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La hantise du Panda français

Ce billet relate mes ex-relations houleuses avec le WWF dont l’attitude scabreuse, dictatoriale et partiale plaide gravement pour une mauvaise conscience héritée des très sombres débuts de l’organisation et dont, curieusement, la fondation ne parvient pas à se démarquer. Mon écologie franchement annoncée radicale et dénataliste a ainsi permis de révéler que la première fondation environnementaliste n’assume pas en France sa politique mondiale franchement malthusianiste. Pourquoi ? 
 

Je précise d’emblée que je ne suis pas de ceux qui procèdent par amalgame. Je suis capable d’apprécier le style de Céline sans qu’il soit (trop) terni par son antisémitisme, et je suis d’accord pour dresser un bilan favorable des actions du WWF (je parle de celles conservatoires de la biodiversité, parce que le reste c’est pacotille…), sans que les identités politiques oh combien scabreuses de certains des fondateurs représentent une condamnation définitive et sans appel. Plus d’un demi-siècle après la repentance est acceptable ! Et puis les temps changent et il serait idiot d’aller accuser les 5 millions de membres donateurs d’aujourd’hui d’être les contributeurs de sympathies nazillonnes !

Ce qui me perturbe davantage est l’intolérance quasiment sectaire de la première ONG environnementaliste mondiale, l’absence totale de liberté d’opinion qui règne dans ses rangs, jusqu’à une chasse aux sorcières exercée à la moindre alerte de l’ombre d’un lobby qui pourrait tendre à rappeler l’inconfortable casserole nazie, comme si, encore aujourd’hui, les dirigeants auraient quelque chose à se reprocher. Cela renvoie pathétiquement aux attitudes des dictateurs qui attestent leur lâcheté et leur faiblesse en faisant toujours montre d’abus de pouvoir. Le rapport de force est chose immonde. On se demande donc pourquoi le WWF ne parvient pas à se décomplexer. Que peut bien avoir le WWF à se reprocher pour demeurer ainsi crispé ?

À part son exécrable attitude spéciste qui s’exprime notamment par une nauséeuse reconnaissance de la chasse et des safaris du moment qu’il ne s’agit pas d’espèces protégées, preuve d’un anthropocentrisme aussi aveugle que cruel, je ne vois pas beaucoup d’autres critiques graves à formuler. Exception peut-être d’une excessive connivence avec une certaine oligarchie politico-financière qu’illustrent certains de leurs partenariats vraiment véreux, compagnies connues pour agresser la biosphère, et qui rendent le WWF coupable d’un blanchiment vert qu’ils s’échinent par ailleurs à dénoncer… Mais l’argent est le nerf de l’écoguerre et il ne faut pas être trop regardant quand on prétend brasser un budget annuel de quelque 500 millions d’euros. En fait, il y aurait une litanie d’autres critiques mais tout cela est oiseux, sans cesse dénoncé, et la fondation reste bouche cousue ces sujets. Aucune réponse n’a été donnée suite au livre réquisitoire de Fabrice Nicolino (Qui a tué l’écologie ?) où le WWF figure au banc des accusés.

Ayant des relations amicales avec Serge Orru, un homme charmant au demeurant, j’ai publié des articles (de jardinage…) dans la revue Panda et j’ai surtout rejoint en pionnier le site Planète Attitude de la communauté du WWF-France dès son ouverture. J’y ai fondé de nombreux groupes. Certains y poursuivent leur carrière sous mon effigie bien que j’en fus vite écarté. Les groupes, billets et forums portant sur mon dada premier, la dénatalité, eurent curieusement l’effet d’une bombe ! À tel point que des personnages obscurs interrogèrent la direction sur ma présence en leur sein, sur la recension de mes livres d’écosophie radicale dans les bulletins de l’a fondation qui fait plutôt dans la guimauve. Je fus radié de Planète Attitude au bout d’une année et sans somation, mes groupes et billets jugés dangereux furent expurgés, le site fut même fermé en hâte plus d’une semaine afin de procéder à une purge systématique des centaines de militants antinatalistes et antichasses s’y étaient infiltrés dans mon sillage. Depuis, chaque fois qu’un ami poste un sujet ayant une quelconque relation avec ma personne, mes écrits et tout spécialement la surpopulation humaine, il se voit censuré et radié. Le dernier cas en septembre dernier fut celui d’une amie d’EELV.

Pourquoi suis-je donc persona non grata au WWF ? C’est tout simple. Le WWF, déjà promoteur de l’empreinte écologique jugée malthusienne, ne souhaite en aucun cas rappeler le public au bon souvenir de son lointain passé éconazi, celui des fondateurs du WWF, le Prince Philip d'Angleterre, actuel mari de la reine Elisabeth II, et le prince Bernhard de Hollande, tous deux anciens sympathisants du nazisme des années 30. Dans une interview donnée à un professeur américain, le prince Philip expliquait son irrésistible attraction pour le régime nazi et pour Adolf Hitler. Le prince Bernard, maintenant décédé, était carrément membre des SS. Contraint de démissionner du parti en vue de sa fonction royale, il signa sa lettre de démission par un « Heil Hitler !  ».C’est donc sous cette double présidence que le premier bureau national du WWF ouvrit en Grande-Bretagne le 23 novembre 1961. Le WWF a compté comme dirigeants des aristocrates et des hommes d’affaires comme John H. Loudon, ancien président de la Royal Dutch Shell, Anton Rupert, PDG des cigarettes Rothmans, ou encore Ronald Biegs, ancien directeur général de Coca-Cola en France et en Allemagne. Que du beau monde aimant tirer le grand gibier.

Le Fonds mondial pour la nature est l’auteur d’un rapport intitulé Planète vivante (Living Planet Report, 2008), affirmant que, puisque les besoins des hommes en nourriture, eau, énergie et matériaux représentent la plus grande menace pour la biodiversité, la consommation humaine devrait être réduite d’au moins 30%, et ce pour commencer. Le WWF s’en prenait surtout à la consommation d’eau et l’application des mesures conseillées aurait conduit à la mort de centaines de milliers de personnes dans les pays du Sud. Le critère d’empreinte écologique dont se sert (de moins en moins…) le WWF fut élaboré par une fondation britannique, l’Optimum Population Trust, qui fait ouvertement campagne pour réduire drastiquement des deux tiers la population mondiale afin de la ramener à deux ou trois milliards d’individus.

Les théories malthusiennes n’étant pas particulièrement appréciées en France, la direction parisienne évite astucieusement ce sujet, d’où la grande gêne d’avoir dû subir mon rapprochement. Ce qui n’est pas le cas du WWF-International, dont le dernier bilan prône ouvertement l’inversion de la croissance démographique. Dans une interview parue le 29 août 2007 dans Le Monde, Serge Orru, directeur général du WWF-France, affirmait qu’il est nécessaire de « lutter contre les avatars du malthusianisme, [qui] risquent de faire un retour en force ». Il ajoutait même que « face à ces enjeux environnementaux et géopolitiques, il nous faut aussi transmettre un enthousiasme, des rêves, afin que nos enfants aient envie de devenir parents ! » Des propos qui laissent entendre que le WWF-France serait favorable au développement démographique. En matière de réduction de l’empreinte écologique, l’association se contente donc de proposer quelques mesures dérisoires, comme « faire sécher son linge sur une corde au lieu d’utiliser un séchoir électrique » ou « remplacer les ampoules classiques par des ampoules fluocompactes ». La dernière bourde fut l’appel pour un coïtus interruptus planetarius. Il était question d’exhorter à « reporter d’un an la décision d’avoir un enfant ». Mais la suggestion avait été promptement biffée du programme. Ainsi, rien dans le discours officiel du WWF-France ne laisse transparaître que la filiale française de la plus grande organisation écologiste du monde est l’héritière des théories de Thomas Malthus. Pas question pour l’auteur que je suis d’aller donc y faire des étincelles.

L’organisation devenue très mercantile, elle souhaite ratisser large dans les chaumières où elle vend des animaux en peluche. Dans le concept d’un tel écologisme lénifiant, Il convient donc de faire oublier des envolées portant sur le besoin de dépopulation au profit d’une Nature vierge, laquelle posture ayant vite fait d’être connectée à la pensée nazie et eugéniste des fondateurs malfamés. Tout cela est évidemment ridicule.

Écomalthusien et convaincu qu’il faut mentaliser les habitants de la planète à procréer le moins possible pour alléger notre effectif, persuadé que la meilleure façon d’aimer les enfants est de ne pas en faire, je ne me sens nullement véhiculé à une mouvance totalitaire, mais bien au contraire bienveillante pour les générations futures. Tout le monde ne partage pas ce point de vue, c’est évident. La meilleure preuve est celle d’avoir été et d’être encore pestiféré dans l’univers très fourbe du Panda français. Je n’adhère cependant à aucun parti d’extrême droite, étant tout au contraire un gauchiste chevelu !


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5 réactions à cet article    


  • foufouille foufouille 3 octobre 2011 13:10

    une bonne WWIII


    • Scual 3 octobre 2011 15:01

      Le problème de la régulation de notre espèce est très complexe.

      Trop complexe pour moi. Franchement le fait de savoir que plus on vivra pauvre plus on pourra se permettre d’être nombreux, rien que ça quand on l’inclus au débat ça vous donne rien de moins qu’un petit « génocidons par la natalité les pauvres qui font 7 enfants par famille histoire que les riches puissent continuer à être riche »...

      Et ce genre de « petits problèmes moraux » qui s’incluent dans le débat de la dénatalité, y en a plein d’autres ...

      Je pense que la dénatalité est probablement nécessaire dans une juste mesure le temps de permettre à la technologie d’améliorer notre efficacité écologique. Enfin théoriquement et dans le meilleur des mondes hein, pour l’instant on ne fait que tout détruire...

      Au final que la dénatalité puisse être nécessaire, je pense que tout le monde pourrait le comprendre. La seule question est : Quelle dénatalité ?

      On ne peut donc pas prendre position entre l’auteur et le WWF dans cette affaire. On ne sait tout simplement pas de quoi il s’agit réellement. Par exemple imaginons que l’auteur prône une campagne de sensibilisation en Afrique avec des aides pour l’éducation et la santé afin de rassurer les familles sur les chances de survie et de réussite de leurs seuls deux enfants, c’est pas pareil que de stériliser toute l’Afrique de force ! Dasn ce dernier cas on pourrait comprendre que WWF ne veuille pas véhiculer ce genre de message.

      Alors donc, de quelle dénatalité parle t-on ?


      • rastapopulo rastapopulo 3 octobre 2011 21:42

        Exactement !
         
        Je suis absolument contre cette autoritarisme de dicter sa morale aux pauvres au lieu de leur donner la souveraineté technologique. Mais je crois par contre que ce luxe d’être écolo passe évidement à un moment par une stabilisation des populations. Et tiens, voilà pas que les populations se stabilisent avec l’élévation du niveau de vie, première nouvelle hein !
         
        D’ailleurs, se revendiquer malthusien est aberrant. Déjà à cause de l’origine de cette pensée impérialiste qui voit dans les populations une menace au statut quo. Ensuite parce que les malthusiens se sont déjà trompés plusieurs fois dans leur prédiction depuis 1860. 

        C’est en plus rigolo de ne citer que le passé nazi de la WWF comme condamnable alors que l’empire britannique n’est pas exempte de tâches morales niveau domination militaire et financière. Tout ça se retrouve très très bien dans le dénigrement des populations. 


      • sonearlia sonearlia 3 octobre 2011 22:38

        On remarquera que plus un pays est riche plus la natalité est faible, soit le contraire du malthusianisme.


      • Jean-Fred 4 octobre 2011 10:06

        Malthus est à bien des égards un précurseur de l’idéologie Eugénique du Darwinisme social (seul les plus adaptés ont le droit de vivre).

        Franchement, je ne comprends pas que certaines personnes peuvent encore apprécier ses idées nauséabondes qui ont maintes fois été démenties.

        Bref, à vous lire les pauvres qui meurent de faim ou de mal nutrition n’ont pas le droit d’être sur Terre car trop nombreux. Et pourquoi ne pas supprimer tous les idiots sur Terre, les malades mentaux ou les handicapés ? Après tout, le droit de vivre ou de mourir est plutôt subjectif non ?

        Je crois qu’un rappel s’impose :

        «  Un homme qui est né dans un monde déjà possédé, s’il ne peut obtenir de ses parents la subsistance qu’il peut justement leur demander, et si la société n’a pas besoin de son travail, n’a aucun droit de réclamer la plus petite portion de nourriture et, en fait, il est de trop. Au grand banquet de la nature, il n’y a pas de couvert vacant pour lui. Elle lui commande de s’en aller, et elle mettra elle-même promptement ses ordres à exécution, s’il ne peut recourir à la compassion de quelques uns des convives du banquet. Si ces convives se serrent et lui font place, d’autres intrus se présentent immédiatement, demandant la même faveur. Le bruit qu’il existe des aliments pour tous ceux qui arrivent remplit la salle de nombreux réclamants. L’ordre et l’harmonie des festins sont troublés, l’abondance qui régnait auparavant se change en disette, et le bonheur des convives est détruit par le spectacle de la misère et de la gêne qui règnent dans toutes les parties de la salle, et par la clameur importune de ceux qui sont justement furieux de ne pas trouver les aliments sur lesquels on leur avait appris à compter. Les convives reconnaissent trop tard l’erreur qu’ils ont commise en contrecarrant les ordres stricts à l’égard des intrus, donnés par la grande maîtresse du banquet... » 

        Thomas Malthus extrait Essai sur le principe de la population

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