La Bastille, nous voici !

La campagne de Mélenchon, décrétée la meilleure par tous les représentants de la presse, l'est tout d'abord pour ses choix médiatiques.
Il suffit de comparer, pour commencer, les affiches des candidats, pour constater, après le fiasco de l'affiche de Sarkozy, buzz du ridicule sur internet, la variété et l'élégance des affiches de Mélenchon.
Il faut en féliciter le photographe en chef de la campagne, Stéphane Burlot, qui depuis six mois, accompagné d'une équipe de passionnés de talent, offrent, chacun dans des genres différents, des photos qui dépassent largement le cadre des photos d'une campagne habituelle.
Ce sont des photos d'art.

image Stéphane Burlot http://photos.placeaupeuple2012.fr/category/photographes/stephane-burlot/

Celles que les autres camps n'arrivent pas à produire.
Il suffit de comparer les trois photos qui ont été choisies pour les affiches de la campagne de Jean-Luc Mélenchon avec celle de François Hollande, fade, grise, inexpressive, pour être saisi de la différence.

Il y a aussi le choix des lieux de meeting qui deviennent des symboles.
Là encore l'équipe de Mélenchon écrase tous ses concurrents. “Le meeting du Bourget”, le “Meeting de Villepinte”, sont des noms qui font grise mine à côté de “Reprenons la Bastille”, la grande marche de Nation à Bastille !
Là où Mélenchon est au cœur de la capitale, Hollande et Sarkozy sont en banlieue.
Non seulement au cœur de la capitale mais au cœur des grands noms qui font vibrer. “Nation” et “Bastille” étant les éclatants symboles de cette France qui a dit “non” , déjà une fois, elle la première, aux excès d'une puissance qui n'avait aucun souci du peuple.

Dans le choix même des QG, là où Hollande et Sarkozy choisissent des immeubles cossus dont le prix de location affole, Mélenchon dont la campagne a des accents de jeunesse et de modernité que n'ont pas ses rivaux, se retrouve dans une ancienne usine à chaussures, tout un symbole, il s'agit de partir d'un bon pied, une sorte de loft illuminé de cette lumière zénithale, ensoleillée, qui est bien plus belle que celle de fenêtres dont l'exposition varie. Ici c'est le ciel toute la journée.

C'est de ce lieu même que je vous écris, au cœur d'une fourmilière bon enfant qui n'est pas sans rappeler les coulisses d'un théâtre avant une représentation.

Et quelle représentation ! La représentation donnée par le peuple, quel spectacle cette grande manif de dimanche “Reprenons la Bastille !”
Pour comédiens, la foule des Français, qui ont déjà préparé leurs costumes, leurs drapeaux, leur musique. Les rues, les métros, les cars, les bus en seront le prologue, ce fameux matin où la France du Front de Gauche affichera sa passion à visage découvert.

Beaucoup d'entre vous ont dû, à titre amateur ou professionnel, se retrouver dans les coulisses d'un spectacle. Ils connaissent l'excitation , les allers et venues frénétiques, les loupés et les tragédies de dernière minute. 
Ici , à l'Usine dans les derniers préparatifs, la dramaturgie est pleine de vivacité.
L'équipe, très juvénile, a 25/30 ans. En particulier l'équipe com avec Sofia, Mathias, Elisa, David et Juliette à la vidéo. Depuis trois semaines les sollicitations sont de plus en plus nombreuses. Pour la journée de dimanche ils ont donné 150 accréditations dont une pour Al-Djazeera !

On entend des cliquetis de claviers, des bruits de talons qui courent dans l'escalier de fer, à l'étage grandes réunions derrière des vitres, une interview de Clémentine Autain, au rez-de chaussée, ateliers peinture, bricolage avec soudain un grand cri :les lettres de la grande banderole ne sont pas au format !! recommencer ! Françoise et Aleth, de leur côté, se débattent avec des affiches et du scotch, le scotch, on le sait, collant tout , surtout les doigts avant de disparaître , transparent sur les grands rouleaux. On a trouvé 400 cravates rouges !

C'est aussi le moment où Eric, le spécialiste vidéo s'abat désespéré devant un ordi qui ne veut pas reconnaître son disque dur ! Toutes les vidéos de la campagne sont là ! Elles sont nécessaires pour monter le clip final ! Andrée, qui s'occupe de l'accueil, arrive avec une nouvelle : un conseiller de Villepin demande Mélenchon, il lui manque quelques voix et Mélenchon en a 1100, ne serait-il pas possible de lui en céder une... Ce qui est impossible bien évidemment mais traduit aussi le stress d'autres candidats qui courent désespérément après les voix qui lui manquent.
Il y a aussi, “l'affaire du Cirque d'hiver”. Depuis quand Hollande a-t-il décidé de sa réunion culture, à République, à deux pas de la Bastille, le 18 mars, l'un à 17 heures, l'autre à 18 heures ? On sait qu'il a demandé à Ridan, déjà retenu par le Front de Gauche, de venir chanter pour lui et que cela a été refusé.... Ah ! Ces deux concurrents qui ne sont pas ennemis !

La télé sur la 2 déverse les infos. Bruit de fond...
Deux nouvelles font la une : l'accident des enfants belges en Suisse et le meurtre des trois militaires de Montauban.
Dans les deux cas , on remarque leur manière putassière d'informer. Ainsi il est dit que l'accident du car serait “peut-être” dû au chauffeur qui aurait changé un DVD. En effet, juste avant l'accident, des enfants on remarqué un blanc sur l'écran qui se produit en cas de changement. Mais personne dans le car n'a remarqué ce fait et ne sait si c'est vrai. Pourtant c'est dit. 
De même, en ce qui concerne un militaire, tué en civil, meurtre mis sur le même plan que ceux de Montauban il est bien dit que c'est parce qu'il est militaire qu'il a été tué alors que rien ne le prouve.
Les infos de nos merdias !
Quel ménage il y aurait à faire là-dedans !

Une autre remarque vipérine.
Après 12mn consacrées à l'accident et aux meurtres, on parle des élections. Mélenchon a déposé ses signatures en personne :1100 signatures. Puis Poutou est venu avec 572. Une voix commente : Les petits candidats le font eux-mêmes ,les “grands candidats” envoient des sbires...

Le petit candidat Mélenchon vous enverra son bon souvenir de la Bastille !

Mais tout ce qui se passe ici n'est rien, avant ce que tout le monde attend, cette foule qui sera innombrable, on dit 50 000. Ce serait un triomphe, cette manière d’affirmer que la candidature de Jean-Luc Mélenchon, avec si peu de moyens financiers, lève les cœurs et fait vibrer le peuple d'un nouvel espoir.

On a hâte d'entendre les cris, écho des grand meetings de Nantes, Villeurbanne, Montpellier, Rouen, Clermont, unis sur le pavé parisien, ce fameux pavé, déjà vedette du meeting de Besançon :
“Le plus excellent symbole du peuple, c'est le pavé. On lui marche dessus jusqu'à ce qu'il vous tombe sur la tête !”

Pour dimanche, la seule inquiétude pour les têtes des participants, c'est la pluie !
Défilé pluvieux, défilé heureux ?

Avant l'arc en-ciel, union de toutes les couleurs !
A dimanche !