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Accueil du site > Tribune Libre > Laurence Nait Kaoudjt, histoire d’un crime impuni

Laurence Nait Kaoudjt, histoire d’un crime impuni

Le 15 septembre, Laurence Nait Kaoudjt a été condamnée à cinq ans de prison avec sursis pour le meurtre de sa fille Méline. Une peine qui n'en est même pas une. Une complaisance coupable de tous les acteurs du procès qui nous laisse devant une question insoutenable : pouvons-nous vraiment soutenir que nous considérons toujours les handicapés mentaux comme des personnes ayant les mêmes droits et la même dignité que les personnes "normales" ?

Une affaire relatée ici

 UN CRIME HORRIBLE

Ce mardi, la Cour d'assise a été confrontée au meurtre d'une enfant de 8 ans. L'accusée prétendait avoir étranglé sa fille " sous la contrainte". De qui ? Personne. De quoi ? Le handicap de sa fille. Les dizaines de miliers de parents d'enfants handicapés qui se battent au quotidien pour leur offrir la meilleure vie possible apprécieront.

 

UN VERITABLE ACQUITEMENT 

Face à cette horreur, la réponse du procureur a été sans équivoque : sursis simple intégral. Selon lui, il s'agit d' "une peine qui a un sens".Cela signifie surtout que la coupable ne sera incarcérée que si elle commet un autre crime ou délit dans les cinq ans à venir. Il est évident que ça n'arrivera pas. Malgré cela, le jury a suivi les réquisitions du procureur et a condamné celle qu'il faut bien qualifier de meurtrière à cinq ans de prison avec sursis. Si la condamnée ne commet pas d'infraction dans les cinq ans, la peine disparaitra de son casier judiciaire. Comme si cette peine n'avait jamais existé. Et ainsi disparaitra toute trace du meurtre de la petite Méline. 

 

DES CIRCONSTANCES ATTENUANTE TRES SPECIALES

La faiblesse de la peine n'est pas justifiée par une quelconque altération du discernement de la coupable causé par un état de détresse psychologique. A cet égard, les jurés ont fait preuve d'un certain réalisme. Mais cela ne rend que plus incompréhensible cette décision.

"Etes-vous légitime pour juger de ce qui s’est passé puisque vous ne pouvez pas vous mettre à la place de l’accusée ?" C'est ainsi que Yann Le Bris a demandé la clémence du jury. Et c'est en partie vrai. Des personnes qui n'ont jamais eu de pulsions meurtrières de leur vie ne peuvent se mettre à la place d'un meurtrier. Argument de défense particulièrement fallacieux qui pourra etre réutilisé dans n'importe quelle affaire. Mais en l'occurence, le procureur remettait en cause la légitimité des jurés à cause du fait qu'aucun d'entre eux n'est parent d'un enfant handicapé. C'est là la principale circonstance atténuante trouvé dans cette affaire et le point le plus choquant de cette parodie de justice. Il faut faire preuve de bienveillance parce que la victime était handicapée mentale. L'état de faiblesse de la victime, circonstance aggravante dans de nombreuses infractions pénales, devenait ainsi la justification d'un pardon total et sans condition.

En outre, les jurés ont visiblement été très sensibles à l'idée que la victime aurait consenti à sa mort. Heureusement pas suffisamment pour requalifier l'infraction d'assistance au suicide. Mais ils ont manifestement pris en compte le regard "emerveillé" de la victime au moment où sa mère lui annonça sa décision avant de l'étrangler. Le regard d'une personne n'ayant pas des facultés mentales suffisantes pour comprendre ce qui allait se passer et trop jeune pour y consentir. Un argument porté par une personne qui a certainement vu ce qu'elle voulait voir. Peut-être que Méline a réalisé ce qui se passait. Peut-être qu'elle a été pris de terreur sans que sa mère ne s'en rende compte. Peut-être que ce fut aussi horrible que n'importe quelle mort.

 

DES REACTIONS SCANDALEUSES

"J’aurais mieux fait de mourir, vous n’avez rien compris, j’aurais mieux fait de mourir ! Ce sera votre conscience, c’est terrible de vivre ça, je vous regarde dans les yeux, vous devriez avoir honte ! " C'est ainsi que Laurence Nait Kaoudj a acceuilli sa non condamnation. Avec la révolte de celui qui se sait innocent et qui voudrait que ce soit reconnu. Alors même qu'elle a reconnu avoir commis les faits qui lui sont reprochés.

 "Cette cour n’a pas de cœur" a eu le culot de dire Eric-Dupont Morreti. Sa cliente n'ira pas en prison pour un crime qu'elle a pourtant commis. Elle est juste condamnée pendant cinq ans à etre considérée comme une personne ayant commis une infraction sans gravité. Elle n'est pas considérée comme une criminelle, bien qu'elle ait commis un meurtre. Et il faudrait considérer cette décision comme trop sévère.

Moins d'une semaine plus tôt, Christophe Champenois a été condamné a trente ans de prison ferme pour le meurte de son fils Bastien. Des voix se sont alors élevées contre un soi-disant "laxisme", s'agissant du meurtre d'un être humain. Ici, l'accusée sera totalement blanchie le 15 septembre 2020 et cette peine parait sévère, s'agissant du meurtre d'une handicapée mentale.


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13 réactions à cet article    


  • boyardmais 19 septembre 2015 23:05

    Et oui : « on tuera tous les affreux » !


    • clemjuris clemjuris 20 septembre 2015 11:52

      @boyardmais Je ne souhaites évidemment pas en arriver là ! Je réprouve la logique du « oeil pour oeil, dent pour dent ». Mais de là à rendre impuni, un meurtre... Il me semble qu’on passe à l’autre extrême.


    • Le p’tit Charles 20 septembre 2015 08:06

      Encore un article débile d’un décérébré profond que sa mère à laissé vivre.. ?

      Pauvre France....

      • clemjuris clemjuris 20 septembre 2015 11:54

        @Le p’tit Charles Le décérébré profond vous remercie (Il vous signale aussi qu’il sait lire...). 


      • Le p’tit Charles 20 septembre 2015 13:31

        @clemjuris...Vous savez vos deux neurones suffisent.. !


      • clemjuris clemjuris 20 septembre 2015 12:00

        Une coquille s’est apparemment glissée dans mon article. Contrairement à ce que j’ai indiqué, il semblerait que la faiblesse de la peine est bien justifiée par une altération temporaire du discernement, ce qui n’a pas été signalé par l’article présent sur le lien du chapeau (si on ne peut plus faire confiance à Dalloz...).

        Malgré tout, je vois difficilement comment on peut retenir un altération temporaire du discernement pour une décision qui est, selon l’accusée, mûrie de longue date.  

        • Agafia Agafia 20 septembre 2015 18:20

          « (...) je n’ai qu’une seule opinion, qu’une seule religion : Le Droit (...) »


          Ben rajoutez-y un peu d’Humanité, ça vous fera pas de mal....

          (Et en même temps rajoutez aussi un e à « seul opinion » dans votre présentation, ça fait désordre pour un Master ^^)

          Elle a raté son suicide après avoir étranglé sa fillette qu’elle aimait... Faut-il se sentir seule et désespérée pour en arriver là.... Non ? vous croyez pas ? Vous n’avez jamais ressenti un total désespoir qui vous fait voir la mort comme la seule et l’ultime délivrance ?
          Apparemment non... Grandissez un peu l’Etudiant en Master... La vie vous apprendra bien des choses.
          Et un peu d’empathie vous ferait pas de mal.... Vous savez ? Savoir se mettre un instant, un instant seulement, dans la peau de l’Autre....

          • clemjuris clemjuris 20 septembre 2015 22:11

            @Agafia Désolé, mais je n’arrives pas à voir où se trouve l’humanité dans cette histoire. Quant à votre question, j’ai, comme tout le monde, vécu ce genre de moment. Sauf qu’il y a une chose qui m’a toujours empêché de faire une chose pareille : le fait que mes proches aient besoin de moi (ou au moins de me savoir en vie).

            Madmae Nait Kaouchi était loin d’être la seule femme à élever un enfant handicapé. Sauf que les autres n’arrivent pas à de telles extrémités. 

          • Agafia Agafia 20 septembre 2015 22:36

            @clemjuris
            Si vous ne voyez pas ou ne ressentez pas, je ne peux pas grand chose pour vous, et j’avoue, j’ai un peu la flemme de développer ma pensée... 


            D’autres n’arrivent pas cette extrémité... Peut-être, mais nous ne sommes pas des clones, nous sommes tous différents... Ce qui est supportable à certains, parait soudain insurmontable à d’autres. Elle a voulu mourir avec sa fille, et si elle ne s’était pas loupée, votre vision aurait été peut-être différente... Vous l’auriez peut-être moins accablée... Peut-être...
            D’autres dans son cas n’arrivent pas à cette extrémité, mais combien y pensent parfois ?

            De toute façon, je rejoins Samson, qu’elle vous plaise ou non, une peine a été prononcée, la Justice est passée, et si vous n’avez qu’une religion, le Droit, vous devriez vous incliner et la respecter, puisque cette peine a été prononcée en vertu du seul Droit. 

          • Samson Samson 20 septembre 2015 19:29

            « ... à cinq ans de prison avec sursis pour le meurtre de sa fille Méline. Une peine qui n’en est même pas une. »
            Ben si, c’en est une !
            J’ignore plus avant le contexte de cette affaire précise mais - ayant professionnellement participé plus de 27 ans à la prise en charge de personnes affectées de handicap et/ou de maladie mentale - j’ai aussi été confronté aux innombrables galères et à la détresse profonde de certains de leurs familles ou de leurs proches, dans un pays où pourtant leur prise en charge institutionnelle est bien plus avancée qu’elle ne l’est dans une République qui - comme pour ses étudiants - préfère en « délocaliser » une partie !.
            Cela ne justifie évidemment en aucun cas meurtre ou assassinat, compassionnel ou pas ! Quant à juger de la détresse qui a pu fonder l’acte, je préfère m’en remettre à la sagesse du juge et du jury populaire.
            Tant que notre environnement et notre entendement ne nous réduisent pas totalement au niveau intellectuel qu’on est en droit d’attendre d’une série populaire U$, la sanction - nonobstant l’incompréhension de l’auteur ou la rouerie de son avoué - réside à mes yeux moins dans la lourdeur de la peine effective que dans son prononcé - fut-il même symbolique !


            • Samson Samson 21 septembre 2015 19:03

              « L’état de faiblesse de la victime, circonstance aggravante dans de nombreuses infractions pénales, devenait ainsi la justification d’un pardon total et sans condition. »

              Si comme je crois le comprendre par le commentaire d’@Agafia, ce meurtre précède le suicide manqué de son auteur, on peut à tout le moins en présumer un état de détresse psychologique aigu dans son chef au moment des faits.

              Le meurtre d’un enfant - ou de toute personne en état de dépendance et de vulnérabilité - n’est jamais tolérable.
              Je n’entends pas l’argument - en soi exceptionnel ! - du procureur comme disqualificatif pour la victime du fait de son handicap, mais plutôt comme une circonstance soulignant encore l’état de détresse et d’égarement de l’accusée durant les faits.

              Qu’aimant trop son enfant pour se résoudre à le laisser et partir seule, une mère le tue avant de se rater, cela relève de la tragédie humaine et nulle loi, nulle peine ne pourront jamais en venir à bout ! Ce n’est naturellement qu’une interprétation, je n’y étais pas et ne suis ni femme, ni mère, ni même père !

              En la déclarant coupable du meurtre de sa fille, la rigueur de la loi restaure cette femme au poids de sa responsabilité. Inutile par la lourdeur d’une peine d’alimenter encore ce qui s’apparente - tant pour le procureur que pour les jurés - à une tragédie : même désespérée, elle ne représente plus un danger pour la société et - pour surmonter son apparent déni - un soutien psychologique lui serait infiniment plus profitable qu’un long séjour derrière les barreaux !


              • clemjuris clemjuris 23 septembre 2015 12:31

                Finalement, j’ai revu ma position.

                Les propos indécents de l’avocat de la défense, faisant penser à des punchlines de série Z américaine et ridiculisant la profession d’avocat et les juristes en général, m’ont poussé à prendre le contrepied de ses réactions de façon excessive. 
                La proximité temporelle de l’affaire Champenois et la répulsion qu’elle m’a suscité a aussi eu son influence dans mon état d’esprit au moment où j’ai écris cet article.

                Au final, je pense que le jury d’assise a prononcé un verdict uste s’agissant d’une personne ne pésentant aucune dangerosité. J’aurais aimé avoir la possibilité de retirer mon article mais il me semble que ce n’est pas possible (si quelqu’un sait comment on fait, n’hésitez pas à me le dire).

                • jocelyne 24 septembre 2015 08:22

                  @clemjuris
                  Bonjour, pour faire supprimer un article, il faut cliquer en haut à droite sur « qui sommes nous ? » puis contact et envoyer le mail.
                  Mais je ne suis pas certaine qu’il faille le supprimer, écrivez-en plutôt un autre non ?

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