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Accueil du site > Tribune Libre > L’utopie des unités de droit ?

L’utopie des unités de droit ?

Il suffit de se pencher sur l'histoire et d'étudier la monnaie pour comprendre qu'elle a été une innovation majeure qui a bouleversé le fonctionnement des échanges entre personnes, et a permis de profonds changements sociétaux.

La monnaie à 3 fonctions de bases :

- celle d'unité de compte ; elle permet de quantifier avec une unité commune la valeur de biens et de services

- celle de fluidifier les échanges ; elle est utilisée en tant qu'intermédiaire permettant d'éviter le troc direct. Ainsi biens et services sont délivrés seulement aux personnes qui les requièrent.

- celle de réserve de valeur ; son stockage permet une utilisation ultérieure dans la mesure où sa valeur évolue très lentement au cours du temps.

A l'heure où la troisième révolution industrielle, portée par les technologies du numérique, transforme en profondeur notre société, où l'automatisation, la productivité et l'emploi ont subi des transformation radicales d'anciens enjeux de société refont surface.

Ainsi l'article 25 de la déclaration universelle des droits de l'Homme (1948) déclare que :
"1. Toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son bien-être et ceux de sa famille, notamment pour l'alimentation, l'habillement, le logement, les soins médicaux ainsi que pour les services sociaux nécessaires ; elle a droit à la sécurité en cas de chômage, de maladie, d'invalidité, de veuvage, de vieillesse
ou dans les autres cas de perte de ses moyens de subsistance par suite de circonstances indépendantes de sa volonté." et la question du revenue de base et en cours de débat au sénat.

Si ces droits sont en principe acquis leur réalisation est un défi constant. L'objectif de cet article est de proposer et d'explorer un système simple, novateur et contributeur à ces droits. Ses principes en sont très simples,les voilà :

on peut constater que, du seul fait d'exister, un individu a des besoins constants (alimentation, logement, eau courant, éducation, santé...), mais n'a pas forcément la capacité à y subvenir (enfant, grand âge, absence d'emploi, de système social
ou de ressources...). En vertu des principes de solidarité et d'égalité tout humain devrait pouvoir recevoir un revenu minimal permettant de vivre dignement. Faute de pouvoir proposer une répartition universelle de la richesse actuelle la création d'une unité est proposée : l'unité de droit et dont la seule condition d'attribution est d'exister.
Ainsi, n'importe quel individu peut prétendre à une quantité arbitraire de 1000 unités de droit par mois.

Ces unités de droit pourraient alors être utilisées en échange de biens ou de services de première nécessité, cela apporterait des améliorations puisque cela permettrait de posséder un moyen de quantifier certains échanges relevant généralement du don (que ce soit par des organisations charitatives de type ONG ou gouvernementale) et ainsi d'avoir une mesure objective de l'action de certaines organisations. Ces unités de droit pourraient ensuite être échangée contre d'autres biens et services auprès d'autres organisations fournisseuses permettant ainsi de les légitimer.

On retrouve ici les fonctions classiques d'unité de compte et de facilitation d'échange d'une monnaie classique.

Toutefois, de par la création ex-nihilo mais pourtant bien liée à des besoins réels, des unités de droit il est probable qu'un tel système ne puisse tenir : du fait d'une masse d'unités de droit toujours croissante la valeur d'une unité de droit est vouée à diminuer mécaniquement par inflation. Cela entrainerait que la capacité à couvrir ses besoins des individus avec leurs unités de droit s'effriterait. Pour pallier à ce problème le mécanisme suivant est proposé :
quand des unités de droit sont utilisées elles sont converties en unités de karma au taux de une pour une.

L'innovation fondamentale qui est proposée est ici de diverger de la fonction de stockage d'une monnaies par les deux mécanismes suivants :

lorsque des unités de karma sont échangées une partie des unités sont consummées.
Si l'on appelle beta ce taux de destruction et que beta est par exemple de 0.5 lors d'un échange de 100 unités de karma, 100 unités seraient réduites du compte payeur et 0.5*100 = 50 unités karma seraient crédités au fournisseur d'un bien ou d'un service. Afin de garder notre unité de compte les 50 unités karma consummées sont transformées en points d'honneur et crédité au fournisseur. Sans entrer dans les détails, on part du principe que les unités karma ont plus de valeur, de par leur valeur d'échange, que les points d'honneur et que donc les points d'honneur sont attribué en totalité au fournisseurs de seconde main.

les unités de karma ont une durée de vie partielle limitée à t, temps au bout duquel une part beta de leur valeur est transformée en point d'honneur. Leur durée de vie partielle étant réinitialisée à chaque échange.
On obtient donc un sytème très simple caractérisé par le couple de variable (beta,t).

A l'heure actuel un tel système est assez aisément implémentable informatiquement et par des techniques de cryptographie pour la distribution de bons par exemple. Ce système est une ébauche et il a besoin d'être testé, on peut se poser de nombreuses questions dont les plus évidentes sont à combien doivent être fixés beta et t, faudrait-il introduire un paramètre t2 pour éviter une accumulation des unités de droit.
Les avantages principaux que je perçois d'emblé sont de réifier certains actes de dons, la possibilité d'en percevoir des bénéfices et obtenir une mesurabilité de l'utilité publique, évidemment un don n'attend pas en général de contrepartie mais maximiser la quantité de points d'honneur par unité de temps peut être un objectif aussi louable
que d'augmenter le PIB d'un pays.

Afin de continuer à élaborer ce système, je devrais travailler avec des étudiants en école de commerce puis aussi plus tard avec des étudiants en informatique pour l'implémenter mais si vous avez des suggestions, des questions ou des propositions vous pouvez me les transmettre à [email protected].


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6 réactions à cet article    


  • Hervé Hum Hervé Hum 22 mars 2016 08:34

    Avant toute chose, je tiens à souligner que l’intention est louable

    Ensuite, l’article étant publié sur une agora, je poserai des remarques et questions ici. Du moins, tant que nous restons sur les idées générales.

    J’aurai donc une remarque à formuler et une question à poser.

    La remarque, c’est que l’’utopie consiste à croire qu’il existe des droits sans devoirs !

    Ainsi, la charte de la déclaration universelle des droits de l’humain que vous citez, ne parle pas des devoirs de ces mêmes humains à appliquer ces mêmes droits.

    Car dans une économie d’abondance, le non respect de ces droits fondamentaux, premiers de tous pour survivre, ne relève pas de la difficulté matérielle, réelle, mais de l’absence de volonté, parce que contraire aux intérêts des propriétaires de l’environnement économique.

    Ce qu’il faut comprendre, c’est qu’il n’existe pas de droits sans devoir d’application, c’est un fait très bien connu, puisque l’on parle de décret d’application, sachant que tant que ce dernier n’est pas promulgué, le droit reconnu dans les textes n’est pas reconnu dans les faits, c’est à dire, imposé.

    voilà pourquoi tous les dirigeants de quasiment tous les pays de la Terre ont signé cette charte, sachant que personne, ni aucune force allait venir imposer le respect de ladite charte.

    Mais en économie complexe nécessitant le temps de vie dédié à l’activité de production, il n’y a pas de droits économiques tels que l’accès aux besoins primaires, sans le devoir de produire ces biens.

    Autrement dit, tout droit (surtout portant sur les besoins primaires) implique un devoir et tout devoir applique un droit. Ainsi, vos unités de droits doivent trouver leur correspondance en devoir.

    La question que je vous pose et qui a déjà été posé concernant le revenu de base inconditionnel est de savoir sur quels critères vous calculez ce montant (unités de droits) allouable ?


    • Manuel Boissenin 22 mars 2016 11:27

      Oui cela me semble assez judicieux, remarquez toutefois qu’il arrive des situations temporaires, mais pouvant durer des années, dans lesquelles certaines personnes ne sont pas en capacité de remplir des devoirs de production (et donc de création de richesse), constatez aussi que d’autres personnes, au contraire, sont en mesure de fournir des services ou de la richesse dans différents contextes (associatifs, dons...).

      Le système proposé ici est complémentaire et n’a pas vocation à remplacer une monnaie (il n’en a pas les mêmes fonctions puisque la fonction de stockage/réserve de valeur n’y est pas inhérente), néanmoins, on peut imaginer que des dons en espèce puissent faire émerger par des échanges avec des unités de droit une correspondance entre unité de droit et une unité économique telle l’euro ou le dollar. En quelque sorte, de cette manière, le système permet de matérialiser un sentiment, somme toute assez abstrait, qui est la gratitude.
      Un autre mécanisme auquel je pense qui pourrait faire émerger cette correspondance, et qui diffère à mon avis d’un taux de change, est qu’une ONG recevant beaucoup d’unités de karma ou de points d’honneur, si elle n’arrivait pas à les échanger, aurait un indicateur de son utilité publique justifiant ainsi de subventions.

      D’un point de vue purement économique je suis d’accord avec vous : s’il n’y avait pas d’acteurs en mesure de remplir des besoins en échange d’unités de droit cette unité ne vaudrait rien (ce qui, je crois, n’est pas le cas), c’est en effet une condition sine qua non de son usage.

      Quant à sa quantité peu importe que l’on émette 100 ou 1000 unités par mois et par personnes, la valeur d’échange si elle existe apparaitra d’elle même, après équilibrage, par ... les mécanismes d’échange, je posais arbitrairement 1000 unités car cela représente environ 33 unités par jour qui devraient pouvoir être réparties entre différents besoins sans trop se préoccuper de chiffres après la virgule, cela donne une indication de ce que pourrait être une valeur intrinsèque.

      [D’ailleurs, à mon sens, la meilleur proposition que j’ai pu lire au sujet du revenu de base est de commencer par un revenue de base faible (de l’ordre de 50 euros/mois) et de faire évaluer sa quantité en fonction de ce qu’il se passe.]

      Evidemment, dans nos pays riches, où les besoins primaires sont en grande partie satisfaits pour une bonne partie de la population, l’utilisation des unités de droit pourrait être très différente. D’autre part, certains arguments assez faibles, à mon sens, en faveur du revenu de base, tel que la rétribution de certaines recherches publiques ou logiciels, bénéficiant à la société mais n’engendrant pas de revenus économiques directs pourraient avoir un mécanisme (encore à imaginer) de rétribution.

      Cela pourrait aussi servir de mécanisme de réinsertion pour certains exclus.

      Merci de me donner l’occasion de préciser ma pensée.


      • Hervé Hum Hervé Hum 22 mars 2016 13:52

        @Manuel Boissenin

         Ma question est peut être mal posé, car je ne vous demande pas sa quantité, mais son mode de calcul, c’est à dire, à quoi correspond le calcul de cette quantité. Par exemple, allouer mille unités de droits (équivalent à 1000 euros pour faire simple), ne donne pas les mêmes conditions selon l’endroit où vous vivez, ceci parce que dans le système actuel, les prix des biens varient selon le lieu.

        Mais en fait, le sujet est bien plus complexe que ce que vous le pensez.

        De même, pour ce qui est de l’équilibre entre droits et devoirs, c’est effectivement pus complexe qu’il n’y paraît. Notamment sur le fait que cet équilibre est incompatible avec le système actuel basé sur le déséquilibre structurel entre les propriétaires de l’environnement économique et les autres.

        Autrement dit, votre idée ne peut pas être complémentaire du système actuel, soit elle finit par le remplacer en raison de son inertie, soit ce n’est qu’une chausse-trappe, consistant à réinventer le principe de la soupe populaire, de l’hospice et des corons du XIXème siècle, mais sous une forme institutionnalisée. système pensée par les pires capitalistes et appelé par son concepteur Brzezinski « tytytainment », où le principe repose sur le même qu’à l’époque romaine, c’"est à dire, du pain et des jeux pour abrutir le peuple, le tout matinée d’une insécurité permanente savamment dosée. Sans compter, le contrôle démographique via la malbouffe et l’industrie pharmaceutiques, entre autres. ceux qui gouvernent dans leur intérêts propres sont tout, sauf des enfants de choeurs !

        Quand vous écrivez qu’il s’agit de donner les moyens de subsistance à ceux qui n’ont pas les capacités de participer à la production de ces mêmes besoins et au delà, le système de redistribution sociale née après la seconde guerre mondiale y pourvois déjà. La question concerne essentiellement les chômeurs, donc, les personnes valides et non retraités qui, voulant remplir leur devoirs de production, en sont empêchés d’une manière quelconque, ou alors, réduit à travailler dans les conditions du XIX ème siècles. Or, le système actuel reposant sur la propriété privé (pléonasme) de l’environnement économique et sa capitalisation en terme de possession et création de richesse, la capacité de remplir son devoir de production ne dépend pas du travailleur lui même, mais des propriétaires de l’environnement économique. Autrement dit, et pour faire court, soit vous collectivisé l’environnement productif pour permettre à chacun de remplir son devoir, et dans ce cas là ; vous placez l’intérêt général au dessus de l’intérêt particulier, soit vous laissez ce même environnement comme propriété d’intérêts particuliers et alors, vous renoncez à l’intérêt général et donc, ne laissez aux nécessiteux que les moyens de survivre et donc, les maintenez dans cet état de dépendance et d’indigence, car si ceux ci veulent accéder à un statut plus élevés, ils n’auront que deux possibilités, soit devenir une personne servile, zélé et chien de garde de ses maitres, soit se mettre en résistance et donc, entrer dans la lutte armée.


      • Manuel Boissenin 22 mars 2016 22:11

        @Hervé Hum
        Je souscris peu à l’économie politique, si ses catégories ne sont pas complétement insensées leurs contrastes me semblent assez mal adhérer aux formes du réel. Elles ont plus vocation à susciter les passions qu’à être constructives, je leurs concède tout de même une utilité à gagner les foules.


      • Manuel Boissenin 22 mars 2016 22:19

        @Hervé Hum
        Je ne comprends pas ce que vous voulez dire par son mode de calcul, de quel calcul parlez vous ?


      • Hervé Hum Hervé Hum 23 mars 2016 10:10

        @Manuel Boissenin

        La question de souscrire ou non à « l’économie politique » ne se pose pas, car la fonction première de la politique est de fixer les règles économiques. Parler d’économie politique est du pur sophisme ou pour vous, du paralogisme, car cela n’existe pas. Ce qui existe, c’est uniquement la politique économique.

        Ainsi, la question de la propriété économique, du système de redistribution de la richesse produite via l’impôt, de la sécurité sociale, de la retraite, relèvent de la politique.

        Autrement dit, dans une société complexe, tout est affaire de politique économique.

        Votre idée d’unités de droits, relève uniquement de la politique économique.

        Pour votre incompréhension, je pensais avoir donné l’explication dans mon précédent commentaire.

        Le calcul du montant allouable d’unités de droits, se fait obligatoirement sur un rapport lié au pouvoir d’achat de biens de premières nécessités, relativement facile à établir, mais la question vaut surtout pour ce qui est des soins et du logement !

        C’est surtout là que les difficultés commencent réellement et se font jour les limites de votre idée telle que présenté.

        Tout commence fondamentalement par des idées simples, mais qui évoluent en complexité au fur et à mesure de son développement. Le hic, c’est lorsque votre idée simple touche à un système déjà développé et donc déjà complexe. C’est la faille de la quasi totalité des idées comme la votre, elle ne tient pas compte de cette complexité et donc de ses conséquences.

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