La reine des gueux
Le 7 novembre 2008, la presse belge annonçait l’organisation en 2009 d’un concours de miss destiné aux femmes SDF. La fondatrice du projet, Mathilde Pelsers, gérante de plusieurs foyers de sans-abris dans la région bruxelloise, s’est dite inspirée par les concours de beauté auxquels participe sa fille. Son but : attirer l’attention des médias et du public sur la précarité de ces femmes et leurs déplorables conditions de vie. Une étonnante histoire belge.

Depuis, les choses ont avancé, sous l’impulsion conjointe de Mathilde Pelsers et de sa propre miss de fille (Première Dauphine de Miss Flandre 2008), la très jolie Aline Duportail. Les premières sélections de candidates ont été organisées dès le 14 février et ont vu participer des femmes de tous âges, ici une timide jeune femme noire, là une dame entre deux âges prête à saisir toutes les opportunités pour s’extraire de la rue, sans oublier cette femme édentée au formidable sourire qui s’accroche à ce concours comme à une planche de salut.
Les sélections se poursuivront jusqu’au 10 octobre pour déboucher sur une élection en 2010. Avis aux lectrices d’AgoraVox : leur candidature peut encore être prise en compte en s’adressant à l’une de deux organisatrices dont les coordonnées figurent sur le site officiel de Miss SDF belge. À condition toutefois d’être sans-abri pour prétendre au diadème. Ce qui ne va pas sans poser une épineuse question : les candidates devant en bonne logique être encore SDF au moment de recevoir leur prix, devront-elles renoncer, d’ici là, à l’abri du carton ou de la porte cochère ?
Inutile de préciser que cette initiative fait scandale en Belgique. Et cela d’autant plus que certains liens du site officiel semblent beaucoup plus axés sur la promotion d’Aline Duportail que sur la mobilisation de tous en vue d’éradiquer l’exclusion dont sont victimes les SDF en général, et tout particulièrement les femmes exposées dans la rue à des risques d’agression aggravés par leur vulnérabilité.
Personnellement, je me refuse à juger qui que ce soit dans cette affaire. Peut-être les organisatrices ont-elles des arrière-pensées commerciales ou peut-être sont-elles tout simplement maladroites. Sans doute sont-elles également sincères lorsqu’elles parlent de ces femmes sans-abri et de leur volonté de les aider par ce biais discutable.
Pas de jugement donc, mais un profond malaise, en grande partie lié à cette lueur d’espoir vue hier soir au JT de France 2 dans les yeux brillants de cette SDF au visage sans forme qui pense avoir trouvé là une occasion de recouvrer sa fierté mise à mal par la rue et les privations. Après tout, qui sommes nous pour nous ériger en censeurs ?
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