La chute du mur de Berlin
La chute du mur de Berlin ! Quel bel événement ! Combien étions-nous à ne nous réjouir que modérément de cette victoire de la liberté ? Un rêve s’écroulait après avoir tourné au cauchemar. L’avenir était tout tracé : Les multinationales allaient bientôt faire oublier l’internationale et les conseils d’administration se tiendraient en lieu et place des réunions du polit bureau (souvent avec les mêmes hommes de pouvoir).
Pas de surprise ! Le libéralisme est « dans la place » et nos amis ex-soviétiques sont libres, ou presque. Comme nous ils sont libres d’essayer de survivre dans la brutalité sociale et économique que génère la mondialisation sauvage de l’industrie, du commerce et de la finance. Dans cette jungle là, si tu veux vivre, tu dois produire mieux et moins cher que ton voisin. Productivité, flexibilité, compétitivité.
Tout est permis pour devenir plus fort et plus riche que l’autre, à condition de respecter les réglementations en vigueur (ou de ne pas se faire prendre). Mais si les règles sont clairement établies pour les individus au sein d’un groupe ou même d’une nation, les choses deviennent beaucoup plus floues pour les entités économiques puissantes qui évoluent à l’échelle planétaire.
Rien de plus facile pour elles que d’optimiser leurs profits en utilisant les forces et les faiblesses des états. Les pays émergeants leur fournissent la main d’œuvre à faible coup, les pays développés financent dans leurs universités la formation de leurs cadres, et quelques nations peu soucieuses d’éthique accueillent leurs sièges sociaux avec une fiscalité « complaisante ».
Ces sociétés multinationales ne font rien d’autre que ce que vous faites lorsque vous surfez sur la concurrence pour vous offrir un bien de consommation au meilleur prix. Elles ne sont garantes d’aucune valeur morale ou de justice. Il est donc vain de les vilipender ou d’échafauder une quelconque théorie du complot des classes « dirigeantes » (Epargnons nous les vieux clivages de classe, aussi improductifs que manichéens). Ne cherchez pas les bons et les méchants dans cette histoire : nous tous occidentaux sommes complices de cet état de fait. Je frappe sur les touches d’un ordinateur qui est issu tout droit du système, pour le meilleur et pour le pire.
Les ultralibéraux défendent bec et ongles cette loi du plus fort et y voient une stimulation indispensable de l’initiative et de la création. Les radicaux altermondialistes diabolisent ce système et en condamnent tous les principes y compris celui de la concurrence.
Comme toujours, c’est certainement dans un point de vue plus mesuré que doit être recherchée la vérité si tant est qu’elle existe. Difficile en effet d’imaginer à court terme une humanité motivée par le seul bien de la communauté, et où les initiatives seraient prise sans objectif de promotion sociale. Néanmoins il manque clairement un cadre plus rigoureux aux activités internationales, et le seul profit ne peut continuer à diriger le monde sans que nous en pâtissions gravement. Rien n’est pensé à long ni même à moyen terme dans cette course à l’argent. Les impacts écologiques, sociaux et macroéconomiques des activités développées laissent indifférents les conseils d’administrations des multinationales, uniquement axés sur les résultats financiers et le développement de leurs groupes. C’est leur travail et ils le font bien (techniquement parlant).
Nous citoyens, n’avons que peu de moyens pour tenter d’infléchir le processus. Les états eux-mêmes pèsent de moins en moins lourd dans la balance économique puisqu’ils ont tous ou presque privatisé à tout va les entreprises publiques. Il leur reste tout de même un certain pouvoir politique.
Il nous appartient d’exiger que nos élus nationaux s’investissent dans une démarche visant à réglementer les activités des multinationales, en posant quelques principes fondamentaux (suivi fiscal international, taxation des bénéfices indexée sur la masse salariale,…). Cela suppose bien sûr que nos ministres et chefs d’états fassent la preuve qu’ils ne sont pas les pantins des grands décideurs industriels et financiers. Cela suppose aussi, bien évidemment, une coopération très largement internationale.
Utopie ? Bien sûr ! Mais qu’au moins ils essaient avec conviction et nous en donnent la preuve !
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