Le hijab day, le lancer de nains vivants et l’inculture des élites
Le débat sur le voile et sur le burkini me met mal à l’aise je l’avoue. Une femme âgée portant un foulard ne m’a jamais gêné peut-être parce que dans nos campagnes, les bonnes chrétiennes portaient jadis le voile. Une jeune fille maquillée portant un foulard de couleur, cela me fait sourire. Une mère de famille entièrement cachée dans un drap noir me rend mal à l’aise. Tout cela est subjectif je l’avoue, mais en la matière les réactions des uns et des autres peuvent-elles dépasser le stade de la subjectivité. Je peux tout à fait comprendre ceux qui disent que chacun peut s’habiller comme il le veut. Le monde anglo-saxon me semble bien plus tolérant et la France s’offre peut-être là le luxe d’une fracture inutile.
L’initiative des étudiantes de SCIENCES PO APPARAIT DANS UN PREMIER TEMPS PLUTOT SYMPATHIQUE
Des étudiants de Sciences-Po Paris ont en effet organisé un "hijab day" pour "démystifier le voile" et faire comprendre "la stigmatisation vécue par de nombreuses femmes voilées en France".
Le débat autour du port du voile à l'université a été relancé ces dernières semaines par les déclarations du Premier ministre Manuel Valls, souhaitant son interdiction à l'université (où il est autorisé par la loi), et de la ministre des Droits des Femmes, scandalisée que des grandes marques de vêtements se lancent sur le marché de la mode islamique.
"Après les déclarations de Manuel Valls et Laurence Rossignol, l'idée était d'aborder la question du voile avec humour", dit Fatima El-Ouasdi,. "L'idée au départ était de faire un stand photo avec des étudiants voilés ou perruqués pour tourner la chose au ridicule et démystifier le voile". La première analyse peut conduire à interpréter cette initiative comme une réaction au débat sur la mode islamique
Dans « pourquoi les gaulois … » je me suis efforcé d’aborder la question du voile et de son éventuelle interdiction en refusant de l’aborder sous l’angle religieux :
Notre société se croit de plus en plus ouverte aux différences mais le hijab crée une incompréhension et même si 85% des jeunes musulmanes ne portent pas quelque voile que ce soit, la minorité visible génère une islamo psychose.
Le hijab peut-il être interdit et au nom de quoi ?
En 1994 le nouveau code pénal a abandonné l’outrage aux bonnes mœurs. Les bonnes mœurs sont des règles imposées par la morale sociale à une époque donnée et dont la violation, peut être éventuellement constitutive d'infractions pénales.
Cet outrage est très difficile à définir pour le juge sauf dans certains cas : Le fait soit de fabriquer, de transporter, de diffuser par quelque moyen que ce soit et quel qu'en soit le support un message à caractère violent, incitant au terrorisme, pornographique ou de nature à porter gravement atteinte à la dignité humaine ou à inciter des mineurs à se livrer à des jeux les mettant physiquement en danger, soit de faire commerce d'un tel message, est puni de trois ans d'emprisonnement et de 75 000 euros d'amende lorsque ce message est susceptible d'être vu ou perçu par un mineur.
Le port du hijab est-il une atteinte à la dignité de la personne humaine ?
Une jeune musulmane interrogée en juin 2015 par Libération répond : « Pourquoi n’aurais-je pas le droit de me couvrir, et d’avoir une certaine pudeur ? Une femme voilée, ça choque, mais pas une femme à moitié nue. On me pousse à ne pas le porter, en me disant que je serai libre. Mais vouloir m’interdire de le faire, n’est-ce pas une atteinte à ma liberté ? »
L’histoire du droit a retenu une décision célèbre interdisant la lancer de nains (vivants et consentants) dans des boites de nuit et ce au nom de la dignité humaine. Si la société française considère que le port du hijab constitue une atteinte à la dignité de la femme, qu’elle l’interdise, sinon il faut tourner la page et en aucun cas aborder cette question par le biais de la religion.
Que des femmes voilées soient consentantes ne changent rien, les nains étaient consentants , il est interdit de les lancer…
Par lâcheté la classe politique n’ose pas engager le débat, poser la question s’est prendre le risque de se faire traiter de raciste islamophobe.
Mais ce qui me gêne le plus n’est pas le port du voile c’est l’organisation en France d’un hidjab Day, car nul n’a le droit de jouer avec les symboles et en la matière les élites ont fait preuve de bêtise et d’inculture
Les symboles sont puissants le premier mai, le 14 juillet. Les islamistes ne s’y trompent pas.
Les organisateurs s’inspirent de l’opération « World Hijab Day » (Journée internationale du voile), lancée officiellement en 2013 aux États-Unis par Nezma Khan , une « sœur très proche des principales organisations islamistes internationales, à savoir : Les Frères Musulmans (Égypte) et la Jama’a Islamiya (Pakistan),). Le site HAMASNA vise à promouvoir le voile dit islamique sur la toile et combattre ses adversaires, en les désignant, entre autres moyens d’intimidation, comme « ennemis de l’islam ». Il contient même une « liste noire » contenant les photos et les noms de nombreux célèbres artistes et intellectuels arabes, femmes et hommes, désignés comme « ennemis » du voile et pourraient, à tout instant, être exécutés par des jihadistes ;
Le projet politique est clairement islamiste :
« La question des femmes est l'un des principaux domaines de bousculade entre le projet sociétal islamique (islamiste) et les autres projets se dressant contre lui. Cela nécessite une présence, une grande vigilance et une forte préparation pour mieux gérer cette bataille. Et ce, sur deux fronts : Le premier front consiste à répondre aux allégations qui attaquent le hijab, ou qui visent à le diluer ou à l’interdire. Le deuxième front consiste à œuvrer pour expliquer sa signification afin de contribuer à son expansion, le plus large possible, parce que la meilleure façon de fortifier nos valeurs est le fait d’élargir notre domaine d’action de prédication civilisationnelle »
Derrière le hijab day, des individus peu recommandables, ceux qui massacrent les chrétiens a Pakistan, les amis de Morsi en Egypte, des islamistes en Tunisie.
On peut alors comprendre pourquoi à deux reprises cette année les autorités ont interdit une manifestation identique à Lyon ?
Pourquoi pas à Paris ? C’est à n’y rien comprendre. Que se passe-t-il à Sciences Po où il y a quelques semaines le francophobe Médine est venu chanterson « Don’t Laïk » :
« […] Crucifions les laïcards comme à Golgotha […]
Je scie l'arbre de leur laïcité avant qu'on le mette en terre
Marianne est une Femen tatouée "Fuck God" sur les mamelles […]
Je me suffis d'Allah, pas besoin qu'on me laïcise
Inculture des élites qui laissent des islamistes manipuler des étudiants, irresponsabilité de Bernard Cazeneuve et de Najat Vallaud Belkacem ….
Une fois de plus je dénoncerai l’islamo gauchisme d’une partie des médias et la complaisance de certains spécialistes
Rares sont ceux qui ont vu le piège dans lequel sont tombées les étudiantes de Sciences po et je salue un étudiant , Maxime de Lucas, étudiant en master de management à Sciences Po, qui a créé le “Bikini/robe/whatever day” en réaction au “hijab day”. “Nous n’avons pas à subir d’incitations de groupes religieux sur notre lieu d’étude, nous explique-t-il. De plus, les termes utilisés par les organisateurs, notamment l’invitation à ‘s’essayer à la décence’ est très dérangeante, et laisse sous-entendre que ceux qui ne portent pas de voile serait indécents… “.
Guerre ouverte entre ceux qui considèrent que le terrorisme est une forme exacerbée de l’islamisme maladie de l’islam et les adeptes de l’islamo gauchisme
Le journaliste Jean Claude GUILLEBAUD jette un regard intelligent sur la « guerre » des démocraties et sur le Yalta des experts :
« Le livre du journaliste David Revault d’Allonnes, Les Guerres du Président(Seuil), nous le montre en effet comme devenu très « faucon ». Je repense surtout à Gaston Bouthoul, le fondateur de la polémologie - la science de la guerre. Avec une grande intelligence prophétique, il écrivait, en 1951, que, contrairement à l’idée répandue selon laquelle les démocraties ne font pas la guerre, les dirigeants des démocraties sont toujours tentés de faire la guerre, car celle-ci les « sanctifie » en faisant d’eux des personnages incritiquables. La guerre offre l’opportunité de croire que l’on est du côté du bien et cela de manière indiscutable. Le corollaire de cela est que les démocraties diabolisent leur ennemi au-delà de ce qui est nécessaire. Souvenons-nous de Saddam Hussein : il était notre allié contre l’Iran puis les choses ont changé et il est devenu un nouvel Hitler. Pour le chef de l’État, il est plus « facile » de faire la guerre que de combattre le chômage. La guerre offre des résultats immédiats et quantifiables. Elle est propice aux grandes envolées lyriques et patriotiques. C’est pourquoi, elle les fascine, assez naïvement d’ailleurs. On l’a vu avec Nicolas Sarkozy en Libye, puis François Hollande au Mali. »
« C’est une guerre moins sanglante, certes, que le terrorisme mais qui devient inexpiable. Je parle de cette querelle médiatique qui divisent les (vrais ou faux) experts de la question. Elle porte sur l'interprétation qu'on peut donner du terrorisme djihadiste. Est-il le produit pathologique de l'islam, une "maladie" de ce dernier, comme l'écrivait le regretté Abdelwahab Meddeb ? S'agit-il au contraire d'une nouvelle expression de l'extrémisme révolutionnaire (le "radicalisme") qui ressurgit périodiquement dans l'Histoire, comme ce fut le cas en Allemagne et en Italie dans les années 1980 ? L'univers médiatique adorant les petites phrases, ce désaccord interprétatif se ramène à deux formules opposées. Certains assurent, comme Gilles Kepel, qu'on a affaire à une "radicalisation de l'islam" , d'autres estiment, avec Olivier Roy, qu'il est plus pertinent de parler d'une"islamisation de la radicalité" .
Qu'est-ce à dire ? L'un pense que la matrice est d'abord religieuse (le salafisme venu d'Arabie saoudite) ; l'autre explique - exemples à l'appui - que, paradoxalement, le facteur religieux ne joue qu'un rôle assez secondaire dans ces ralliements à Daech et ces départs adolescents pour la Syrie. Il eût été passionnant que soit conduit, avec calme et respect, ce débat interprétatif. Hélas, les hommes étant ce qu'ils sont, c'est déjà l'invective qui prévaut.
L'ouverture des hostilités semble être d'abord venue de Gilles Kepel, qui crut voir son travail de spécialiste ès islam remis en cause par les hypothèses non confessionnelles d'Olivier Roy. Il répliqua dans les médias sur un ton plus vif qu'il n'est d'usage entre chercheurs. Sur France Culture, il se moqua de l'engouement des journalistes pour la formule d'Olivier Roy. Une autre fois, alors qu'il était interrogé sur Molenbeek, en Belgique, il éluda la question pour reprendre sa vindicte, en stigmatisant une fois encore ceux qui "ne parlent pas l'arabe". Dans son dernier livre, Kepel n'est pas plus indulgent pour un autre islamologue, Jean-Pierre Filiu,
Un autre chercheur, François Burgat, dont les thèses rejoignent celles de Kepel, s'en prend lui aussi vertement au même Olivier Roy. Il lui reproche, en substance, de désarmer la lutte contre le terrorisme et même de "disculper" nos politiques étrangères. Ce n'est pas rien ! Pour Burgat, les tenants d'Olivier Roy, obsédés par l'islamophobie ambiante, feraient disparaître une composante essentielle du terrorisme. Cette guerre s'envenimant, les médias en sont aujourd'hui réduits à compter les points. »
Une fois de plus sur ce blog je soulignerai le courage de ceux qui dénoncent l’islamisme
Michaël Prazan est historien et réalisateur. Spécialiste de la très grande violence en politique, il a réalisé un film et un livre sur les Frères musulmans.
Mohamed Louizi est un ancien membre du mouvement marocain Attawhid wal’Islah (1995-1999), du PJD (1997-1999), de l’UOIF de 2002 à 2006. Ancien président des Etudiants Musulmans de France–Lille. Intéressé par les recherches et études religieuses comparées, Mohamed Louizi est l'auteur de nombreuses textes publiés sur le blog "Écrire sans censures ! »
Mohamed Sifaoui Journaliste d'investigation écrivain et réalisateur. Spécialiste de l'islamisme et président de l'association "11 janvier"
L'essayiste et romancière iranienne Chahdortt Djavann, sort un nouveau livre "Les putes voilées n’iront jamais au paradis". Un livre dans lequel elle explique comment "le système islamique contrôle tout, même le désir". Ce roman vrai, puissant à couper le souffle, fait alterner le destin parallèle de deux gamines extraordinairement belles, séparées à l’âge de douze ans, et les témoignages d’outre-tombe de prostituées assassinées, pendues, lapidées en Iran.
À travers ce voyage au bout de l’enfer des mollahs, on comprend le non-dit de la folie islamiste : la haine de la chair, du corps féminin et du plaisir. L’obsession mâle de la sexualité et la tartufferie de ceux qui célèbrent la mort en criant « Allah Akbar ! » pour mieux lui imputer leurs crimes.
Céline Pina, élue locale en rupture avec le PS, s’est fait connaître en s’opposant physiquement aux barbus du Salon islamiste de Pontoise. Dans Silence coupable, elle montre l’inquiétante cohérence du projet de domination islamiste. Mais surtout, la terrifiante faiblesse des réactions qui lui sont opposées par nos classes dirigeantes.
On ne joue pas avec les symboles et ceux qui ont laissé des jeunes participer à une manifestation mondiale islamiste sont gravement coupables.
« En tant que femmes musulmanes, nous vous demandons de ne pas porter le hijab par solidarité »
Les auteures de cet article, Asra Q. Nomani et Hala Arafa, sont des musulmanes américaines participant au Muslim Reform Movement regroupant des réformistes de plusieurs pays. Elles préviennent les non-musulmanes que porter le hijab par solidarité lors du WorldHijabDay renforce l'oppression des musulmanes. Elles suggèrent plutôt de soutenir les réformistes contre l'idéologie islamiste conservatrice qui demande aux musulmanes de couvrir leurs cheveux.
Pour nous, en tant que femmes musulmanes mainstream, nées en Égypte et en Inde, ce spectacle à la mosquée fut un rappel douloureux de l'effort bien financé des musulmans conservateurs visant à dominer les sociétés musulmanes modernes. Ce mouvement des temps modernes propage l’idéologie de l'islam politique, appelée « islamisme », et mobilise les bien-pensants et les médias dans la promotion de l’idée que le « hijab » est virtuellement un 6e pilier de l’islam, après ses « cinq piliers » : la shahada (profession de foi), la prière, le jeûne, l’aumône et le pèlerinage.
Nous rejetons l’interprétation faisant du « hijab » un simple symbole de pudeur et de dignité adopté par les musulmanes observantes.
Ce mouvement de l’ère moderne, codifié par l'Iran, l'Arabie Saoudite, les talibans en Afghanistan et l'État islamique, a erronément interprété le mot hijab comme synonyme de « foulard ». Cet amalgame du mot hijab avec le mot laïque « foulard » est trompeur. « Hijab » signifie littéralement « rideau » en arabe. Ce mot signifie également « cacher », « obstruer », et « isoler » quelqu’un ou quelque chose. Il n’est jamais utilisé dans le coran pour signifier foulard.
En arabe dialectal, le mot « foulard » est tarha. En arabe classique, « tête » est al-ra'as et « couvrir » est gheta'a. Peu importe la formule utilisée, « hijab » ne signifie jamais foulard. Les médias doivent cesser de répandre cette interprétation trompeuse.
Nées dans les années 1960 dans des familles conservatrices mais à l'esprit ouvert (Hala en Égypte et Asra en Inde), nous avons grandi sans une fatwa prescrivant que nous devions couvrir nos cheveux. Mais à partir des années 1980, après la révolution iranienne de 1979 de la secte chiite minoritaire et la montée des religieux saoudiens bien financés de la secte sunnite majoritaire, nous avons été victimes d’intimidation dans le but de nous amener à couvrir nos cheveux devant les hommes et les garçons. Les femmes et les filles parfois appelées « celles qui les forcent » ou « les filles musulmanes méchantes », font un pas de plus, allant jusqu’à se moquer des femmes qui, selon elles, portent le hijab de manière inappropriée, appelant les « hijabis » aux jeans serrés des « ho-jabis », un terme vulgaire signifiant « putes ».
Des théologiens du 7e siècle à nos jours, allant de feu l'intellectuelle marocaine Fatima Mernissi jusqu’à Khaled Abou El Fadl de l’UCLA et Leila Ahmed de Harvard, en passant par l’égyptien Zaki Badawi, l’irakien Abdulah al Judai et le pakistanais Javais Ghamidi, ont clairement établi que les femmes musulmanes ne sont pas tenues de couvrir leur chevelure.
Pour nous, le « hijab » est le symbole d'une interprétation de l'islam que nous rejetons, et qui voit les femmes comme une distraction sexuelle pour les hommes, lesquels sont faibles et doivent, par conséquent, être protégés contre la tentation à la vue de nos cheveux. Nous n’en croyons rien. Cette idéologie favorise une attitude sociale qui absout les hommes du harcèlement sexuel des femmes et reporte sur la victime le fardeau de se protéger en se couvrant.
Le nouveau Muslim Reform Movement, un réseau mondial de leaders faisant la promotion des droits humains, de la paix et de la gouvernance laïque, soutient le droit des femmes musulmanes de porter ou de ne pas porter le foulard.
Malheureusement, l'idée de « hijab » en tant que foulard obligatoire est promue par des initiatives telles que « World Hijab Day », lancée en 2013 par Nazma Khan, propriétaire banglado-américaine d’une société de foulards basée à Brooklyn, etAhlul Bayt, une chaîne de télévision de prosélytisme chiite que l’Université de Calgary, dans le sud-ouest du Canada, présente comme une ressource pour la participation au World Hijab Day. La chaîne de télévision fait valoir que le port du « hijab » est nécessaire pour éviter d’attirer « l’attention non désirée ». World Hijab Day, Ahlul Bayt et l’Université de Calgary n’ont pas répondu aux demandes de commentaires.
Dans ses « ressources », Ahlul Bayt comprend un lien vers l'idée que « la femme est awrah », ou interdite, une idée qui conduit au confinement, à la subordination, au mutisme et à l’oppression de la voix et de la présence des femmes dans l’espace public. Il comprend également un article intitulé « Les 10 principales excuses données par les musulmanes qui ne portent pas le hijab, et leurs faiblesses évidentes », avec l’argument : « Prends le train de la repentance, ma sœur, avant qu’il ne passe devant ta gare ».
L’empressement à couvrir les cheveux des femmes a atteint son paroxysme avec des organisations et sites Web musulmans ultraconservateurs qui promeuvent cette interprétation, tels que VirtualMosque.com et Al-Islam.org, qui publient même une section appelée « Hijab Jokes » qui se moque des musulmanes qui ne couvrent pas leur chevelure « islamiquement ».
La semaine dernière, des étudiantes du Vernon Hills High School, près de Chicago, ont porté le foulard pour l’activité « Marche un kilomètre avec son hijab » parrainée par la Muslim Students Association, une association conservatrice dans l’école. Nous avons été troublées à la vue de ces jeunes filles portant le foulard.
En outre, des groupes d'intérêts musulmans fournissent des articles sur les « Femmes musulmanes voilées » en état de siège. Les membres du personnel du Council on American-Islamic Relations (CAIR), qui a déposé des plaintes légales et de relations publiques contre des sociétés américaines ayant empêché des employées de porter le hijab au travail, ont même qualifié leur organisation de « fonds de défense juridique du hijab ».
Aujourd'hui, au 21e siècle, la plupart des mosquées à travers le monde, y compris aux États-Unis, nient notre droit islamique, en tant que femmes musulmanes, de prier sans foulard, ce qui constitue une discrimination à notre encontre en nous refusant l’accès aux lieux de culte à moins de porter un foulard. À l’instar de l'Église catholique qui, après les réformes de Vatican II en 1965, a supprimé l’exigence que les femmes se couvrent la tête pour entrer dans les églises, les mosquées devraient rendre le port du foulard facultatif si elles veulent vraiment rendre les lieux de culte accueillants pour les femmes.
Heureusement, il y a des musulmanes suffisamment courageuses pour contester ces prescriptions religieuses. En mai 2014, une journaliste iranienne, Masih Alinejad, a entamé une nouvelle campagne, #MyStealthyFreedom, pour protester contre les lois sur le port obligatoire du hijab adoptées par le régime théocratique d’Iran après avoir pris le pouvoir en 1979. La campagne a pour slogan : « Le droit individuel pour les musulmanes de choisir si elles veulent porter le hijab ».
En 1919, les femmes égyptiennes ont défilé dans la rue pour exiger le droit de vote ; elles ont enlevé leur voile, une tradition culturelle importée de l’empire ottoman et non une prescription religieuse. Le voile est alors devenu une relique du passé.
Plus tard, le président égyptien Gamal Abdel-Nasser a déclaré dans un discours au début des années 1960 que, quand il a cherché à se réconcilier avec les Frères musulmans, qui avaient tenté de l’assassiner en 1954, le Guide suprême de la Confrérie lui a donné une liste de revendications, y compris « imposer le hijab aux Égyptiennes ». Les membres de l'auditoire ne comprenaient pas ce que le mot hijab signifiait. Quand Nasser a expliqué que la Confrérie voulait que les Égyptiennes portent un foulard, le public a éclaté de rire.
En tant que femmes ayant grandi dans des familles musulmanes modernes avec des théologiens, nous essayons de libérer notre religion des griffes d’une interprétation stricte. Comme dans notre jeunesse, nous assistons à des tentatives de présenter cette idéologie stricte comme la seule et unique acceptée par l’islam. Nous avons vu ce que la résurgence de l'islam politique a fait à nos régions d’origine et notre pays d’adoption.
En tant qu’Américaines, nous croyons en la liberté de religion. Mais il nous faut clarifier aux universités, aux médias et aux forums de discussion qu’en explorant le « hijab », ils n’explorent pas l’islam, mais plutôt l'idéologie de l'islam politique telle qu'elle est pratiquée par les mollahs en Iran et en Arabie saoudite, les Talibans en Afghanistan et l'État islamique.
Au nom de l’« interreligieux », ces Américaines bien intentionnées se font duper par l’ordre du jour des musulmans affirmant que l’honneur d’une femme est tributaire de sa « chasteté », et en poussant à leur insu un programme aspirant à couvrir toutes les femmes.
S'il vous plaît, faites plutôt ceci à la place : Ne portez pas un hijab en « solidarité » avec l’idéologie qui nous réduit le plus au silence, et qui assimile notre corps à « l’honneur ». Tenez-vous plutôt à nos côtés avec courage moral contre l’idéologie de l’islamisme qui nous demande de couvrir nos cheveux.
Source : As Muslim women, we actually ask you not to wear the hijab in the name of interfaith solidarity, par Asra Q. Nomani et Hala Arafa, Washington Post, 21 décembre 2015.
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