L’ONU pour éradiquer le terrorisme en Libye ?
L’Organisation des Nations Unies, à l’initiative de la diplomatie tunisienne, serait appelée à présider les pourparlers d’un « dialogue national qui réunira tous les protagonistes politiques libyens en vue de trouver une issue pacifique et consensuelle à la crise libyenne. » C’est du moins ce qu’annonce le quotidien francophone de Tunisie « La Presse », dans son édition du 22 avril. Le journal s’appuie sur une déclaration du porte parole du Ministère des Affaires Etrangères de la Tunisie « soucieuse de soutenir la Libye et de l’aider à surmonter la crise qu’elle traverse afin d’éviter toute répercussion sur notre pays »
En clair cette initiative, l’Union Africaine et la Ligue des Etats Arabes seraient appelées à collaborer avec l’ONU, aurait pour but d’éradiquer le terrorisme et l’anarchie qui règne actuellement en Libye où le gouvernement dit central demeure impuissant face à bon nombre de groupes extrémistes et de milices armées concurrentes. Depuis quelques jours la Tunisie est directement visée par ces trublions avec l’enlèvement, très récent, de deux de ses diplomates en poste chez sa voisine avec laquelle elle partage plus de 450 kilomètres de frontière devenue un no man’s land ouvert à toutes les guérillas et trafics, de contrebande notamment.
Pour se faire le gouvernement actuel tunisien, dit de transition, qui se refuse à toute transaction avec le groupe auteur de ces enlèvements exigeant la libération de djihadistes libyens détenus non loin de Tunis, « aurait entamé des pourparlers avec les ambassadeurs de l’Algérie (directement concernée elle aussi avec ses quelques 970 kilomètres de frontière commune avec la Libye), l’Egypte, l’Arabie Saoudite, les Emirats Arabes Unis, le Qatar, la Turquie, les Etats-Unis d’Amérique, la Russie, la France, la Grande Bretagne et l’Italie préoccupés eux aussi par la situation en Libye et décidés d’agir dans le même sens. »
Selon un spécialiste tunisien du enseignement cité par un site d’information local « …la Tunisie, (surtout au sud dans le Sahara soit un tiers de son territoire), et la Libye sont au cœur d'un plan international de redéploiement des groupes terroristes de la région, fédérés sous l'enseigne de l'Etat islamique de l'Irak et du Levant, actif an Syrie, financé (1) par les pays du Golfe ». Ce même spécialiste poursuit que cette organisation « s’est lancée dans une stratégie d'expansion de ses structures et ses activités, défiant et dépassant largement, par la sécession de plusieurs factions de la maison mère, Al-Qaida de l'Egyptien Aymen Zawahiri et marginalisant Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) de l'Algérien Abdelmalek Droukdel qui se trouverait isolé dans les régions montagneuses tout au long des frontières tuniso-algériennes et en perte d'influence sur la région du Maghreb et du Sahel. »
Il est un fait que, le long de ces frontières donc en partie montagneuses (Algérie, Libye et Tunisie), une lutte acharnée oppose, depuis plusieurs mois, armées tunisienne et algérienne, aidées de commandos des forces spéciales françaises et américaines, à des groupes terroristes. Une lutte déjà semée de plusieurs morts de part et d’autre et de prisonniers activistes. C’est dans cette région notamment que l’armée algérienne, le 21 avril, a tué trois terroristes et appréhendé onze autres hommes armés d’origine malienne, algérienne, libyenne et mauritanienne. C’est aussi dans cette région interdite à toute circulation, que l’armée tunisienne progresse, désorganisant des réseaux d’approvisionnement des activistes et réduit à néant dans les bourgades et cités voisines des soulèvements sporadiques d’une population instrumentalisée par des salafistes et même, dit-on, des militants du parti islamiste de la Confrérie locale des Musulmans.
Enfin, c’est dans cette région mitoyenne entre les trois Etats, que le sous sol du Fezzan libyen, faisant fi des frontières, déborderait en Tunisie et Algérie avec « armes et bagages », c’est à dire gaz et pétrole à profusion. La Tunisie exploite déjà d’ailleurs une partie de ces ressources en gaz. D’autre part, il y a plusieurs mois, sous la pression de l’Occident il avait été question de faire de la Libye une fédération de trois états (tels qu’ils étaient avant la prise du pouvoir par Kadhafi) c'est-à-dire à l’est, la Cyrénaïque avec comme capitale Benghazi, à l’ouest la Tripolitaine avec Tripoli comme capitale, ayant dans son dos, au sud donc, un vaste territoire semi désertique, le Fezzan, objet des convoitises de tous les majors pétroliers de la planète.
(1) A ce sujet on est en droit de s’interroger sur la venue en Tunisie début avril du jeune Emir du Qatar, Tamim Ben Hamad Al-Thani, Fragilisé au sein du Conseil de Coopération du Golfe (CCG), pointé par l’Arabie Saoudite, sévèrement critiqué par l’Egypte, le Qatar est aujourd’hui sur la défensive. Depuis la décision de l’Arabie saoudite et des Emirats Arabes Unis de déclarer la confrérie des Frères musulmans (à laquelle appartient le mouvement islamiste tunisien qui a conduit le pays – à la catastrophe économique – pendant deux ans) soutenue par le Qatar sur le double plan politique et financier, notamment en Egypte) organisation terroriste et ennemi public numéro un, et de rappeler leur ambassadeur au Qatar (Bahreïn en a fait de même) une sorte de guerre froide oppose Riadh à Doha, « frères ennemis » à la source des troubles syriens actuels, dans chacun des camps qui s’affrontent.
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