• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Tribune Libre > La France peut-elle encore réagir ?

La France peut-elle encore réagir ?

Alors que la crise économique frappe de plein fouet les peuples d’Europe, il faut à chaque citoyen européen une bonne dose de confiance en son gouvernement pour ne pas sombrer vers ce qui s’apparente à une déprime collective. Est-ce le cas en France ? Malgré des sondages moins durs qu’ils ne le furent pour nos dirigeants, la crise de confiance semble elle aussi s’être installée.
D’aucuns imputeront ladite crise à ce vent de réforme qui secoue notre pays depuis plusieurs mois, et les plus optimistes ajouteront qu’elles sont pourtant un mal nécessaire. Je ne crois pas en cette théorie et je pense pour ma part que notre pays est globalement conscient de la nécessité vitale de reformer notre économie... mais pas nos valeurs, ni notre culture. C’est sans doute sur ces points qu’une subtile différence s’installe bel et bien.
 
Les exemples de l’immense modification de comportement que nos dirigeants tentent de nous faire avaler ne manquent pas. Un chef d’Etat qui reçoit, tapis rouge sur les marches, un des pires dictateurs en exercice, mais qui refuse, sous la pression économique d’une autre dictature, de recevoir un prix Nobel de la paix : c’est de la diplomatie. Une justice officielle écartée au dernier moment au profit d’un "tribunal privé" qui rend un verdict délirant en regard des précédents, mais tout à fait favorable à un homme qui a soutenu la candidature de notre chef de l’Etat, c’est un pur hasard. Un journaliste globalement apprécié et présentant des records d’audience remercié par son employeur sans autre forme d’explication après s’être montré irrespectueux aux yeux de ce même chef de l’Etat, là encore, c’est un pur hasard. Un haut fonctionnaire démis officiellement et à titre punitif de ses fonctions pour n’avoir pas su éviter que quelques nationalistes organisent un goûter surprise dans le jardin d’un très bon ami de ce très présent chef de l’Etat, c’est encore et toujours du hasard. Ce ne sont là que quelques exemples de l’actualité, mais il est évident que celui à qui quelques puissants industriels prêtent leur magnifique yacht pour les vacances n’a vraiment pas de chance : le hasard et les apparences jouent contre lui. Ce n’est sans doute pas l’image qu’ont la majorité de mes concitoyens de leur pays et, pourtant, aucun vent de révolte ne vient caresser la joue de nos chefs à ce jour.
 
Evidemment, tout cela n’a rien à voir avec les mesures prises pour reformer notre pays et surtout sauvegarder le pouvoir d’achat des Français. Le bouclier fiscal aura su préserver celui d’une petite minorité... alors, pour faire bonne mesure, faisons un peu de social. Le RSA portera l’étendard de la solidarité française en se finançant avec les revenus du capital et tout le monde sera content : Surtout cette petite élite qui, grâce à ce même bouclier fiscal, ne partagera pas l’effort de guerre fait par la masse pour cette mesure sociale. Ce n’est finalement pas si grave dès lors qu’il est possible de gagner plus... vous savez comment. Les cadres en particulier seront de la partie en travaillant même les jours fériés si aucun accord d’entreprise n’a été trouvé : facile d’expliquer à son fils qui ne va plus à l’école le samedi que papa, lui, doit au contraire travailler ce jour-là. Cela fait sans aucun doute partie de cette politique de relance globale de la natalité, avouons que l’ensemble des décisions prises sera sans doute efficace en ce sens même si les primes de naissance que versaient jusque-là les mutuelles sont devenues illégales (et ne sont donc plus versées) depuis la loi Fillon sur la réforme de l’assurance santé. On chipote vraiment... après tout, qu’est-ce que 200 € quand un jeune couple doit assumer l’achat du matériel de puériculture à la naissance du petit premier ?
 
Il serait sans aucun doute trop long et déplacé de faire un tel bilan dans son ensemble au sein de la tribune, mais une question se pose de plus en plus souvent, sur de plus en plus de lèvres autour de moi : la France est-elle à même de réagir, de sauver ses valeurs morales et de refuser cette dérive vers une politique bananière ou continuerons-nous à nous enfoncer dans ce panurgisme égoïste qui nous permet de ne pas sortir du lot ?

Moyenne des avis sur cet article :  4.3/5   (40 votes)




Réagissez à l'article

5 réactions à cet article    


  • karg se 4 septembre 2008 11:34

    Non pas avec le gouvernement actuel qui n’a pas compris l’enjeux. Les pays qui sont dans le coup investissent trois fois plus dans leur capital humain et scientifique pour créer une classe moyenne nombrese et très diplômés.
    Avec les décisions de ces derniers mois (favoriser la rente, l’héritage, les trash jobs, contrôler la recherche, réduire l’effort financier dans l’éducation) on va complètement à contre sens. La cerise sur le gateaux c’est la volonté de Darcos d’en finir avec le collège unique, alors qu’en même temps une seconde démocratisation scolaire est nécessaire si on veut réduire les inégalités.

    http://www.amazon.com/Race-between-Education-Technology/dp/0674028678


    • chmoll chmoll 4 septembre 2008 11:56

      j’pense que l’doc FMI,vas devoir intervenir au chevet de s’pays


      • Alpo47 Alpo47 4 septembre 2008 12:59

        Avec humour et perspicacité, l’auteur a fort bien su cibler les errements de notre "république bananière", le "fait du Prince" comme dit F.B.
        Une bonne nouvelle ?
        Je cherche... je cherche ... Ah,oui, bientôt, nous serons au fond du trou, et alors ne pourrons pas descendre plus bas.
        Enfin, c’est ce qu’on dit....

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON

Auteur de l'article

koyuki


Voir ses articles






Les thématiques de l'article


Palmarès