La difficile acceptation des propriétés de l’Internet
L’Internet est-il un progrès pour le militantisme ? Révolutionne-t-il la politique et représente-t-il une chance pour la démocratie et la participation des citoyens ? J’ai la faiblesse de le croire mais apparemment, les militants ne sont pas toujours prêts à le reconnaître. Après avoir été candidat à l’élection législative, j’ai accepté dernièrement une mission de coordination Internet pour le MoDem.
J’ai parfois du mal à comprendre la nature humaine. J’enchaîne en ce moment les réunions politiques autour du MoDem et la question qui revient tout le temps est : "Comment faire pour toucher celles et ceux qui n’ont pas Internet". Lorsque les gens devinent que je suis un "spécialiste" passionné du Web, c’est tout juste si on ne méprise pas le sujet qui est le mien en balayant d’un revers de la manche : "Ok, c’est bien beau "ton" Internet, mais tout le monde ne l’a pas", sentence toujours suivie par une formule du style "rien ne remplace le contact direct avec les gens". Alors, parce que ça commence à devenir récurrent, il est utile de faire quelques précisions.
Il faut d’abord s’occuper de sa "base installée"
100% des 50 000 adhérents du MoDem ont adhéré via Internet. C’est un phénomène unique et remarquable qui confère au mouvement une situation vraiment particulière. Cela signifie que toutes celles et tous ceux qui ont rejoint le mouvement sont équipés d’une connexion Internet et qu’ils s’en servent à des fins citoyennes et politiques. La première chose à apprendre en marketing, c’est qu’il faut d’abord et prioritairement s’occuper de ses clients acquis lorsque l’on en a. Il faut donc s’occuper de ces internautes. L’impératif de développer des outils sur le web doit être dicté par la volonté de ne pas perdre ces adhérents sous prétexte de tentative d’en attirer de nouveaux.
Le web permet de toucher directement plus de 50% de la population.
Sans même rappeler que le taux d’équipement dépasse les 80% dans le département qui est le mien (mais qui n’est certes pas représentatif), si l’on arrive déjà à toucher ces personnes par une stratégie offensive et créative, on arrivera à ancrer durablement le MoDem dans la société. Le Mouvement Démocrate répond à une volonté des électeurs de faire de la politique différemment. Cela a été très clair dans l’esprit de ceux qui ont adhéré. Différemment, c’est aussi dans les modes de communication et n’oublions pas qu’Internet incarne cette différence.
Pour toucher ceux qui n’ont pas Internet, utilisons le Web
Comment sensibiliser quelqu’un qui n’a pas Internet ? Eh bien c’est très simple, il suffit de former ceux qui l’ont et de leur demander de transmettre à leur entourage les idées et les propositions du MoDem. Il faut que le MoDem puisse former les internautes à son programme, ses idées, ses valeurs, son agenda et les rendre accessibles au plus grand nombre. C’est en disséminant sur la toile que l’on arrivera à convaincre la population dans son ensemble.
Internet ne remplace rien
Rien ne remplace le contact direct, l’échange avec les électeurs, la proximité, les dîners, les marchés, les réunions publiques. Mais Internet permet à la fois de mieux les organiser puis de communiquer entre deux événements. Et puis c’est absurde de craindre qu’un média en remplace un autre. La radio n’a jamais remplacé la presse écrite, comme la télévision n’a jamais remplacé la radio. L’apparition d’un nouveau média élargit le champ des possibles, elle ne le contraint pas.
Je rêve que le MoDem puisse comprendre cela. Je ne cherche pas à faire l’apologie du Web et sombrer dans un fanatisme béat, mais je voudrais que tout le monde se rende compte de la chance inouïe que nous avons d’avoir à notre disposition un tel outil de communication.
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