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La Résistance Animale

Et si on parlait de la résistance animale ?

Vegan Folie’s a organisé et animé une conférence sur cette thématique à Paris, le 15 février 2016.

(https://youtu.be/U36Mcw75YJ0) 

 

Si le spécisme* est omniprésent dans notre société, sa réponse l’est également : la résistance animale. En effet, chaque animal qui souffre résiste. Comment ? 

Ce que j’appelle la résistance passive consiste à ne pas faciliter la tâche de son agresseur (éleveur, dresseur, tueur…) : refuser de bouger ou au contraire se débattre, grogner…
La résistance active, beaucoup plus visible, est une attitude offensive. Les animaux se battent physiquement et s’évadent de leur situation d’emprisonnement (élevage, abattoir, prison…).

Tout comme pour les humains, la résistance animale prend donc différentes formes (J. Hribal et S. Best).

 

Dans les pays anglo-saxons, des chercheurs de disciplines différentes se sont intéressés à la question. Citons entre autres : Jason Hribal et Erica Fudge (Histoire), Sarat Colling et Dinesh Wadiwel (Sciences sociales), Marc Bekoff (Ethologie), Chris Wilbert et Chris Philo (Géographie), Steven Best (Philosophie).

 

L’impact de la résistance animale sur notre société spéciste est multiple : 

A partir des années 60-70, la stratégie de l’industrie de la viande a été de devenir invisible en mettant à distance les abattoirs des centres villes. L’idée était d’éviter que les animaux qui s’évadent se trouvent nez à nez avec leurs consommateurs. (S. Colling) Citons les abattoirs de Vaugirard (Paris), de la Villette (Paris) ou encore de Toulouse (devenus « le musée des Abattoirs »).

Les technologies de la pêche ont été mises au point pour contrer la résistance des poissons (résistance par l’évitement : ils sont insaisissables à la main) : l’hameçon, les filets ou l’aquaculture (D. Wadiwel).

Le maintien de la loi du plus fort sur les animaux a été confié aux cowboys aux Etats-Unis dont le rôle premier était de dominer et de maîtriser les (animaux) « sauvages » qui s’évadaient des élevages. Désormais, c’est la police qui joue ce rôle.

Il existe deux types de réactions de la part des consommateurs face à la résistance animale : être solidaire des animaux en devenant végane ou ne pas changer ses habitudes et essayer de justifier ce phénomène en se convaincant que c’est une exception (« cette vache-là voulait vivre »).

 

Dans le mémoire qu’elle a consacré à la résistance animale, Sarat Colling réalise une analyse sémantique des articles de presse publiés sur le sujet. Le vocabulaire utilisé est très souvent péjoratif (« sauvage »), avec un ton humoristique (rubrique Insolite), la résistance de l’animal en question n’est pas prise au sérieux (« fugue ») et tout laisse à penser qu’il s’agit d’une exception (« Marguerite ne voulait pas finir en bifteck »).

 

Tyke ou le symbole de la résistance animale

Cette éléphante a mené plusieurs attaques dans les cirques où elle a été emprisonnée. Mais c’est à Honolulu à Haïti qu’elle s’est connaître. En 1994, elle s’est évadée en plein spectacle après avoir piétiné son dresseur. Elle s’est alors retrouvée dans les rues de la ville poursuivie par des policiers. Tyke a été tuée par 86 balles sous les regards horrifiés des passants.

 

La résistance animale doit être ajoutée à l’argumentaire de base en faveur du véganisme : 

les animaux souffrent physiquement

les animaux sont des êtres sentients (émotions)

les animaux ont une conscience (volonté de vivre) (cf. Déclaration de Cambridge signée en 2012)

les animaux résistent : comment peut-on manger un individu qui agit physiquement pour survivre ?

 

Nous, véganes et antispécistes, il est de notre devoir de parler de la résistance animale, de raconter les histoires de résistance de Tatiana, Tyke, Marguerite, Queenie ou Molly**, exactement comme on parle des « grandes femmes et des grands hommes ». Le devoir de mémoire s’applique aussi à la résistance animale, même si sa particularité est que le massacre des animaux n’a pas encore cessé. Peut-être est-ce une raison supplémentaire pour en parler ? En parler oui, mais utiliser un vocabulaire adéquat est essentiel (champ lexical de la résistance : courage, évasion, risquer sa vie, oser, liberté…). Enfin, il est urgent de bannir de notre langage tout discours qui rend les animaux passifs (objets) : « les sans-voix », « ils ne peuvent pas se défendre »…

 

Comme l’écrit Jason Hribal, « résister n’est jamais futile » et Tyke en est la parfaite illustration. Car oui, Tyke a payé de sa vie pour sa liberté. 

Mais Tyke a fait clairement bougé les lignes : elle a alimenté le débat autour de la captivité. Combien d’articles de presse sur Tyke ont été publiés ? Combien de JT ont relayé cette tragédie ? Et combien de procédures judiciaires ont été lancées lors de son assassinat (contre la ville, contre le cirque…) ? Tyke a également permis de faire évoluer la législation sur les cirques en Californie. Et même des artistes se sont emparés de son histoire (musique et documentaire) !

 

Car après tout, chaque fois qu’un animal résiste, notre système spéciste se fissure et la question de la justice sociale pour les animaux est posée. Humains, soyons solidaires de la résistance animale !

 

 

* Le spécisme est la volonté de ne pas prendre en compte les intérêts des animaux non humains au bénéfice des humains. En pratique, le spécisme est l'idéologie qui justifie et impose l'exploitation et l'utilisation des animaux par les humains de manières qui ne seraient pas acceptées si les victimes étaient humaines.

 

**  Toutes ces histoires sont à écouter sur la vidéo de la conférence du 15/02/2016 : https://youtu.be/U36Mcw75YJ0

 

 

​Pour aller plus loin (par ordre d'apparaition dans l'article) :

 HRIBAL J. (2010) Fear on the animal planet : The hidden history of Animal resistance.

 COLLING S. (2013) Animals without Borders : Farmed Animal Resistance in New York.

 WADIWEL D. (2015) Do fish resist ?

 BEKOFF M. (2010) The animal manifesto et (2009) Les émotions des animaux.

 PHILO C. et WILBERT C. (2004) Animal spaces, beastly places.

 PHILO C. (2002) Entanglements of Power : Geographies of Domination/Resistance.

 BEST S. (2011) Animal Agency : Resistance, Rebellion and the Struggle for Autonomy.

 HRIBAL J. (2007) Resistance is never futile, http://www.counterpunch.org/2007/04/17/resistance-is-never-futile/

 


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12 réactions à cet article    


  • doctorix, complotiste doctorix 8 mars 2016 16:27

    J’aimerais beaucoup vous suivre totalement dans votre raisonnement. Et jusqu’ici je m’en voulais de ne pas avoir le courage de renoncer à l’alimentation carnée.
    Mais un épisode récent me fait réfléchir : une de mes nièces, dont la mère est originaire d’Afrique, âgée de 14 ans, était végétarienne depuis sa petite enfance (la seule de sa fratrie).
    On vient de la sortir d’une anémie carentielle importante, elle n’avait plus que 7gr d’hémoglobine (au lieu de 12 minimum).
    On a réussi, malgré ses larmes, à lui faire renoncer partiellement à son régime, et, avec un peu de fer et de vitamines, à lui faire retrouver un taux de 11gr/litre.
    Alors, je suis d’accord pour dire qu’on ne devrait manger de la viande que trois fois par semaine (son excès est d’ailleurs démontré comme favorisant certains cancers, du colon et de l’oesophage entre autres).
    Mais y renoncer n’est pas sans risque, et demande un suivi régulier et des apports équivalents à ce qu’apporte la viande.
    Ce qui n’est pas à la portée de tous.
    Il n’est héla pas facile de faire la part entre le respect et l’amour qu’on doit à nos frères animaux, et le respect de notre physiologie et de nos besoins alimentaires.

    • alinea alinea 8 mars 2016 21:25

      @doctorix
      Le fer !! on en trouve dans pas mal de légumineuses, de végétaux ! l’équilibre alimentaire, ça existe aussi quand on est végétarien !
      Personnellement, vegan me paraît con dans la mesure où les oeufs sont des ovules qui même fécondées ne deviennent pas toujours poussins. De plus je suis pour la liberté d’avorter.
      Le miel ! on peut ne pas priver les abeilles et manger du miel, sans leur nuire le moins du monde, parole d’apicultrice.
      Vegan ça veut dire être pour la disparition de tous les animaux de ferme qui depuis des siècles font partie de nos vies.
      Vegan, ça veut dire qu’on place l’homme hors du règne animal, lui refusant son rôle de prédateur. S’il se contentait de son rôle de prédateur, au même titre que les grands carnivores, il contribuerait, comme eux, à l’équilibre !
      Pour moi, ce sont ses abus qu’il faut combattre, pas sa nature, après tout, nous sommes des animaux comme les autres et si nous le savions, nous pourrions nous intégrer harmonieusement dans le Grand Tout !


    • Antispéciste (---.---.88.68) 10 mars 2016 17:30

      @alinea « Vegan me paraît con » -> pour les besoins de la production d’oeufs, les poussins mâles sont exterminés dès la naissance (jetés vivants dans des broyeurs, gazés ou étouffés dans des sacs poubelle) et les poules pondeuses finissent quant à elles la gorge tranchée par une sorte de scie. Pour les besoins de la production de lait, les veaux-agneaux-chevreaux mâles sont saignés à mort pas longtemps après leur naissance (on les pend par les pattes arrière et on leur tranche les artères de la gorge pour qu’ils se vident de leur sang « grâce » au cœur qui bat encore), tout comme leur mère un peu plus tard. Quant à cette idée obsessive de vouloir à tout prix calquer nos comportements sur les animaux non humains... Les animaux peuvent être cannibales, se violer, tuer leurs bébés, se renifler le cul pour se dire bonjour, etc. Et donc ? Vous êtes capables de questionner votre moralité dans les actes de tous les jours, non ? Tous les prétextes sont bons pour assouvir son plaisir gustatif égoïste, n’est-ce pas. Arrêtons d’être hypocrite deux minutes. Les animaux ont un intérêt fondamental à ne pas souffrir et à ne pas être assassiné, comme les humains et comme nos chiens et chats adorés (que nous ne découperions pas en morceaux pour les dévorer, du moins en France). Ah oui et au fait l’humain est un très grand grand grand prédateur qui chasse dans les rayons du supermarché.... Il assassine par procuration. On laisse des tueurs faire le sale boulot à notre place car c’est pas cool d’égorger des bébés et leurs parents toute la journée <3


    • foufouille foufouille 8 mars 2016 17:20

      je vois la future résistance des plantes face aux végétovores spécistes.
      il faudra manger des pierres mes frères.


      • doctorix, complotiste doctorix 8 mars 2016 17:48

        @foufouille

        Sans le vouloir, vous énoncez une vérité : les plantes sont sensibles aux sentiments d’amour ou de haine.
        En tous cas sensibles à leur environnement.
        Quant aux pierres, certains disent que, oui, peut-être...
        La vérité est que nous sommes tous reliés, comme ces deux photons qui s’éloignent l’un de l’autre chacun à la vitesse de la lumière, et qui changent leur spin de façon synchrone.

      • foufouille foufouille 8 mars 2016 21:01

        @doctorix
        mais je le sais, c’est pour ça que je l’ai écrit.


      • marmor 8 mars 2016 18:05

        J’ai transmis votre texte à tous les prédateurs d’afrique, ils m’ont assuré de signer la pétition et ont décidé de ne plus manger les impalas mais bouffer tous les Masaïs , les Bambaras, les Baoulés, et les touristes.


        • fcpgismo fcpgismo 9 mars 2016 11:35

          Quant on écoute les déportés, leurs témoignages, sur leurs bourreaux sur ce que leurs bourreaux pensaient d’eux ; cela ressemblent étrangement aux affirmations de ceux qui justifient l’utilisation des animaux à notre seul profit l’ anthropocentrisme détruit notre environnement détruit la biodiversité,anéanti l’équilibre entre l’humain et la nature, faune, flore,minéral.Manger des animaux c’est du cannibalisme. Les humains face aux animaux ont un comportement de « pédophile prédateur sexuel »


          • foufouille foufouille 9 mars 2016 15:41

            @fcpgismo
            végétaryen


          • Le chien qui danse 10 mars 2016 10:22

            @foufouille
            Ha le foufouille est de sortie, il aime les articles de végétariens.


          • Le chien qui danse 10 mars 2016 10:30

            Bien en accord avec l’article, l’animal ne doit plus être une « ressource naturelle » mais bien un « être vivant » dotés d’une structure interne évolutive, donc à respecter.
            De plus les moeurs animales sont d’une richesse qui parfois nous rendent bien minable en comparaison.
            Végétarien depuis trente et plus, deux enfants élevés en conséquence, qui ont tentés de devenir carnés par conformité mais qui n’y sont pas ou peu arrivés. Tous le monde se porte bien et le toubib est resté bien loin. J’ai travaillé dans des fermes à charger les veaux à coup de fourche dans le cul pour aller aux prés ou à l’abattoir pendant que la vache gueule au fond de l’étable hors sol ça à contribué à me convertir et à changer de boulot, j’était jeune, ça touche, j’y était sensible, je me suis « converti ».
            Le végétal est bien suffisant et l’alimentation n’est pas une question de quantité mais de qualité.
            L’animal à tant à nous apporter, en dehors de l’assiette bien sur.


            • yvesbon 28 mars 2016 08:13

              Bonjour,


              je trouve vraiment bien cet article, mais avec un bémol toutefois ; vous écrivez : 


              « Il existe deux types de réactions de la part des consommateurs face à la résistance animale : être solidaire des animaux en devenant végane ou ne pas changer ses habitudes et essayer de justifier ce phénomène en se convaincant que c’est une exception (« cette vache-là voulait vivre »). »


              Cette insistance sur ce qu’on peut faire en tant que consommateur, à force, laisserait supposer que la seule réaction qu’on peut avoir face à l’exploitation animale serait une réaction de consommateur ; mais la réaction la plus importante me paraît être, non pas de simplement s’abstenir de cautionner l’exploitation animale, non pas de devenir objecteur de conscience, mais combattre activement cette exploitation, se solidariser activement, publiquement, collectivement pour faire reculer cette exploitation en se battant à un niveau social, culturel, politique. Ce n’est pas dans le secret du frigo de notre cuisine que se joue la libération animale, mais dans l’arène publique.

              Je crois qu’il faut arrêter de se polariser sur ce côté « individuel » de ce qu’on peut faire pour les animaux ; de toute façon, une personne qui est sensibilisée à ce que subissent les animaux modifiera ses habitudes de consommation. Par contre, si on lui présente toujours le fait de devenir vegane comme l’alpha et l’omega de ce qu’elle peut faire pour les animaux, on n’ira pas loin... 

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