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Le syndicalisme d’affaire et de « combat » d’affaire

Pourquoi doit-on s’intéresser à la petite bourgeoisie gauchiste, aux syndicalistes anarchistes, aux pseudo-progressistes et aux réformistes en ces jours de crise économique et de politiques d’austérité alambiquées ?

Un « remake » suppurant

Pourquoi doit-on s’intéresser à la petite bourgeoisie gauchiste, aux syndicalistes anarchistes, aux pseudo-progressistes et aux réformistes en ces jours de crise économique et de politiques d’austérité alambiquées ?

Tout simplement parce que l’on assiste dans le mouvement ouvrier à un « remake » mal ficelé de ce qui s’est passé au cours des décennies 1970-1980 quand la crise économique permanente a connu une recrudescence alarmante comme aujourd’hui, et s’étendit à un grand nombre de pays.

En ce temps-là, il y a quarante ans, les équivalents des présents trotskystes – maoïstes – anarcho-syndicalistes – pseudo-communistes – gauchistes authentiques et altermondialistes surgirent de toutes parts pour dévoyer et liquider les mouvements étudiants et les soulèvements ouvriers afin de les diriger vers les culs de sacs réformistes, opportunistes, nationalistes, sous une phraséologie caricaturée – mal digérée – péniblement malaxée, à la sauce pseudo gauche, dont on recueille aujourd’hui les fruits pourris (PKP-Péladeau fut de ceux-là).

Effectuons un tour d’horizon actualisé au Québec, mais chacun peut faire le même constat dans son pays. Du SPQ-Libre (sic), quelques anciens groupies d’Union Bolchevik ; au Bloc Québécois raciste ; en passant par le Parti Québécois chauvin, dirigé par une multimillionnaire acoquinée à un milliardaire – PKP-Péladeau – ex-pseudo communiste, du PCO (sic) ; sans négliger quelques renégats, jeunes larbins étudiants de la dernière fournée (2012), empressés de ramasser les quarante deniers que leur coup fourré leur a mérité ; sans oublier les ex-EN LUTTE, coalisée dans Québec Solidaire, agrémenté de nouvelles recrues socialo-trotskystes, de sociaux-révisionnistes (PCC et PCQ) infiltrés. Enfin, terminant la tournée du poulailler, ces anciens sont rejoints par tous les anarcho-syndicalistes gauchistes défroqués, en mission de liquidation des mouvements étudiant et ouvrier.

Bref, qui veut contribuer sincèrement au mouvement gréviste étudiant et aux soulèvements ouvriers présents doit se préoccuper du passé de ces agitateurs « gauchistes » à gogo et de ces pseudo syndicalistes combatifs qui surgissent en couche, tels des champignons vénéneux, afin que nous les empêchions de recommencer aujourd’hui ce qu’ils ont perpétré dans le passé.

L’industrie du syndicalisme corporatiste en quelques chiffres

Au Québec, on dénombre 3,6 millions de salariés. De ce nombre 1,3 millions (36 %) sont syndiqués (dont 807 000 sont des employés de l’État). Ces clients cotisants sont répartis dans 10 000 unités accréditées, affiliées aux bannières FTQ, CSN, CSQ, CSD, SFPQ, SPGQ, FIIQ, APTS, FIC, FAC, FAE, UPA. L’effectif, anciennement de 49 % des salariés (1992), est en lente descente désespérante pour les agents de vente de cartes de membres. C’est que les grandes compagnies capitalistes monopolistes réduisent leurs effectifs alors que les nouveaux emplois créés – les 250 000 emplois promis par le Parti Libéral – sont pour la plupart des « jobs » à temps partiel – temporaires – précaires – mal rémunérés et non syndiqués.

L’industrie du syndicalisme c’est aussi le Fonds d’Action capitaliste de la bannière CSN (1 milliard de dollars de capitaux d’investissements à haut risque) administrées par d’ex-gauchistes repentis (sic). C’est également le Fonds de « solidarité » impérialiste de la FTQ, administrée par des hommes d’affaires, hier en salopette, et aujourd’hui vautrés sur le luxueux bateau privé d’un mafieux avéré. Le Fonds « solidaire » cumule plus de 9 milliards de capitaux administrés par une nouvelle génération de syndicalistes d’affaires, des capitalistes-prolétaires (sic) qui s’échangent les conseils d’administration avec des PDG d’entreprises manœuvrant dans les paradis fiscaux.

Au Québec, l’industrie du syndicalisme d’affaires ce sont 10 000 employés bien payés. Des emplois permanents, sécuritaires, agrémentés de régimes de retraite blindés (tant que la crise systémique de l’impérialisme n’aura pas emporté leurs portefeuilles d’actions). L’industrie du syndicalisme de collaboration de classe affichée et de « syndicats de combat » masqués, c’est plusieurs centaines de millions de dollars de chiffres d’affaires annuels (budgets de fonctionnement, fonds de grève, et crédits de défense professionnelle). Le taux de la taxe syndicale est en hausse depuis des années, voguant entre 2 % et 4 % du salaire régulier d’un employé syndiqué sans sécurité d’emploi.

L’industrie du syndicalisme de « combat » (sic) et du syndicalisme de collaboration de classe, ce sont des milliers d’emplois garantis en ce sens qu’une usine de cotisants payants peut bien fermer – des milliers d’emplois de postiers et de facteurs peuvent bien disparaitre – le nombre de permanents syndicaux reste constant, protégés par de solides conventions collectives militantes (sic), protégeant les combattants permanents, au chaud dans leur bureau d’entreprise de service spécialisé dans la vente de la force de travail aliénée et dévaluée. Suite aux baisses d’effectifs, et malgré le maraudage intersyndical intensif, la cotisation des syndiqués est augmentée régulièrement afin d’assurer les revenus de la bureaucratie « militante » nationaliste et chauvine.

Vous aurez compris que la guerre commerciale fait rage entre les bannières d’affaires (centrales syndicales) pour ramasser le maximum de clients cotisants afin de grossir les revenus du monopole syndical en maraudage. Le salarié syndiqué est considéré comme le client consommateur d’un service de vente de sa force de travail au plus exploiteur. Un peu comme ces agences de placement qui dénichent un emploi aux immigrants puis ramasse en prestation un pourcentage du salaire hebdomadaire de l’esclave salarié.

L’univers syndical d’affaires est le royaume des avocats et des juges d’arbitrage. Chaque année, les syndicats bourgeois au Canada déposent entre 1500 et 2500 griefs collectifs générant autant de décisions arbitraires-arbitrales, habituellement favorables à l’employeur capitaliste, car demain l’arbitre décideur sera embauché par l’État employeur ou par une grande corporation monopoliste en conflit avec ses ouvriers. Conséquences de ces mascarades juridiques, les bureaucrates syndicaux pleurnichent puis retournent déposer un autre grief, apaisant les manifestants, leur expliquant que l’on ne peut faire autrement que d’attendre le prochain jugement.

Dans les années 1970-80, les bannières syndicales ont même imaginé des comités d’action politique (CAP) où les syndiqués agités – populistes – gauchistes – anarcho-syndicalistes pouvaient s’amuser à jouer aux révolutionnaires enjoués et publier des manifestes nationalistes, corporatistes, anarcho-syndicalistes et réformistes. Comme dit le capo di capi : « Ton ami, tiens-le près de toi, ton ennemi, encore plus près ».

Syndicats d’affaire intégrés à l’État policier

L’appareil syndical ayant été totalement intégré à l’appareil d’État capitaliste est devenu une phalange de l’État policier. Ainsi, dans plusieurs pays impérialistes, les cotisations syndicales sont déductibles d’impôts – une chaîne dorée attachée par l’État des riches aux pieds de ses collaborateurs syndicaux zélés. L’État employeur garantit la cueillette et la gestion des cotisations au bénéfice des syndicalistes affairés (Formule Rand). Une loi anti briseurs de grève assure que cadres et « jaunes » pourront poursuivre les opérations et qu’un grief sera déposé et réglé en arbitrage deux années après que la grève aura été liquidée. Le privilège du placement syndical dans l’industrie de la construction est une autre chaîne dorée qui a transformé les bureaucrates syndicaux investisseurs-spéculateurs en gérants du placement pour les capitalistes de la construction. Après avoir reçu mission de transformer l’argent des petits épargnants en capital à haut risque, l’État concède aux hommes d’affaires syndicaux (et aux Rambos) l’attribution des emplois d’exploités sur les chantiers. Un peu comme dans les camps de concentration où les Kapos avaient le privilège d’adjuger les rations aux collabos et les coups de bâton aux résistants.

Les collabos syndicaux sont consultés avant de lancer une grande offensive anti-salariés, usuellement avant que le gouvernement ne dépose un budget au parlement des riches. Quand il fut question d’accentuer l’attaque gouvernementale contre les ouvriers, de hausser les impôts du peuple et de réduire les services publics, afin de récupérer le maximum de taxes des salariés et de transférer le plus de crédits d’impôts et de capitaux aux actionnaires des entreprises multimilliardaires, les gouvernements canadien et québécois ont réuni les bureaucrates syndicaux d’affaires et de « combats » afin de coordonner leurs menées anti-ouvrières. À chacun son emploi, l’État mène la charge et la bannière syndicale liquide la résistance en expliquant que les membres ne souhaitent pas se défendre et que le bureaucrate ne peut les forcer à sauvegarder leurs deniers.

Retenez bien cette comptine, vous reconnaitrez toujours un syndicaliste d’affaire par cette calomnie grossière – « Le bureaucrate voudrait se battre, mais les syndiqués ne veulent pas sauver leur gagne-pain ». La réalité, c’est qu’après quarante années de trahison syndicale de « gauche » comme de droite, l’ouvrier salarié, ne souhaite plus gaspiller son énergie et amorcer une grève qui sera liquidée par l’homme d’affaires syndical ou par un énergumène gauchisant éructant, comme ils ont tenté de le faire avec la grève des étudiants en 2012 (mais ils ont échoué en 2012 et l’État québécois s’est juré que ça ne se reproduira pas).

L’État bourgeois a totalement dévoyé l’appareil bureaucratique syndical – même la portion psalmodiant des cantiques gauchistes social-démocrate-réformistes –. L’État a réussi à faire du syndicalisme un appendice de la machine étatique dans la gestion de la force ouvrière à opprimer et à réprimer. La crise économique permanente, s’approfondissant soudainement, l’État des riches exige que l’appareil collaboratif syndical s’adapte à la nouvelle conjoncture économique et à la nouvelle donne politique et que les syndicalistes de droite comme de gauche transforment leurs activités de gestion des privilèges (les chaînes dorées) en liquidation des révoltes et en répression des insurrections.

C’est la raison pour laquelle aux États-Unis tant d’ouvriers refusent de se syndiquer préférant économiser la taxe syndicale puisque de toute manière ils ne recevront aucun soutien dans leur lutte de résistance sur le front économique de leur lutte de classe (11,3 % de syndicalisation des salariés aux É.-U.).

Que faire ?

C’est la raison pour laquelle vous voyez surgir des agitateurs-liquidateurs gauchistes, en train de s’émoustiller comme en 1970, de se pavaner, de tenir des séances de « formation » d’auxiliaires d’hommes d’affaires syndicaux, de vendre des cartes de payeurs de taxes syndicales et de proposer de transformer le rafiot syndical en perdition en paquebot du combat réformiste pour quémander des réformes du capitalisme afin de sauvegarder ce système moribond.

Que nenni camarades, la crise est systémique, et elle est là pour demeurer et s’approfondir, en pire, et les ouvriers sont déjà désignés pour payer et se sacrifier même si le rafiot capitaliste ne peut être réchappé. Le capitalisme fonctionne selon des lois obligées – incontournables – qui ne peuvent être transgressées – c’est la raison pour laquelle aucun économiste bourgeois ignare ne parvient à redresser la barre et à en modifier la destinée. Une large portion de la population le sait déjà, mais elle reste coite.

Pour que les ouvriers s’acquittent de leur mission historique ils devront écarter cet enfarge qui les entraves, c’est-à-dire les syndicalistes d’affaires et leurs collaborateurs anarcho-syndicalistes et gauchistes réformistes. Le militant sincère est invité à œuvrer dans les syndicats à la base, avec les plus humbles, les plus démunis, les plus meurtris, vaillamment, courageusement, patiemment. Le temps venu il faudra renverser cet appendice syndical capitaliste en même temps que son maître, l’État policier. Ce temps n’est pas encore venu.

Pour information : http://les7duquebec.org/

 


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4 réactions à cet article    



    • chapoutier 13 mars 2014 13:11

      le gauchisme est l’enfant naturel du stalinisme mais cela vous le savez déjà.

      quand la classe ouvrière parvient à de se débarrasser des staliniens, les gauchistes rappliquent pour colmater les brèches et dévoyer les militants honnêtes.


      • Robert Bibeau Robert Bibeau 13 mars 2014 14:20

        L’auto dénonciation est une tactique particulièrement pernicieuse camarades.. méfiez-vous de celui qui proclame sa foi révolutionnaire à la criée...et tente de vous dirigez vers le bourbier...Chapoutier ( smiley)

         

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