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Accueil du site > Tribune Libre > L’Europe des lumières aux confins des ténèbres

L’Europe des lumières aux confins des ténèbres

Au-delà des soubresauts terroristes qui viennent de secouer la capitale française, l'Europe est le théâtre d'une islamisation progressive de son territoire. A l'échelle mondiale, la population musulmane ne cesse de croître, d'une part dans les pays l'hébergeant traditionnellement depuis treize siècles, mais également en occident et plus précisément dans les métropoles européennes. La part active et pratiquante de cette communauté ainsi que la frange fondamentaliste s'étendent inexorablement. L'Europe laïque absorbe cette religorrhée avec plus ou moins de succès, oscillant entre assimilation et crispation.

Jusqu'à quand ?

Chaque européen, chaque français (y compris bien sûr d'origine étrangère), a fortiori chaque dirigeant, un tant soit peu attaché à des valeurs telles que la laïcité, la liberté, la tolérance, devrait aujourd'hui s'interroger non seulement sur le modèle de société dans lequel il souhaite continuer à vivre mais également sur ce que deviendra ce modèle à l'horizon 2050, en tenant compte d'une probable inertie politique, de la mondialisation, du vieillissement européen et du nombre croissant de musulmans.

Alors que les musulmans sont estimés entre 4 et 6 millions en France (environ 8% de la population totale), force est de constater que leur mode de vie s'est largement répandu, tant en matière idéologique, cultuelle, vestimentaire qu'alimentaire. L'islamisation pacifique des villes européennes prospère allègrement.

La finalité de cet article n'est pas d'affoler le lecteur ou d'attiser la confrontation entre les deux cultures. Le modèle musulman dispose d'autant de légitimité que le modèle occidental, ce dernier recelant du reste de nombreuses tares (l'argent roi, le consumérisme tous azimuts, dérive oligarchique et ploutocratique...). Simplement, à moyen terme, par un strict effet numérique, démographique et migratoire, le premier modèle risque d'éclipser le second. L'islam s'exporte, alimenté par une certaine vitalité, dopé par une mondialisation galopante et alléché par les paradis artificiels économiques.

L'économie est en effet devenue le référent cardinal de l'homme moderne, en occident comme en orient. Tout citoyen, tout individu se définit avant tout comme un agent économique. À ce titre, il se précipite comme un aimant vers les pôles de richesse.

Or, le capitalisme libéral et marchand, en se diffusant, a vidé les sociétés d'une partie de leur substance. Les valeurs traditionnelles et culturelles qui cimentaient les identités se sont effritées. La relégation et le délitement de la maîtrise de la langue française est un des symptômes de cette déculturation.

La généralisation de la monétarisation a exhumé de flagrantes inégalités entre pays et entre habitants d'un même pays. Il flotte comme un malaise dans la civilisation. Une civilisation prise de vertige, en perte de repères, en voie de fragilisation. Une civilisation génératrice de mal-être, de ressentiment, d'exclusion.

En érigeant l'économie comme critère hégémonique de son existence, l'homo modernus a retiré de celle-ci une partie de son sens et de sa saveur. Il a créé les conditions d'une atomisation identitaire dont le tranxène et le captagon sont les avatars. Il n'est dès lors pas surprenant que le fanatisme et le don quichottisme terroriste fleurissent sur cette vacuité métaphysique.

In fine, deux alternatives s'offrent à l'Europe : l'érosion ou la resubstantialisation, la soumission ou la régénération. Soumission au chaos ou soumission à une volonté plus forte, plus consistante, plus riche dans l'acceptation spirituelle du terme, en l'occurrence l'islam. Une colonisation à l'envers en quelque sorte. En ce sens, le dernier roman de Houellebecq foudroie nos consciences par la pulpe prophétique qu'il renferme.

Posons-nous la question sérieusement : Qu'adviendra-t-il, notamment en France, lorsque le paradigme musulman représentera 40 ou 50% de la population totale, proportion déjà atteinte dans certains quartiers urbains, et qu'il sera logique que ses zélateurs revendiquent une représentation politique voire appellent à une transformation significative du mode de vie à la française (délaïcisation, ritualisation et dogmatisation religieuses, écueils intolérants d'ordre sexiste ou culturel...) ?

Une société dans laquelle le bonheur ne se mesure qu'en terme de PIB (Précipice Intérieur Brut), dans laquelle les psychotropes jouent le rôle de béquille est une société malade, égrotante, à bout de souffle dont les organes nécrosés seront probablement incapables d'assimiler un élément exogène différent de sa structure tel que se présente l'islam. Vu sous cet angle, un retour inexorable vers le religieux, dépositaire d'une illusion de vérité et de sens, s'avère inéluctable.

L'Europe des Lumières se situe en 2015 à un carrefour de son évolution. N'étant visiblement pas disposée à tempérer son matérialisme maniaque, à réfréner son consumérisme débridé, à s'extraire de la course folle à la performance, sans doute n'aura-t-elle pas les forces nécessaires pour préserver son modèle de société axé sur un multiculturalisme laïque garant des libertés fondamentales. Emportée dans une surenchère planétaire qui, en décuplant les besoins décuple les frustrations, qui assèche le tissu social, elle laisse en son sillage un découragement existentiel, une résignation en forme de crépuscule.

Être un espace économique ne suffit pas. Produire pour consommer ne constitue pas un projet d'avenir durable. Faire preuve d'assez de fermeté pour se dispenser des extrêmes ne suffira pas à désamorcer les mèches de la radicalisation. Le souffle de l'esprit Charlie du 11 janvier n'a pas empêché le torrent de sang du 13 novembre de ruisseler sur les terrasses des artères parisiennes. Dans le maelström moderne orchestré par les multinationales, l'individu pourra-t-il se frayer un chemin entre Channel, Mac Do et Allah, pourra-t-il reconstituer un doux art de vivre (la dolce vita fellinienne), pourra-t-il construire un espace respirable, tout uniment humain ?

A chacun de se poser dès aujourd'hui la question. En son âme et conscience.


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13 réactions à cet article    


  • eric 18 novembre 2015 09:46

    Il me semble qu’aborder sérieusement ces questions, nécessitera de s’informer et de prendre du recul.
    Juste quelques exemples :

    Ainsi, tous ce que vous dites dès le premier paragraphe est contestable. Les pays traditionnellement musulmans ont dans l’ensemble terminé leur transition démographique. Cela veut dire qu’en réalité, ce sont les zones « chrétiennes » qui voient leurs populations continuer à augmenter rapidement. Le christianisme est la sphère de civilisation qui connait la plus forte croissance démographique en ce moment.

    Chez nous, les travaux de Michèle Tribalat semblent bien montrer une divergence entre des musulmans et des non musulmans. Les taux de pratique religieuse chez les jeunes et les mariages endogames se seraient remis à croitre fortement. Ils n’en demeurent pas moins minoritaires.

    Il et d’autre part classique que les troisièmes générations s’excitent. Les Arméniens qui ont débarqué ont cherché à s’assimiler très vite. Ce sont certains de leurs petits enfants, qui ont posé des bombes dans les ambassades turques.

    « L’occidentalisation » des pays musulmans est certainement à des années lumière en avance sur l’islamisation de nos latitudes. Sur le plan culturel, elle a été certainement plus violente et rapide.

    Le consumérisme, la consommation, les inégalités, ne sont certainement pas les facteurs les plus important de la désagrégation de valeurs. En particulier en France ou les inégalités ont diminué tant que la droite a été en continue au pouvoir, et ont stagné à partir de 1981 à cause des politiques socialistes.

    Ces temps-ci, on entendait des gens nous répéter en boucle que la baisse des inégalités était indissociable de la lutte pour le climat et la planète. Ici, c’est « la même » mais avec le terrorisme musulman extrême. Il se trouve que ce sont les pays musulmans ou les inégalités sont les plus ouvertement admises, qui connaissent aussi le moins de terrorisme. Tous les pays où il y a de gros problèmes en ce moment était nominalement au moins socialistes et donc en principe, luttaient le plus contre les inégalités....( vous pouvez vérifier, Irak, Yemen, Tunisie, Syrie, etc...que des socialismes laïques...)

    D’autre part, ce fanatisme musulman est clairement d’abord exogène. Même quand ils ont un passeport français, même quand ils sont nés en France, ses adeptes sont à 70 ou 80% suivant les sources, d’origine étrangère, se revendiquant d’une culture étrangère, et cherchent leurs modèles à l’étranger. Un peu si vous voulez, comme les plus excités de l’internationale socialiste à époque du Komintern, qui étaient souvent les fils de l’immigration de l’époque, mais en plus prononcé. Vous avancez en gros que Ben Laden serait devenu terroriste parce que trop riche et Kouachi parce que trop pauvre....

    Personnellement, votre article me donne l’impression d’être d’abord une énième instrumentalisation de tout et n’importe quoi au bénéfice d’une idéologie égalitaristo anti occidentale que certains nomment « de gauche ».

    Je ne suis pas persuadé que cela fera avancer la résolution des difficultés nées de notre proximité avec un monde musulman en crise de civilisation.


    • Cyrille Godefroy Cyrille Godefroy 18 novembre 2015 10:37

      @eric
      Concernant les chiffres, il semble, selon les études, notamment celle de Pew research center, que l’islam est la religion qui connait la plus forte croissance démographique au niveau mondial, à tel point qu’on estime que le nombre de musulmans (1,6 milliard en 2010) pourrait rejoindre le nombre de chrétiens (2,2 milliards en 2010) d’ici 2050.


    • eric 18 novembre 2015 11:00

      @Cyrille Godefroy
      Les questions démographiques sont complexes ( les religieuses encore plus...) Le pew a des approches un peu marquée. La structure de population des pays musulmans en fin de transition, assure encore des natalités élevées, mais la fécondité des pays chrétien d’Afrique va finir par faire la différence assez vite.


    • agent ananas agent ananas 18 novembre 2015 09:49

      L’islamisation ? Sans dec ...
      Voilà ce qui arrive à force de sucer les wahhabites (pour paraphraser Botul Henri Levy), bref de vouloir le beurre et l’argent du beur.
      Au fait, il veut quoi l’émir du Qatar ? Qu’est ce qu’il vient faire en France ? Lui faire miroiter quelques « Mirages » pour « Bashir doit partir »... ? « Allez PSG » ... ? ou aller au harem haram ? ...


      • Passante Passante 18 novembre 2015 11:37

        certaines parties du diagnostic sont d’une précision effrayante, 

        puis ça se gâte, parce que vous oubliez un facteur dans l’équation : 
        comment estimer le dynamisme islamique.
        or on ne saurait le cantonner à la démographie, 
        il doit prendre sens, s’incarner.
        c’est ici qu’il ne faut pas se tromper de lecture :
        à entendre les explosions, on a les l’impression que ces islamistes sont vifs dis donc,
        ça fait aucun doute.
        or ici erreur, point de vue valable extérieurement,
        si vous avez l’ampleur suffisante d’un cadre de lecture islamique,
        toute cette agitation ne témoigne de rien que d’un épuisement, une usure,
        or pendant le combat, le credo religieux a pleinement donné la main au credo techno-médiatique et s’est en cela renié d’avance ; c’est une question de temps avant que là encore ; à l’usure ; ne se paie la facture d’un si redoutable et malheureux crédit, ça pardonne pas, le miséricordieux c’est pas drucker, donc c’est comme pour Athènes lue par Nietzsche : une dégénérescence, mais bruyante c’est tout.

        • Cyrille Godefroy Cyrille Godefroy 18 novembre 2015 15:03

          @Passante
          Je rejoins votre position sur l’inconnue de l’équation à savoir le degré de rayonnement, d’activisme et d’expansion de l’islam.
          De nombreux musulmans vivent leur religion en toute discrétion, cantonnant leur pratique à la sphère privée, ainsi que le prescrit notre état laïque.
          Pour autant, il faut prendre en compte que l’islam a une vocation à s’étendre, est imprégné d’une mission prosélyte, ne serait-ce que par le djihad par la parole ou par l’épée.


        • Elliot Elliot 18 novembre 2015 16:45

          @Cyrille Godefroy


          Parce que le christianisme n’a pas vocation à s’étendre et n’est pas prosélyte ?
          L’évangélisation par le verbe, le fer et le feu des canonnières, ça ne vous dit rien ?
          Qui tonne « Ne croyez pas que je suis venu apporte la paix, je ne suis pas venu apporter la paix mais le glaive » ?
          Au contraire de s’islamiser - sauf à considérer que je fais une abominable concession aux forces du mal en allant manger un couscous au resto arabe du coin- la société - y compris sa composante musulmane - perd plutôt tout contact avec le religieux : elle est matérialiste, point barre ! 
          Ne confondez pas des démarches culturelles avec le cultuel. 
          Tout le monde ou presque fête Noël, et pratiquement tout le monde se fout du symbole.
          Les jeunes qui se sont fait exploser ne fréquentaient pas des mosquées : ne transformez pas 6 millions de compatriotes musulmans en terroristes. 
          Rien ne vous interdit d’ailleurs d’opposer une autre spiritualité à ceux qui sont en recherche.
          Ce ne sont pas les Musulmans qui vident les églises, il sont même une minorité à aller à la mosquée.
          Toute religion - sauf le judaïsme qui s’adresse par définition à des élus, ce qui suppose une multitude d’autres qui ne sont pas dignes de l’élection divine - est par nature prosélyte.
          N’importe quel courant de pensée est prosélyte. 
          Vous-même, vous vous faites l’agent d’une autre forme de prosélytisme, celui qui consiste à mobiliser les tenants du rejet. 
          Vous voyez des Musulmans dans la rue, ils agressent votre regard : expliquez-nous comment vous comptez vous en s’en débarrasser ! 

        • Cyrille Godefroy Cyrille Godefroy 18 novembre 2015 17:18

          @Elliot
          Le propos de ma tribune porte sur l’islam, pas sur le christianisme ou la déclaration des ânes à disposer d’eux-mêmes. Vous me prêtez de nombreuses paroles, interprétations ou extrapolations que je ne pense pas avoir émises ici, il m’est par conséquent difficile de les commenter.
          Concernant mon propre prosélytisme, au moins une personne (vous donc) semble ne pas y être sensible, c’est déjà ça...


        • Elliot Elliot 18 novembre 2015 17:30

          @Cyrille Godefroy


          Merci mais j’avais remarqué que vos Lumières pour percer les Ténèbres se concentraient sur l’Islam... Quelle surprise ! 

        • L'enfoiré L’enfoiré 18 novembre 2015 11:39

          « Au-delà des soubresauts terroristes qui viennent de secouer la capitale française, l’Europe est le théâtre d’une islamisation progressive de son territoire »


          Ne trouvez-vous pas que c’est le théâtre de la conquête de la religiosité complète et progressive de son territoire ?
          L’islam n’est qu’un des chapitres parmi beaucoup d’autres qui prennent le ciel à témoin.


          • Zolko Zolko 18 novembre 2015 16:02

            « l’Europe est le théâtre d’une islamisation progressive de son territoire. »
             
            C’est quand-même assez relatif : plus de 90% de la population Européenne est chrétienne ou équivalant (athée). Ailleurs qu’en France c’est plus proche de 99%. Il y a encore de la marge.
             
            Le problème que je vois plutôt est dans l’éducation, car là, le niveau général est peut-être en baisse, non ? Et la connerie chrétienne ou musulmane (ou communiste) est toujours un problème. Et j’y mets la connerie des politiciens et des présentateurs de télé, car si Ruquier ou Koh-Lanta ou Hollande ou Sarkozy deviennent les références de réflexion, islam ou pas, la France est perdue.


            • Blé 18 novembre 2015 18:13

              Ce n’est pas l’islamisation de la France ou de l’ Europe qu’il faut craindre mais la baisse de niveau culturel généralisée.
              Or cette baisse de niveau pour le plus grand nombre de populations est programmé et planifié, la marchandisation des échanges et des activités humaines étant l’avenir indépassable de l’économie de marché.La financiarisation globalisée a besoin que le plus grand nombre soit dépendant de gens qui ont à vendre des « services ».


              • Le p’tit Charles 19 novembre 2015 08:48

                Nous n’avons plus de frontières..

                Nous n’avons plus le pouvoir de décider...
                Nous sommes à la ramasse des USA...
                Nous avons le pire gouvernement après celui catastrophique de Sarkozy...
                Nous avons un peuple incapable de voir la réalité de la sinistre situation actuelle...
                Notre simplet-scootériste fait campagne sur les morts de vendredi...
                Nous bombardons la Syrie pour y faire plus de morts collatéraux qu’ils n’en font chez nous..
                Alors faut pas s’étonner d’être à notre tour mitraillé par des fanatiques du coran..vous savez la BD qui prône la mort...nos dirigeants sont au courant et sont très content de cette situation qui cache leurs turpitudes...

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