La marche des 400
400 déjà c’est beaucoup. En tout cas c’est vachement plus que un. Et puis 400 ça fait un peu armée, comme 300 mais en mieux. Non ? Tout le monde ou presque a déjà fait ça étant enfant : profiter de la récré et d’un angle mort de la cour pour prendre un plus petit entre quatre yeux et s’amuser à lui foutre les jetons. C’est facile, sans risque même si le petit est un peu gros, marrant aussi, mais surtout bassement jubilatoire.
Voilà ce que m’évoque sombrement le récent appel des 400 climatologues français aux pouvoirs publics avec la ferme et candide intention de mettre un terme aux prétendues élucubrations des deux moutons noirs de la science que sont Claude Allègre et Vincent Courtillot. Je le dis sans détour : cette idée me pose problème. J’aimerais qu’on y pense deux secondes : que peut signifier cet appel ? Si tant est qu’on veuille bien croire ou espérer en la bonne foi de ces respectables scientifiques et ne douter en aucun cas qu’ils eussent pu être guidés dans leurs démarches par d’autres voix que celle de leur blanche conscience, quelle devrait alors être la réaction des pouvoirs publics ? Que faisait-elle votre maîtresse à vous dans ce cas ? Que pouvait-il se passer lorsque, coupable ou non, toute la classe accusait son cancre d’avoir dessiné Mme Gustin avec une tête de veau au tableau ?.. Heureusement, nous ne sommes pas dans un cour primaire, nous sommes en démocratie ?
Comme tout le monde, je n’aime pas les censeurs et je déteste les prescripteurs. Je ne suis pas climatologue, je ne suis pas scientifique et encore moins seigneur météo. Je suis plus sceptique que climato mais j’ose croire qu’il est bon de douter un peu autant qu’il est vrai que ne plus douter revient somme toute à ne plus penser du tout. J’essaie ni plus ni moins de comprendre, de me forger ma propre opinion sur l’affaire et comme tout bon juré j’ai à coeur d’entendre au ban l’ensemble des accusés.
La France est un état laïc et républicain, elle doit le rester pour dans notre intérêt à tous. Je parle là de toutes les laïcités. Car la religion connaît une soeur ennemie qui se nomme précisément science. Et dans laquelle si les chapelles n’ont plus la même couleur, elle semblent bien remplir le même office.
Et je vois un bataillon hétéroclite, composé certes d’honnêtes scientifiques terrorisés à la perspective de voir s’envoler la tribune (et les subventions) qu’on leur a trop longtemps refusé, mais également de ceux qui nourrissent des desseins plus singuliers. Et ceux-là, aimablement appuyés par de gracieux fantassins sonnent la cloche d’une cabale qui ne doit pas être menée. Pas aujourd’hui et pas devant un tel enjeu. Nul doute que la science tiendra dans les prochaines décennies un rôle et une importance grandissante ; cela n’est pas une mauvaise chose si nous sommes capables de mener cette conversion avec justesse. Alors je vous en conjure : à la lumière du XXIème siècle, ne retombons pas dans les limbes d’un obscurantisme destructeur. Toutefois optimiste, je veux croire à un malentendu orthographique et je dis à nos scientifiques : les vrais hérauts s’écrivent avec un o...
9 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON