce que la semaine est trop chargée pour le faire), assène ce nouveau caporalisme.

Que des centaines de milliers d'emplois soient en cause, que des milliers de touristes soient, paraît-il, envoyés par leur tour operator à Londres le W.E laissent de marbre des syndicalistes qui pensent "moraliser" ainsi la société alors qu'il vaudrait mieux la responsabiliser, jusqu'à par exemple se battre pour que les salariés soient de plus en plus actionnaires comme le prônait le méchant néolibéral Milton Friedman ; mais l'on dira qu'ils "participeraient à leur propre exploitation" alors que d'une part ceci n'est visible qu'à la marge (en ce sens que le bénéfice provient de la vente d'un produit donné et non pas des seules compressions de coûts) et que d'autre part il suffirait de rendre la liberté aux salariés en leur donnant tout leur salaire brut (y compris une partie de la part patronale) pour augmenter le pouvoir d'achat, introduire de la concurrence dans la protection sociale qui combattrait le gaspillage et augmenterait la compétitivité…

Au lieu de cela, et parce que l'État veut justifier sa présence dans des secteurs où il n'a rien à y faire, il prend au lieu de laisser puis rend, et ce sous le prétexte paternaliste qu'il sait mieux que les acteurs quoi faire ; ce qui est terriblement infantilisant ; d'autant qu'il fausse le jeu par des "aides" qui n'en sont pas puisque certaines entreprises au lieu de faire leur métier vont faire la course derrière elles pour éviter les problèmes que l'innovation entraîne lorsqu'il s'agit d'évoluer et d'évaluer en permanence. Résultat : l'économie se grippe de plus en plus dans un monde de plus en plus ouvert (malgré la fausse embellie en matière d'emploi liée essentiellement aux emplois aidés et à des demandes saisonnières).

Or, loin de se demander ce qui ne va pas le caporalisme étatique s'accentue au contraire, et ce de la façon la plus contradictoire puisque d'un côté l'on infantilise donc et de l'autre l'on prétend responsabiliser le citoyen de toute la misère du monde. Prenons les "Roms" : pourquoi n'est-il pas possible de faire comme en U.K en proposant à ceux qui le désirent réellement une scolarisation appropriée, en leur donnant le droit de travailler ? Ce n'est pas possible en France parce que cela voudrait dire rendre plus souple le concept d'école publique, de d formation permanente, de salaire minimum par branche qui devrait être le seul "SMIC" permis. Sauf que "la" République dont tout le monde se gargarise reste en fait toujours jacobine et donc ne veut pas diversifier son école ni permettre aux familles de se voir rétrocéder une partie de leur impôt si elles choisiraient plutôt le privé au lieu de payer deux fois comme elles le font maintenant. En sens parler d'école "gratuite" comme le fait le 1er Ministre est un non sens. L'État impose de plus un volume d'élèves au privé, ce qui fait que les listes d'attente s'allongent au fur et à mesure que ladite "école de la République" s'étiole (alors qu'auparavant on mettait dans le privé ceux qui n'arrivaient pas à suivre dans le public).

Les idéologues transis n'en ont cure de la réalité sommée de se dissoudre, ils "choisissent" plutôt de soigner leur image de belles âmes sans mains comme le disait Kant.

De plus, il semble bien que les gosses interrogés après ce premier mois de changement de rythmes scolaires soient très fatigués parce que l'après midi il s'agit bien plus de garderie dans laquelle ils chahutent jusqu'à saturation, que d'activités "culturelles" difficiles à mettre en place et d'ailleurs imposées… Vincent Peillon, qui n'a que le mot de "République " à la bouche, oublie que ce terme désigne la chose publique, le bien commun, qui doit permettre à tous d'avoir les moyens de son émancipation et de son affinement (car sans la seconde la première n'est qu'égotisme). Sauf que ce n'est pas le cas puisque l'on insiste à oublier que les enfants ont besoin d'une coupure en milieu de semaine d'une part, et que l'on peut d'autre part laisser précisément le choix à chaque école d'expérimenter l'émergence de son propre "rythme".

En fait, le paternalisme pseudo républicain actuel ne répond pas plus aux contradictions du monde techno-urbain que le paternalisme d'autrefois qui a lui aussi échoué en imposant sa verticalité autoritaire d'obéissance non réciproque au sens où les droits et les devoirs n'étaient pas tant que cela partagés équitablement.

S'agit-il pour autant de considérer que la cohabitation des "choix" serait désormais le seul critère ? Non bien sûr puisqu'il ne s'agit pas d'opposer les choix entre-eux, en démocratie, mais de faire en sorte qu'ils ne remettent pas en cause la joie d'être ensemble en voulant s'imposer tout en traitant de "folie" les objections d'autrui. En fait il semble bien que la défiance et la méfiance envers la liberté deviennent les deux mamelles de la France, malgré le désir de responsabilité qu'elle affiche nécessairement puisqu'il n'existe pas de liberté sans limites qui permettent justement d'en définir la forme. Dommage et inquiétant que ce paternalisme, punitif, soit désormais devenu l'alpha et l'oméga de tout le spectre politique….

 


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7 réactions à cet article    


  • Hervé Hum Hervé Hum 28 septembre 2013 11:17

    Voilà un article bien pervers !

    fustiger le paternalisme républicain pour le remplacer par un autre paternalisme, qu’on pourrait appeler de féodal puisque reposant sur des groupes d’intérêts privés. Non pas que ce que vous dites sur le paternalisme républicain soit faux, mais que votre alternative n’en est pas moins un autre paternalisme plus agressif et autoritaire encore. Sorte de médecine moyenâgeuse.

    En fait, que reste il du paternalisme républicain quand tous ce qui fait sa raison d’être est livré en pâture au groupes d’intérêts privés ? Brasser beaucoup d’air pour faire illusion et surtout stigmatiser et s’attaquer aux populations les plus fragiles et vulnérables car finalement ce sont les seules sur qui ce paternalisme républicain peut exercer son paternalisme punitif. De ce coté là rien ne change.


    • christian pène 28 septembre 2013 16:37

      les gouvernants devraient laisser le peuple respirer comme il l’entend : si certains trouvent nécessaire de travailler le dimanche sans nuire à leur santé , que les syndicats révolutionnaires subventionnés par le pouvoir et le régime républicain les laissent tranquilles : la laïcité ne doit pas être à géométrie variable.....

      c’est quand même extravagant que ce régime se mêle de tant de choses avec si peu de succès et d’ESTIME de la part du peuple...et quand les peuples cessent d’estimer , ils cessent d’obéir et méprisent.

      c’est bien ce qui est arrivé à Nicolas Sarkozy le petit frère des riches , et à son successeur Hollande parrain de la République fromagère (R-F)

      si encore ces deux lascars s’étaient rendus impopulaires en cherchant absolument à faire le bonheur de la majorité du peuple : ce n’est pas le cas.

      d’ailleurs il y a forcément une manière de gouverner pour changer les moeurs de la classe politique sans blesser, sans offusquer , honnêtement et intelligemment , déjà en supprimant des impôts , taxes , droits , contributions aussi dangereux et malhonnêtes qu’inefficaces : malgré des prélèvements obligatoires appelés « efforts » , le Trésor public ne s’en sort pas....

      il faudrait remettre à la classe politique le manuel « la gouvernance pour les nuls » sans idéologie assassine.....

      ces gouvernants qui se mêlent de presque tout

      1) n’ont pas encore pensé à interdire la clope en conduisant aussi dangereuse que le mobile

      2) n’ont pas encore trouvé autre que les ralentisseurs surélevés qui NOUS secouent pour que les conducteurs roulent moins vite

      d’ailleurs ils ne veulent pas assumer leur responsabilité en ce qui concerne les accidents mortels sur les chaussées par les errements cumulés : mauvais aménagements , signalisation défectueuse ou absurde , STOP abusifs , chaussées en mauvais état ......


    • Hervé Hum Hervé Hum 28 septembre 2013 17:31

      les gouvernants devraient laisser le peuple respirer comme il l’entend

      Ne voyez vous pas l’ineptie de cette phrase ? Et pour utiliser un mot à la mode sur Agoravox, l’aporie ?


    • Bulgroz 28 septembre 2013 16:54

      Excellente analyse qui nous change des éternelles rengaines que l’on peut lire ici.

      Le paternalisme est un principe qui historiquement remonte à l’époque des grandes industries où le patron octroyait à son personnel des avantages sociaux dans le but d’affermir son autorité ; comportement bienveillant et autoritaire du patron envers ses salariés.

      De nos jours, le paternalisme est un principe appliqué par les fonctionnaires socialistes (individus directement ou indirectement payés par l’argent des impôts) qui se chargent d’être des « éternels donneurs de leçons » et qui savent nettement mieux que les autres ce qu’il faut penser, ce qu’il faut dire et ce qu’il faut être.

      Ce paternalisme ne se retrouve plus que dans les dernières nations socialistes telles que la Corée du Nord, la France ou le Vénezuela.


      • Hervé Hum Hervé Hum 28 septembre 2013 17:26

        Tiens, un nostalgique du XIXème siècle !!!


      • lcm1789 28 septembre 2013 18:15

        Curieux article qui commence par s’en prendre au repos dominical avant d’étriller l’Etat jacobin pour revenir à une critique de la (contre) réforme Peillon.


        Oui la république française est encore un peu jacobine, ce n’est pas une tare mais une qualité.
        Une et indivisible la Nation doit défendre des droits égaux pour tous...

        Comme dit ci dessus par un autre intervenant il est pervers d’attaquer le jacobinisme français pour des tares qu’il combat. 

        Une nation unie et soudée est une promesse de progrès quand le règne du chacun pour soi n’est que le chemin de la barbarie.

        Pour ne parler que de la « refondation de l’école », si les rythmes scolaires font beaucoup parler, il ne sont que la face visible (et risible) de l’iceberg.
        C’est un projet de terittorialisation de l’école la livrant en coupe réglée aux collectivités territoriales.

        Pour ce qui est du secteur privé de l’Ecole, il faut encore une fois rappeler que le privé fonctionne avec des profs payé par l’Etat.

        Cessons de faire croire que le libéralisme c’est la liberté alors que le libéralisme c’est la loi du plus fort et la privatisation des instruments du progrès et de la richesse au profit des plus puissants tandis que la plèbe désorganisée ne pourra que subir.


        • Hervé Hum Hervé Hum 28 septembre 2013 21:37

          Aucun libéral ne croit honnêtement en ce qu’il défend, seulement au profit qu’il en tire. Il ne s’agit pas de cesser de croire au libéralisme, mais de cesser de croire que ceux qui le défendent y croient vraiment.

          Autrement dit, il est inutile de perdre son temps à débattre sur la valeur éthique d’un tel système car personne n’y croit...

          Quand j’écris que le libéralisme économique commence là où s’arrêtent les nécessités du contrat social et s’arrête là où commence les contraintes écologique et qu’ainsi la liberté économique est la variable d’ajustement des nécessités du contrat social et des contraintes écologiques (non l’inverse), il n’y aucun libéral qui puisse réfuter cet aphorisme. Mais aucun pour l’accepter, prouvant ainsi leur duplicité une fois pour toute.

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