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Accueil du site > Tribune Libre > Législatives : la 3e circonscription d’Ille-et-Villaine (...)

Législatives : la 3e circonscription d’Ille-et-Villaine restera-t-elle hollandiste ?

Dans la victoire aux présidentielles de Monsieur Macron, le ralliement de la Bretagne est majeur : à l’occasion des Législatives, le vote de raison pour Emmanuel Macron semble s’être changé en un vote d’adhésion, certainement en partie parce que sa jeunesse, calme et souriante, s’est imposée à Messieurs Poutine et Trump, qu’il s’est mis à incarner au plan mondial le nouveau leadership européen sur la COP 21 et a esquissé un pas vers la fin de l’état d’urgence (pour ma part, je considère qu’il ne faut jamais préjuger et attendre). Cependant, la situation dans cette circonscription est riche d’enseignements, car elle illustre les fractures qui parcourent notre peuple. Ici, c’est un candidat ex-« hollandiste » qui risque de profiter de gauches régionales partisanes divisées et de mouvements citoyens émergents, divisés et en questionnements. Comment ces questionnements peuvent-ils augurer de la législature qui va commencer, comment Monsieur Macron les accompagnera-t-il éventuellement, gérera-t-il le clivage entre politiciens et citoyens, le risque de bascule qui l’accompagne ? Et, bien sûr, comment le mouvement citoyen conservera-t-il sa dynamique locale ? C’est pourquoi le cas de la troisième circonscription d’Ille-et-Vilaine dépasse son champ géographique.

RESULTATS ELECTORAUX EN ILLE-ET-VILAINE DE 2012 A 2017

Lors des législatives de 2012, l’actuel député sortant François André alors « PS » l’avait emporté avec 59 % des suffrages exprimés. Au premier tour, il réunissait 45% de ceux-ci, et le reste de la gauche environ 10 %, Ecologistes devant, Front de gauche tout de suite après (représenté par un communiste). (https://www.interieur.gouv.fr/Elections/Les-resultats/Legislatives/elecresult__LG2012/(path)/LG2012/nuances.html). L’abstention, les blancs et les nuls représentaient environ 40 %. Aux présidentielles de 2012, en Ille-et-Villaine et au premier tour, le PS atteignait 32 %, le Front de gauche près de 11 %, les écologistes 3 %, l’extrême-gauche 2 % (abstentions, blancs et nuls : 17%). Aux présidentielles de 2017, au premier tour, Emmanuel Macron arrivait en tête avec 30 % des voix, M Mélenchon en avait 20 %, Benoît Hamon 9 %, l’extrême gauche 2 %. Au deuxième tour de la présidentielle de 2012, les abstentions, blancs et nuls représentaient environ 20 % et, en 2017, près de 30 %.

LES FORCES EN PRESENCE : FRANCOIS ANDRE, LA PERMANENCE DU HOLLANDISME ?

Le député sortant (http://www.francoisandre.fr/) n’a pas répondu à ma demande d’interview. Cependant, son secrétariat m’a contacté aimablement pour me dire qu’il avait égaré mes mails, et j’ai indiqué que j’étais diposé à faire son interview au second tour, mais sur les exceptions à l’état de droit et en orientant les questions vers celles que posent Michel Deléan, Jérôme Hourdeaux, Mathieu Magnaudeix et Ellen Salvi sur ce même site ce jour (jeudi 8 juin 17). « Etat d’urgence : le gouvernement veut faire de l’exception la règle ». (https://www.mediapart.fr/journal/france/070617/etat-durgence-le-gouvernement-veut-faire-de-l-exception-la-regle). Le gouvernement n’ira peut-être pas au bout de son projet, selon les réponses juridiques qui lui seront faites, mais il a ouvert le débat devant l’optinion. Ce sera donc sans son concours que je vais tenter de le présenter : François André, aussi conseiller départemental (http://www.ille-et-vilaine.fr/fr/article/l-assemblee-departementale-qui-fait-quoi), a rallié Monsieur Macron et on a vu cet élu d’une circonscription semi-rurale accompagner ce dernier au Salon de l’agriculture. Il s’est donc vu préférer par ce dernier aux candidats naturels d’En Marche, et je pense vraisemblable de supposer qu’il doit d’être candidat au ralliement de Monsieur Le Drian. Sur le plan local, c’est un député de terrain dont le compte twitter rend bien compte de la liste des inaugurations, par exemple (https://twitter.com/FrancoisAndre35). Sur le plan de son action au Parlement, il a été membre de la Commission de la défense (voir le rapport auquel il a participé, déposé le 11 septembre 2013, et qui est un bon état des problèmes du moment, avec les limites obligées de cet exercice. Le rapport souligne la « disette » pour la défense). Puis il est membre de la Commission des finances. Dans le cadre de son mandat (puis de son programme), il défend la majorité présidentielle (F. Hollande, puis E. Macron), soutient l’Euro, l’intégration européenne, la réforme du code du travail, etc. Dans le cadre de son action parlementaire, il interroge sur les conséquences du traité Tafta pour les agriculteurs (et prend position contre), soutient sans équivoque l’agriculture industrielle (sur laquelle il veut réduire le poids des normes environnementales). Il pose un certain nombre de questions au Parlement : monnaies locales, porcs encore, méthanisation, etc. (une question n’a pas forcément d’impact juridique : je connaissais un parlementaire qui posait pratiquement toutes les questions que vous vouliez). Sa déclaration d’intérêt est sans équivoque, la liste de ses assistants parlementaires ne montre pas qu’il ait embauché des proches.

A mon sens, les mouvements citoyens qui sont apparus en 2016 posent la question de l’évolution institutionnelle locale et nationale. Ces questions-clés sont la transparence, l’existence de contre-pouvoirs, le non-cumul des mandats, à la lumière du défi jeté aux démocraties par le terrorisme et les états autoritaires. Quelles positions a pris le candidat François André sur ces sujets ? En commençant ce travail, avant de faire ma demande d’interview, j’avais fait alors plusieurs captures d’écran sur le site de Monsieur André. Je les ai donc complétés par d’autres liens. Quand je ne trouve rien, je le dis.

– Quel est le vote de François André par rapport à la loi El Khomri ? Les votes ne sont pas nominatifs. Donc je ne sais pas. En tout cas, selon Ouest France du20/05/2016, le député sortant prend position contre les frondeurs, dont Benoît Hamon : Titre de l’article : Affronter le réel plutôt que fronder.

– Quelle est la position du député sortant sur la déchéance de nationalité ? « Rennes, le 5 janvier 2016. Oui à la révision de la Constitution. Je voterai sans réserve le projet de loi de révision constitutionnelle présenté suite aux attentats de Paris du 13 novembre dernier. (…) Quant au tintamarre relatif à la déchéance de nationalité, de quoi parle-t-on ? Elle concerne exclusivement des citoyens bi-nationaux condamnés par la justice pour terrorisme (…).(capture d’écran http://www.francoiandre.fr/en-savoir-plus/) (capture d’écran en date du 2 avril 2017). Voir aussi Ouest France du 17 novembre 2015 : Trois députés brétiliens commentent le congrès de Versailles. « A l’ensemble de ces réformes j’apporte mon entier soutien », dit Monsieur André. C’est prendre parti, mais je défends d’abord les libertés publiques et j’ai voulu mettre en face la réaction de la Ligue pour des Droits de l’homme : http://www.ldh-france.org/refusons-decheance-nationalite-constitutionnalisation-letat-durgence/

– Quelle est la position de François André sur les états d’urgence (5 sous Monsieur Hollande) ? « Paris, le 18 novembre 2015. Assaut à Saint-Denis et prolongation de l’état d’urgence. Le travail remarquable de la police judiciaire ainsi que le courage et la bravoure des policiers du RAID et de la BRI ont permis de mettre hors d’état de nuire des individus liés aux attentats de vendredi dernier. Mais, chacun le comprend, le combat ne fait que commencer. Ce jeudi, nous prolongerons l’état d’urgence afin de doter les autorités publiques de la durée et des moyens nécessaires ». (capture d’écran http://www.francoiandre.fr/en-savoir-plus/) (capture d’écran en date du 2 avril 2017). Je mets en lien l’un des mes propres billets sur Media Part (https://blogs.mediapart.fr/pierre-bellin/blog/210117/comment-francois-hollande-integre-le-logiciel-de-l-extreme-droite) et un article des Echos ainsi que de Mediapart sur l’efficacité des mesures prises : https://www.lesechos.fr/19/07/2016/lesechos.fr/0211140012615_l-efficacite-de-l-etat-d-urgence-mise-en-cause.htm ; https://www.mediapart.fr/journal/france/010316/les-patrons-des-dgse-et-dgsi-sceptiques-face-la-reponse-securitairehttps://www.20minutes.fr/rennes/1783867-20160210-etat-urgence-justifier-absence-depute-breton-envoie-certificat-medical Publié le 10/02/16 à 11h59/Mis à jour le 10/02/16 à 12h02/ « Lundi soir à l’Assemblée Nationale, les députés français se sont penchés sur l’inscription de l’état d’urgence dans la Constitution/ « Selon l’analyse du scrutin, trois députés d’Ille-et-Vilaine ont pris part au vote. Marie-Anne Chapdelaine et François André (PS) ont voté pour et Gilles Lurton (Les Républicains) s’est prononcé contre. »

– Quelle est la position du député sortant sur Notre-Dame-des-Landes ? Il est favorable à cet aéroport. Cela n’a rien pour m’étonner : quand j’avais été le voir début 2014 pour empêcher un projet de stade olympique en forêt de Trémelin, et le convaincre… de convaincre les notables locaux d’y renoncer, il m’avait dit ne rien pouvoir faire. " Oui au transfert de l’aéroport de Nantes Atlantique « François ANDRÉ se félicite des résultats de la consultation sur le transfert de l’aéroport de Nantes Atlantique dans la commune de Notre-Dame-des-Landes organisée le dimanche 26 juin : « Par ce vote, les habitants de Loire-Atlantique donnent, de façon claire et nette, l’ultime feu vert démocratique à un projet d’intérêt général, porté par des collectivités elles-mêmes démocratiquement élues. Merci et bravo à eux ! » (capture d’écran http://www.francoiandre.fr/en-savoir-plus/) (capture d’écran en date du 2 avril 2017). A cela s’ajoute sa position sur Ouest France après le référendum (capture d’écran, article non daté).

– Quelle est la position de François André sur le cumul des mandats : « Le 23 novembre 2015. Pour la France et pour la Bretagne avec Jean-Yves Le Drian. Les récents attentats de Paris ont bouleversé tous nos compatriotes. En Bretagne, nous connaissons tous des familles qui ont perdu un parent, un proche, un collègue, un ou une ami-e. De nombreux concitoyens dans la peine nous ont fait part très directement de leur tristesse de voir reprendre sans décence des querelles politiciennes sur l’engagement de Jean-Yves Le Drian aux prochaines élections régionales en Bretagne. C’est pourquoi, parlementaires bretons de la majorité, députés et sénateurs, nous appelons à la dignité, à la retenue et au respect dans le débat démocratique de la campagne électorale régionale. Dans cette période particulièrement troublée, J-Y Le Drian, en capitaine courageux, remplit une mission essentielle au service de la sécurité de tous. Sa compétence et son dévouement sont d’ailleurs unanimement reconnus dans notre pays. Simultanément, il a à juste titre décidé de respecter son engagement envers les Bretonnes et les Bretons de briguer la présidence du Conseil régional de Bretagne, entouré par une équipe compétente et très investie dans tous les sujets de notre région. Dans ce contexte, nous tenons à affirmer solennellement notre totale solidarité avec Jean-Yves Le Drian dans le travail qu’il accomplit pour la France, comme notre total soutien dans son engagement constant pour la Bretagne. » Patricia Adam - François André - Nathalie Appéré - Jean-Luc Bleunven - Maryvonne Blondin - Yannick Botrel - Gwenegan Bui - Marie-Anne Chapdelaine - Corinne Erhel - Richard Ferrand- Chantal Guittet- Odette Herviaux- Gilbert Le Bris - Viviane Le Dissez - Annie Le Houerou - Annick Le Loch - Jean-Pierre Le Roch - Michel Lesage - François Marc - Jean-René Marsac - Paul Molac - Hervé Pellois - Sylvie Robert - Marcel Rogemont - Gwendal Rouillard - Jean-Louis Tourenne - Jean-Jacques Urvoas. (capture d’écran http://www.francoiandre.fr/en-savoir-plus/) (capture en date du 2 avril 2017) Au total, ces captures d’écran montrent que Monsieur André est davantage sécuritaire que Monsieur Emmanuel Macron en ce qui concerne les libertés publiques et reste ouvert aux projets type Notre-Dame-des-Landes.

Au plan local, la troisième circonscription fait front à plusieurs problèmes : le coût de traitement des ordures ménagères ; l’implantation d’un centre de tri de déchets au centre de la forêt de Brocéliande ; une installation de retraitement de lisier au permis invalidé en Conseil d’Etat ; les pollutions agricoles ; le coût des transports ; les nombreuses limites à l’activité locale des toutes petites entreprises ; le délaissement des centre-villes ; le coût de l’énergie. Etc. Sur ces sujets, je n’ai vu aucun écrit ou déclaration de François André, mais je n’ai peut-être pas poussé assez loin le travail. Je garde donc pour moi mon impression.

LA GAUCHE LOCALE ET LES MOUVEMENTS CITOYENS : fORCES EN PRESENCE ET RESUME DES PROGRAMMES

J’ai interrogé presque tous les candidats classés à « gauche », à partir du moment où les résultats d’élections passées leur donnaient le plus de poids. Je souligne qu’aux législatives présenter un candidat permet à nombre de partis continuer à exister, grâce à la contribution de l’Etat par électeurs (1,43 euros). Et ce n’est pas pour juger. Sur 12 candidats de le troisième circonscription d’Ille-et-Vilaine, j’ai interrogé Virginie Abautret (France insoumise), Gaëlle Rougier (Europe Ecologie Les Verts, EELV), Yannick Nadesan (PCF), Mathieu Guihard (Parti breton) et Dylan Epinat (UDB, Régionaliste). J’ai eu avec eux des échanges plus que des interviews proprement dites : je voulais comprendre qui ils étaient, ce qui les opposait ou les rassemblait. Tentative de rendre compte de l’essentiel de ces conversations, sans prétendre à l’exhaustivité. Unanimité, d’abord : les candidats dénoncent pêle-mêle l’étiquette actuelle de François André, PS devenu En Marche, sa dénonciation des frondeurs du Parti socialiste, son refus donc de rallier Benoît Hamon, la loi El Khomry, le 49.3, etc. Vision identique des libertés publiques et tentations sécuritaires : France insoumise a même signé la charte d’Anticors, une association anti-corruption que je suis personnellement depuis longtemps. Si on regarde enfin les programmes des 5 structures, on y décèle de nombreux points communs.

QUELLES SONT ALORS L’ORIGINE DES DIVISIONS ?

Commençons par les mouvements régionalistes. Ceux-ci font partie de regroupements plus larges : Dylan Epinat est membre de l’Union démocratique bretonne (UDB), alliée sur un plan national avec « Mouvement peuples solidaires », regroupant les autonomistes bretons, catalans, corses, basques, savoyards, sous l’étiquette (en Bretagne) « Oui la Bretagne ». Mathieu Guihard appartient au Parti breton, sous l’étiquette « Bretagne 100 % », déclinaison d’un mouvement plus vaste où l’on trouve de nombreuses structures chapeautées par l’Alliance écologiste indépendante (Monsieur Gouvernatori), du Parti fédéraliste à la Confédération maritime (pour résumer beaucoup). Dylan Epinat est autonomiste ; Mathieu Guihard est « indépendantiste », mais d’un indépendantisme mesuré : par exemple, aurait-il envisagé l’indépendance de la Bretagne si Madame Le Pen était arrivée au pouvoir ? Non. Les deux structures, « girondines » et non « jacobines », revendiquent des structures au plus près de la réalité en Bretagne, s’inscrivent dans la réflexion des mouvements citoyens opposés à un gouvernement par le haut. Le candidat du Parti breton m’a fait savoir son regret de ne pas s’être allié avec l’UDB. Cela serait-il pour autant possible ? Il a insisté sur son souhait de dépasser le clivage droite-gauche, tandis que l’UDB et son candidat revendiquaient leur ancrage à gauche… mais lui aussi. Ils sont tous deux écologistes, pour une réunification de la région bretonne, une démocratie locale fondée sur la séparation des pouvoirs, le non-cumul et la limitation des pouvoirs, la représentation citoyenne dans toutes les instances, la possibilité de vivre et travailler au pays. Dans les candidats, les seuls à exercer des responsabilités publiques sont ceux du Parti communiste (plus exactement du PC-Front de gauche), Yanick Madesan (président du syndicat de l’eau côté bassin rennais) d’EELV, Gaëlle Rougier (co-présidente du groupe d’EELV à la mairie de Rennes, en charge de la jeunesse, ancienne conseillère régionale). De ces deux côtés, mêmes regrets de ne pas faire front commun. EELV ou le PCF-FG, à la différence des mouvements soutenant Monsieur Mélenchon ou Macron, m’avaient semblé des partis, non des « mouvements ». On m’a d’abord rappelé avec malice que ces mouvements étaient inscrits en tant que partis politiques. Mais EELV ? Comment gèrent-ils au plan local la trahison d’Emmanuelle Cosse, par exemple ? Ou le fait que leur pré-candidat passé, Nicolas Hulot, soit à présent ministre de l’environnement (c’était finalement Eva Joly qui l’avait emporté en interne contre lui aux présidentielles de 2012) ? J’ai constaté, une fois de plus, qu’il n’y avait guère de point commun entre EELV-parti parisien et EELV en région. Gaëlle Rougier a bien volontiers reconnue que le message de « l’écologie politique » était brouillé : « Il faut absolument travailler à l’union des gauches écologistes durant ce mandat… car le risque sera alors Madame Le Pen dans cinq ans ». Au Parti communiste-Front de gauche, même discours d’union : « Nous n’avons jamais réussi à nous allier avec la France insoumise, ou plutôt avec sa direction qui est pilotée par les gens du Parti de gauche… Ils nous disent que la seule façon de s’allier est d’adhérer ». Le candidat poursuit : « Mélenchon a tenté un pari, quelque chose de plus profond… Nous avons eu un débat au PC un peu difficile sur lui, car nous savions qu’on se retrouverait dans la situation d’aujourd’hui… On pensait que Mélenchon était le meilleur candidat, mais qu’il fallait un accord politique… et ça n’a pas eu lieu… la situation s’est préparée telle qu’elle est devenue depuis des mois… une part du talent et la raison de la bonne campagne de J.-L. Mélenchon sont qu’il a mis de côté le ‘‘bruit et la fureur’’, a mené une campagne déterminée et ouverte… il aurait dû continuer le soir du premier tour des présidentielles dans la même veine…et maintenir la mobilisation jusqu’aux législatives. On a perdu la dynamique à ce moment ». Allons donc voir côté France insoumise : la candidate se nomme Virgine Aubatret, j’ai constaté leur implantation dans le canton, comme à Montfort où ils semblent rivaliser en nombre avec les socialistes locaux. Madame Aubatret n’est pas encartée, ainsi que la plupart des personnes que j’ai rencontrées. Que pensent-ils de la personnalisation par rapport à Monsieur Mélenchon ? Ils sont unanimes à souligner qu’il s’agit du programme qui les réunit. « La gauche plurielle a échoué », me dit-on, « le Front de gauche a échoué, la France insoumise va bien au-delà des gauches, la France insoumise est un ‘‘mouvement’’ ». Et les alliances ? Il suffit d’entrer dans le mouvement. Et, de ce point de vue, un adhérent a rappelé le rapport avec le mouvement En Marche de Monsieur Macron, versus anti-libéral.

ESSAYONS DE CONCLURE

Il faut prendre mes propos vraiment comme une esquisse. On a le sentiment d’une plante en croissance, qui part de sa racine en tous sens. Tout est vrai en même temps, de vraies difficultés rendent difficiles un regroupement, et en même temps on sent chacun porté par un besoin de rassemblement, d’expression, de démocratie, de justice sociale. Les interrogations transcendent partis et mouvements. On me parle chez certains candidats de membres d’En Marche avec sympathie (peut-être ceux venus de la démocratie chrétienne… pour faire historique) ; de leur côté, des gens d’En Marche font grise mine devant le choix de François André, mais le soutiennent au moins par le silence jusqu’à ce que.... Cela rappelle un peu François Bayrou en 2007. Tous se demandent comment prolonger cette dynamique : au plan national, elle semble hésiter ; au plan local aussi. Mais on sent qu’elle se fera : « Il nous faut plus de temps pour réfléchir », reconnaît-on par exemple à la France insoumise quand je demande comment se concrétiserait une démocratie locale réelle. Et si ce bouillonnement constituait une sorte de base sociale ? Qui, selon l’évolution de la situation, peut se dérober aussi vite qu’elle est venue, tant sous les libéraux que sous les anti-libéraux. Des leaders l’incarnent, qu’il s’agisse de Monsieur Macron ou de Monsieur Mélenchon : mais il suffit d’une toute petite erreur pour que la dynamique se perde, ou revienne par un autre biais. De son côté, Jean-Luc Mélenchon aurait-il déjà fait une telle erreur ? Peut-être. Et Monsieur Macron ? En tout cas, je ne la souhaite à personne. « Ce qui pourrait se passer dans cinq ans » est dans tous les esprits.

Or, sur le plan local, du moins dans le canton de Montfort-sur-Meu, il faut rappeler que nous avons eu un mouvement citoyen, sans réel leadership, en réseau et purement programmatique. En 2015, aux « Départementales », l’UDB et EELV ont fait 15 % des voix contre les Radicaux de gauche et le PS dans le canton de Montfort-sur-Meu : mais cela aurait pu être bien davantage. Notre mouvement citoyen sur Iffendic et Saint-Gonlay (Communauté de communes de Montfort), allié au départ avec l’UDB et EELV, avait contacté le Front de gauche, le Parti pirate, le PC ; mais nous n’avons pu donner suite car l’alliance Mouvement citoyen-partis n’a pu se faire. Comme me l’a dit un membre de la France insoumise, pas au courant du Pourquoi ?, il était encore peut-être trop tôt dans nos fonctionnements pour un tel regroupement (c’est aussi en partie lui qui a inspiré mon analyse, merci). Côté Mouvement citoyen, nous n’avions pas fait de liste afin que la gauche pèse d’un poids significatif devant les Radicaux de gauche et le PS, même si cette gauche était « réduite » à l’UDB et EELV (ce qui a empêché Radicaux de gauche-PS de l’emporter dès le premier tour, et donné lieu à un bel échange par communiqués de presse interposés sur la notion de « gauche »). En 2014, une poignée d’élus d’Iffendic et Montfort communauté ont voulu imposer à la population un stade olympique près du lac de Trémelin, en pleine campagne, qui a finalement trouvé une place à Montfort. Cela a suscité une énorme opposition citoyenne, en raison d’une façon de faire jugée coûteuse, opaque, impériale. Deux listes citoyennes, apolitiques, improvisées à la dernière minute ont réuni 27 % des voix à Iffendic (ou il y a encore 3 élus citoyens) et 40 % à Saint-Gonlay. Liens : https://blogs.mediapart.fr/583385/blog/040617/linenarrable-histoire-du-contre-projet-au-stade-de-tremelin-en-broceliande Ceci pour dire que l’avenir est désormais très ouvert.

Liens site des candidats : Oui à la Bretagne (Dylan Epinat) : http://www.udb-bzh.net/index.php/fr/100 % Bretagne (Mathieu Guihard) : http://100pour100.bzh/ France Insoumise (Virginie Aubatret) : https://lafranceinsoumise.fr/ Europe-Ecologie les Verts (Gaëlle Rougier) : http://eelv.fr/ Parti communiste-Front de gauche (Yannick Madesan) : http://35.comites.frontdegauche.fr/ Et les autres : En Marche (Frédéric François) : https://en-marche.fr/ Lutte ouvrière (Benoît Guillet) : https://www.lutte-ouvriere.org/ Nouveau parti anticapitaliste (Sophie Planté) : https://npa2009.org/


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3 réactions à cet article    


  • berry 9 juin 2017 20:17

    Le député socialiste de l’Aude Jean-Paul Dupré est accusé d’abus sexuel.
    http://www.fawkes-news.com/2017/06/video-accablante-de-boris-lelay-qui.html


    • Francis, agnotologue JL 10 juin 2017 11:56

      ’’sa jeunesse, calme et souriante, s’est imposée à Messieurs Poutine et Trump, qu’il s’est mis à incarner au plan mondial le nouveau leadership européen sur la COP 21’’

       
      Oui, il ne faut jamais oublier de rappeler qu’il faut que le peuple réclame et obtienne de ses dirigeants des mesures de réduction de rejets carbonés afin que les requins carbocentristes puissent nous faire de jolis procès bien juteux en vertu des dispositions des CETA et TAFTA.
       
      Comme chacun sait, l’objectif des corporations n’est pas de fabriquer des biens de consommation mais de produire des profits 
       
      Des actions de lutte contre la production de CO2 impacteraient directement les profits des industries polluantes et des producteurs d’énergies fossiles. 
       
      Du fait que les accords internationaux (TAFTA, CETA, ...) autorisent les corporations à poursuivre juridiquement les Etats qui prendraient des dispositions susceptibles de nuire à leurs intérêts économiques, aucun chef d’Etat de la planète sain de corps et d’esprit qui ne veut pas être lynché par sa population, ne peut à ce jour s’engager sur des règles contraignantes en matière de réduction de CO2.
       
      Tout ce tapage autour de la menace que le CO2 ferait peser sur l’humanité a pour but de pousser les opinions publiques à faire pression sur leurs gouvernements respectifs, et à élire des chefs d’Etats qui s’engageront devant elles à prendre des mesures concrètes de lutte contre le CO2. 
       
      Et alors là, c’est bingo pour les affairistes de tous poils..

      • Pierre-Gilles Bellin Pierre-Gilles Bellin 10 juin 2017 22:32

        Cher Monsieur,
        il y n’y a pas que le CO2 qui réduit notre horizon temporel, il y a aussi les émissions de méthane, dont de plus en plus correspondent à la fonte du permafrost en Sibérie et au Canada. C’est le scénario de toutes les catastrophes biologiques depuis le Permien. 

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