Le Japon a été gouverné de tous temps par les libéraux-démocrates de Taro Aso, actuel premier ministre. Mais dans la semaine qui vient, si le parti démocrate de Yukio Hatoyama l’emporte (il vient de remporter la ville de Tokyo, ce qui est de bonne augure), alors un certain sénateur Fujita pourrait bien refaire parler de lui comme ministre, et mettre à exécution ses demandes de Janvier 2008.
Comme par hasard, les démocrates insistent pendant la campagne électorale en cours, sur l’inutilité de la participation du JAPON à l’effort de « guerre » (est-ce bien une guerre ?) en Afghanistan. Deux bateaux de guerre dont un pétrolier sont dans l’Océan Indien (voir les photos de la mission de 2008). Depuis la reddition du Japon devant Mac Arthur, le Japon n’a plus le droit d’intervenir directement, et sa force est dite d’autodéfense. Le sénateur Fujita est parfaitement conscient de l’enjeu planétaire de sa demande : Une nouvelle enquête pour les 24 victimes japonaises des attentats de 2001, au motif que la police et les services de renseignement japonais, n’ont fait que reprendre les informations données par le FBI et les services de renseignement américains, sans jamais mener leur propre enquête.
Il faut aussi se rappeler que le Lundi 10 Janvier 2008, le sénateur Fujita avait interpellé son premier ministre déjà sur ce sujet, lui demandant de suspendre l’aide aux troupes de l’OTAN stationnées en Afghanistan, arguant de ses doutes sur le 11 Septembre, et du possible détournement du pétrole donné, au profit des américains eux-mêmes, au vu de l’écart comptable constaté avec l’OTAN. Dick Cheney avait très violemment réagi, en condamnant d’avance toute enquête à ce sujet… par manque de temps, et parce qu’il était absurde de mettre en cause l’armée américaine dans ce contexte.
Ce genre d’argument est du même « tonneau » que ceux qui furent diffusés par Cheney sur toutes les chaines au lendemain du 11 septembre, où il s’épanchait sur l’évidence des auteurs des attaques, et qu’il ne fallait pas perdre de temps sur une enquête. Une lutte de 441 jours s’engagea alors avec un groupe de familles de victimes, à l’origine encore aujourd’hui de toute la contestation, sur l’absence d’enquête d’abord, puis sur les conclusions de cette enquête, et jamais invitées en France sur un plateau de TV à ce jour. Je parle bien sûr de Mindy Kleinberg, Patty Cassazza, Kristen Breitweiser, Simone Gabrielle, Bob Mc Ilvaine et surtout Lorie Van Auken ! Cheney ajoutait aussi candidement que martialement, qu’il était préférable de partir tout de suite lutter contre ses auteurs. Il a été depuis prouvé que la guerre d’Afghanistan était prête bien avant le 11 Septembre, suite aux rencontres avec les représentants du gouvernement taliban à Washington puis Berlin. Cheney ajoutait enfin qu’il fallait prendre des mesures pour éviter que cela ne se reproduise… A ce jour, de nombreuses associations se battent encore pour savoir où en est la mise en place de ces mesures, par exemple en matière de sécurité incendie, de services sociaux pour les victimes, ou de réforme de la surveillance du territoire, et aucune synthèse sérieuse sur ce sujet n’a été publiée à ma connaissance…
Epilogue de 2008 : Le gouvernement japonais de l’époque, ne dut son salut qu’à l’application d’une loi d’exception issue d’un article de sa constitution de 1952, jamais utilisée, qui lui permit d’outre passer pour raisons stratégiques, le vote de défiance qui eut lieu à la chambre haute (Sénat), empêchant le renouvellement de cette aide dès 2008.
Détail croustillant : L’AFP, à aucun moment, ne crut bon de donner les raisons pour lesquelles ce gouvernement japonais fut mis en difficultés, se bornant à citer que la loi d’aide fut adoptée « de justesse » !
Avec ce Sénateur japonais conscient des limites du discours occidentaliste qui nous a menés en Afghanistan, nous devons ensemble réfléchir à nouveau aux motifs réels qui à ce jour ont conduit près d’une trentaine de nos jeunes compatriotes français, à perdre la vie en Afghanistan, le point de vue exprimé ici sous-entendant qu’il faut sortir au plus vite de ce conflit qui n’est pas le nôtre... ni celui des Afghans !