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Accueil du site > Tribune Libre > Le temps aux plus belles choses se plait à faire un affront et saura faner (...)

Le temps aux plus belles choses se plait à faire un affront et saura faner ses roses...

Lors de l’élection présidentielle de 2012, Ségolène Royal aura l’âge de Martine Aubry !

Il n’est pas du tout évident qu’elle soit alors aussi pimpante et glamour qu’elle ne l’est aujourd’hui. Il lui faudra donc plus qu’une bonne coupe de cheveux et un choix vestimentaire de bon goût pour continuer à séduire l’opinion. Elle devra développer des arguments politiques solides, là où jusqu’à présent, il lui suffisait de jouer le rôle de la Dame en blanc, évanescente et photogénique. Or, peut-on encore changer de langage, bâtir un contenu à son discours quand on a navigué pendant tant d’années sur la vague de l’émotionnel et de l’incantation mystique.
 
Une alliance PS/Bayrou est certes souhaitable pour ceux qui en ont assez de Sarkozy, mais sans Royal, car ses effets de chemisier et la brave platitude de ses arguments sont totalement incompatibles avec la vision politique du dirigeant du MODEM.
En 2012, afficher une image de star encore jeune ne sera plus de mise, il faudra autre chose pour combattre Sarkozy, lui aussi vieillissant, mais à qui l’on pardonnera plus facilement les rides que les tics. Lors de la prochaine présidentielle, Ségolène Royal sera passée du statut de belle femme à celui de femme qui a été belle et cela change tout ! Le traitement hormonal de la ménopause est limité dans le temps et ses effets ne sont pas infinis.
 
Il est du reste étonnant que la politique soit l’unique domaine de notre société où l’on soit encore considéré comme jeune après cinquante ans. Partout ailleurs, passé cet âge, il est plutôt question de vous mettre en préretraite ou de vous considérer comme un has been .Le plus souvent, quand on dit de vous que vous êtes encore jeune, cela veut en réalité dire que vous ne l’êtes plus vraiment.
 
Certains diront que je ne m’acharne pas sur les rides à venir de notre actuel président et sur la diminution de son pouvoir de séduction. En cela, je ferais donc acte de sexisme outrancier, ce qui est fort mal venu de nos jours. Point cependant est mon intention. Mon désir le plus profond est de voir revenir les politiciens français à un véritable discours cohérent avec argumentaire, propositions et programme et peu m’importe s’ils sont photogéniques. Laisser l’incantation, la déclaration d’intention qui ne mange pas de pain aux émissions de divertissement et aux chansonniers, voila ce qu’il faudrait espérer.
 
Or, en ce début de siècle où l’image prime sur le discours, il est de plus en plus difficile d’être audible, que l’on soit un homme ou une femme, si l’on ne passe pas sous les fourches caudines de l’audimat ! Physiquement parlant, de Gaulle ne ressemblait à rien, il était même caricaturé avec son gros nez et son ventre proéminent. Cet aspect physique disgracieux ne l’a pas empêché d’être élu, de gouverner et d’être admiré par plusieurs générations. Admiré autant que haï par d’autres qui le combattaient sans considérer que l’absence d’une plastique d’Apollon n’était pas l’argument principal à leur opposition.
 
En d’autres lieux, Golda Meir, Angela Merkel n’ont pas été appréciées pour leur aspect de couverture de magazine. Seule Benazir Bhutto a su jouer sur son image glamour, bien maquillée et couvrant à peine ses cheveux. Elle en a d’ailleurs payé le pris fort. Il n’y a qu’aux Philippines que d’anciennes miss ou prix de beauté ont pu faire une carrière politique.
Quant aux premières dames, en dehors d’Eva Perón et Jackie Kennedy, en leur temps, elles restaient le plus souvent cantonnées à un rôle de figuration et n’intéressaient que la presse destinée aux classes populaires.
Bien sûr, à la guitare, notre « première dame » pourrait très bien chanter Brassens et nous fredonner : Peut être que je serai vieille, …cependant j’ai quarante ans et je t’emmerde en attendant ! Mais cela serait-il aussi porteur qu’un discours aux Nation Unies ?
 
Ségolène Royale, penchant la tête et agitant le doigt pour dire à bientôt, aura en 2012 l’air d’une grand-mère un peu sèche qui envoie ses petits-enfants se coucher. Image nettement moins digne d’un vidéoclip électoral dans le domaine de la séduction ! Osera t’elle alors nous refaire une nouvelle fois, juste avant le journal de 20 heures un « Bonne nuit, les petits » à l’écran d’une télévision publique privé de publicité ? Et puis, elle ne pourra plus nous donner avec complaisance cette image de victime dont elle use et abuse aujourd’hui, à moins de se dire celle de l’inefficacité de ses cosmétiques.
 
Ce n’est plus d’un Dominique Besnehard dont elle aura besoin, mais d’un nouveau Pascal Sevran pour s’adresser au troisième âge dans une « Chance aux champions » de la liste électorale. Martine Aubry, de son côté n’a cure pour être audible et cohérente, de se maquiller outrageusement et ne souhaite en aucun cas faire une carrière à la Line Renaud pour séduire les électeurs. Elle veut rester sereine loin des bas résilles et des shows de music-hall.
Hélas, un discours politique centré sur un programme et des initiatives claires risque de lui être insuffisant, voire pénalisant. Ce qui a marché en Allemagne avec Merkel peut il être réplicable en France ? C’est plus que douteux quand on lit la presse et que l’on regarde la télévision.
Le retour au politique est souhaitable, mais douteux telle que prend la tournure de la présentation des arguments politique dans notre pays ces temps-ci. Gérard Larcher serait-il plus crédible au Sénat avec trente kilos de moins et un blouson de cuir, j’en doute. Ce n’est pas pour son allure de séducteur qu’il a réussi à évincer Raffarin.
 
Mais de nos jours, il faut avoir l’air sain et sportif pour attirer les électeurs. Le vélo est devenu un argument électoral. Sarkozy a commencé dans le sillage de Michel Drucker et de Richard Virenque. Bertrand Delanoë l’a pris dans sa roue avec un Vélib et Olivier Besancenot recolle au peloton avec sa bicyclette de La Poste. Ségolène ou une quelque autre prétendante au podium élyséen devrait prendre cette option en considération et demander un conseil technique auprès de Jannie Longo afin d’entrer dans la course au nom de la parité.
 
Jadis le roi, ses ministres dans la ligne des Sully et des Colbert faisaient de la pédagogie. Mitterrand à su se plier à l’exercice. Le boniment était alors laissé aux bateleurs et aux fous du roi. Aujourd’hui, les fous sont les Dati, Borloo, Bachelot, Copé et autres histrions. A gauche, on suit le mouvement et Madame Royale n’est pas de reste. Dans le ridicule, sans la préciosité, elle n’est concurrencée que par les Verts et pour atteindre leur bas niveau, elle a encore du chemin à faire. Et côté presse ou médias, les polémistes à la Rochefort, Hugo ou Zola sont remplacés par des Ruquier ou des Ardisson au sourire complice et entendu.
 
Le grand cirque électoral n’est prêt de s’arrêter. Attendons-nous donc de plus en plus à des prestations pitoyables. Quelles vont être les innovations qui feront date à la télévision ? Car, quand on a commencé il est difficile de s’arrêter et la surenchère est de mise. On se doit de chanter autre chose que la Marseillaise, surtout si le but est d’éviter les sifflets. Avoir l’air « ethnique », est aussi une option, mais quand on est totalement blanc avec un patronyme franchouillard, ce n’est pas gagné d’avance. Alors, comme il serait mal vu d’avoir un valet de chambre africain, on peut passer ses vacances au Maroc à condition de ne pas déraper avec de jeunes garçons ; déjà deux politiciens connus en ayant fait les frais.
 
Il ne reste enfin que le climatique, le durable pour durer. A quand les poires tavelées sans engrais et pesticides à la table de l’Elysée ? Les conseils des ministres en burnous ou anorak pour éviter de mettre le chauffage en hiver ou les repas de galas sans le moindre gibier ou féculent pour ne pas encourager les chasseurs et éviter de trouer la couche d’ozone ?
 
Le discours écologique et bio nous fera peut-être oublier la crise économique et financière, à défaut, il nous maintiendra dans le consensuel lénifiant et nous empêchera de trop nous plaindre. Car il est plus facile de nous promettre la diminution de la production de carbone que de réfléchir à celle de notre pouvoir d’achat. Le gadget devient la bonne idée, l’argument choc pour séduire l’électeur. Mais à force de tirer sur la corde, il n’est pas improbable que l’électeur de base, le veau de Charles de Gaulle se rebiffe un jour et descende dans la rue comme en Grèce chercher les nouveaux aristocrates de Sarkozy pour les pendre au pavillon de la Lanterne avec ses opposants de paille.
 

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13 réactions à cet article    


  • Francis, agnotologue JL 16 décembre 2008 14:46

    ""Le temps au plus belles choses se plait à faire un affront, ... Il saura faner vos roses, Comme il a ridé mon front. "

     

    Vous écrivez : ""En 2012, afficher une image de star encore jeune ne sera plus de mise, il faudra autre chose pour combattre Sarkozy, lui aussi vieillissant, mais à qui l’on pardonnera plus facilement les rides que les tics.""

    La question est peut-être biaisée : la question n’est-elle pas plutôt de savoir ce que l’on pardonnera plus facilement, des tics de Nicolas ou des rides de Ségolène ?

    Vous écrivez : ""Une alliance PS/Bayrou est certes souhaitable pour ceux qui en ont assez de Sarkozy""

    Souhaitable pour vous, je n’en doute pas puisque vous le dites. Mais soyez gentil, ne généralisez pas, svp : il y a heureusement d’autres perspectives.

    Bonjour, j’aime assez bien votre article, surtout la fin.


    • sisyphe sisyphe 16 décembre 2008 16:30

      Je ne saurais me priver du plaisir de copier, à la fin de ce poème de Corneille, le génial quatrain, en forme d’envoi, qu’y ajouta (je crois) Tristan Bernard (repris en musique par Brassens) :

      Marquise, si mon visage
      A quelques traits un peu vieux,
      Souvenez-vous qu’à mon âge
      Vous ne vaudrez guères mieux.


      Le temps aux plus belles choses
      Se plaîst à faire un affront
      Et saura faner vos roses
      Comme il a ridé mon front.


      Le mesme cours des planètes
      Règle nos jours et nos nuits
      On m’a vu ce que vous estes ;
      Vous serez ce que je suis.

      Rajout :

      Peut-être que je serai vieille,
      Répond Marquise, cependant
      J’ai vingt-six ans, mon vieux Corneille,
      Et je t’emmerde en attendant.

       smiley smiley 


      • appoline appoline 16 décembre 2008 17:37

        Ce à quoi je réponds : petit con de la dernière averse, vieux con des neiges d’antan.


        • fabrice 16 décembre 2008 21:59

          de grâce ne nous ressortez pas le remake de 2007 pour le plus grand bonheur de sarko qui aimerait une fois encore affronter mme Royal
          en effet avec elle il suffit de la laisser parler pour étaler son ignorance et ses contradictions
          DSK c’est une toute autre paire de manches pour sarko et il sait qu’il sera probablemeny battu par DSK 
          donc la royal aura bcp de renforts en sousmains de l’UMP d’ailleurs Dominique Paille etait en service commandé sur le figaro ce week end pour tresser des lauriers à mme Royal ;; ;; ;; ;; ;; ;; ;; ;; ;; ;; ;


          • Gül, le Retour II 16 décembre 2008 22:52

            Bonsoir Georges,

            A l’instar de JL, je dirai aussi que j’aime bien la fin de votre billet, sa seule lumière riante.

            Je vous ai connu plus enjoué, ici il me reste un gout d’amertume que je ne goute guère....Mais sans doute est-ce une manière de nous confronter à la triste réalité...

            J’aime les pattes d’oie, elles sont au visage l’image de la rencontre de la vie et du bonheur....N’en déplaise aux partisans du tout lisse, si parfait, tellement ingénu...

            Bien à vous.


            • docdory docdory 17 décembre 2008 09:53

               @ Georges Yang 

              De Royal ou d’Aubry , j’ai du mal à déterminer laquelle et la pire . De toutes façons , qu’il y ait un deuxième tour Sarkozy vs Royal ou Sarkozy vs Aubry , dans les deux hypothèses , pour moi , ce sera la pêche à la ligne !


              • docdory docdory 17 décembre 2008 09:54

                 Oups , coquille ! C’est bien sûr " laquelle est la pire" que je voulais écrire !


              • Sandro Ferretti SANDRO 17 décembre 2008 10:04

                "On est bien peu de choses, et mon amie la rose est morte ce matin"....chantait la longue dame brune.

                http://fr.lyrics-copy.com/francoise-hardy/mon-amie-la-rose.htm

                Tout ceci pour dire, Doc, que je soutiens la candidature de Françoise Hardy à la Présidence de la République.
                De la classe, un cerveau en état de marche, le sens de la nuance, l’élégance.
                Tout ce que la dame sus-dite n’a pas.


                • Georges Yang 17 décembre 2008 11:48

                  Passé un certain âge :
                  On est bien peu de chose et mon amie l’arthrose me le it chaque matin !
                  C’est plus le temps des douleurs et des courbatures que celui des copains et de l’aventure !


                • Georges Yang 17 décembre 2008 11:51

                  Après un certain âge :
                  On est bien peu de choses et mon amie l’arthrose me le dit chaque matin !
                  Ce n’est plus le temps des copains et de l’aventure, mais celui des douleurs et des courbatures


                  • Sandro Ferretti SANDRO 17 décembre 2008 12:29

                    Doc,
                    Oui, avec l’age, il parait que les raideurs se déplacent...
                    jJacques Dutronc, Ministre Plénipotentiaire chargé de l’orthographe dans le gouvernement Hardy, me signale que votre baisse de moral palpable dans ce billet vous a fait mettre les plus belles choses au singulier, ce qui ne vous ressemble pas.
                    Donc, soit vous étes amoureux, (et des soucis sont alors toujours à prévoir), soit vous vouliez faire l’X , mais vous vous étes rabattu sur la médecine et gardez un courroux intact contre l’X et polytechnique.



                  • Darcy 18 décembre 2008 10:31

                    Franchement , écrire le nom de Mme Royal avec un e, il n’y a aucune excuse aujourd’hui. C’est comme si l’on écrirait : nicolas sarkosy avec un S et non un Z.
                    Je trouve que ce genre de faute vous tout à plat le reste et c’est bien dommage. 
                     
                    Par contre, permettez-moi de vous dire que j’ai vraiment du mal à compendre ce que vous avez voulu dire par : Mitterrand à su se plier à l’exercice. Le boniment était alors laissé aux bateleurs et aux fous du roi. ou encore ici A quand les poires tavelées sans engrais et pesticides à la table de l’Elysée ?




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