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Le plan renaissance.

Balance commerciale Française : L’inefficace performance.

Pour la quatrième année consécutive la France termine avec une balance commerciale déficitaire. Pour 2009 les premiers résultats annoncent un solde négatif de - 43 milliards d’Euros. ( source les Echos).  En 2008, le déficit de notre balance commerciale était de - 53 milliards d’euros. 

La balance commerciale française se subdivise en 7 grandes catégories. Ainsi en 2008, nous avions le découpage suivant ( Base chiffres CAF - Source Insee) :

 

  • - Agriculture, Sylviculture, pèche  : + 3.5 Milliards d’euros.
  • - Industrie Agricole et Alimentaire  : + 6 Milliards d’euros.
  • - Biens de consommation  : - 10.1 Milliards d’euros
  • - Industrie Automobile  : - 3.5 Milliards d’euros
  • - Industrie Biens d’équipements  : + 8.3 Milliards d’euros
  • - Industrie Biens intermédiaires  : - 13.6 Milliards d’euros
  • - Energie  : - 58 Milliards d’euros.

Chaque année, le poste de nos achats énergétiques plonge à lui seul nos comptes dans le rouge.

Chaque Airbus vendu ( Bien d’équipement) est l’occasion d’une belle fanfaronnade médiatique qui masque avec grand peine le net déficit creusé par nos importations de biens de consommation courante.

Chaque année, notre économie des services (77% du PIB) se consacre à organiser un activité humaine dont le produit final est nul. Depuis 2004, notre pays brasse littéralement "du vent".

Economie Française : Le dogme de la médiocrité.

Le dogme actuellement en vogue voudrait que la consommation soit source de reprise. Cependant, si nos besoins énergétiques évoluent proportionnellement à notre activité économique, alors, le moindre point de reprise sera handicapé par le coût énergétique qui aura été induit. Dans un contexte de "reprise" mondiale, la demande énergétique plus forte engendrera immanquablement des tensions sur les prix des matières premières, du gaz et du pétrole. Ainsi, sans virage stratégique fort, sans changement dans notre modèle de société, notre économie est condamnée à courir le 100 mètres... avec des semelles de plomb.

Notre modèle économique, en l’état, ne peut que produire de l’appauvrissement et de la médiocrité.

Ni la politique de rigueur, ni une redistribution des niches fiscales, ne pourront rien face à un mal qui est intimement lié à la façon même dont nous avons architecturé l’organisation économique, énergétique et commerciale de notre pays.

Face au plan de rigueur : Le plan "Renaissance".

Si nous voulons sauver nos retraites, nos acquis, notre idéal sociétal, nous n’avons qu’une seule solution : Recréer les conditions d’une richesse motivante et durable. C’est un vaste sujet qui pourrait qui pourrait s’esquisser ainsi :

- Valoriser la génération énergétique de proximité :

Nous ne pouvons plus sponsoriser un système économique où le seul poste énergétique parvient à engloutir l’intégralité des succès économiques des autres secteurs d’activité. Chaque Joule, chaque calorie que nous parviendrons à produire au sein même de notre économie nous permettra de sortir de ce cercle infernal. Pour ce faire nous devons actionner 2 leviers :

  • Efficience et sobriété énergétique de notre nation.
  • Génération de proximité de carburants alternatifs.

Par exemple, le projet "Shamash" visant à l’usage du phytoplancton pour fabriquer massivement des biocombustibles doit devenir une priorité stratégique.

- Croissance économique par l’efficience énergétique :

En totalisant 51 % de notre consommation primaire de pétrole, le poste transports routiers demeure un très gros consommateur énergétique. Depuis longtemps, l’hybridation électrique est capable d’améliorer le rendement global d’un moteur thermique. En l’état de notre savoir, à mouvement égal nous pouvons maintenant consommer, au minimum, 30% d’énergie en moins.

Nous tenons à notre portée une solution immédiate permettant d’immenses gains financiers et écologiques. Malgré cela, nous nous évertuons à promouvoir des solutions tout électrique aussi onéreuses que balbutiantes. Comment pourrons nous financer les recherches sur des batteries efficaces dans un pays miné par la ruine financière et sociale ? Sommes nous condamnés à n’être que des "suiveurs" ?

Sur le front des combustibles renouvelables, la loi interdit le recours aux huiles végétales brutes, alors que l’ADEME admet elle même la supériorité de cet agro-carburant sur tous les autres. Des chaînes courtes d’approvisionnement, un emploi local et durable... Malgré ces avantages évidents nous multiplions les bonnes raisons de ne pas autoriser le peuple à une vraie autodétermination énergétique performante et créatrice d’emploi.

Il faut entreprendre une hybridation électrique massive du parc automobile. Actuellement, nous savons fabriquer des véhicules hybrides capables de se déplacer sur une dizaine de kilomètres sur la seule force de leur batteries. A terme, l’hybridation, grâce à des batteries électriques de plus en plus efficaces, laissera naturellement la place au "tout électrique". 

Cette politique énergétique menée de front avec la "re-proximisation" du travail nous permettra  :

  • D’offrir un débouché massif et durable à l’industrie.
  • De créer des emplois énergétiques à une échelle régionale, voire départementale.
  • De créer des emplois issus de la transformation du parc automobile.
  • De permettre aux ménages de réduire le coût liés à la consommation de carburants et aux transports.
  • De développer les modes alternatifs de transport.
  • De stabiliser les prix à la pompe.
  • De créer un secteur de recherche fort sur les batteries électriques de prochaine génération.
  • D’amoindrir rapidement l’empreinte écologique de notre société.

- Favoriser sobriété énergétique et répartition équitable - et naturelle - des richesses :

Eclater nos grands centres urbains au profit de villes à taille humaine. Favoriser sobriété énergétique et répartition équitable - et naturelle - des richesses : Grands travaux de transformation des centres villes. Eclatement de la bulle économique d’île de France au profit des autres régions : Pensez vous vraiment qu’une grande banque installée à la Défense marcherait moins bien si elle était installée à Bordeaux ou Rochefort. ? Le développement massif du télétravail permettrait à des villages dortoirs de connaître un véritable renouveau économique. La possibilité d’exercer son emploi en région permettrait la renaissance économique et sociale de zones quasi-désertifiées.

Pour les grands centres urbains, la remise à plat des fondamentaux architecturaux est nécessaire. L’habitat doit être repensé et tenir compte des réalités tant humaines qu’écologiques de notre temps.

Il faut renouer avec le principe des 12 métropoles d’équilibres unies par un système de transport de masse efficace et durable. Cela permettra de faire cesser le développement anarchique des banlieues et une meilleur gestion du patrimoine immobilier national. Un habitat mieux géré grâce à une répartition harmonieuse du travail permettra de faire baisser la pression immobilière tout en recréant du lien social.

- Restaurer une industrie nationale de proximité favorisant la renaissance de la valeur "travail" face au capital :

La mondialisation devait apporter justice et équité ; non mettre en concurrence les peuples et fabriquer du malheur social. Notre économie doit restaurer une industrie de proximité et une valorisation prioritaire du marché Européen. Nous ne pouvons plus décemment fabriquer des verres à dent à Singapour et des tee-shirt en Malaisie ! A qui veut on faire croire qu’une chemise vendue à 50 Euros ne saurait être manufacturée en France ? Pourquoi des fibres telles que le bambou ou le chanvre ne trouvent elles pas de débouchés économiques pour cause de soi-disant quotas d’importation ? Il faut faire cesser cette logique de "pays ateliers" contre "pays consommateurs". A ce titre les outils tels que la Taxe Laure ou la taxe carbone doivent aller en ce sens.

Je tiens à souligner au passage que le consommateur citoyen n’a pas à financer le comportement irresponsable des marchés internationaux. La taxe carbone est un outil de régulation du commerce international. Un tel prélèvement écologique doit pousser les entreprises à tirer le meilleur parti de leur marché national. Fuir à l’étranger pour exploiter "à distance" le porte-monnaie du consommateur Français est à ce titre une pure et simple trahison.

- Protéger la recherche innovante des pressions corporatistes en instaurant un réseau européen de "laboratoires nationaux".

Jean Bertin, Dyson, Jack Northrop, Heuliez... Les exemples de scientifiques, d’industriels, muselés par des intérêts particuliers au dépend du grand public sont nombreux. Pour certain, il leur a été possible de survivre. Pour d’autre, marginalisés, ridiculisés, leur découvertes demeurent lettres morte.

La recherche, l’innovation doivent pouvoir jouir d’un cadre protégé du corporatisme. Ce cadre doit, non seulement permettre une évaluation objective et fiable, mais aussi une transition vers des applications industrielles source de richesses communes.

Il faut créer une fiscalité adaptée à un tel enjeu.

Il devrait être possible au citoyen de "placer ses impôts" dans un tel fond de recherche. Les profits générés par les brevets et les déploiements industriels qui en découleraient serviraient non seulement pour le bien commun, mais aussi comme rente pour ceux des contribuables auraient réalisés un tel choix. Un fond obligataire annuel serait ainsi créé. L’impôt ainsi mobilisé ne serait non pas une ponction définitive, mais un véritable placement qui serait, au bout du processus, remboursé avec les intérêts. S’il existe des sponsors capables d’investir plusieurs millions d’Euros dans une équipe de foot, les même sponsors peuvent alors financer des secteurs de recherches bénéficiant à l’ensemble de la nation. La fiscalité concernant le sponsoring et le mécénat doit être très sérieusement revue en ce sens.

De tels laboratoires nationaux seraient aussi une véritable pépinière pour les jeunes générations réalisant leurs études au travers de projet dont ils seraient soit les initiateurs, soit les ouvriers.

Un plan renaissance pour retrouver de l’espoir et du sens.

En 1834, Victor Hugo écrivait : "... Cette tête de l’homme du peuple, cultivez-la, défrichez-la, arrosez-la, fécondez-la, éclairez-la, moralisez-la, utilisez-la, vous n’aurez plus besoin de la couper." Presque deux siècles plus tard si nous ne guillotinons plus les têtes nous avons entrepris de décapiter massivement les esprits. Cette société ainsi désorientée saute de modes en modes et s’invente de nouveaux jeux du cirque pour trouver des héros éphémères.

En perte totale d’espoir et de repères, cette France frustrée, désabusée, n’a d’autre recours que s’enfoncer un peu plus chaque jour dans la violence, l’individualisme et le repli communautaire.

Ce cercle vicieux doit être brisé.

Sources :

Insee balance commerciale France : http://www.insee.fr/fr/themes/tableau.asp?reg_id=0&id=232

Insee comptes de la nation 2009 : http://www.insee.fr/fr/themes/theme.asp?theme=16&sous_theme=1

Projet "Shamash" : http://www-sop.inria.fr/comore/shamash/

Huiles végétales pures : http://fr.wikipedia.org/wiki/Huile_v%C3%A9g%C3%A9tale_carburant

ADEME - Analyse Cycle de Vie Biocarburants de première génération : http://www2.ademe.fr/servlet/getBin?name=E165461F1 17687A14917DF98AE2290E51270654579059.pdf

Hybride électrique PSA : http://www.actu-environnement.com/ae/news/1518.php4


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7 réactions à cet article    


  • PhilVite PhilVite 20 mai 2010 11:08

    Comment ne pas être d’accord ?
    Mais imaginez-vous la somme d’intelligence qu’il faudrait mobiliser pour un tel dessein ?
    Or, je ne suis pas certain que nous ayons, aujourd’hui, plus d’intelligence collective que de pétrole.


    • alternotre 20 mai 2010 11:31

      Je pense pour ma part que nous n’avons pas trop le choix.

      A moins bien sûr que la situation actuelle nous convienne.

      Nous avons la chance d’habiter un pays où l’action citoyenne de masse peut, pour l’instant, porter au pouvoir des représentants capable de mener à bien ce genre de projet.

      Notre responsabilité est à ce titre individuelle.

      Soit nous nous satisfaisons de ce qui nous est proposé et il n’y a plus qu’à attendre l’embrasement final.

      Soit, on bouge le temps que la situation redevienne acceptable.

      En ce qui me concerne, je vous livre aujourd’hui une vision, largement améliorable, de ce pourquoi je souhaite bouger.


      • PhilVite PhilVite 20 mai 2010 12:14

        Comme je le disais, je suis d’accord sur le fond.

        Je suis malheureusement moins confiant que vous dans notre capacité collective d’analyser correctement la situation actuelle, de décider des remèdes à appliquer et de choisir le personnel politique capable de conduire ce qui ressemble à une méga-mutation de la société.

        Qu’il soit absolument nécessaire de faire quelque chose, et vite, je n’en doute pas. Qu’on soit capable de faire quelque chose, là c’est une autre histoire !

        Donc, l’embrasement final est une possibilité (encore faudrait-il croire à notre capacité de révolte). Je penche plutôt, à l’heure actuelle, pour un lent et interminable pourrissement de notre situation, jusqu’à ce qu’un jour, ayant touché le fond, et ne pouvant donc descendre plus bas, nous repartions dans le bon sens. Un peu comme si, avant de connaître une nouvelle Renaissance, nous devions d’abord passer par un nouveau Moyen Âge.

        Bon, OK, c’est pas très enthousiasmant. Désolé.


      • alternotre 20 mai 2010 12:29

        C’est clair,

        C’est la fête ...  smiley

        L’idée de base c’était tout de même de rassembler les compétence et d’étoffer le programme jusqu’à en faire un élément complet, précis, argumenté thèmes par thèmes.

        Comme je l’ai dit, le concept est loin d’être complet, et je le revendique sans honte.

        Mes compétences à moi ? C’est la logistique, le commerce et les grands échanges internationaux. C’est vrai que cela me donne une bonne matière première pour analyser la situation et en tirer une première approche. Cependant pour aller plus loin, un tel travail doit être étoffé par des compétences autres ( économiques, physique, politique, diplomatiques etc... )

        Bref, il s’agit de prendre à bras le corps le problème en tant que citoyens, puisque que ceux que nous portons au pouvoir ne le font pas, bien qu’ils soient précisément payés à le faire...

        Si il y en a qui sont tentés, eh bien, ils sont les bienvenus. ... On pourrait même créer une association 1901 et publier un livre complet... Clair, accessible et, pourquoi pas, fédérateur...

        Après tout, on pas grand chose à perdre, et, on peut perdre plus à ne pas le faire...

        Alors ?


        • iris 20 mai 2010 14:43

          bonnes idées
          plutot que travailler plus dans un pays ou il ay a de moins en moins de travail et d’entreprises-


          • asterix asterix 20 mai 2010 16:43

            Donc la bouffe cela fonctionne
            Les usines plus du tout
            Les biens d’équipement sont à la mesure de notre génie, ils fondent
            On doit fabriquer du vent
            Et l’énergie, on en a de plus en plus besoin
            De l’énergie primaire ?


            • alternotre 20 mai 2010 16:55

              Je dirais plutôt :

              - La bouffe : C’est bancale et on joue avec le feu.

              - Les usines : On est plus au 19° siècle et on a rien trouvé pour vraiment les remplacer. On produit plus avec moins de personnel... et pour les autres ... Dommage.

              - Les biens d’équipement : On achète 1 à l’étranger et on vends 10 en France avec de l’agent dont on ne voit pas trop bien d’où il vient... Mais bon, grâce à la télé et à la pub, on y pense pas trop...

              - On fabrique du vent : Eh ... ben... pour être franc... c’est pas loin...

              - Energie : On est de plus en plus gourmand.

              - Energie primaire : C’est un peu comme la drogue... on en est « accros » et ça nous tue.

              ...  smiley

              Maintenant on peut ne rien changer et faire des grèves 4 fois par semaine contre le chômage et la précarité... Et puis aller voter bien sagement pour savoir qui, de notre voisin, se fera dépouiller par le fisc pour payer la casse écologique, humaine et sociale.

              C’est un choix comme un autre.

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