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La Libération (36) : La France, terre d’accueil et de travail

Et la France, dans tout ça ? A-t-elle eu son équipe spécialisée de recherches de techniciens nazis, et en a-t-elle ramené, se posait comme question un lecteur, devançant un peu la marche de cette longue série d'articles qui s'articulent entre eux ? Sans nul doute, la réponse est oui, et l'implication de ces ingénieurs allemands dans le programme spatial français sera très forte, sinon fondamentale. Le plus surprenant de l'histoire étant qu'ils seront pour la plupart recrutés et en quelque sorte absous par un résistant, un ingénieur lui-même, fils de grand chimiste, qui a convaincu De Gaulle de ne pas se passer de ce réservoir de cerveaux. C'est ainsi que le fleuron actuel de l'astronautique française, la fusée Ariane, sera conçue en grande partie par une équipe de techniciens allemands échappés de Peenemünde, et restés dans un pays qui leur avait offert un peu trop facilement le gîte et le couvert, en fermant les yeux sur leur passé.

Cela commence par un V2 égaré : "le 8 septembre 1944, en fin de matinée, deux V2 sont lancées depuis le nord de la France sur la région parisienne à peine libérée. Encore peu fiable, la première n’atteint jamais sa cible, probablement désintégrée lors de sa rentrée dans l’atmosphère, la seconde s’écrase à Charentonneau, quartier de Maisons-Alfort. La capitale française vient d’être frappée par le premier missile balistique de l’histoire. Arrivé sur les lieux, le directeur du laboratoire municipal de Paris Henri Moureu ne peut que constater les dégâts et mesurer l’importance de cette nouvelle arme. S’il en mesure l’importance militaire, il ne peut imaginer que ce missile sera à l’origine d’une formidable aventure humaine faite de défis techniques et technologiques, de difficultés, de doutes mais aussi d'espoirs et d'émotions qui marquera la seconde moitié du XXème siècle et transformera la vie de l’humanité : l’aventure de la conquête spatiale."  L'homme arrivé en hâte pour voir les dégâts, Henri Moureu, n'est pas n'importe qui, à vrai dire : ce docteur en chimie, lui-même fils d'un très grand chimiste, a été nommé au collège de France avant de devenir le sous directeur du laboratoire de Frédéric Joliot-Curie C'est aussi un résistant, qui a désamordé des bombes et en fabriqué d'autres, pour la résistance, et qui a participé en 1940 au transfert vers l'Angleterre de l’eau lourde française, enfin, celle achetée à la Norvège (celle-là même qui atterrira des années plus tard en Israël, à... Dimona !). 

Dans son propre rapport des faits, Moureu explique : "le 8 septembre 1944, à 11 heures du matin, une explosion soudaine se produisit à ('harentonneau (Maisons-A Ifort,). Prévenu aussitôt par les services de police, je procédai surplace à un certain nombre de constatations qui me firent pressentir l'apparition d'un engin nouveau, nettement different du V1, ceci ressortant à la fois de l'examen des débris (roulements à billes, appareillage électrique soigné, pièces usinées avec précision), de l'étendue des dégâts et du fàit surprenant que l'on n'avait entendu aucun bruit précéder l'explosion et que, dans le même temps, il n'avait été signalé le passage d'aucun avion. Les débris recueillis par mon service ne permettant pas une identification d'un engin qui s'avérait extrêmement complexe, je les remis au Dr Woodruff, et ils partirent aussitôt pour les États-Unis aux fins d'examen. » Moureu est un des premiers à avoir compris que ce qui venait de tomber était d'une tout autre nature que ce qui avait été vu jusqu'ici. Et que les échecs de tir étaient pleins d'enseignements, et qu'il fallait donc en priorité traquer les débris pour en savoir davantage. En octobre 1944, des V2 tombent sur des villes du nord de la France : il y en aura vingt-cinq sur Lille, dix-neuf sur Tourcoing, six sur Arras, quatre sur Cambrai, et un sur Saint Quentin. Intrigué, il ne cessera d'en suivre les différents endroits de production : le 2 novembre 1944, accompagné de Frédéric Joliot-Durie, il se rendra ainsi à Watten, dans le Nord, où un énorme bunker a été édifié dans la forêt d'Éperlecques pour produire de l'oxygène liquide destinée à l'approvisionnement des sites de lancement de V2 de la région. Bombardé une première fois le 27 août 1943, il le sera à nouveau à la bombe géante TallBoy (dont une qui l'atteindra de plein fouet) les 17 juin et 25 juillet 1944, juste avant qu'il ne soit abandonné par les allemands.

Le même jour que le bombardement de Londres, heureusement, un V2, non armé, tombe dans les marais près de Malmö en Suède. Les débris envoyés au grand spécialiste anglais Reginald Victor Jones, permettent à celui-ci de définir qu'il y a bord de l'engin des électrovannes où circulent de l'alcool et de l'oxygène. Un étrange paquet envoyé dès 1939 et venant de Suède l'avait déjà alerté (cela concernait en fait le V1), et le bombardement de Peenemünde du 18 août 1943 semblait avoir mis fin à la peur d'une arme nouvelle, celle qu'ont expliqué les résistants polonais à partir des débris du lancement raté du 20 mai 1944,. (voir l'épisode N°4, ici), exédiés le 25 juillet. Des faits confirmés par l'avance alliée en Normandie (voir l'épisode sur le V-1) : Au château du Molay-Littry, le troupes US ont découvert une plateforme de tir vertical identique à celle de Peenemunde, et un dépôt de carburant, à Meaufle. Près d'Hautmesnil, à côté de Falaise, les anglais ont découvert une base souterraine mais aussi une usine de liquéfaction d'oxygène à Saint-Marc d'Ouilly.  On y faisait des préparatifs de lancement car à leur grand étonnement , ils découvrent aussi dans la carrière des Ocrais (sur la commune de Couvicourt) un étrange V2, fait de bois, ainsi que le matériel de relevage de la fusée. Dans les carrières de Caumont même chose, avec une usine de production d'oxygène liquide, conçue sous le nom de code"Steinkohle N° 1301", avec un bunker de de 300 m de long et de 20 000 t de béton. A Isigny, les anglais tombent sur des documents attestant de ces préparatifs : on commence à en savoir davantage sur la fusée. Le professeur Jones, dès le 26 août 1944 rend son verdict : c'est bien une fusée balistique de grande dimension, dotée d'une charge d'explosif importante. Il en donne les dimensions, calculées à partir des débris et de la maquette de bois envoyée en express à Londres. L'engin ferait entre 12 et 13 tonnes, sa charge explosive serait d' une tonne, elle emporterait 4.5 tonnes d'oxygène liquide et 3,5 tonnes d'alcool, le poids mort oscillant entre 2,6 et 3 tonnes, sa portée maximum serait de 200 à 210 miles. Jones a bon partout dans ses calculs. L'engin est... impossible à combattre : il fonce à plus de 5000 km/h. Plus inquiétant encore selon lui : il y en aurait déjà 2000 de fabriquées et la cadence de tir pourrait s'élever à 800 par mois ! A Brécourt et Sottevast (voir l'épisode sur le V1), les alliés découvrent un autre site gigantesque : il y a de quoi s'affoler. Churchill en laisse tomber son cigare en le visitant. Il craint l'usage du V2 pour l'envoi d'armes bactériologiques ou de gaz.

Le V2 écrasé vu par Moureu aura une importance primordiale en effet : après avoir également visité les sites de départ des V1 dans le Nord de la France, le scientifique s'est fait une raison, les allemands ont plusieurs longueurs d'avance sur lui : "Dans ce domaine, la France comme les autres nations a un retard considérable. A la fin de la guerre, la seule fusée française à propulsion liquide ayant volé est celle du commandant Jean-Jacques Barré. Réalisée sous l'occupation, l’EA 1941 (masse de 100 kg avec 1 tonne de poussée), est de taille modeste comparée au V2 (masse de 12 tonnes et 25 tonnes de poussée)". Résultat, au sortir de la guerre, Henri Moureu, placé à la tête du Groupe Opérationnel des Projectiles Autopropulsés (GOPA) placé sous l'égide de la Direction des Etudes et Fabrications d'Armement (DEFA), fait tout pour faire parvenir dans ses services des chercheurs allemands, aidé par l'ingénieur en chef Lafargue à la direction technique. "Chargé d’étudier les fusées réalisées par les Allemands, le GOPA provoque l’embauche de 28 aérodynamiciens venant de Kochel en Bavière où avait été installée après le bombardement allié sur Peenemünde du 17 août 1943 la soufflerie supersonique utilisée pour les études aérodynamiques du V2. Regroupés à Emmendingen en zone d’occupation française, ils ont la charge d’étudier, de concevoir et d’assurer la surveillance des travaux de construction de la soufflerie supersonique qui sera installée à la fin des années 1940 au Laboratoire de Recherches Balistiques et Aérodynamiques (LRBA) de Vernon. Cette soufflerie fut donc directement inspirée par celle de Peenemünde". Des scientifiques allemands qui vont savoir se faire oublier... jusqu'au seuil de l'an 2000, où un magazine leur fait refaire surface, au moment même ou beaucoup meurent. On retrouvera dans les archives de l'Ina des documents fort intéressants sur cette "ville qui n'existe pas".... peuplée d'allemands !

Une ville créée quasiment à la demande, car le résistant Moureu s'est transformé en chantre de la fusée militaire : "dans un rapport daté du 23 décembre 1946, il fait l'apologie de la fusée balistique et incite fortement le gouvernement à soutenir toutes les recherches qui pourraient être entreprises dans ce domaine. Il avance deux principales raisons : d'un point de vue militaire, la fusée révolutionnera immanquablement les guerres de l'avenir, surtout si on lui associe la bombe atomique ; enfin, au niveau scientifique, la fusée « va permettre d'étudier la haute atmosphère et les phénomènes particulièrement complexes dont elle est le siège. En effet, pour lui, il ne fait aucun doute qu'elle offrira une opportunité extraordinaire aux scientifiques qui cherchent à approfondir la connaissance des phénomènes atmosphériques, que ce soit pour la météorologie, la physique de l'atmosphère ou pour d'autres domaines, comme la géophysique" raconte Philippe Varnoteaux dans " La part du CNRS dans les débuts de la conquête de l’espace." Pour Moureu, c'est simple : il fallait avant tout récupérer des V2 si la France veut éviter d'être balayée comme elle l'a été en 1940 : " Les renseignements de la dernière guerre, écrit-il, et les progrès réalisés depuis dans le domaine technique, montrent clairement que l'issue d'un nouveau conflit pourrait être décidée après une première attaque brutale comportant essentiellement l'emploi massif d'armes nouvelles. Cette action initiale, sans signes précurseurs, serait probablement le fait d engins échappant à toute interception et apportant sur les centres vitaux du pays attaqué tout le potentiel destructeur des explosifs nucléaires. Les engins dérivés du V2 seront tout désignés à cet office [...] Il est hors de doute que, seule la possibilité d'une riposte immédiate et efficace, avec ces mêmes armes, serait susceptible d'écarter la menace dune agression[...] " En posséder, c'est dissuader l'adversaire. Si on y ajoute l'arme nucléaire, Moureu vient d'inventer ce que sera la politique de DeGaulle pendant dix ans : créer une "force de dissuasion nucléaire", le titre officiel des forces armées françaises au seuil des années 70.

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Comment un résistant de la première heure comme Moureu a-t-il pu accepter de se retrouver à travailler avec des ex-nazis est une question qui reste sans réponse, à part d'être attiré par le progrès technologique et d craindre les conflits futurs. Un avis partagé en haut lieu : les scientifiques doivent être désormais en liaison avec les militaires : "à la fin de la Seconde Guerre mondiale, les militaires prennent acte de l'extraordinaire avance technologique de l'Allemagne. Cependant, s'ils souhaitent rattraper le retard, et ne pas se laisser distancer par les Américains et les Soviétiques, ils doivent établir d'urgence une étroite « collaboration avec les hommes de science pour l'amélioration de la technique des armes modernes ». Est alors émis le voeu de travailler « en étroite liaison avec le CNRS ». Pourquoi le CNRS ? Créé en 1939, le CNRS voit son statut d'organisme fédératif de la recherche confirmé en novembre 1945, tout en étant chargé d'entreprendre de la prospective et d'accroître la coopération avec d'autres organismes, y compris militaires. De ce fait, il devient le coeur et le symbole de la recherche scientifique en France", poursuit Varnoteaux. 

Voilà donc nos scientifiques devenus collègues des militaires, et collègues aussi d'anciens nazis par la même occasion. On laissera longtemps cette part de l'histoire dans l'ombre, préférant s'épancher sur les fusées et satellites français aux noms de Bande Dessinée ou de séries TV animées (Astérix, Castor et Pollux). La bombe médiatique explose, elle, tardivement, le 20 avril 1999, dans l'Express, avec un article très fouillé signé Vincent Nouzille et Olivier Huwart qui, aujourd'hui encore, fait date. La première ligne de ce texte annonce la couleur : selon les auteurs, "Entre 1945 et 1950, plus de 1000 chercheurs allemands, dont certains nazis, ont été « embauchés » par les autorités françaises. Un apport très secret à la reconstruction de l'industrie militaire et aéronautique du pays. L'Express révèle cette incroyable épopée". Ah, la France aussi, alors, a eu son Paperclip et son Lusty ? Oui, peut-on sans hésiter affirmer, et dans des proportions assez phénoménales en effet. Parfois, il n'y a même pas eu d'aller les chercher, comme avait pu le faire le père de Michel Rocard. Ainsi Otto Kraehe, adjoint de Von Braun à Peenemünde, venu se présenter tout seul aux autorités après avoir été "oublié" par...Von Braun. « Von Braun m'avait promis qu'il me ferait venir dès que possible, raconte à L'Express le retraité Vernonnais. Mais, en 1945, j'étais au chômage. Je savais que nous ne pourrions plus mener nos recherches en Allemagne. J'ai appris que la France cherchait des ingénieurs pour reconstituer des V2. Les conditions étaient bonnes. Alors, j'ai signé un contrat avec le ministère de l'Armement. J'ai commencé à Puteaux, puis j'ai rejoint une soixantaine d'Allemands au Laboratoire de recherches balistiques et aérodynamiques (LRBA) créé à Vernon en mai 1946. Au début, les gens du coin se demandaient ce que nous bricolions dans nos baraques cachées dans la forêt. Nos tests de fusées faisaient un bruit monstre et dégageaient d'épaisses fumées. Et puis tout le monde s'est habitué à notre présence. J'ai été le premier à me marier avec une jeune femme de la région, en 1950. Je suis reparti en Allemagne en 1958, avant de revenir en France en 1963 et de m'installer ici pour ma retraite. Mes collègues restés au LRBA ont mis au point la fusée Véronique et le moteur Viking des fusées Ariane » raconte L'Express. Lui, et d'autres, dont Helmut Habermann, et Heinz Karl Bringer (décédé l'année de parution de l'article), à qui on accorde souvent le titre de créateur du moteur Viking de la fusée Ariane... que l'on fera devenir Henri Bringer. Et à qui on donnera le nom à une rue.

Des recrues de choix, pour les français : "La créativité fut l’une des forces de ces Allemands. Hormis les idées de Heinz Bringer, il convient de signaler le concept original de guidage initial par câble de Véronique, que l’on doit à Wolfgang Pilz, le radar Aquitaine, la première plateforme de guidage inertiel française réalisée en 1958 et certains types d’autodirecteurs dont les idées seront appliquées en France et aux Etats-Unis et qui furent de la responsabilité de l’équipe du Dr Müller, et enfin les paliers magnétiques actifs auxquels le nom d’Helmut Habermann reste étroitement lié" explique Jacques Blamont dans "Rayonnement du CNRS n° 48 juin 2008".  Une analyse fort bien faite des enjeux en cours, car c'étaient eux... ou les américains : "On savait que les Américains avaient inventé les recherches spatiales au moyen de 47 tirs de V-2 porteurs d’instruments de mesure, lancés entre 1946 et 1952 sur le polygone de White Sands (Nouveau Mexique). Dans ce contexte fut décidée par le CASDN la réalisation d’une fusée sonde par le LRBA, appelée Véronique". Des français qui feront exactement... comme les américains, donc, et feront même appel un temps à eux : "Le choix d’un satellite entièrement français lancé par une fusée américaine Scout fut décidé dans le courant de 1961. L’expérience qu’il portait avait été conçue par Owen Storey, un jeune physicien anglais que j’avais convaincu en 1958 d’entrer au Service d’aéronomie. Fabriqué par le CNES, il sera lancé le 5 décembre 1965 sous le nom de Fr-1. Simultanément, sous la forme d’un programme coopératif avec l’Université du Minnesota, le Service d’aéronomie introduisait en Europe la technique des grands ballons en polyéthylène qui sert encore aujourd’hui et permet de porter chaque année à l’altitude de 40 km une trentaine d’instruments pouvant peser jusqu’à six cent kilos". Des ballons, je serai appelé à en reparler, très bientôt, en effet.

La liste était longue en effet : "les noms de ces têtes de file sont inconnus du grand public : Jauernick, Müller, Bringer, Habermann pour les fusées (LRBA et SEP) ; Oestrich pour les moteurs à réaction à la Snecma ; Sänger pour les engins spéciaux à l'arsenal de Châtillon (aujourd'hui Aerospatiale) ; Schardin et Schall pour les explosifs à l'institut Saint-Louis (Ministère de la Défense). A ces leaders il faut ajouter des apports d'équipes allemandes chevronnées - réparties sur tout le territoire - dans le domaine des hélicoptères, des sous-marins, des torpilles, des radars, des moteurs de char, des obus, des souffleries aéronautiques. Et même de la force de frappe". Une force de frappe voulue par DeGaulle, qui fut établie avec tout d'abord une chasse aux savants allemands... eux aussi déjà à la recherche de l'arme atomique. Enfin, ceux que n'avaient pas raflé les américains : "Le physicien Yves Rocard se déplaça, au milieu de l'année 1945, à Hechingen, pour tenter d'examiner les documents sur les premiers travaux - décevants - de l'équipe de Werner Heisenberg, du Kaiser Wilhelm Gesellschaft. Sans grand succès, les Américains ayant tout emporté. Mais le patron du CNRS puis du Commissariat à l'énergie atomique, Frédéric Joliot-Curie, venu à Tübingen, put arracher quelques spécialistes allemands aux Russes, avec l'aide de commandos militaires. Nul ne sait ce que sont devenus ces savants" nous dit l'Express. Nous en reparlerons également, si vous le voulez bien. Rien ne dit que c'était si décevant que ça...

Du beau linge, en effet. L'un des plus beaux, non cité jusqu'ici étant Emile Stauff, décédé l'année de l'article, dont le CV résume parfaitement la duplicité mise en place : il se retrouvera ingénieur chez Arsenal, qui tentera sans succès de faire des avions à réactions après guerre, avant de devenir directeur des engins spéciaux chez Nord-Aviation (de 1944-à 1969), puis directeur de la division engins tactiques d'Aérospatiale (de 1969 à 1974). Au total, il se sera chargé des projet de missiles français, du SS 10 jusque l'Exocet, en passant par le SS Il, le Milan Hot, et le Roland, le missile Parca, directement issu d'un projet allemand de la Rheinmetall (il reposait sur un affût de Flak allemande !), essayé à Colomb-Béchar, au Sahara, comme le montre ce film de l'INA où l'on peut apercevoir un radar... américain de DCA très connu (le SCE584) pour suivre l'évolution de l'engin. C'est celui qui avait permis de traquer les V2 sur la côte anglaise ! Mais également les avions-cibles CT 10, CT 20 et CT 41 ! Le 7 mai 1959, lors d'une visite à Bourges, un an après son retour au pouvoir, DeGaulle se le fera présenter. "Comme il ne visitera pas l'usine Nord-Aviation, par manque de temps, une exposition de missiles a été organisée sur la base, et de Gaulle écoute avec beaucoup d'intérêt les explications du directeur de l'Etablissement berruyer, Raymond Puisségur, ainsi que ceux d'Emile Stauff, le grand ingénieur, l'homme qui a créé en France, après la guerre, l'industrie des missiles.  Le P.D.G. de Nord-Aviation, M. Mazer, est lui aussi descendu de Paris pour la circonstance et il montre les missiles SS10, SS11 ainsi que le tout "petit dernier", le SS12. En allant rejoindre la DS 19 décapotable, le cortège passera devant les avions de la firme berruyère, comme le N 3400 ou le NordAtlas 2508". Mais DeGaulle avait besoin de lui, pour passer "des V2 à Véronique" (pour Vernon-électronique).... en commençant par le petit SS10 (dont on retrouvera des rejetons SS 11 jusque dans l'arsenal de Kadhafi, récemment) :

Il leur fallait surtout, à ses militaires, comme alors au même moment les américains (nous le verrons très bientôt) , des spécialistes d'un domaine inconnu jusqu'ici : "dans le même temps, les militaires prennent conscience qu'il devient indispensable de mieux comprendre les phénomènes atmosphériques, car les avions et les nouvelles armes autopropulsées évoluent de plus en plus haut dans l'atmosphère. Ainsi, de nouvelles études s'engagent dans l'aérodynamique, la résistance des matériaux, la mécanique des fluides ou encore l'étude des particules. En effet, le dernier conflit venait de révéler l'importance de l'ionosphère, une couche particulière de la haute atmosphère dans laquelle se propagent les ondes radios : « Juste après la guerre, souligne la physicienne A. Vassy, les militaires sont venus nous chercher. Ils avaient besoin de nous pour améliorer leur connaissance sur l'ionosphère. Or, la maîtrise des communications, vitale pour les armées, passait obligatoirement par l'étude de cette ionosphère ». Les militaires ont donc un besoin urgent de spécialistes en la matière. Par exemple, dès 1945, la Marine met en place son propre bureau de recherche sur l'ionosphère qu'elle confie au physicien Yves Rocard". Oui, le père du futur premier ministre de Mitterrand. Voilà qui nous ramène à la politique, d'une certaine manière. Pour vaincre l'ionosphère, il fallait passer par les hautes sphères de l'Etat, déjà.

Demain, si vous le voulez bien, nous resterons en France, à étudier plus en détail encore qui faisait quoi exactement dans les ateliers de Meudon, notamment.

document indispensable : le " RÉPERTOIRE NUMÉRIQUE DÉTAILLÉ DU FONDS HAUTEFEUILLE" du SERVICE HISTORIQUE DE L’ARMÉE DE L’AIR.

http://www.servicehistorique.sga.defense.gouv.fr/contenu/functions/dc/attached/FRSHD_PUB_00000268_dc/FRSHD_PUB_00000268_dc_att-FRSHD_PUB_00000268.pdf

la conférence '" Aux origines du LRBA, l’histoire et l’héritage de Peenemünde " Yves Le Maner, historien et ancien directeur du musée de la Coupole faite à la cité du "Buschdorf" à Vernon. L'occasion de donner un nom de rue à Karl-Heinz Bringer... à St Marcel.

Une très intéressante vidéo de FR3 en date du 25/09/2010 raconte l'histoire des enfants de ces ingénieurs :

http://haute-normandie.france3.fr/info/les-enfants-des-ingenieurs-allemands-a-vernon-65036315.html?onglet=videos&id-video=000167178_CAPP_Vernon27souvenirsdaprsguerreauLRBA_250920101651_F3

http://www.aaafasso.fr/DOSSIERSAAAF/DOSS.ACCES_LIBRE/PJ_GR/GR_Normdie/buschdorf%202010%20R-sum-.pdf

un bon document ici sur les débuts de l'ère spatiale et le rôle joué par Barré :

http://www.ecpad.fr/wp-content/uploads/2011/02/france_espace.pdf

(à part la bourde sur la légende de la photo de Chirac recevant un modèle de lance-Soyouz et non d'Ariane )

sur Caumont, le site indispensable est ici :

http://usinedecaumont27.free.fr/index.htm

sur la recherche française, 

http://search.freefind.com/find.html?id=12058016&m=0&p=0


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28 réactions à cet article    


  • jluc 7 juillet 2011 11:37

    J’ai vu le reportage (sur France 5) sur Lindbergh qui a participé à la recherche de Von Braun à Dora (après avoir été mis à l’écart de l’aviation US pour ses idées antisémites et pro-nazi)

    On a pu y voir un champs de cadavre des prisonniers-ouvriers, et surtout Von Braun.
    Son regard, son sourire m’ont fait une très désagréable impression. En y réfléchissant c’était le regard et le sourire plein d’arrogance et de défis d’un prisonnier pris en flagrant délit d’immondes saloperies et qui sait qu’il ne sera pas puni.


    • morice morice 7 juillet 2011 22:33

      les moinsseurs sont de sortie : le bar est fermé ailleurs pour l’été, ceci explique cela : ils ne se rendent même pas compte qu’ils viennent ici démontrer leur fausseté fondamentale, celle qui les a fait fabriquer ici cabale sur cabale. C’est l’été, ils n’ont rien à foutre, et ils vont recommencer : quelle pitié que ces mecs !


    • morice morice 7 juillet 2011 11:42

      on remercie les moinsseurs, venus en masse rameutés par le même personnage ici : leur désœuvrement faute de site ou aller vomir sur Agoravox est sinistre.


      • jluc 7 juillet 2011 11:52

        sans doute expriment-ils une grande souffrance ? Ayons de la compassion pour eux.


      • morice morice 7 juillet 2011 11:54

        sans doute expriment-ils une grande souffrance ?


        chez les brintzingues, même pas, c’est ça le problème !

        • ZEN ZEN 7 juillet 2011 12:12

          Intéressant
          Si vous passez près de St Omer, faites le détour par la Coupole d’Helfaut, bunker monumental aménagé en musée très pédagogique sur les systèmes de défense nazis dans le Pas-de-Calais et sur l’histoire des fusées


          • morice morice 7 juillet 2011 13:47

            les textes sur les enfants des allemands de Vernon sont signés de l’ancien directeur, qui avait porté le projet à bout de bras et qu’on peut saluer ici....


          • jako jako 7 juillet 2011 12:26

            Il y a effectivement un harcélement par quelques petites personnes, pour moi cela démontre surtout qu’ils sont « dérangés » par vos articles puisque cela parle un peu d’eux aussi smiley
            Moi je vous remercie pour ces informations qui bientot (et cela a commencé) disparaitront de l’histoire officielle javelisée made in hollywood ( tient rien que cette entité mériterait aussi une belle série)


            • morice morice 7 juillet 2011 12:35

              pour moi cela démontre surtout qu’ils sont « dérangés » par vos articles puisque cela parle un peu d’eux aussi


              ah, vous avez compris... comme eux, qui se sentent visés à chaque article. Des paraonos, à part que chez eux c’est fondé... 

              ah ah ah !!

              • zelectron zelectron 7 juillet 2011 14:29

                petit « détail » si je puis me permettre : « équipe spécialisée de recherches de techniciens nazis »
                plutôt de recrutement de techniciens et ingénieurs allemands ...un certain nombre faisaient semblant, d’autres étaient convaincus, ça se savait et ceux là sont partis soit aux USA soir en URSS, très peu en France où ils ont été éliminés petit à petit (subrepticement renvoyés en Allemagne ou ailleurs) Je dois vous dire qu’une majorité étaient francophones et même francophiles ! In fine nous en avons récupéré trop peu car les « meilleurs » ont été embarqués outre atlantique, d’autres en traînant des pieds dans des centres soviétiques.


                • morice morice 7 juillet 2011 14:41

                  plutôt de recrutement de techniciens et ingénieurs allemands ...


                  euh, vous tombez dans le panneau là : en 1946 plus un n’est nazi. Je vous donne rendez-vous demain pour approfondir la question... 

                  « très peu en France où ils ont été éliminés petit à petit »

                  ah, et Ariane ?

                  « d’autres en traînant des pieds dans des centres soviétiques »

                  méconnaissance complète du sujet là...

                • morice morice 7 juillet 2011 15:10

                  e te conseille de le lire


                  désolé, j"’ai déjà donné. Sous Photoshop, avant l’heure.


                  • ben_voyons_ ! ben_voyons_ ! 7 juillet 2011 15:56

                    Morice,

                    vous vous trompez en indiquant des satellites français nommés Castor et Pollux d’après une série TV animée ; certes, dans « Le manège enchanté » de Serge Danot, il y a bien le chien Pollux mais il n’y a aucun personnage nommé Castor.
                    Et il n’existe aucun Castor connu dans une série TV animée.

                    Si ces satellites ont été nommés Castor et Pollux, c’est en référence à la mythologie grecque, les fils jumeaux de Léda.

                    En aéronautique, plus particulièrement les missiles balistiques, on trouve de multiples références aux mythologies :
                    - Thor,
                    - Atlas,
                    - Titan, ...
                    - Prithvi (déesse hindoue), ...
                    - Gabriel (missile antinavire israélien),
                    - Hadès (cocorico !),
                    - Pluton (cocorico !),
                    - Polyphem (missile mer mer européen),
                    ... Je dois en oublier.


                    • morice morice 7 juillet 2011 16:14

                      ouh la GRAVE ERREUR !! imaginez donc, avoir cité Castor aux côtés de Pollux !


                      à part ça, le Manège est toujours enchanté ou pas ?

                      vous avez oublié Hermes... 

                      ah ah ah ..


                      • exorciste de Francfort exorciste de Francfort 7 juillet 2011 17:33

                        Un bon article que celui-ci.
                        Ps : Je préfère prendre les devants... et me « moinsse » en premier.


                        • Pyrathome Pyrathome 7 juillet 2011 18:39

                          Passionnant ! Je voudrais pas dire mais Yves Rocard, c’était quand-même autre chose que son rejeton.....
                           Mais dites donc, vous nous parlez de libération, mais à voir le nombre de trolls nazifiants et moinsseurs, il semblerait que celle-ci a échoué.. ?


                          • Gargantua 7 juillet 2011 22:20

                            a quoi sa serre d’étaler sa science pour mettre en avant sa connerie ?


                            • morice morice 7 juillet 2011 22:30

                              veuillez cessez vos injures, « Gargantua », ou faites-vous soigner : visiblement, vous entrez en période de crise là....


                              • Pyrathome Pyrathome 7 juillet 2011 23:05

                                Regardez attentivement la deuxième vidéo au ralenti....
                                En visionnant la première, on pense voir y voir à coup sûr des hélicoptères ou avions en approche, mais sur la deuxième cela apparait nettement moins probant...
                                Que pourriez-vous identifier comme appareil connu en toute bonne foi ?
                                Etrange, n’est-ce pas ?.... smiley


                                • jluc 8 juillet 2011 00:27

                                  je pense qu’il faut chercher du coté des drones à vol stationnaire + conversion vol rapide - air vehicles with vertical takeoff and landing (VTOL) capabilities - prototypes secrets... drones soucoupes... ou simple Fire Scout ....


                                • Pyrathome Pyrathome 8 juillet 2011 00:53

                                  Mouais...drôle d’oiseau en apparence quand-même !! mais à priori les Apaches ont un projecteur devant et derrière , d’autre part le cameraman ( sauf si prise de vue automatique..) n’a pas l’air d’être surpris par l’observation puisqu’il ne suit pas la scène ...mais allez donc savoir !! smiley.


                                • Pyrathome Pyrathome 8 juillet 2011 01:03

                                  J’oubliais un truc, Atlantis devrait décoller demain pour l’ultime vol d’une navette.....avec un nom pareil, ça risquerait fort de finir dans l’Atlantique, doivent pas être supersticieux à la NASA  !


                                • morice morice 8 juillet 2011 08:23

                                  Que pourriez-vous identifier comme appareil connu en toute bonne foi ?


                                  je ne vais même pas regarder ou plutôt ferait ça à tête reposée ce week-end... vous continuez à délirer surtout ; hier on a montré ici des ballons de fête en palant d’OVNIS : c’est sombrer dans le ridicule là !

                                • apopi apopi 8 juillet 2011 04:10

                                   Comment faire pour neutraliser la secte des « moinsseurs névropathes », les gousses d’ail, le Kartcher ou la bombe à neutrons ?

                                   Et pourquoi pas décerner un « Troll d’or » en fin d’année au commentaire le plus stupide ? En tout cas les candidats potentiels ne vont pas manquer...


                                  • morice morice 8 juillet 2011 08:20

                                     Et pourquoi pas décerner un « Troll d’or » en fin d’année au commentaire le plus stupide ? En tout cas les candidats potentiels ne vont pas manquer...


                                    ça se bouscule et on sait pourquoi ; dès que ça parle de nazis, ils se reconnaissent... et se sentent visés.

                                    • jluc 8 juillet 2011 09:25

                                      Ah, oui, c’est pour cela qu’en disant des méchancetés sur Von Braun, j’ai été moinsé 19 fois.
                                      J’ai battu de très très loin mon record ; je n’en espérais pas tant.


                                    • morice morice 8 juillet 2011 09:31

                                      vous avez tout compris. ILS ONT BOUFFÉ AGORAVOX, à leur façon.


                                      • armand 8 juillet 2011 19:00

                                        Merci Morice, je suis tout ces articles et je trouve très « curieux » que plus vous ramenez le filet de tous ces POURRIS plus cela moinsse, beaucoup n’assument pas leur HHHHistoire apparement

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