La taxe rose : une légende urbaine
Les prix des rasoirs et cosmétiques pour femmes et pour hommes sont-ils délibérément calculés pour prendre plus d’argent aux femmes ? France 2 a diffusé dimanche dernier un documentaire sur le sujet : Le prix a-t-il un sexe ?
Guerre des genres
Divers produits sont déclinés par genre. Rasoirs jetables roses pour les femmes, bleus ou jaunes pour les hommes. Cosmétiques, oeufs Kinder, Lego et autres sont traités selon le sexe (le genre étant le prolongement social du sexe biologique). Le site Le journal des femmes n’hésite pas à parler de guerre des genres :
« Homme vs. femme. Dans les rayons des magasins de jouets et des supermarchés, la guerre des genres fait rage. »
C’est une des batailles actuelles des nouveaux groupes féministes en quête de visibilité et de subventions : il y aurait une taxe rose. Un supplément de prix demandé aux femmes parce qu’elles seraient femmes. On crie même à la discrimination.
Discrimination par le genre ? Pas vraiment. Premièrement les prix sont fixés librement. On peut vendre une plaque de chocolat à 100 dollars si l’on trouve preneur. Le prix de vente d'un produit tient compte des coûts de recherche, de fabrication et de publicité, en plus de la marge normale des acteurs économiques. Il illustre la volonté des fabricant et vendeurs de valoriser le produit, mais aussi de faire avec la concurrence. Les consommateurs et consommatrices valident en achetant, et rien n’empêche les femmes d’acheter le produits pour hommes s’ils sont moins chers.
Volume
Certains produits pour femmes ont un contenu différent de celui pour hommes. Ils sont également annoncés par des célébrités et présentés sous des emballages spécifiques, ce qui en augmente le coût. D’autres sont vendus en volume numériquement moins important. Ainsi les hommes se rasent très régulièrement, alors que l’usage d’un rasoir par une femme est plus ponctuel. Moins de vente signifie moins de recettes et, souvent, augmentation du prix de détail.
Un internaute le fait d’ailleurs remarquer sur un forum :
« Comment comparer des rasoirs par 10 et par 5. Les yaourts par 16 sont moins chers que ceux par 8 ; idem pour les rasoirs. Comment comparer des produits de rasage homme et femme ? Comme si les femmes se rasaient aussi souvent que les hommes... Les séries industrielles sont beaucoup plus grandes pour le rasage homme que pour le rasage femme, donc le rasage homme est moins coûteux à fabriquer que le rasage femme. Comment comparer la coiffure homme avec la coiffure femme. Je paie ma coiffure homme 25 euros, cela dure 25 mn. Pendant ce temps les femmes qui étaient déjà là à mon arrivée sont encore là pour longtemps, et elles devraient payer 25 euros comme moi ? »
Stéréotypes
Le marché fait loi. Faut-il y déroger et fixer un prix unique pour tous les produits divisés par genres ? Ce serait une forme de contrainte économique étatique. Or ce n’est pas le rôle de l’État de fixer une égalité des prix qui défierait toutes les règles de l’économie de concurrence, pilier économique de la liberté de choix.
Quant aux stéréotypes véhiculés par ce marketing, et que déplorent des féministes, je considère au contraire qu’ils sont utiles, nécessaires et même indispensables. Ils participent à la construction de la personnalité des enfants selon leur groupe-sexe naturel. Ils créent les bases d’un référentiel dynamique pouvant évoluer avec le temps.
L’indifférenciation des sexes est une régression dans les relations humaines.
Celles-ci, fruits d'une évolution de plusieurs millions d’année, se construisent sur la différence, puis elles sont complétées par des passerelles d’égalité que permettent la loi, la philosophie et la pratique de la plupart des couples. On peut relativiser les stéréotypes, les rendre moins étanches et plus fluides.
On peut aussi tenir compte des personnalités et des caractères pour moduler la transmission des stéréotypes. Moi-même je n’ai jamais accepté de me faire enfermer dans une image et je comprends le besoin de liberté hors des rails. Mais les supprimer purement et simplement, comme s'il n'y avait pas de différences à gérer, c’est se mutiler.
Mais ce n'est pas tout. Comme on le voit ici, il y a d’une part encore d’autres raisons de différencier les coûts par genre, et d’autre part dans un couple la supposée taxe rose est payée par le compagnon comme par la femme puisque l’argent de ce genre de dépenses provient en général du compte commun du ménage.
La légende victimaire coule. Une de plus. Et l’on peut supposer que cette non-affaire sert surtout à rendre visible et subventionnable un quelconque nouveau groupuscule parasite.
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